Une jeunesse malgache
226 pages
Français

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Une jeunesse malgache , livre ebook

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Description

Un enfant européen né dans la brousse malgache se souvient. Son père est gendarme. C'est l'époque coloniale, le temps de la guerre en Europe, de la défaite en France, du Général de Gaulle, du débarquement anglais à Diégo-Suarez qui a tant marqué ses premiers souvenirs. Il va grandir en osmose avec cette brousse, ses habitants et sa faune. Cette expérience va le conduire à sa vocation de naturaliste. Le récit conte les vingt premières années de l'auteur à Madagascar, les habitations successives : Joffreville, Anivorana... l'université à Tananarive... Un attachement profond le lie à ce pays où il vécut une jeunesse heureuse au sein d'une famille unie et où, malheureusement, son père est mort prématurément.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2009
Nombre de lectures 290
EAN13 9782336259260
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Graveurs de mémoire - Dernières parutions Page de titre Page de Copyright Dedicace Chapitre 1 - La tendre enfance Chapitre 2 - L’enfance Chapitre 3 - L’adolescence Chapitre quatre - Le service militaire Chapitre 5 - Le retour à la vie civile. La fin des études Chapitre 6 - Madagascar, Quarante ans après Références bibliographiques Annexe I - Digressions sur les épices dans la cuisine créole Annexe II - Les recettes de ma mère Légende des photographies Carte de Madagascar
Graveurs de mémoire
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Une jeunesse malgache

Jean-Claude Leprun
© L’Harmattan, 2009 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattanl@wanadoo.fr
9782296107861
EAN : 9782296107861
À Fabienne, à mes enfants, Anne, Sophie et Guillaume
Ny ankizy no manao tsingeringerina ka ny lehibe no fanina. (Ce sont les enfants qui dansent en rond, ce sont les grandes personnes qui ont le vertige)
Proverbe malgache
On est de son enfance comme on est d’un pays.
Antoine de Saint Exupéry
Chapitre 1
La tendre enfance

