Un désir pluriel bien singulier
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Un désir pluriel bien singulier , livre ebook

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Description

Qu’est-ce que le libertinage ? Existe-t-il des règles de bonne conduite dans les lieux anticonformistes ? Les couples pratiquants sont-ils en souffrance ? Une femme peut-elle fréquenter un club libertin sans être contrainte par son compagnon ? De telles pratiques ou envies sont-elles normales ?
Autant de questions pour lesquelles il est difficile d’avoir une réponse claire.
Dans le cadre d’un travail universitaire, l’auteur amène constatations et réflexions sans jugement ni prosélytisme.

Informations

Publié par
Date de parution 10 mars 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312072043
Langue Français

Extrait

Un désir pluriel bien singulier
Docteur Nicolas Monnier
Un désir pluriel bien singulier
Le libertinage féminin en couple
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07204-3
Introduction
« Dans l’histoire des sociétés occidentales, l’être humain ne s’accouple en public qu’avec une intention particulière : provoquer, accomplir un rite ou réaliser un spectacle payant. » (21)
Ainsi débute le numéro Hors-Série de « Sciences humaines » de 2011 sur la sexualité. L’échangisme et les amours de groupe ne sont donc pas pris en compte, tout au moins comme pratique basée sur le plaisir. Cette activité serait-elle encore si tabou qu’elle ne vivrait que dans l’enfer de la médiatisation grand public ?
Il est vrai que parler de libertinage, en dehors d’un jugement moral ou d’un prosélytisme teinté d’idéalisation ou de mercantilisme, est difficile. La définition même de pratiques sexuelles non-conformistes pose question tant le discours est sous tendu par des images et des préjugés pas toujours assumés.
Outre la pratique, le libertinage implique une parole libérée sur sa propre sexualité, parole qui n’est pas aussi facile que ne le laisse penser la libéralisation des mœurs. Parler de sexualité oui, mais de ses propres désirs et pratiques… Cela reste délicat surtout lorsque l’on vit en couple.
La sexualité a toujours été bordée par des normes religieuses, sociales, sanitaires… Michel Foucault a montré à quel point les injonctions à parler de sa sexualité (aux confesseurs, aux médecins, aux psychanalystes…) ont notamment pour fonction de distinguer « bonnes » et « mauvaises » pratiques. (36)
Les diverses pratiques non-conformistes représentent un champ complexe entre la sexualité « normale » et celle qui peut être qualifiée d’« anormale » sur des critères sanitaires, statistiques ou légaux.
Devant la complexité des pratiques et la difficulté de les évaluer toutes (sans parler de leurs donner corps), nous n’envisagerons que « toute sexualité avec intervention réelle d’un tiers humain ». Cette définition exclut, outre les idées fantasmatiques, la pratique virtuelle exclusive sans passage à la vie réelle.
Les amours de groupe (ou de plus qu’à deux…) oscillent entre deux limites :
– Le ménage à trois avec des amants partageant vie commune et sentiments amoureux. Ce trio, mis à la mode dans les années post soixante-huit, a été le sujet de quelques études (48-68) , et de productions artistiques, sans que la réalité ne vienne confirmer sa stabilité. W. Pasini affirme même « pas de happy ending pour l’amour à trois » (70) .
– Le sexe pour le sexe, où les relations sexuelles se produisent sans aucun sentiment ni même affinité relationnelle. Ces orgies sexuelles, bien décrites dans le best-seller de Catherine MILLET (61) , au cours desquelles les corps s’entremêlent sans espace de paroles et où la femme, résumée à ses orifices, serait offerte à une horde ithyphallique sans identité, renvoient une image très violente de la sexualité de groupe.
Entre ces deux limites, il existe un libertinage de couples fait d’échanges et de relations courtoises voire amicales. Plus qu’une sexualité de groupe, le couple est souvent en recherche d’une rencontre qui dépassera le plaisir physique. Serge CHAUMET (22) a bien mis en évidence cette double acception de l’orgie, parlant d’orgie amoureuse pour ces amours de groupe aux cours desquelles le partenaire (et surtout la partenaire) reste un sujet.
Généralités
L EXIQUE
Echangisme, libertinage, non-conformisme, partouzes, swing… Comment nommer ces pratiques par définition mal codifiées et dont le nom change selon les lieux, les moments et les modes ?
Nous proposons donc quelques définitions, discutables souvent, discutées parfois, qui permettront de délimiter certaines pratiques.
