Messiaen. La force d'un message

Actes De Colloque

Description

Cinq des sept textes rassemblés ici, ceux de Robert Wangermée, Gilbert Amy, Yves Balmer, Claude Ledoux et Pascal Ide, reprennent les communications de ces auteurs. Les deux autres, signés Sara Picavet (témoignage d’une interprète) et Christopher Brent Murray (étude originale), nous ont paru mériter une place dans ce volume.

Robert Wangermée situe l’œuvre de Messiaen au plan historique. Il retrace les étapes d’une vie de création et d’enseignement construite dans une remarquable indépendance. Gilbert Amy apporte un témoignage personnel sur cette fameuse « Classe Messiaen » où l’approche des œuvres procédait d’une pensée résolument nouvelle. Christopher Brent Murray, qui avait assisté au colloque, nous offre un travail original et documenté sur la première diffusion de la musique de Messiaen en Belgique. L’intervention d’Yves Balmer livre les résultats d’une recherche récente réalisée à partir des esquisses des Visions de l’Amen. Claude Ledoux reprend et développe à l’aide de nombreux exemples sa présentation du récital de Sara Picavet consacré à de larges extraits des Vingt Regards sur l’Enfant Jésus. Sara Picavet propose ensuite quelques réflexions sur son expérience de l’interprétation de cette œuvre. Enfin Pascal Ide aborde la question jusqu’ici peu étudiée de la théologie de l’Amour dans quelques écrits d’Olivier Messiaen.

Avec les contributions de :

Pierre Bartholomée, Robert Wangermée, Gilbert Amy, Christopher Brent Murray, Yves Balmer, Claude Ledoux, Sara Picavet et Pascal Ide.

Informations

• Publié par: Académie royale de Belgique
• Nombre de lectures: 8
• EAN13: 9782803106516
• Langue: Français

Extrait

MESSIAN. LA F ORCE D'UN MESSAGE

A CTESDECOLLOQUES

Messiaen. La force d'un message

ACTES DE COLLOQUE. BRUXELLES, 04 ET 05 MAI 2012

Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be

Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0651-6 © 2018, Académie royale de Belgique

Mémoire de la Classe des Arts, Collection in-8°, IVe série, tome III, n°2123 Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be

Crédits Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique Illustration de couverture : © Alamy, OLIVIER MESSIAEN /n(1908-1992). Compositeur français.

Publié en collaboration avec

INTRODUCTION PIERRE BARTHOLOMÉE Compositeur. Membre de la Classe des Arts de l’Académie royale de Belgique

