Anthropologie du racisme
259 pages
Français

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Anthropologie du racisme , livre ebook

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Description

Rien ne paraît plus urgent que d'analyser le "matériau" à partir duquel s'élaborent les mythes racistes. Le racisme, c'est aussi cet Autre mythifié, déformé et sali, renvoyé à son animalité de bête immonde. C'est une des idées maîtresses de cet ouvrage, que l'on discerne chez les auteurs antiques, les clercs médiévaux, les beaux esprits de la Renaissance, les explorateurs et bientôt chez les ethnologues et les scientifiques. Décrire la configuration de cet Autre fantasmé à travers les différentes périodes de l'Histoire, voici le programme de cet ouvrage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2005
Nombre de lectures 94
EAN13 9782336275611
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

site : www.librairieharmattan.com diffusion.hannattan@wanadoo.fr e.mail : harmattan l @wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747595094
EAN : 9782747595094
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Collection Racisme et eugénisme Du même auteur Introduction Les fils de Satan et les légions du Diable Les races animales et malodorantes Laideur et corps contrefaits des races
Anthropologie du racisme
Essai sur la genèse des mythes racistes

Xavier Yvanoff
Collection Racisme et eugénisme
Dirigée par Michel Prum
La collection “Racisme et eugénisme” se propose d’éditer des textes étudiant les discours et les pratiques d’exclusion, de ségrégation et de domination dont le corps humain est le point d’ancrage. Cette problématique du corps fédère les travaux sur le racisme et l’eugénisme mais aussi sur les enjeux bioéthiques de la génétique. Elle s’intéresse à toutes les tentatives qui visent à biologiser les rapports humains à des fins de hiérarchisation et d’oppression. La collection entend aussi comparer ces phénomènes et ces rhétoriques biologisantes dans diverses aires culturelles, en particulier l’aire anglophone et l’aire francophone. Tout en mettant l’accent sur le contemporain, elle n’exclut pas de remonter aux sources de la pensée raciste ou de l’eugénisme.
Déjà parus :
Jean TOURNON et Ramon MAIZ (Sous la dir.), Ethnicisme et Politique , 2005.
Michel PRUM (dir.), L’Un sans l’Autre , 2005.
Frédéric MONNEYRON, L’imaginaire racial , 2004.
Michel PRUM (dir.), Sang-impur, Autour de la « race » (Grande-Bretagne, Canada, États-Unis) , 2004.
Martine PIQUET, Australie plurielle , 2004.
Michel PRUM (dir.), Les Malvenus, Race et sexe dans le monde anglophone , 2003.
Le Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme (GRER) a précédemment publié, sous la direction de Michel Prum, trois ouvrages aux éditions Syllepse :
Corps étrangers, Racisme et eugénisme dans le monde anglophone , 2002
La Peau de l’Autre , 2001
Exclure au nom de la race , 2000
Du même auteur
Mythes sur l’origine de l’homme, Errance, 1998.
La chair des anges , Seuil, 2002.
Histoire des revenants , Lacour-Rediviva, 2005.
Introduction
Le racisme porte une longue histoire derrière lui. Né de la peur de l’autre saisi comme un ensemble de différences qui sont autant d’aberrations, il ne saurait disparaître qu’au sein d’une humanité prête à renier ses propres croyances et ses préjugés.
Au seuil de cet ouvrage que nous présentons comme une analyse des mythes racistes, il est indispensable que nous nous expliquions sur le titre que nous avons choisi. Plus qu’une histoire du racisme, c’est la genèse des idées racistes qui va être au centre de notre propos : tenter de comprendre de quelle façon, mais surtout à partir de quoi se sont forgés les mythes racistes. Le dossier est immense. Pour mener une telle entreprise, nous ne pouvions faire autrement que de nous limiter à en détacher quelques pages parmi les plus significatives. Mais mieux encore, nous devions partir du principe que toute croyance raciste ne repose que sur des mythes, un ensemble d’apparences trompeuses que nos peurs ont tenté, au cours des âges, de transformer en vérités indémontrables. Aussi bien, c’est seulement en remontant à la source que nous pourrons comprendre que ces mythes, devenus avec le temps des vérités, n’étaient en fait que des mythes et se doivent d’être considérés comme tels.
