Dans l ombre des Jasmins
90 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Dans l'ombre des Jasmins , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
90 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Elliot Pratt est un jeune homme de dix-huit ans réservé, bienveillant et bien peu sûr de lui.


Cet été, au lieu de partir en vacances comme tous ses amis, il choisit de travailler pour la toute première fois de sa vie. Un choix réfléchi pour subvenir lui-même à certains de ses besoins. Ainsi, il décide de tenter sa chance et d’envoyer son curriculum vitae à la maison de retraite du coin. Sa sœur y avait travaillé peu de temps avant lui et en avait tiré une bonne expérience, alors, que pouvait-il bien lui arriver de mal ?


Déterminé suite à la réponse positive qu’il a reçue, Elliot franchit avec innocence la porte de la résidence des Jasmins et découvre le monde du travail à travers un regard nouveau, et tente d’y trouver sa place.


Mais entre comportements révoltants et injustice flagrante, Elliot va se rendre compte qu’il a mis le pied dans un endroit dont il ne sortira pas indemne...



Franzo Pizarro nous livre dans ce témoignage romancé sa découverte du monde du travail et la vie au sein d’un EHPAD aussi bien du côté des employés que des résidents.


En l’accompagnant, vous découvrirez un monde où joie, peine, grandeur d’âme et ignominie ne cessent de s’entremêler.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782356770509
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dans l’ombre des Jasmins
© Éditions du Saule, 2022
Tous droits réservés – Reproduction interdite
« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »
Dépôt légal : Mai 2022
ISBN 978-2-35677-050-9
Dans l’ombre des Jasmins

Témoignage romancé



Franzo PIZARRO






Éditions du Saule
À Madame Bibin et Madame Lilian ainsi que pour toutes les personnes âgées qui nous entourent. Cette histoire est pour vous.
Chers lecteurs et lectrices,

Dans l’ombre des Jasmins est la fresque de mes cinq années passées en maison de retraite, de mes dix-huit à mes vingt-deux ans, lorsque j’étais encore étudiant et que je découvrais le monde du travail pour la toute première fois. 

Toutes les situations rocambolesques qu’a vécues Elliot durant ces cinq années à la résidence des Jasmins, ont été en réalité les miennes. Chaque moment, chaque personne rencontrée, chaque dialogue : tout est vrai, à quelques détails près. Le nom de la résidence, des différentes personnes et des lieux ont naturellement été modifiés.

Il s’agit pour moi d’une sorte d’exutoire, non pas pour dénoncer ou pointer du doigt qui ou quoi que ce soit, comme je le précise à la fin du livre, mais pour m’exorciser de certains moments vécus.

À la manière d’un journal intime, je souhaite partager cette expérience avec d’autres qui ont peut-être connu la même chose. Surtout, je souhaite encourager celles et ceux qui découvrent, eux aussi, le monde du travail pour la première fois, sans avoir les armes pour l’affronter. Il s’agit, enfin, de démontrer qu’il faut garder espoir, dans le pire comme dans le meilleur, et que pour arranger certaines situations qui nous paraissent insurmontables, il faut simplement savoir dire « non » au bon moment sans avoir peur de prendre ses propres décisions.
« La jeunesse, le monde du travail et la vieillesse sont trois phases qui s’accordent parfaitement entre elles et qui se succèdent inéluctablement sur la route à sens unique qu’est la vie. La jeunesse nous rappelle l’insouciance et l’excitation de découvrir tout ce qui nous entoure, alors que le monde du travail, lui, met un frein à nos premiers élans. Il nous confronte à des barrières inattendues tout en nous apprenant que la vie ne sera peut-être plus aussi simple qu’elle ne l’avait été jusqu’à présent. Quant à la vieillesse, elle nous fait signe qu’il est grand temps de prendre du recul sur toutes ces choses vécues afin de porter un regard serein sur le chemin parcouru et le temps qu’il nous reste. » F. Pizarro
CHAPITRE 1 : MISTER CANICULE