Né en 1908, Olivier Messiaen est mort, étrange symétrie, en 1992. V , 2012, ’A B INGT ANS PLUS TARD EN MAI L CADÉMIE ROYALE DE ELGIQUE DONT IL AVAIT ÉTÉ MEMBRE associé lui consacrait un colloque international. L’ ’ . P B , ANNONCE DE CETTE MANIFESTATION SCIENTIFIQUE AVAIT SUSCITÉ BEAUCOUP D INTÉRÊT IERRE OULEZ  ’ , QUI AVAIT ACCEPTÉ D Y PARTICIPER DEVAIT Y ÊTRE HONORÉ AU MULTIPLE TITRE DE TÉMOIN DIRECT DE ’ M , ’ ’ , L ENSEIGNEMENT DE ESSIAEN D INTERPRÈTE D UNE PARTIE IMPORTANTE DE SON ŒUVRE DE MEMBRE associé de notre Compagnie et, évidemment, en tant que compositeur. P , , C B , OUR INAUGURER LE COLLOQUE NOUS AVIONS ORGANISÉ DANS LE CADRE DU OLLÈGE ELGIQUE UNE Messagesquisse, B CONFÉRENCE SUR UNE DES PIÈCES MYTHIQUES DE OULEZ SUR LAQUELLE LE COMPOSITEUR J -M R . S BELGE EAN ARIE ENS AVAIT BEAUCOUP TRAVAILLÉ A CONFÉRENCE ÉTAIT ILLUSTRÉE PAR UN ENSEMBLE DE VIOLONCELLISTESBELGESRÉUNISAUTOURDESDEUXPROFESSEURSDU C ONSERVATOIREROYALDE M USIQUEDE Bruxelles : Marie Hallynck et Didier Poskin. M , P B , , ’ . L ’ ALHEUREUSEMENT IERRE OULEZ MALADE N A PAS PU NOUS REJOINDRE A CONFÉRENCE S EST  ’ ’ DONNÉE DEVANT UN PUBLIC TRÈS NOMBREUX ET ELLE A FAIT L OBJET D UNE PUBLICATION DANS NOTRE 1 collection l’Académie en poche . P IERRE  B OULEZNOUSAVAIT , ENSUITE , PROMISL ’ ENVOID ’ UNMESSAGEPOURLESACTESDUCOLLOQUE mais, vu les altérations successives de son état de santé, il n’a pas pu tenir cet engagement. S , 2016, ’ ON DÉCÈS EN N EST MALHEUREUSEMENT PAS LE SEUL QUE NOUS AYONS EU À DÉPLORER ALORS QUE  . H H NOUS TRAVAILLIONS À LA PUBLICATION DES ACTES ARRY ALLBREICH EST MORT SANS AVOIR TROUVÉ LE TEMPS  . A - DE NOUS COMMUNIQUER LE TEXTE DE SON INTERVENTION LLIONS NOUS DÈS LORS RENONCER À NOTRE PROJET  ? A , - , , ’ DE PUBLICATION CCABLÉ NOUS MÊME PAR QUELQUES SOUCIS DE SANTÉ NOUS N ÉTIONS PAS EN ÉTAT ’ , , ’ D ASSURER TOUT LE SUIVI NÉCESSAIRE ET NOTAMMENT D OBTENIR LES TEXTES QUI NE NOUS AVAIENT PAS ÉTÉ communiqués en temps utile. N , ’ OUS AVONS NÉANMOINS DÉCIDÉ DE PUBLIER LE VOLUME QUE VOICI CAR MÊME S IL NE REND PAS compte de manière exhaustive du programme de notre colloque, il nous paraît comporter quelques  , ’ CONTRIBUTIONS ORIGINALES ET SIGNIFICATIVES DES CONTRIBUTIONS SUSCEPTIBLES D OUVRIR DES VOIES nouvelles à la connaissance de l’œuvre de Messiaen. F , , IGURE PUISSANTE ET PARADOXALE À PROPREMENT PARLER INCOMPARABLE CET ARTISTE A TRAVERSÉ DES  . M , TEMPS DE GRANDS TUMULTES ET DE TERRIBLES TRAGÉDIES EN REGARDANT DROIT DEVANT LUI AÎTRISE , ’ INSPIRATION DÉTERMINATION ET SENS DE SON PROPRE DESTIN L ONT AIDÉ À TRACER UN CHEMIN DONT IL NE voulait pas s’écarter. C’ , ’ , EST DANS LA PLUS GRANDE LIBERTÉ L AUDACE ET UNE FAROUCHE INDÉPENDANCE QUE SOUTENU PAR UNE  , , VASTE CULTURE UNE IMAGINATION PUISSANTE ET ORIGINALE UNE CONNAISSANCE ENCYCLOPÉDIQUE DE LA musique, une vision poétique du monde et un artisanat de haute volée, il a construit son œuvre. D 1992, A B : « A ’ ÈS JUILLET NDRÉ OUCOURECHLIEV ÉCRIVAIT CECI UCUNE VIE CRÉATRICE N AURA ÉTÉ AUSSI  . I ’ RICHE NI AUSSI AMBIGUË QUE LA SIENNE L FUT DANS LE MÊME TEMPS L HOMME DE CONSERVATOIRE ET ’ ’ - , ’ L ARTISTE D AVANT GARDE L ANALYSTE INCOMPARABLE DE CINQ SIÈCLES DE MUSIQUE CONNUE DE LUI PAR  ’ ’ CŒUR ET L INVENTEUR DE LA SÉRIE GÉNÉRALISÉE DONT IL AVAIT SU VOIR À LA FOIS L INTÉRÊT MAJEUR ET LES limites étroites, avant d’en céder l’exploitation à Boulez ». E N 1971, AUMOMENTDERECEVOIRLE P RIX E RASME , M ESSIAENAVAITDÉCLARÉ : « C EQUEJECROIS ? C’ ESTVITEDIT , ETTOUTESTDIT , D ’ UNSEULCOUP : ‘ JECROISEN D IEU .’»C ATHOLIQUEFERVENTETAFFICHÉ , IL a traversé un siècle de déchristianisation en témoignant avec force d’une foi inébranlable. S ’ . I . E ES PARENTS N ÉTAIENT NI CROYANTS NI MUSICIENS L FUT PLEINEMENT LES DEUX T IL CITAIT VOLONTIERS

