Tromper Martine
74 pages
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Tromper Martine , livre ebook

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Description

— Des excessifs dans votre genre, j’en ai tous les jours dans mon bureau. Les hommes dans la quarantaine refusent de se rendre compte que leur corps vieillit, que tout a changé, que la machine se déglingue et qu’ils peuvent plus se permettre de se démener comme ils le faisaient à vingt-cinq ans. Je vois des burnout, des dépressions, il y en a même qui me font des psychoses. Ils voient des trucs qui existent pas, ils entendent des voix, mais ils me sourient, ils prennent un air détaché et ils essaient de me convaincre que tout va bien.
Sur les conseils de son médecin qui s’inquiète de ses dérapages récents, Nicolas part deux mois loin de son travail, de sa femme et de ses enfants. Il voyage, fait des rencontres, tente de réconforter de vieux amis aussi mal en point que lui ; tout ça ne peut que mal finir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 octobre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764448045
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

« Un point de vue masculin sur l’amour qui touche toujours droit au cœur, nous arrachant tantôt une larme, tantôt un éclat de rire. Stéphane Dompierre a une plume unique, parfois crue, toujours juste. »
Marjorie Vallée, Rouge FM
« En fait, l’ingéniosité de Dompierre, c’est justement d’entrer dans l’homogène quotidien et de le rendre extraordinaire, en ce sens où tout peut devenir captivant. L’auteur se concentre sur de simples gestes du quotidien et les transforme en une myriade d’aventures plus croustillantes les unes des autres. »
Impact Campus
« Fidélité, infidélité, couple, stabilité, instabilité, routine : tout est remis en question, avec l’humour grinçant de Stéphane Dompierre. »
Marie-France Bornais, Le Journal de Québec


Du même auteur
Novice , Québec Amérique, 2022.
Les amours d’été , Québec Amérique, 2020.
Marcher sur un LEGO et autres raisons d’aimer la vie , Québec Amérique, 2019.
Tromper Martine , Québec Amérique, 2015 ; nouvelle édition, 2022.
Fâché noir , Québec Amérique, 2013.
Corax / L’Orphéon , VLB éditeur, 2012.
Stigmates et BBQ , Québec Amérique, 2011.
Morlante , Éditions Coups de tête, 2009.
Mal élevé , Québec Amérique, 2007 ; nouvelle édition, 2022.
Un petit pas pour l’homme , Québec Amérique, 2004 ; 2005 ; 2015 ; nouvelle édition, 2019.
• Grand prix de la relève littéraire Archambault 2005
Collectifs
« Les amours d’été », Pulpe , recueil de nouvelles érotiques , Québec Amérique, 2017.
« Esprit vengeur », Travaux manuels , recueil de nouvelles érotiques , Québec Amérique, 2016.
Comme la fois où , sous la direction de Geneviève Jannelle et Marie-Eve Leclerc-Dion, VLB éditeur, 2015.
« Animal social », Nu , recueil de nouvelles érotiques , Québec Amérique, 2014.
Dictionnaire de la révolte étudiante , sous la direction de Mariève Isabel et Laurence-Aurélie Théroux-Marcotte, Tête première, 2012.
« J’aime ta chatte », Amour et libertinage , sous la direction d’Elsa Pépin et Claudia Larochelle, Les 400 coups, 2011.
Série Jeunauteur
Jeunauteur, tome 2 – Gloire et crachats , Québec Amérique, 2010.
Jeunauteur, tome 1 – Souffrir pour écrire , Québec Amérique, 2008.


Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en pages : Marylène Plante-Germain
Révision linguistique : Sophie Sainte-Marie et Élyse-Andrée Héroux
Illustration en couverture : Mélanie Baillairgé
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Tromper Martine / Stéphane Dompierre
Noms : Dompierre, Stéphane, auteur.
Collections : qa (2019)
Description : Nouvelle édition en format poche. | Mention de collection : qa | Édition originale : 2015.
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20220015902 | Canadiana (livre numérique) 20220015910 | ISBN 9782764448021 | ISBN 9782764448038 (PDF) | ISBN 9782764448045 (EPUB)
Classification : LCC PS8557.O4954 T76 2022 | CDD C843/.6—dc23

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2022

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2022.
quebec-amerique.com



À Véronique.
À mes parents.


Lorsque le violoncelle exécuta son da capo final, et que la double dégringolade des sopranos négocia son dernier virage relevé, le morceau s’acheva là où tous les morceaux s’achèvent : dans la perfection du silence.
Richard Powers, Le temps où nous chantions


