Violences entre générations

André Sirota

Description

Ces dix récits cliniques éclairent le déploiement de la perversion narcissique dans les groupes et les organisations, les pervers narcissiques ne parlent que sous l’empire du besoin de se valoriser aux dépens des autres. L’apogée perverse de leur jubilation est atteinte lorsqu’ils sont parvenus à rendre les membres d’un groupe entier assujettis et complices passifs ou actifs de leur impulsivité cruelle. Les victimes désignées ou collatérales ne sortent pas indemnes de leur participation involontaire à cette dérive.

Sujets

• Sciences sociales
• Sciences humaines
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: Éditions Le Manuscrit
• Date de parution: 23 juillet 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782304046878
• Langue: Français

Extrait

Ouvrage collectif coordonné par André Sirota
Violences entre générations
Transformation ou répétition ?
Collection Marges & Passages
Éditions Le Manuscrit Paris
ISBN 9782304046878
© septembre 2017
Coordination de l’ouvrage : André Sirota
Assistant de rédaction : Grégoire Thibouville


Les auteurs
Tamatoa B ambridge
Socio-anthropologue chargé de recherches en anthropologie au CNRS, spécialiste notamment des questions foncières et environnementales en Polynésie française - Tahiti, Polynésie française.
Louis-José B arbançon
Docteur en histoire & professeur certifié hors classe à la retraite - Nouméa, Nouvelle-Calédonie.
Pablo C astanho
Maître de conférences en psychologie à l’Université de São Paulo, psychologue clinicien, groupaliste - São Paolo, Brésil.
Henny C zitrom -W exler
Docteure en psychologie, psychologue clinicienne, psycho-thérapeute, au centre George-Devereux (Paris) et au Centre d’ici et d’ailleurs à Molenbeek, Bruxelles.
Pr Pierre D elion
Professeur des Universités à la faculté de médecine de Lille 2, psychanalyste - Lille, France.
Nathalie de T immerman
Docteure en psychologie, psychologue psychothérapeute, centre Georges-Devereux et 3 e secteur de psychiatrie infanto-juvénile de Paris.
Nicolas G arnier
Conservateur du musée du Quai Branly, responsable des Collections du Pacifique. Auparavant, Executive Dean, Centre for Research and Postgraduate Studies - University of Papua New Guinea - po box 320, University PO - NCD, Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Lucien H ounkpatin
Maître de conférences de psychologie à l’Université Paris 8-Saint Denis, psychanalyste & directeur du centre Georges-Devereux, Bénin/France.
Pr David L e B reton
Professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg, Institut des Études Avancées de l’Université de Strasbourg (USIAS) & écrivain - Strasbourg, France.
Isabelle M erle
Historienne & chercheur au CNRS, détachée à l’UNC en tant que maître de conférences, laboratoire CNEP (Nouméa)/Aix Marseille Université, CNRS, EHESS, CREDO UMR 7308RIS (Paris) – Nouvelle-Calédonie/France.
Pr Klimis N avridis
Professeur de psychologie à l’Université d’Athènes, psychanalyste & analyste de groupe - Athènes, Grèce.
Pr François P ommier
Professeur des Universités en psychopathologie à l’Université Paris Nanterre, Laboratoire CLIPSYD - EA 4430. Paradigme Approche psychanalytique de la psychopathologie (A2P), psychiatre & psychanalyste - Paris, France.
Janine P uget
Médecin, psychanalyste, membre titulaire de l’Association psychanalytique de Buenos Aires (APdeBA) et de l’Association psychanalytique internationale, membre fondateur de l’Association de psychologie et psychothérapie de groupe argentine (AAPPdeG), membre de l’Association pour les droits de l´Homme (APDH). Co-directrice du magistère de psychanalyse de famille et couple de l’Institut de santé mentale (IUSAM) d’APdeBA - Buenos Aires, Argentine.
Pr Bernard R igo
Professeur des Universités en langues et cultures océaniennes à l’Université de Nouvelle-Calédonie (UNC) & directeur du Centre des nouvelles études sur le Pacifique (CNEP) – Nouméa, Nouvelle-Calédonie.
Tania S ierra
Psychologue clinicienne, Université Paris 8-Saint Denis, Paris, France.
Pr André S irota
Professeur émérite de psychopathologie sociale clinique - Université Paris Nanterre, psychanalyste groupal et institutionnel - Paris, France.
Grégoire T hibouville
Psychologue clinicien, groupaliste & doctorant en psychologie à l’Université Paris 13 – Paris Sorbonne Cité – UTRPP 4403, co-fondateur et 1 er président du Collège des psychologues de Nouvelle-Calédonie (CPNC) - Nouméa, Nouvelle-Calédonie.