QUELQUESVERSPRÉMONITOIRESDESAMÈRE  : « V OICITOUTL ’O RIENTQUICHANTEENMOI /A VECSES oiseaux bleus, avec ses papillons ». É ’ ’U , , BLOUISSEMENT D UN HOMME FACE À L NIVERS CULTE DU MERVEILLEUX OUVERTURE AUX SAGESSES d’orient : Messiaen était-il à contre-courant ? R H H : « N ’ ’ ‘ , ’. E ELISONS ARRY ALBREICH UL MOINS QUE LUI NE S EST SOUCIÉ D ÊTRE DANS LE VENT NTRE SES  , T , ’ CHÈRES MONTAGNES DAUPHINOISES SES ÉLÈVES ET SA TRIBUNE DE LA RINITÉ IL S EST ORGANISÉ UNE VIE  , ’ TRANQUILLE ET FÉCONDE DE LABEUR ACHARNÉ EN MARGE D UNE ÉPOQUE DONT LE MATÉRIALISME technocratique l’horrifiait et dont les petits intérêts mondains lui étaient indifférents ». B ’ ’ , , IEN QU IL S EN DÉFENDÎT LE PÉDAGOGUE PASSIONNÉ QUI A MARQUÉ DES GÉNÉRATIONS DE MUSICIENS LE grand organiste, le pianiste sensible, le compositeur immense a beaucoup commenté sa musique. C , , EUX QUI HEUREUSEMENT NOMBREUX ONT EU LA CHANCE DE RECEVOIR SES CONSEILS ONT PU ADMIRER TANT  ’ ’ , LA FORCE ET LA SINGULARITÉ DE SES CAPACITÉS D ÉCOUTE QUE L ORIGINALITÉ DE SON IMAGINAIRE SONORE  ’ ’ TOUJOURS EN TRÈS INVENTIVE CONNEXION AVEC L IMMENSE EXPÉRIENCE QU IL AVAIT ACQUISE DES conditions pratiques de l’interprétation musicale. V , - ’ INGT ANS APRÈS SA DISPARITION QUE SAVONS NOUS DE L ŒUVRE GIGANTESQUE ET PROFONDÉMENT  ? C ? E ÉNIGMATIQUE DE CE GRAND MUSICIEN OMMENT RENOUVELER LE REGARD PORTÉ SUR ELLE N QUOI RÉSIDE LAFORCEDESONMESSAGE ? C OMMENTATTEINDRELECŒURDECETTEPOÉTIQUEÉTRANGEETMAGNIFIQUE ? L E CHEMINENTRE L’Ascension ETLE Livre d’Orgue OU , MIEUX , PEUT - ÊTRE , ENTRE Turangalîlâet ChronochromieÀ —  ! 30 —Banquet céleste EST IMPRESSIONNANT ÉQUIDISTANCE ANS DU ET DE Éclairs sur l’au-delà,Chronochromie, ,, ’ L ŒUVRE SINGULIÈRE ENTRE TOUTES INTRANSIGEANTE PÔLE , , , , UNIQUE HYMNE PARADOXAL SAUVAGE ET PANTHÉISTE À LA RIGUEUR ET À LA CONCISION AU SILENCE S , SEDRESSECOMMELEPLUSAVENTUREUXDESDÉFIS . P ASSIONNANTPOINTCENTR  — LES WEBERNIEN AL ANNÉES 50 — DELATRAJECTOIREDE M ESSIAEN , ENRACINÉDANS Modes de valeurs et d’intensités,les Îles de Feu, L A Messe de la Pentecôte ETLE Livre d’Orgue, ARCBOUTÉSUR , D ’ UNCÔTÉ ,Oiseaux exotiqueset, de l’autre, lesSept HaïKaï. E , M . M N QUITTANT CE MONDE ESSIAEN A EMPORTÉ SES SECRETS AIS SON ŒUVRE EXCÈDE ÉVIDEMMENT CE ’ - . À , ’ , ’ QU IL POUVAIT EN CONNAÎTRE LUI MÊME NOUS AUJOURD HUI D OUVRIR SUR ELLE DES YEUX NEUFS ET DES oreilles ravivées. Quelles sont les racines profondes de ce langage étrange et solitaire ? G B , ’ , , EORGES ENJAMIN PARLANT DE LA DÉCOUVERTE QU IL AVAIT FAITE TRÈS JEUNE DES ŒUVRES DE SON  , : « J , FUTUR MAÎTRE DISAIT E SAISISSAIS MAL CETTE MUSIQUE DÉNUÉE DE FRICTIONS ET DE TENSIONS ATÉRIELLEMENTSANSPOIDSENDÉPITDESAPUISSANCESONORE . J’ ÉTAISDEVANTUNCARROUSELTOURNOYANT , M  ’ (…) S . L ILLUMINÉ D ÉBLOUISSANTES LUMIÈRES COLORÉES A MUSIQUE EST ANTIDIRECTIONNELLE ES CONFLITS ET  . É , LA DIALECTIQUE NE LA CONCERNENT PAS VOLUTION CONTINUITÉ ET TRANSFORMATION SONT DES MOTS QUI n’appartiennent pas à son vocabulaire ». « J EN ’ AIPASÀDESSINERDESFORMES », DISAIT M ESSIAEN , « NIÀPRÉCISERDESCONTOURS . J’ EXPRIME autre chose : des vérités abstraites ». L’ ’ ’ OBJECTIF DE NOTRE COLLOQUE ÉTAIT D ALLER UN PEU PLUS AVANT DANS LA CONNAISSANCE D UNE ŒUVRE e  XX . N ’ QUI FIGURE PARMI LES PLUS IMPORTANTES DU SIÈCLE OUS L AVIONS ORGANISÉ EN QUATRE SESSIONS CENTRÉESSURAUTANTD ’ ANGLESD ’ APPROCHE : « AUCŒURD ’ UNSIÈCLEENTENSION », « ARTETARTISANAT », «  », « M S ». C ’ , UN ENSEIGNEMENT SINGULIER ESSIAEN ET LE ACRÉ OMME NOUS L ESPÉRIONS ET GRÂCE AUX  , , CONTRIBUTIONS DE NOMBREUX INTERVENANTS DES ÉLÉMENTS NOUVEAUX ET SIGNIFICATIFS DES POINTS DE VUE originaux, ont pu être mis en évidence en chacune de ces matières. P ’ LUSIEURS D ENTRE EUX FIGURENT DANS LA PRÉSENTE PUBLICATION ÉLECTRONIQUE À LAQUELLE NOUS AVONS  M , JOINT UNE ÉTUDE ORIGINALE SUR LA PRÉSENCE ET LA RÉCEPTION DES PREMIÈRES ŒUVRES ESSIAEN EN Belgique, des années 30 à l’après-guerre. A ’A B , C A C U NOM DE L CADÉMIE ROYALE DE ELGIQUE DE SA LASSE DES RTS ET DU OMITÉ SCIENTIFIQUE DE  , CE COLLOQUE JE TIENS À REMERCIER LES COMPOSITEURS ET LES CHERCHEURS QUI AVAIENT RÉPONDU À NOTRE  ’ APPEL ET TOUT PARTICULIÈREMENT CEUX DONT NOUS SOMMES EN MESURE DE PUBLIER AUJOURD HUI LES  : G A , Y B , P I , C L , C M CONTRIBUTIONS ILBERT MY VES ALMER ASCAL DE LAUDE EDOUX HRISTOPHER URRAY ET Robert Wangermée. M S P ERCI À LA JEUNE PIANISTE BELGE ARA ICAVET QUI NOUS A DONNÉ UNE INTERPRÉTATION BRILLANTE DE NEUFDES 20 Regards sur l’Enfant Jésus ETDONTJOIGNONSUNTÉMOIGNAGEPERSONNELÀCEVOLUME . M J -M RMessagesquisseM ’ ERCI ÉGALEMENT À EAN ARIE ENS POUR SA CONFÉRENCE SUR AINSI QU À ARIE

