L entreprise Jaquet-Droz
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L'entreprise Jaquet-Droz , livre ebook

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Description

Le nom de Jaquet-Droz, véritable Graal de l'histoire horlogère neuchâteloise, évoque le luxe, la technicité et le génie assimilé à cette région. Mais quelle réalité recouvre ce patronyme tant encensé ?
Issu d'une récente thèse de doctorat, cet ouvrage porte sur l'histoire de la maison Jaquet-Droz entre 1758 et 1811. Il analyse plus particulièrement la production et la commercialisation d'objets mécaniques de luxe, et s'interroge sur le rôle d'acteurs locaux interconnectés au sein d'un grand espace international de l'horlogerie.
Cette approche méthodique et abondamment documentée ouvre ainsi une nouvelle fenêtre sur le monde complexe et passionnant dans lequel évoluent Pierre Jaquet-Droz, son fils Henry-Louis, et leur associé Jean-Frédéric Leschot; un monde où la fabrication de pièces mécaniques grandioses côtoie la vente d'horloges de seconde main, où la réputation compte autant que l'ingéniosité déployée à survivre dans un contexte hautement concurrentiel, et où l'horlogerie se mêle à l'utilité publique.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782889303021
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2020
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
ISBN Papier : 978-2-88930-300-7
ISBN EPUB : 978-2-88930-302-1
 
Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique.
 
La publication de ce livre a été soutenue par la Commission des publications de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel.
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.
 
Illustration de couverture : Montre de poche à oiseau chanteur, vers 1785. Image mise à disposition par Montres Jaquet Droz SA, © Collection Montres Jaquet Droz SA, La Chaux-de-Fonds.
 
Couverture, maquette et réalisation : Nusbaumer-graphistes sàrl, www.nusbaumer.ch
 
Le contenu de l’ouvrage n’a été d’aucune manière validé ou influencé par Montres Jaquet Droz SA. Madame Sandrine Girardier a rédigé l’ouvrage en toute indépendance.
 
Responsable d’édition : François Lapeyronie


À mes parents, présents et absents,
pour leur soutien inconditionnel


 
Les recherches dans lesquelles s ’inscrit cet ouvrage
Le présent ouvrage est issu d’une thèse de doctorat et s’insère dans un projet de recherche plus large, intitulé « Entre automates de spectacle, mécanique et horlogerie de luxe. Les Jaquet-Droz, une entreprise familiale internationale à la fin du XVIII e  siècle ». Financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, le projet a été initié par le Professeur Pierre Alain Mariaux et chapeauté par l’Institut d’histoire de l’art et de muséologie de l’Université de Neuchâtel 1 . Trois chercheuses y ont pris part : Rossella Baldi , Heloisa Munoz et moi-même. Deux manifestations scientifiques organisées par l’Institut d’histoire de l’art et de muséologie ont ponctué le calendrier de ce projet scientifique d’envergure. Une journée d’étude consacrée à «  Penser la technique au XVIII e  siècle  » 2 s’est tenue le 30 mars 2012 à la Fondation Maison Borel à Auvernier, et un colloque international avec pour thème «  L’Automate. Enjeux historiques, techniques et culturels  » s’est déroulé à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds , les 6, 7 et 8 septembre 2012. Ce travail a aussi permis la tenue d’une série d’expositions dont le thème «  Automates & merveille s » s’est décliné au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel («  Les Jaquet-Droz et Leschot  »), au Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds («  Merveilleux mouvements, surprenantes mécaniques  ») et au Musée d’horlogerie du Locle , Château de Monts («  Chefs -d’œuvre de luxe et de miniaturisation  ») du 29 avril au 30 septembre 2012 3 . L’association faîtière Automates & Merveilles , qui a permis de centraliser les recherches de fonds pour une exposition sur trois sites, continue d’œuvrer pour la sauvegarde du patrimoine horloger du canton de Neuchâtel 4 .


1 http://p3.snf.ch/project-126720 (consulté le 14 mars 2018).

2 B ALDI Rossella, T ISSOT Laurent (dir.), La Suisse manufacturière au XVIII e  siècle , numéro thématique, XVIII .ch, Annales de la Société suisse d’étude du XVIII e  siècle, vol. 9, 2018.

3 Automates & merveilles : une exposition, 3 villes, 3 musées , Neuchâtel : Éditions Alphil, 2012.

4 www. automatesetmerveilles.ch (consulté le 14 mars 2018).