Joffreville
De nombreux neurologues s’accordent pour fixer l’âge des premiers souvenirs vécus à quatre ans. Je n’ai pas tout à fait quatre ans et je me souviens.
Il fait encore nuit, mais le jour pointe déjà. Nous sommes dans une maison en bois entourée d’arbres avec une belle vue panoramique sur le nord-est. Je suis blotti dans des draps composés de plusieurs pièces cousues par ma mère. Avec mon gros orteil piqué par les bestioles du jardin, je me gratte à l’ourlet grossier du drap du dessus. C’est la guerre et il est difficile de trouver du tissu. Seuls les Indiens, les Karanes comme on les appelle ici en ont encore, caché au fond de leurs magasins et qu’ils vendent à prix d’or. Il fait frais, bien que l’on soit à la fin de la saison des pluies. La montagne d’Ambre culmine à près de 1 500 m et Joffreville, petite bourgade coquette de près d’un millier d’habitants, est située 500 m plus bas. C’est le maréchal Joffre qui fonda la ville en 1902 pour en faire un centre de villégiature et de repos pour les militaires de la garnison de Diégo-Suarez. Une colonie de maraîchers réunionnais s’y installa et après le défrichement difficile de la forêt qui recouvre tout le massif, elle produisit une grande quantité de fruits et de légumes, aussi bien de pays tropicaux que tempérés. En effet, cette région dite du Sambirana jouit du meilleur climat de l’île. Les pluies de mousson y sont cependant diluviennes. On avance le chiffre de quatre mètres par an, soit quatre mille litres d’eau par mètre carré. Mais l’altitude en région tropicale compense la latitude et dispense une fraîcheur qui favorise le développement d’une végétation luxuriante. De plus, la qualité du sol est exceptionnelle. La terre latéritique, habituellement rouge et pauvre dans toute la région est ici noire, grumeleuse, généreuse. Elle provient de la décomposition conjointe, depuis des millions d’années, des roches éruptives sombres qui constituent l’essentiel de la montagne d’Ambre et de celle de la végétation primaire, dont l’abondante matière organique fournit un humus noir et épais.
Notre jardin est sauvage et généreux. Un carré de fraises, situé derrière la maison entre un goyavier et un pied de litchis est l’objet de visites régulières. Mais cueillir des fraises pas encore mûres et les manger sans les laver nous est interdit. Les litchis de la Montagne d’Ambre sont connus dans toute l’île comme étant les meilleurs du pays. Il y a aussi d’autres arbres fruitiers. Un pied de jambrosada ( Eugenia jambos ) dont les fruits creux à noyaux, appelés aussi pommes-roses, ont le parfum d’eau de rose et un goût délicat ; des pieds de cerise de Cayenne ( Eugenia uniflora ) dont les fruits rouges un peu âcres à côtes servent à faire des boissons et des cocktails dont mon père est fier (ce sont les pitanga du Brésil que je connaîtrai plus tard). Il y a aussi un énorme badamier ( Terminalia cataffa ) à grandes feuilles dont les couleurs varient tout au long de l’année, allant du vert au rouge en se mélangeant. Les fruits, dont la pulpe a un goût douceâtre étrange quand ils deviennent mauves, sont consommés par les Indiens et laissent la bouche et les lèvres couleur lie de vin.
Nous habitons Joffreville depuis ma naissance. Mon père, affecté au 23 e régiment d’Infanterie de marine, a débarqué à l’île de la Réunion fin 1932. Libéré du service militaire et engagé dans les Unités Créoles, il avait été admis dans la Gendarmerie et affecté à la base de Diégo-Suarez en juillet 1937. Nous sommes trois frères. L’aîné, Jack, est né à Saint Denis de la Réunion. Mon plus jeune frère, Michel, est né en juillet 1940 à Diégo-Suarez. C’est aussi dans cette ville que je suis censé être né en octobre 1938. Censé, car ce pourrait être aussi à Joffreville, l’acte d’état civil où a été enregistrée la naissance portant la capitale de la province, Diégo-Suarez, mais sans adresse. Ma mère nous racontait qu’elle avait accouché avec l’aide d’une vieille Malgache, des bassines d’eau et des morceaux de draps. Ce ne pouvait être qu’en brousse.

Diégo-Suarez
Diégo-Suarez, base navale stratégique et port de commerce, est située à l’extrême-nord de l’île. La ville est juchée sur une élévation rocheuse qui surplombe la baie, est la seconde du monde par la taille, après celle de Rio de Janeiro. Pouvais-je imaginer que bien plus tard, je vivrais également au Brésil sur les bords de cette baie ?
C’est la ville la plus française de l’île, celle qui compte, encore aujourd’hui, en proportion, le plus d’expatriés européens. En 1 883 un traité donnait à la France le droit d’occuper la ville. Diégo est, depuis, une importante base militaire. La Légion étrangère n’a quitté cette garnison qu’en 1975.
Diégo rêve de liberté, d’indépendance vis-à-vis de Tananarive, dont la tutelle terrestre, six mois par an, est mal vécue. Six mois, car durant les autres six mois de la saison des pluies, la route est impraticable et la ville échappe alors à la capitale et vit sa vie. Malgré la lente perte d’activité du port durant cette saison, le salut vient de la mer. On raconte que lors des troubles de 1990-1991, les rues ont résonné d’un même cri : « Les Français reviennent ! », véritable fantasme, poussée de fièvre paradoxale où la référence aux Blancs, les « vazahas » devait se comprendre plus comme un accès à l’indépendance que comme un appel.
« Diégo et toute sa province, avoue un Indo-pakistanais, auraient voulu être une sorte de Mayotte » (E. Fottorino, 1994).
Dans un article récent du Monde (11-12 novembre 2 007) intitulé « Les petites fiancées de l’Internet », F. Pompey raconte comment les jeunes femmes malgaches font la queue dans les cybercafé

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