Hallynck, Didier Poskin et leurs étudiants pour leur interprétation de cette œuvre. M F N R S , C B ERCI AU ONDS ATIONAL DE LA ECHERCHE CIENTIFIQUE À LA OMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE ELGIQUE (F ÉDÉRATION  W ALLONIE -B RUXELLES ), ÀL ’A MBASSADEDE  F RANCEETÀLA  S OCIÉTÉBELGED ’A NALYSE musicale. M , , , M -J S , ERCI ENFIN AUX MEMBRES DU COMITÉ SCIENTIFIQUE À ARIE OSÉ IMOEN POUR SES CONSEILS SA  ’ A D ’ GRANDE EXPÉRIENCE ET SA GESTION DU TRAVAIL PRÉPARATOIRE AINSI QU À LICE ROIXHE POUR L IMPORTANT travail administratif. Bonne lecture.

1R ENS J.-M.,‘Messagesquisse’ de Pierre Boulez,Bruxelles, L’Académie en poche, 2012.

OLIVIER MESSIAEN ET LA MODERNITÉ MUSICALE ROBERT WANGERMÉE Musicologue. Professeur émérite à l’Université Libre de Bruxelles. Administrateur général honoraire de la Radio Télévision Belge francophone. Membre émérite de l’Académie royale de Belgique.

