Saul Alinsky. Conflit et démocratie locale
220 pages
Français

Saul Alinsky. Conflit et démocratie locale , livre ebook

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220 pages
Français

Description

La présidence de Barack Obama a remis en lumière le sociologue Saul Alinsky, agitateur capable d'utiliser un conflit local à des fins sociales et politiques. Il a principalement travaillé dans les quartiers pauvres et insalubres des métropoles américaines. Son premier terrain fut le quartier des Abattoirs à Chicago, où il a inventé une démocratie participative et intégrative. Ce livre évoque sa jeunesse, ses apprentissages, ses engagements, son attitude face au pouvoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2013
Nombre de lectures 61
EAN13 9782336320694
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

lumière cet agitateur capable d’utiliser un conit local à des Ins sociales
) à Chicago, où il a inventé une
Cet ouvrage évoque sa jeunesse à , ses appren tissages sous la direction des professeurs R. E. Park et E. W. Burgess, son premier engagement à où il devient organisateur. Nous verrons l’usage sur le long terme qu’il fait du conit et les rela tions que la gauche entretient avec lui. Nous nous interrogerons sur , inspiré par les pratiques de Saul Alinsky, est un exemple actuel de rassemblement communau taire. En conclusion, un extrait de l’interview donnée peu avant sa mort  nous éclairera sur l’homme et son
Ont collaboré à cet ouvrage : Saul Alinsky, Hélène Balazard, Sophie Body-Gendrot, Marie Fleck, Suzie Guth, Pierre Lannoy, Mike Miller,
à The University of Chicago, à les mettre en pratique dans les conLits sociaux et dans les conLit du travail (comme celui d’Eastman Kodak à Rochester, N.Y.), et surtout à créer au Il du temps sa légende et son style.
: 978-2-343-00035-0
Suzie GUTH
SauL ALinsky
Conlit et démocratie LocaLe
L O G I Q U E S S O C I A L E S
Saul Alinsky
Logiques sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Yamina MEZIANIPierre V et ENDASSI (coord.)VOCATION SOCIOLOGUE,Les politiques à l’épreuve des sociologues, 2013. Leila JEOLÁS, Hagen KORDES,Risquer sa vie pour une course. Parcours de vie d’une jeunesse brésilienne accro aux courses illégales de voiture et de moto,2013. Rachida BOUAISS,Collégiennes en quête de beauté,2013. Alexis FERRAND,La formation de groupes de jeunes en milieu urbain. Pratiques spatiales et rapports sociaux,2013. Servet ERTUL, Jean-Philippe MELCHIOR, Éric WIDMER,Travail, santé, éducation. Individualisation des parcours sociaux et inégalités, 2013. Pascal VALLET,Les dessinateurs.Regard ethnographique sur le travail de dessinateurs dans des ateliers de nu, 2013. Yannick BRUN-PICARD,Géographie d’interfaces. Formes de l’interface humanité/espaces terrestres, 2013. Lucie GOUSSARDLaëtitia S et IBAUD (dir.),La rationalisation dans tous ses états, Usages du concept et débats en sciences sociales, 2013. Christiane Saliba SFEIR,Parentalité, addiction et travail social, 2013. Hélène BUISSON-FENETDelphine M et ERCIER (dir.), Débordements gestionnaires, Individualiser et mesurer le travail par les outils de gestion, 2013. Robin TILLMANN,? Le cas de laVers une société sans classes société suisse contemporaine(1970-2008), 2013. Délina HOLDER,Natifs des DOM en métropole. Immigration et intégration, 2013.
Sous la direction de Suzie Guth Saul Alinsky Conflit et démocratie locale Avec la participation de Saul Alinsky Hélène Balazard Sophie Body Gendrot Marie Fleck Nicolas Görtz Pierre Lannoy Mike Miller Daniel Zamora L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00035-0 EAN : 9782343000350
Introduction
SOMMAIRE
Suzie Guth
La genèse de l’action de Saul AlinskyLes méthodes de Clifford Shaw et de Saul Alinsky : du Chicago Area Project à l’organisation communautaire Marie Fleck
Dirty Dancing à Chicago
Suzie Guth
Une analyse de la communauté et son organisation
L’usage de la violence créatrice
Saul Alinsky
Sophie Body-Gendrot
Pouvoir, stratégies et organisation Le pouvoir chez Saul Alinsky et Michel Foucault
Pierre Lannoy
Alinsky et la gauche : pourquoi suscite-t-il tant de dé-bats ? Mike Miller
Saul Alinsky, la gauche radicale américaine et la contes-tation sociale Daniel Zamora
Organiser le pouvoir de la société civile
Interview de Saul Alinsky
Bibliographie
Hélène Balazard
Magazine Playboy de mars 1972
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INTRODUCTION
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Suzie Guth
Saul Alinsky : rares sont les sociologues francophones auxquels ce nom rappelle quelque chose, et pourtant… Le président Barack Obama a travaillé dans sa jeunesse comme organisateur pour le Projet de Développement Communautaire, inspiré des actions de Saul 1 Alinsky. Hillary Rodham a écrit un mémoire à son sujet. Les pa-trons des grandes entreprises des États-Unis ainsi que le maire de la ville de Chicago le craignaient, et quelquefois la menace d’actions de masse originales suffisait pour faire capituler son ad-versaire qui connaissait les capacités de nuisance de ce diable d’homme.Alinsky fut, comme ses articles et l’interview qu’il a donnée à la revuePlayboy le montrent, un chantre de l’organisation communau-taire. Il a créé une institution qui a essaimé en Europe. Il a formé desorganisateurs,qui participeront à l’éveil de la contestation dans les quartiers pauvres et dans les zones déshérités, afin qu’ils puis-sent épauler les populations et les aider à résoudre leurs problè-mes locaux et qu’elles sachent se constituer en une force d’influence auprès des institutions locales, voire nationales. Il a donné à la démocratie des quartiers appelésslumsles villes dans américaines, un souffle et une capacité à régler leurs problèmes ; au fond, il a agrandi le cercle du débat démocratique local.
Saul Alinsky fut étudiant àThe University of Chicagoauprès de Robert E. Park et E. W. Burgess, les vrais pères fondateurs de cette sociologie si créative, celle de l’École de Chicago ; il a principale-ment suivi des cours de criminologie, et c’est dans ce creuset que va germer, à partir de l’expérience, une volonté de changement, si ce n’est du monde, du moins du quartier le plus insalubre de Chi-cago, le fameuxBack of the Yards, le quartier des Abattoirs que visi-
1 La future Hillary Clinton.
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taient, à l’instigation du guide Baedecker, tous les touristes euro-péens de passage à Chicago.
Il serait réducteur de présenter ce provocateurallié seu- comme lement aux radicaux américains et aux communistes ; Saul Alinsky ne peut être rangé dans aucune catégorie, il est une figure de la gauche radicale, mais il est aussi à lui seul le représentant de la fronde envers les autorités locales, celui auquel on fait appel lors-qu’une grève violente vient bouleverser une ville industrielle comme Rochester (État de New York), siège d’Eastman-Kodak. Les Églises protestantes l’inviteront pourorganiserles Noirs et leur permettre d’avoir une chance de présenter leurs revendications et d’être entendus. Il est à la fois l’homme de la résolution des conflits sociaux, mais aussi celui qui menace d’entrer dans l’affron-tement et celui qui met quelquefois le feu aux poudres. Il est de ce point de vue, le meilleur ennemi du maire Daley de Chicago. Il est aussi le meilleur ami de l’écrivain catholique français le plus connu de son époque, Jacques Maritain, dont l’épouse Raïssa, d’origine russe, s’est convertie du judaïsme au catholicisme, son mari étant lui-même d’origine protestante. Tout oppose ces deux hommes qui sont cependant amis : l’aimable Jacques Maritain et l’homme dont la gouaille et l’humour grinçant font les délices des journalistes. Celui que l’on pourrait qualifier de metteur en scène de sa propre vie et de ses combats contre les pouvoirs locaux et les grandes industries, est agnostique, mais il revendique aussi avec force son identité juive. Chacun des deux amis suscite l’admiration et l’approbation de l’autre ; pour Jacques Maritain, le fort en gueu-le Saul Alinsky est un saint et un révolutionnaire en raison de ses combats contre les inégalités sociales, les injustices et pour les mi-norités raciales, pour Saul Alinsky, le philosophe est un ami plus âgé que l’on consulte dans les grandes étapes et les tourments de sa vie personnelle ; c’est une figure paternelle et bienveillante. La correspondance entre ces deux hommes est entreposée chez les 2 Grunelius, au château de Kolbsheim en Alsace .
2 Cercle Jacques Maritain.
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Le tableau ne serait pas complet si l’on n’ajoutait pas le syndica-lisme, celui du CIO principalement, une nouvelle confédération syndicale qui monte et se crée à l’orée de l’entrée en guerre des États-Unis d’Amérique. Elle fédère les travailleurs dans les quar-tiers plurinationaux dominés par la grande industrie, celle de la viande et de l’abattage ; elle crée pour ces hommes qui avaient été victimes de la grande dépression et du chômage de masse, un es-poir, un moyen d’entrer dans la lutte ouvrière, et c’est dans ce contexte-là que l’action de Saul Alinsky va devenir déterminante. Il a su allier les pratiques du syndicalisme avec le catholicisme romain américain ; ce dernier est aux États-Unis une religion mi-noritaire, très fragmentée selon les différentes nationalités d’origine, en butte à l’ostracisme général, et considérée comme la religion de laPoloniaet desLittle Hells,ces quartiers chauds polo-nais et italo-américains : c’est la religion des pauvres. Au lieu de s’opposer à ces radicaux souvent qualifiés de communistes, les évêques américains furent convaincus d’apporter leur soutien à ce personnage qui s’affiche comme agnostique ; prêtres et pasteurs l’ont épaulé et conseillé : c’est grâce à Monseigneur Sheil que Saul Alinsky va pouvoir rencontrer un mécène, Marshall Field III, c’est l’Église unitarienne qui va lui fournir les actions et obligations nécessaires à sa lutte contre Eastman-Kodak.
L’art d’Alinsky tient dans cette capacité à rassembler les institu-tions du travail et celles de l’Église pour en faire une force capable de gagner les conflits sociaux et de donner à la communauté locale une puissance suffisante pour mener les conflits dans le cadre du capitalisme américain ; ceux-ci ont une dimension morale, numé-rique et stratégique, sans compter la mise en scène du rapport du faible au fort, et les bénéfices que le faible peut tirer de sa faiblesse.
Nous allons, dans cet ouvrage, laisser d’abord Saul Alinsky évoquer lui-même sa conception de l’organisation communautaire dans ce quartier déshérité qu’estBack of the Yards. Dans un article paru dansThe American Journal of Sociology,il va présenter son ac-tion d’organisateur àBack of the Yards, puis, dans une longue in-terview accordée àPlayboy Magazine en 1972 (nous avons traduit sa dernière partie en fin d’ouvrage), il va évoquer ses tactiques et
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