Libertinage : Ce terme actuellement le plus en cours est souvent considéré comme le moins péjoratif du fait de sa référence aux libertins du XVII° siècle, même si, comme nous le verrons plus loin, la pratique actuelle s’apparente plus à une débauche des mœurs et est bien loin d’une débauche d’esprit.
Echangisme : Définit par le Robert comme une pratique « consistant pour deux ou plusieurs couples à échanger des partenaires sexuels », ce terme renvoie à un échange de partenaire qui ne représente qu’une partie des pratiques. Il parait plus adapté aux soirées privées, beaucoup de participants ne pratiquant pas de pénétration hors couples dans les clubs libertins. On utilise aussi les termes de « partie carrée » et de « partie belge » pour désigner un échange strict de partenaire.
Mélangisme : L’acception la plus courante de ce mot désigne des jeux sexuels réservant la pénétration au partenaire de vie.
Non -conformisme : Terme relativement neutre, il est parfois employé en façade des établissements. Même s’il évoque des pratiques sexuelles statistiquement rares, ce terme sous-entendrait une légèreté des normes en vigueur dans ce genre d’établissement ce qui est loin d’être le cas comme nous le verrons plus loin.
Partouze : De plus en plus connoté, ce terme renvoie à une pratique de groupe et n’est actuellement plus employé par les pratiquants.
Partagisme : Néologisme désignant toutes les activités sexuelles de groupe. Il englobe les notions d’échangisme, mélangisme, triolisme, voyeurisme et exhibitionnisme. Toute activité sexuelle mettant en scène plus de deux personnes pourrait donc être libellée « partagisme ».
Candaulisme : Terme provenant du roi de Lydie Candaule qui tua sa femme qui refusait de marcher nue devant ses troupes pour les exciter au combat, il désigne le fait de regarder sa ou son partenaire dans une relation sexuelle avec une ou plusieurs personnes. Il se distingue du voyeurisme simple par le lien sentimental dans le couple. Ce terme est peu utilisé dans le grand public.
Les termes anglo-saxons de swap ou de swing sont utilisés essentiellement dans la littérature. Aux États-Unis, le terme initial de wife swapping (échange d’épouse) a été abandonné pour celui plus neutre de mate swapping (échange de conjoint) simplifié en swapp puis ultérieurement par swing.
Par ailleurs, de nombreux termes décrivent plus des « techniques » qu’une pratique : côte-à-côtisme, voyeurisme…
H ISTORIQUE
Alors que la sexualité de groupe est aussi ancienne que la sexualité, la pratique du libertinage en couple est une notion récente. En effet, l’idée même de se prêter à une activité sexuelle non-conformiste en couple nécessite plusieurs concepts récents :
– Un couple centré sur des sentiments amoureux réciproques (le couple sensoriel défini par W. Pasini (70) ).
– Une reconnaissance du plaisir féminin.
– Un cadre légal autorisant la pratique.
– Un contrôle des risques de grossesse, nécessité moins prégnante depuis la généralisation du port du préservatif.
Le libertinage de couple n’apparaît donc comme une pratique réelle qu’au cours des années soixante même si, au début des années cinquante, sont apparus des « hôtels du libre échange » où les couples pouvaient passer de chambre en chambre selon les opportunités du moment (78) . Malgré le peu de documentation concernant ces pratiques, la fréquentation semblerait plutôt relever de couples de circonstance, dont la femme était le plus souvent rémunérée.
Le troc d’épouses fait réellement son apparition dans les années soixante au cours de swing de la bourgeoisie des banlieues américaines (96) . Mais, comme l’a bien souligné W. Pasini (70) , il s’agit surtout d’un « adultère conformiste » qui permet de garder le contrôle dans le couple en évitant les risques d’une « aventure ».
Les clubs échangistes français apparaissent vers la fin des années soixante dans la région parisienne et, du glauque initial mêlant prostitution et descente de la brigade des mœurs, ils acquièrent une certaine notoriété, notoriété oscillant au gré de faits divers plus ou moins romancés et d’une médiatisation par quelques figures publiques.
La notion actuelle de club est liée à la disparition de son caractère sulfureux et à l’arrivée « sur le marché » de couples ordinaires fréquentant des établissements officiels. Le sociologue Jean - Marc Beylo analyse cette respectabilité par l’apparition du nouveau code pénal : « L’apparition des clubs est due à la possibilité d’investissement financier dans de tels lieux de rencontre : avant le nouveau code pénal de 1994, leurs gér

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