D ’Cinquante ans de modernité musicale. De Darmstadt à ANS LE GROS VOLUME QU IL A CONSACRÉ À 1 l’Ircam, C D ÉLESTIN ELIÈGE JUGE QUE DEUX MUSICIENS ONT REPRÉSENTÉ LA MODERNITÉ DANS LES ANNÉES 45 ET  50 ENMARQUANTLESOPPOSITIONSLESPLUSFERMESÀCEQUIÉTAITALORSLAMUSIQUE  , D , CONTEMPORAINE FRANÇAISE QUI TANTÔT PERPÉTUAIT EN LE MÉDIOCRISANT UN LANGAGE HÉRITÉ DE EBUSSY R F , - AVEL OU AURÉ TANTÔT AFFICHAIT UNE PSEUDO MODERNITÉ DANS UNE POLYTONALITÉ PRUDENTE ET TANTÔT SE réfugiait dans un néo-classicisme dont Strawinsky avait donné le mode d’emploi. C O M R L ; , ES DEUX MUSICIENS SONT LIVIER ESSIAEN ET ENÉ EIBOWITZ CERTES ILS NE SONT PAS AU MÊME  , NIVEAU QUANT À LEURS ŒUVRES MAIS LEUR INFLUENCE SUR LES JEUNES MUSICIENS A ÉTÉ SEMBLABLE ET rivale. L EPREMIERÀSEFAIRECONNAÎTREAÉTÉ  O LIVIER  M ESSIAEN . O RGANISTETITULAIREÀL ’ ÉGLISEDELA T P 1931, 1940 , RINITÉ À ARIS DEPUIS IL AVAIT COMPOSÉ AVANT DÉJÀ DES ŒUVRES POUR ORGUE DES CYCLES  . E 1936, DE MÉLODIES ET DES GRANDES MÉDITATIONS SYMPHONIQUES POUR ORCHESTRE N IL AVAIT CONSTITUÉ  , « J F » B , AVEC QUELQUES AMIS UN GROUPE QUI SOUS LE NOM DE EUNE RANCE RAPPELANT ERLIOZ AVAIT ASSUMÉSONNATIONALISMEETSONROMANTISMEENOPPOSITIONTRÈSFERMEÀL ’ ESPRITDES S IXETAUNÉO - . P ’ CLASSICISME AR LES COMMENTAIRES QU IL AVAIT DONNÉS AUX ŒUVRES QUI ONT FIGURÉ À SON PREMIER  (L’Hymne au Saint-SacrementLes Offrandes oubliées), M , , CONCERT ET ESSIAEN AVAIT EN OUTRE voulu marquer sa musique d’une haute spiritualité et même de sa foi catholique. E 1939, M , ’É ,Vingt leçons N ESSIAEN PROFESSEUR À L COLE NORMALE DE MUSIQUE AVAIT PUBLIÉ d’harmonieM D ; ’ , DANS LE STYLE DE COMPOSITEURS IMPORTANTS DU PASSÉ DE ONTEVERDI À EBUSSY C EST CEMODÈLEQU ’ ILAAPPLIQUÉÀPARTIRDE 1941 DANSSACLASSED ’ HARMONIEAU C ONSERVATOIREDE P ARIS ’ S . I LORSQU IL Y FUT NOMMÉ À SON RETOUR DE ILÉSIE OÙ IL AVAIT ÉTÉ RETENU COMME PRISONNIER DE GUERRE L  ’ . M Y METTAIT EN ÉVIDENCE L ÉVOLUTION PERMANENTE DU LANGAGE MUSICAL À TRAVERS LE TEMPS ESSIAEN ’ ’ ’ S OPPOSAIT AINSI À L ENSEIGNEMENT TRADITIONNEL DU CONSERVATOIRE OÙ L HARMONIE ÉTAIT CONÇUE COMME UNENSEMBLEDERÈGLESNORMALISANTES , SÉLECTIONNÉESÀPARTIRDUPASSÉETIMPOSÉESCOMMEUN . S ’ DOGME A MÉTHODE ORIGINALE LUI AVAIT VALU LA RÉPROBATION DE BEAUCOUP D AUTRES ENSEIGNANTS DU C ONSERVATOIREMAISAVAITSUSCITÉCHEZLESÉLÈVESUNINTÉRÊTTELQUECERTAINSD ’ ENTREEUXLUIONT  ’ ’ DEMANDÉ DES LEÇONS COMPLÉMENTAIRES D ANALYSE ET DE COMPOSITION QU IL A DONNÉES À PARTIR DE 1943 dans un cours privé chez son ami Guy-Bernard Delapierre. L M , D — ORSQUE ESSIAEN A COMMENCÉ À COMPOSER SON MILIEU NATUREL ÉTAIT LA MUSIQUE DE EBUSSY  ’ ’Pelléas— ’ ’ IL N A JAMAIS CESSÉ D ADMIRER PROFONDÉMENT MAIS IL S EST REFUSÉ D ÊTRE UN ÉPIGONE ET IL  -F , -R « B ». E , AVAIT EN HORREUR LES SOUS AURÉ LES SOUS AVEL ET LES RETOURS À ACH N REVANCHE IL AVAIT BEAUCOUPAPPRÉCIÉLACONCEPTIONDURYTHMED ’I GOR  S TRAVINSKYDANS Le Sacre du printemps ; IL L ’ AVAITDITDANSUNARTICLEPUBLIÉEN  1939 DANSLA Revue musicale. M AISILAVAITAUSSITROUVÉ ailleurs des modèles qui l’on retenu. E NPARTICULIER , ÀLALECTUREDEQUELQUESCHAPITRESDEL E’ncyclopédie de la musique QUIAVAIT  1914 ’A L , COMMENCÉ À PARAÎTRE À LA VEILLE DE LA GUERRE DE SOUS LA DIRECTION D LBERT AVIGNAC  C . A PROFESSEUR AU ONSERVATOIRE U PREMIER VOLUME DE CETTE ENCYCLOPÉDIE À LA FOIS HISTORIQUE ET , , , ’ - SYSTÉMATIQUE IL AVAIT LU AVEC UN INTÉRÊT PARTICULIER LE LONG CHAPITRE SUR L ANTIQUITÉ GRÉCO ROMAINE  M E ’ ÉCRIT PAR AURICE MMANUEL QUI AVAIT ÉTÉ SON PROFESSEUR D HISTOIRE DE LA MUSIQUE AU