Été 2004 : un an après la grande canicule ayant frappé la France.
Je venais d’avoir dix-huit ans lorsque je décrochai mon tout premier emploi. Les premiers stages effectués via l’école ne comptent pas. Ceux-là, en plus de n’être que peu voire pas du tout payés, ne sont pas souvent très formateurs. 
En parallèle de ce futur emploi, j’achevais ma première année de brevet d’études professionnelles en comptabilité et secrétariat et je cherchais un emploi d’été pour mettre de l’argent de côté. C’était mon projet, à l’époque : faire des économies et subvenir à certains de mes besoins sans passer constamment par ma mère, qui n’en avait pas forcément les moyens avec quatre enfants à la maison. Je crois que je désirais également acquérir un ordinateur de bureau. Mon ordinateur de bureau. Ces vieux PC très volumineux, de forme ovale, avec des couleurs vives sur les contours de leur devanture. Ils étaient le plus souvent accompagnés d’une énorme unité centrale aussi lourde et large qu’un parpaing et de différents câbles impossibles à dissimuler, vu leur nombre. Le mien serait vert comme la pomme et comme sa marque. Mes amis, de leur côté, comptaient plutôt passer leur permis de conduire plus tard dans l’année, avec l’argent obtenu sans avoir eu besoin de travailler tout l’été. Merci à leurs parents qui, eux, en avaient les moyens. Mais pas de jalousie. Non. Chacun fait comme il peut avec ses propres capacités. Et j’étais loin d’être malheureux.
Alors, pendant que mes petits camarades les plus proches partaient au soleil, à la mer ou à la montagne et s’amusaient en grandes vacances, je finalisais mon tout premier et bien maigre curriculum vitae. Je me rendis vite compte que je n’avais aucune expérience professionnelle. J’y joignis également une lettre de motivation que j’espérais la plus convaincante possible, comme le voulait l’usage, pour espérer obtenir un entretien d’embauche. 
Ma sœur ayant travaillé, peu de temps avant que je n’y postule, à la maison de retraite de notre petite ville paumée en Seine-et-Marne, marcher dans ses pas me paraissait donc une évidence pour un premier saut dans l’inconnu du monde du travail. Coup de chance ˗ et peut-être coup de pouce aussi ˗ j’obtins, quelques jours après avoir envoyé mon épître, un premier entretien avec la responsable de cet établissement qu’on ne nommait pas encore « EHPAD », comme c’est le cas aujourd’hui. Un vendredi après-midi, j’étais donc paré, déterminé, et je m’y rendis sous un soleil de plomb qui me mettait déjà à rude épreuve. Allais-je être convaincant ? Allait-on me prendre au sérieux malgré mon jeune âge et mon inexpérience ? J’étais motivé à faire mes preuves. Il ne me restait plus qu’à franchir le portail qui me séparait du lieu qui allait bouleverser ma vie comme jamais je n’aurais pu l’imaginer à ce moment-là.
Je ne savais pas vraiment pour quel travail je postulais, car je n’avais pas anticipé, dans ma petite tête de lunatique que j’étais à l’époque, un métier précis à faire valoir à la directrice. Tout ce qui comptait pour moi, en cet instant, c’était de réussir mon entretien en arrivant à composer avec une anxiété aiguë et momentanée qui me prit totalement de court et qui s’insinua progressivement en moi. Quand on cherche à travailler la toute première fois de sa vie et qu’on ne connaît pas encore les différentes facettes d’un recrutement et du monde du travail en général, tout cela peut sembler angoissant, malgré l’envie de bien faire qui, elle, est bien présente. D’une manière globale, en ce qui me concerne, je détestais et je déteste toujours les recrutements. Je ne m’y sens pas à mon aise et il faut posséder un certain jeu d’acteur pour bien se vendre et espérer une réponse positive débouchant sur de potentielles bonnes conditions de travail. Et puis je n’aimais tout simplement pas me livrer à de parfaits inconnus, ni négocier, ni m’imposer, et encore moins passer des tests censés prouver mes aptitudes à effectuer le travail correctement. Même aujourd’hui, après des années d’expériences professionnelles et autant d’entretiens ratés et réussis, je continue de trouver ce petit jeu exécrable et pas toujours bien mené par les recruteurs et leur direction. À présent, je suis plus à l’aise, c’est un fait.
La résidence des Jasmins était une petite structure à la peinture rose pâle légèrement craquelée, aux toits bruns et aux fenêtres écarlates. De grandes baies vitrées semblaient autoriser le soleil à y projeter ses rayons avec bienfaisance. En regardant plus attentivement, cette bâtisse possédait tous les traits d’une personne âgée qui résistait du mieux possible à l’emprise qu’avait le temps sur elle. Quelques pins et acacias par-ci, par-là, se dressaient de toute leur noblesse autour du bâtiment et laissaient deviner une arrière-cour de petite taille, mais potentiellement accueillante. L’étroit chemin de graviers blancs qui menait à l’entrée principale était, quant à lui, parsemé de vases de toutes formes joliment fleuris. Une charmante carte postale dans laquelle finir ses vieux jours. Ce n’était sans doute pas si mal de finir ici, me disais-je. 
Je m’approchai d’un pas angoissé de la grande porte du hall d’entrée, qui se trouvait accolée à de grandes vitres me laissant entrapercevoir, de l’extérieur, les résidents qui se tenaient assis dans le salon d’accueil. Quelques regards interrogateurs se posèrent sur moi. Cependant, je feignis de ne pas les distinguer. J’ouvris la porte principale et pénétrai dans un sas, que je n’avais pas anticipé, avant de pousser la deuxième, qui donnait sur la salle de séjour et l’accueil aux visiteurs. 
Ma vision s’arrêta quelques instants sur les résidents. La plupart des visages respiraient le découragement et l’ennui ferme et mon ouïe fut instantanément perturbée par le silence qui pesait dans la pièce. Ce fut comme si le temps s’était figé sur place. Le contraste avec l’extérieur me prit aux tripes. Toutes les personnes âgées étaient assises sur d’anciens fauteuils et canapés longeant les murs et les parois de verre ou dans leurs fauteuils roulants. Mais toutes étaient installées et dirigées en direction de la salle de restauration. Elles attendaient patiemment et sans broncher l’ouverture imminente du restaurant pour aller prendre le dîner. Il était précisément dix-sept heures et quarante-cinq minutes. Je réalise désormais l’heure à laquelle le repas du soir était servi. Le pire, c’était qu’elles attendaient dans le hall depuis un certain moment déjà, et ce, bien avant mon arrivée !
Je m’avançai d’un pas hésitant vers la réception où m’attendait la secrétaire : une bonne femme ventripotente à la coupe au bol et auburn, d’une cinquantaine d’années environ, et qui chantait à tue-tête d’une voix de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents