Tous des monstres

Cécile Charrier

Description

Que faisons nous, chacun, de notre côté monstrueux ? Ne pas penser nos monstres intérieurs empêche d'en faire quoi que ce soit. Pourtant, un monstre intérieur n'est que la forme que donne notre moralité à des pulsions nécessaires à notre survie : il s'agit donc de les entendre et d'être constructif. Cet ouvrage, entrecoupé de présentations d'outils, se veut partage de réflexions et d'expériences.

Sujets

• Psychologie
• Psychanalyse
• Psychiatrie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mai 2017
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782140036620
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Cécile Charrier

Tous des monstres Voir sa violence en face

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TOUS DES MONSTRES Voir sa violence en face

Collection fondée par Philippe Brenot et dirigée par Joël Bernat Sans exclusives ni frontières, les logiques président au fonctionnement psychique comme à la vie relationnelle. Toutes les pratiques, toutes les écoles ont leur place dans Psycho - logiques. Déjà parus Myriam NOËL-WINDERLING,Théorie de la solitude,2017. Arlette VILLA-PORTENSEIGNE,L’expertise sous le regard de la psychanalyse. « Faux-Pas » ou la question des mères, 2017. Sébastien PONNOU,Le travail social à l’épreuve de la clinique psychanalytique, 2016. Souad BEN HAMED-VERNOTTE,Approche clinique de quelques mécanismes pervers narcissiques, La face cachée de la relation, 2016. Mourad MERDACI,Adolescence algérienne. Liens et cliniques, 2016. Paul MESSERSCHMITT et Mélanie DUPONT,Voulez-vous marcher sur la tête ? Témoins, experts et citoyens, 2016. Nadine GOBIN,La relation et le couple, vecteurs de changement. Changer pour aimer, aimer pour changer, 2016. Patrick-Ange RAOULT,Clinique du corps et de l’acte, Devenir psychologue, Tribulations professionnelles d’un praticien chercheur ordinaire, 2016. Martin EGGE,La cure de l’enfant autistique, 2015. Emiléa NKAYÉ,Une problématique de la douleur chronique, 2015. Jean-Claude GUILLAUMUE,Une petite histoire de la psyché ou quelques reflets de l’âme dans le miroir de l’inconscient, 2015. Michel LEMONNIER,Le travail reconnu. Comprendre, analyser et formaliser l’expérience professionnelle, 2015.

Cécile Charrier TOUS DES MONSTRES Voir sa violence en face

Du même auteur Réflexions pour une thérapeutique de la Violence - Violence et créativité, L’Harmattan, 2015. Croire au changement - l’art-thérapie au service d’une transformation de soi, Edilivre, 2010. Du désir, l’ombre, Edilivre, 2010. Sortir de la maltraitance, Edilivre, 2010.

© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11948-9 EAN : 9782343119489

« -La fillette a disparu, dit le médecin, comme s'il n'en croyait pas ses yeux. […] Son cercueil a également disparu, annonça le médecin. Il regardait Erlendur et Sigurdur Oli à tour de rôle. Nous venions de recevoir un cercueil neuf qui lui était destiné. Qui donc ferait une telle chose ? Quel esprit pourrait enfanter une telle monstruosité ? - Il s'appelle Einar, répondit Erlendur. - Et il n'a absolument rien de monstrueux !» 1 Arnaldur Indridason Il me faut trouver le début de l’histoire. Mais quel est-il ? S’agit-il des premiers signes de négligence, de maltraitance, ou bien du moment où ma conscience les a saisis comme tels, reconnus et catégorisés comme « violences » ? Rencontre-t-on la violence sans rencontrer sa violence ? Sans aucun doute, y a-t-il différents temps pour ces rencontres, avec différentes formes. Comme un apprivoisement.

1 Arnaldur Indridason,La Cité des Jarres,Points, p. 313.

I. LES MONSTRES 1.Récolte « Il m’a dit qu’il allait tout réparer. Mais pour qui il se prend ? ». Le ton monte. « On ne peut pas réparercela». ‘Il’, c’est le chirurgien qui doit ‘réparercela’, c’est-à-dire son tympan perforé par la gifle donnée, un soir, par son ex-mari. Une histoire, singulière, individuelle. « Il m’a dit que j’étais morte. Qu’il avait déclaré ma mort à l’état civil. Que je n’existais plus. » Pourtant, même « morte », l’enfant qu'elle était a continué à subir les sévices sexuels de ce ‘père’ et de ses collègues, et des tortures, au- delà de ce que l’imagination peut créer. Une autre histoire, elle aussi singulière. Qui sont cesmonstres ? Comment peut-on faire subir de telles horreurs quand on est censé êtrehumain ? J’écoute, je reçois, en mots et/ou en images. Je suis thérapeute : les gens viennent dans la ‘Caverne de Nina’ pour y déposer ces parcours, au-delà de toute normalité. *** Au début de ma pratique, souvent je me taisais, au pire de ces abominations. Avec l’intime évidence que je ne pouvais que me taire. Et inciter à ‘lâcher’, puisque là étaient un lieu, un temps, un espace recevant ces parcours. Permettre l’expression de l’indicible n’est pas chose aisée. L’énergie qui y était mise, alors, pouvait suffire à justifier ma présence de professionnelle. Le non-verbal de la violence prenait une forme - des formes, dessinées, peintes, modelées, contées. Je suis art-thérapeute. Sous mes yeux, des scènes