1 SUR LA ROUTE
Je suis sorti du garage à reculons, dans la vieille Jeep Cherokee, sans me soucier d’éviter les jouets des enfants. J’ai fait éclater un ballon mauve et j’ai écrasé la roue d’un vélo. Martine, qui était sur le porche en robe de chambre et m’envoyait la main, s’est précipitée pour voir les dégâts. Ariane, assise dans les marches, s’est mise à pleurer. Après avoir respiré profondément, comme on le recommande dans tous les articles à propos du stress, j’ai fouillé dans mon portefeuille et j’ai tendu quelques billets à Martine pour qu’elle remplace la roue tordue et le ballon éventré.
— Je leur avais dit de ramasser leurs cochonneries !
Elle a pris l’argent en haussant les épaules. Je lui ai demandé de saluer Zacharie de ma part, probablement cramponné à sa console de jeu au sous- sol, et je suis parti. Ma femme et ma fille ont rapetissé dans le rétroviseur. J’ai gardé une expression neutre, je me suis retenu de pousser un long soupir de soulagement ou de hurler ma joie en donnant de grandes claques sur le volant. J’ai perdu de vue ma famille alors que je quittais la rue du Petit Bonheur et que je tournais sur la 62 e Avenue. Le temps d’arriver au boulevard, je respirais déjà mieux.
Ils allaient me manquer, mais, tout de même, j’appréciais ce vent de liberté qui me soufflait dans les cheveux.
J’ai eu envie d’un grand café et d’une douzaine de beignes bourrés de costarde, couverts de glaçage de toutes les couleurs et de petits bonbons qui craquent sous la dent. Je me suis engagé sur l’autoroute toutes fenêtres ouvertes et j’ai hurlé comme un loup.

La jeep a dérivé sur la droite alors que j’étais penché pour chercher mon disque de Hank Williams censé être dans la boîte à gants, perdu quelque part entre les Squirrel Nut Zippers, les Stray Cats et les autres disques de swing et de rockabilly de Martine. Les pneus ont mordu le gravier en laissant un nuage de fine poussière dans mon sillage. J’ai donné un coup de volant pour ramener la jeep sur la route asphaltée, j’ai retiré le CD de son boîtier d’une seule main et je l’ai enfoncé dans le lecteur. J’ai repris mon café et j’ai soufflé dessus avant d’en boire une gorgée. J’entendais mon attirail qui bringuebalait à gauche et à droite dans le coffre chaque fois que je négociais un virage serré. Les bouteilles s’entre choquaient dans la glacière, les conserves rebondissaient sur la banquette arrière. Au sortir d’une courbe, le soleil droit devant m’a fait plisser les yeux. La liberté est délicieuse, à quatre- vingt- quinze kilomètres à l’heure dans une zone de soixante- dix, avec le vent qui t’ébouriffe les cheveux et les grosses mouches juteuses qui s’éclatent la gueule sur le pare- brise. J’ai sorti mes lunettes fumées d’une poche de chemise et je me les suis installées sur le nez. Un cadeau d’anniversaire de mon fils. Il me les avait offertes la veille, pour mes quarante- deux ans, et je le soupçonne d’avoir volontairement égaré celles que j’avais afin de trouver une idée de cadeau. Des Ray- Ban à deux cents dollars remplacées par un modèle en plastique à l’odeur toxique déniché dans un présentoir à l’entrée d’une pharmacie. L’amour d’un père excuse facilement ces petites maladresses. Quelque chose me chatouillait la joue. L’étiquette avec le prix était encore accrochée à l’une des branches. Quatre dollars quatre vingt- dix- neuf. Je l’ai arrachée avec les dents et l’ai recrachée à mes pieds. J’ai remis les lunettes. Gorgée de café. Grande respiration pour humer l’air frais de la campagne, chose rendue possible grâce à mes pilules contre les allergies saisonnières.
Take these chains from my heart and set me free
You’ve grown cold and no longer care for me
All my faith in you is gone but the hearthaches linger on
Take these chains from my heart and set me free.
J’ai monté le son et j’ai chanté avec Hank, lui juste, moi faux. Il n’y avait personne pour m’entendre, alors je ne me suis pas gêné, j’ai beuglé ma vie. Les Holstein, en petits groupes dans les champs, cessaient de brouter et tournaient la tête pour me regarder filer. J’étais dans un tel état d’excitation que j’aurais eu envie de m’arrêter au bord de la route pour embrasser le sol. Mais la hâte d’arriver était plus forte. J’ai appuyé encore un peu sur l’accélérateur. Quelqu’un me voyant passer aurait pu croire que j’étais poursuivi par Satan.
Je ressentirais peut- être de la culpabilité plus tard, mais, pour l’heure, je n’avais aucun remords à laisser Martine seule avec les deux enfants. Ça faisait des années que je les traînais partout où ils voulaient aller : Martine à la plage, Ariane aux glissades d’eau, Zacharie dans les parcs d’attractions. Nous avons visité des zoos, des aquariums, des musées, des pentes de ski, des centres d’amusement, toutes ces saletés de minigolfs clinquants du Maine et, là, enfin, j’avais deux mois de repos. Des journées complètes où je n’aurai pas à regarder mon agenda surchargé en me demandant comment j’en viendrais à bout. De longues heures à ne penser à rien plutôt qu’à tenter de trouver de nouvelles activités pour occuper les enfants. La plupart des parents donneraient tout pour être à ma place.
J’ai ralenti pour quitter la route principale et m’engager sur un chemin désert. J’en ai profité pour consulter la carte sur le siège passager afin de m’assurer que j’avais pris la bonne direction. Je ne m’étais pas trompé. Je me suis récompensé avec un troisième beigne. Mon téléphone a sonné et ça m’a causé un léger problème de logistique, avec le volant dans une main et mon beigne dans l’autre. Je l’ai déposé délicatement entre mes jambes et je me suis tortillé pour sortir l’appareil de la poche de mon jean. C’était Martine. J’ai avalé rapidement ma grosse bouchée avant de répondre. Zacharie avait- il déjà fait une connerie ?
— Allo ?
— Allo, papa !
Ariane.

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