Préface
En Pacifique Sud, comme ailleurs, les bouleversements sociaux, culturels et géopolitiques du monde, mais aussi les massacres de masse, anciens – qu’on n’oublie pas – ou actuels, heurtent de plein fouet la conscience moderne, entament les liens des individus à leurs groupes d’appartenance et de référence d’origine ou d’affiliation, comme ils tendent, jusqu’à la rupture, les rapports intergroupes.
Les massacres ont toujours été accompagnés d’horreurs et de destruction de l’humanité en chacun. Dans ces circonstances, les hommes des armées officielles, ou des bandes en armes agissant à leur compte, s’abandonnent à des abjections plus particuliè-rement encore aux dépens des femmes et des plus jeunes filles, reconduisant ainsi les formes les plus déshumanisantes et desubjectivantes de ce qu’on peut toujours appeler l’histoire de la domination masculine, un imaginaire toujours en vigueur, même si les hommes ne sont pas tous forgés des mêmes objets de la transmission et qu’il n’y a rien là d’un fait de nature.
Dans les bouleversements contemporains, causes et effets à la fois des chaos générés par la mondialisation actuelle, la financiarisation généralisée de toutes les activités humaines tient une place majeure. Peu importe l’activité, l’argent est devenu la seule monnaie d’échange, monnaie dématérialisée aujourd’hui, monnaie virtuelle, qui vaut bien plus que le travail lui-même dans les discours dominants et les prêts-à-penser, sous couvert de science économique.
Ces bouleversements infligent des ruptures dans la vie psychique individuelle comme dans les liens intersubjectifs, familiaux et sociaux. Ces ruptures se condensent et s’accrochent parfois à un évément d’actualité ou d’histoire récente de l’expérience person-nelle alimentant une propension des individus à prendre la partie pour le tout. Alors qu’ils restent bien ignorants de ce qui les a conduits là où ils sont et à rationaliser défensivement pour ne pas savoir et pour ne pas penser, quand ils croient penser.
Se condensant, ces ruptures sans répit se potentialisent, faisant craindre l’amplification des fureurs, des violences et des crimes, plus souvent que l’émergence de sursauts héroïques qui redonnent du sens au signifiant humanité. Alors que les idéaux démocratiques depuis l’ère des Lumières exprimaient les aspirations naissantes des populations, il semble que quelques-unes des populations contemporaines soient aspirées dans une spirale régressive et rêvent de régimes de dictature, les privant des libertés que nous concevons comme fondamentales.
Au milieu de ces turbulences du monde, l’individu est ballotté, sans rive familière pour s’arrêter, s’accrocher, respirer, comme si, périodiquement, les sociétés devaient offrir en sacrifice, à la grande machine désirante, dévorante et incontrôlée de l’économie globalisée, une partie de sa jeunesse et des moins jeunes ; cette exigence d’un tribut à verser, dont des contingents de jeunes filles, érode durement le sentiment social et fait douter de son existence. Les exclus éprouvant le sentiment d’être assignés à disparaître pour que les autres vivent. Ils peuvent retourner ce sentiment en son contraire.
Les tourbillons si noirs et si menaçants de notre univers du début des années deux mille et d’avant convoquent et réactivent dans notre psyché ce que Freud a nommé l’insécurité ontologique et ré-évoquent les restes psychiques de l’époque très lointaine des Hommes premiers que sont ce que nous appelons les angoisses primitives ou archaïques, confrontés qu’ils étaient à une immensité d’inconnues. Les inconnues de nos lointains ancêtres étaient subjectivement conçues de manière bien différente des nôtres. Celles d’aujourd’hui sont recouvertes des masques leurrant des savoirs modernes, dits scientifiques, qui peuvent donner à l’Homme l’illusion de sa toute-puissance sur le monde et sur lui-même. Les convulsions répétées et extrêmes que nous connaissons actuellement renvoient l’être humain à tout ce qu’il ignore et souvent méconnaît défensivement, plutôt qu’à ce qu’il sait, notamment à propos des conditions d’environnement à créer pour assurer le vivre-ensemble sans conflit nihiliste et apocalyptique, et pour procréer et aider à grandir psychiquement, culturellement, socialement ou politiquement un enfant afin qu’il puisse appréhender le monde, se le représenter, désirer grandir dans ce monde-là et y agir constructivement. N’oublions pas que Freud nous a appris que chaque nouveau-né est le si