Préface Des mythologies à l ’histoire de l’invention
E n ces temps où les commémorations attestent la force du présentisme dans les régimes d’historicité, les techniques et l’invention ne font pas défaut. Même si le culte des inventeurs en Europe est encore mal assuré, contrairement à celui des savants, et mériterait plus d’études dans le sillage de Christine MacLeod 5 , la valorisation de certaines grandes figures de techniciens « de génie » porte indubitablement la marque de constructions technopolitiques, fondées sur des discours d’assignation nationaliste des techniques et surtout des inventions. Le livre de Sandrine Girardier participe du courant puissant et novateur qui a réussi à mettre à distance l’instrumentalisation politique de l’invention, pour ouvrir des nouvelles voies de réflexion sur le sens donné aux techniques par les contemporains, sur les savoirs mobilisés et les itinéraires des techniciens en société tout en historicisant les mythes fondateurs et les figures tutélaires.
L’enjeu du livre est de proposer une étude scientifique fouillée, rigoureuse et critique de l’entreprise Jaquet-Droz (Pierre et Henry-Louis Jaquet-Droz et leur collaborateur Jean-Frédéric Leschot), saisie à travers la culture technique de ces horlogers, leurs productions, leurs stratégies commerciales et leurs réseaux de sociabilité. Sandrine Girardier fait aussi bien place à l’histoire des techniques et de l’organisation du travail qu’à l’histoire sociale, à celle des marchés, de la consommation et des circulations globales, mais encore à l’histoire des savoirs et des représentations. Depuis les travaux de Daniel  Roche, les approches d’histoire totale, faisant jouer toutes les facettes d’un objet, ont joué un rôle majeur dans la prise en compte de dimensions longtemps négligées comme l’histoire de la consommation ou celle des techniques 6 . Cette approche inclusive que Sandrine Girardier illustre brillamment constitue une démarche forte, que l’on doit saluer. Il s’agit de plus d’une démarche exigeante, qui suppose de maîtriser plusieurs corpus de sources, notamment des sources privées et des actes de la pratique, à l’échelle internationale et de tenir plusieurs champs, l’économie, les techniques, le social (les réseaux mais aussi le statut de ces entrepreneurs mécaniciens), le culturel (l’histoire de la culture matérielle mais aussi la construction des figures mythes de techniciens), tout en poursuivant une démonstration parfaitement équilibrée.
Le questionnement est clair : mettre en cause la construction historiographique héritée qui a fait des Jaquet-Droz des génies de la nation suisse, effaçant la complexité de leurs activités et du processus inventif ainsi que la place de cette entreprise sectorielle dans le contexte européen d’essor de biens de consommation composites, produits à large échelle grâce aux circuits de sous-traitance. Deux orientations guident sa réflexion. L’auteure entend mettre en valeur le pan d’activités que le mythe des Jaquet-Droz a enfoui sous des récits hagiographiques : il s’agit du secteur que recouvre le terme anglais de toyware 7 . Sans bon équivalent en français, il désigne une recomposition sectorielle des activités d’assemblage, de traitements de surface et de modelage dans les métiers du luxe portés par des marchés de consommation en expansion. Son importance participe du courant historiographique critique de la révolution industrielle, au profit d’une relecture des interactions entre la demande consumériste et l’économie artisanale. Sandrine Girardier confirme l’originalité de l’économie du produit et des structures de production du XVIII e  siècle, au sein desquelles les identités artisanales sont profondément remaniées, avant même tout essor usinier.
Mais l’une des originalités du livre est d’étudier ces transformations économiques et techniques à la lumière de données culturelles. C’est d’une part la vigueur des logiques consuméristes et de la place qu’une gamme croissante d’objets (accessoires, instruments, ornements, etc.) occupe dans la vie sociale (civilité, techniques de soi, etc.). D’autre part, Sandrine Girardier met l’accent sur la culture technique d’artisans qualifiés qui croisent la recherche des performances via les automates – paradigme durable de la culture curieuse, fondée sur la production d’effets et le brouillage des limites entre nature et artifice – avec la production d’objets fonctionnels dont la valeur réside dans les utilisations possibles et les avantages qu’ils procurent (à l’utilisateur, au corps social, à la nation), en somme dans leur fonctionnalité, notion clé au XVIII e  siècle.
C’est au prisme de ces considérations que Sandrine Girardier rouvre le dossier des automates. Elle propose un voyage dans l’Europe au XVIII e  siècle et pose la question de « la mobilité » de ces artefacts. Loin de ne voir dans les automates des Jaquet-Droz qu’un ressort publicitaire de leur entreprise, elle interroge leur rôle dans les transformations de la culture technique au cours du XVIII e  siècle. Sandrine Girardier montre que les automates, héritiers de la curiosité dont ils renouvellent et élargissent les significations, participent de la commercialisation des plaisirs visuels, au même titre que les gammes démultipliées de produits du toyware , composites, imitatifs, adaptés aux jeux sociaux du paraître. Sandrine Girardier suggère non seulement les liaisons entre les automates, les techniques d’assemblage du toyware et la montée d’une médecine des fonctions (physiologie) mais aussi les transversalités entre métiers et cultures techniques, faisant la comparaison avec William Blakey, horloger et chirurgien, entrepreneur et commettant entre Paris et le Lancashire dont la femme tient un magasin anglais à Paris, de montres, d’outillage d’horlogerie et de toutes sortes d’instruments et d’accessoires 8 .
C’est dans cette culture de la curiosité, de l’artifice et du paraître que prend place une définition fonctionnaliste des produits. Ce qui se dessine, c’est la montée en puissance d’une culture technique qui s’autonomise des métiers et marque sa spécificité, ce que Hélène Vérin avait appelé la naissance d’un « espace de la technique » 9 . Les réparations, auxquelles Sandrine Girardier consacre des passages excellents, jouent un rôle clé dans ce processus. D’une manière plus générale, cette é

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