C S ; ONSERVATOIRE ET QUI ÉTAIT AUSSI DOCTEUR ÈS LETTRES DE LA ORBONNE LES PAGES SUR LA MÉTRIQUE DE LA POÉSIEETDELATRAGÉDIEGRECQUESL ’ AVAIENTPARTICULIÈREMENTINTÉRESSÉ . I LAVAITLUAUSSILELONG  ’I L , J CHAPITRE SUR LA MUSIQUE DE L NDE ÉCRIT PAR UN PROFESSEUR À LA FACULTÉ DES LETTRES DE YON OANNY G ROSSET . D ANSCETEXTETOUFFU , ILAVAITÉTÉPARTICULIÈREMENTINTÉRESSÉPARUNTRAITÉSURLESYSTÈME e  ( ) ’ XIII , RYTHMIQUE COMPILATION DE PLUSIEURS RECUEILS ANTÉRIEURS D UN THÉORICIEN HINDOU DU SIÈCLE Ç , 120 - , ’ - - 120 ARNGADEVA ET NOTAMMENT PAR LE TABLEAU DES DÉÇI TÂLAS C EST À DIRE DES GROUPES  . I C S : « J’ ’ RYTHMIQUES QUI Y ÉTAIENT DÉCRITS L A DIT PLUS TARD À LAUDE AMUEL AI FAIT L ANALYSE RYTHMIQUE  ’ . C DE CHAQUE TÂLA ET J EN AI DÉDUIT UN CERTAIN NOMBRE DE RÈGLES RYTHMIQUES ETTE ANALYSE ’ , ’ . É M APPARTIENT EN PROPRE ELLE EST L ÉLÉMENT ORIGINAL ET ESSENTIEL DE MON TRAVAIL TANT NÉ AVEC ’ , ’ L INQUIÉTUDE RYTHMIQUE J AI DEVINÉ ET UTILISÉ CERTAINES LOIS DE LA RYTHMIQUE HINDOUE AVANT DE LA 2 connaître ». En 1944, il a publié un ouvrage qu’il a appeléTechnique de mon langage musicaloù il énonce avec des exemples les procédés spécifiques auxquels il recourt pour construire sa musique. À PARTIRDUTABLEAUDES 120 DÉÇI - TÂLASTROUVÉDANS E L ’ncyclopédie du Conservatoire, ILADOPTE  , ’ - - UNE RYTHMIQUE IRRÉGULIÈRE QUI ÉVITE SYSTÉMATIQUEMENT LA CARRURE C EST À DIRE LE RETOUR RÉGULIER DE POINTSD ’ APPUI . S ARYTHMIQUEESTFONDÉESURDEBRÈVESCELLULESPERMUTABLESETMANIPULABLESGRÂCE  :valeur ajoutée,rythmes non- À DIVERS PROCÉDÉS QUE JE NE DÉTAILLERAI PAS CELUI DE LA CELUI DES rétrogradables. Il veille particulièrement à dissocier le rythme des autres paramètres sonores. S AMUSIQUEESTMODALE , SESMODESSONTCONSTITUÉSSURBASED ’ UNJEUD ’ INTERVALLESENTRETROIS , quatre ou cinq des douze sons de l’échelle chromatique. Ils génèrent des lignes mélodiques ou des  , . C ACCORDS QUI PEUVENT SE SUPERPOSER SE MÉLANGER ENTRE EUX OU AVEC DES HARMONIES TONALES ES ACCORDSPEUVENTAUSSIÊTREENRICHISDE  « NOTESAJOUTÉES  » QUIS ’ AGGLUTINENNSPRÉPARATIONN T SA I  ’ . M RÉSOLUTION JUSQU À FORMER DE VÉRITABLES GRAPPES DE SONS ESSIAEN PRÉTEND EXPLOITER AINSI ’ , ’ - - L HARMONIE DITE NATURELLE C EST À DIRE LA SUPERPOSITION DES SONS HARMONIQUES CONTENUS DANS UNE FONDAMENTALE  ; ONNEPEUTÉVIDEMMENTLESIDENTIFIERÀL ’ ÉCOUTEET , DURESTE , LESHARMONIQUES  . I « SUPÉRIEURS SONT MODIFIÉS POUR ÊTRE INTÉGRÉS DANS LE SYSTÈME TEMPÉRÉ L VEUT QUE LA MÉLODIE RESTE , , » ; ’ PRINCIPALE SOUVERAINE QUELLE QUE SOIT LA COMPLEXITÉ DES RYTHMES ET DES HARMONIES IL L ÉLABORE  - , ’ LE PLUS SOUVENT SELON LA RHÉTORIQUE DU PLAIN CHANT TELLE QU ELLE ÉTAIT ENSEIGNÉE ET PRATIQUÉE PAR ’ S : « - - L ÉCOLE DE OLESMES LA COMBINAISON À DIFFÉRENTS NIVEAUX DU PRINCIPE ANACROUSE ACCENT désinence », c’est-à-dire élan-accent-chute. M P B IS EN CAUSE DANS LA PRESSE POUR UN CHAHUT DIRIGÉ PAR SON ÉLÈVE IERRE OULEZ CONTRE LES  S , M ’ ŒUVRES AMÉRICAINES RÉCENTES DE TRAVINSKY ESSIAEN A ÉTÉ AU MÊME MOMENT AU CENTRE D UNE  ’ :Vingt Regards sur l’Enfant POLÉMIQUE D UNE AUTRE NATURE À PROPOS DE SES NOUVELLES ŒUVRES LES Jésuset lesTrois petites liturgies de la présence divine. LVingt Regards ’ ES ÉTAIENT UNE SUITE DE GRANDES PIÈCES POUR LE PIANO QUI AVAIENT D ABORD ÉTÉ  . Q ’ COMPOSÉES POUR ILLUSTRER DES TEXTES À LA RADIO UAND L ŒUVRE FUT CRÉÉE DANS SON INTÉGRALITÉ PAR Y VONNE  L ORIODLE  26 MARS M 1945, ESSIAENAVAITPLACÉDANSLEPROGRAMMEQUATREPAGESDE  « C ’ » OMMENTAIRES DE L AUTEUR QUI MÊLAIENT AUX EXPLICATIONS SUR SON LANGAGE MUSICAL DES commentaires poético-religieux annonçant les différentes pièces. M ESSIAENAVAITDÉJÀPROCÉDÉAINSIPOURDESŒUVRESANTÉRIEURES , NOTAMMENTLES Visions de l’Amen1943, ., 7 PIÈCES POUR DEUX PIANOS CRÉÉES EN AINSI QUE POUR SES GRANDS CYCLES POUR ORGUE LesVingt Regards 1945 C PTrois petites DEVAIENT ÊTRE SUIVIS EN AOÛT AUX ONCERTS DE LA LÉIADE PAR liturgies de la présence divine DONTLESTEXTESPOÉTIQUESSURRÉALISTESÉTAIENTDE M ESSIAEN ; LEURS louanges à Dieu avaient des ambitions théologiques. U P - , N DÉBAT INTENSE A AGITÉ ARIS ET BIEN AU DELÀ PENDANT QUELQUES DEUX ANS METTANT EN CAUSE AUSSI  M . M BIEN LE LANGAGE MUSICAL DE ESSIAEN QUE SES RÉFÉRENCES CONSTANTES AU DOMAINE RELIGIEUX AIS À  O M « » SON TERME LE SCANDALE AVAIT LÉGITIMÉ LIVIER ESSIAEN COMME MUSICIEN MODERNE INCONTESTÉ ET  , ’ EN MÊME TEMPS COMME UNE GLOIRE FRANÇAISE QUI D ŒUVRE EN ŒUVRE SERAIT CÉLÉBRÉE ET HONORÉE EN France et à travers le monde. L’ P 1945, R L , AUTRE PÔLE DE LA MODERNITÉ DANS LE ARIS DE ÉTAIT REPRÉSENTÉ PAR ENÉ EIBOWITZ UN JUIF polonais qui était passé par Berlin et s’était installé en France dans les années 30. À la libération, ILS ’ ÉTAITMÊLÉACTIVEMENTÀLAVIEINTELLECTUELLEETARTISTIQUEPARISIENNEPARMILESÉCRIVAINSET HESQUIGRAVITAIENTAUTOURDE J EAN -P AUL S ART ; ILS ’ ÉTAITALORSMANIFESTÉPARDESCRITIQUES PHILOSOP RE