Il sera donc nécessaire, pour saisir la façon dont ces mythes se sont élaborés au cours des siècles, de fouiller dans l’imaginaire des peuples qui les ont produits. Car c’est bien ce que nous tenterons de montrer tout au long de ces pages, le racisme est avant toute chose et ne peut être qu’une production de l’imaginaire — un imaginaire destiné à être pris pour une réalité — et c’est comme tel qu’il doit être analysé.
Autre point important, une telle analyse doit partir de l’homme — de la corporéité fantasmée de l’autre, tel qu’il se montre en tant qu’autre à travers ses différences déformées par le mythe. Il faut tenter de saisir cet autre à travers cette corporéité imaginaire, mythifiée, mais aussi à travers les mœurs et les coutumes elles-mêmes fantasmées que nous lui prêtons. Les mythes racistes se forgent essentiellement à partir de cette double vision : celle du corps de l’autre, mythiquement déformé, et de ses mœurs et coutumes également déformées. L’autre devient alors une construction mythique à laquelle on peut prêter toutes les attitudes, toutes les malformations corporelles et les habitudes les plus sauvages et les plus immondes, susceptibles d’inciter à la haine de cet autre, à sa relégation au niveau de la bête, et donc propre à générer l’élaboration de mythes racistes.
C’est donc socialement et corporellement — à deux niveaux — qu’il faut saisir cet autre, en tant que construction à la fois déformée, mythique et fantasmée. Le racisme existe d’abord comme une peur de la corporéité de l’autre, plus précisément, une peur du corps fantasmé de l’autre. Car cet autre différent de nous nous apparaît d’abord à travers son corps. Il est vu et c’est toujours cette vision qui est déformée, par rapport à une schématique corporelle que nous avons intériorisée en nous, et par rapport à notre propre corporéité que nous avons tendance à considérer comme la corporéité idéale. Dans cette étude attentive de l’autre, nous sommes à nous-mêmes notre propre modèle corporel, le référentiel à partir duquel tous les écarts de corporéité peuvent être notés. Tout disparité est alors fichée comme une anormalité par rapport au modèle. Traiter du racisme c’est donc discourir sur le corps de l’autre, du corps différent de l’autre, montrer de quelle façon « mythique » il est vu, appréhendé, déformé et sali. Nous pourrions en dire autant des pratiques sociales. Tout ce qui s’écarte de nos propres coutumes est vu à travers les lunettes déformantes de nos peurs et de nos préjugés. Là encore l’imaginaire viendra broder autour de quelques données mal assimilées.
Tous les discours sur le racisme ne valent rien s’ils ne mettent pas en exergue cet autre fantasmé, à travers sa corporéité et ses mœurs. Car cet autre est aussi un « autre » social. Il provient toujours d’un lieu différent de cet autre lieu d’où il est vu ou dans lequel il s’est immergé — autre au milieu des autres ou autre au milieu des siens. C’est donc corporellement et socialement qu’il faut appréhender le racisme : corps et mœurs. Au sein du mythe raciste, il y a toujours l’autre présenté comme une corporéité déchue ou imparfaite dans un univers indompté, sauvage, et se livrant à des pratiques qui tiennent plus de la bête que de l’homme. Ces deux niveaux sont indissociables.
Mais par ailleurs, et il faut le noter d’emblée, le racisme n’est pas le fait de quelques nations ou de quelques rêveurs à cauchemars. Il est l’affaire de l’humanité entière. Tous coupables. Il n’existe pas de peuple qui n’ait généré son propre racisme, qui n’ait traduit en actes et en paroles les effets de sa propre peur. Le juif a haï le chrétien, qui lui-même haïssait le musulman, lequel haïssait le chrétien, le juif et le noir et lequel encore les haïssait tous. Aussi bien, il ne suffit pas d’examiner la production des idées racistes sur l’aire européenne pour avoir la prétention de comprendre de quelle façon se sont forgés les mythes racistes. Notre démarche sera en fait assez proche du Montesquieu des Lettres persanes , en présentant les mœurs des Européens vus par des hommes d’une nation entièrement différente. Ce point pris en considération, l’analyse du racisme restera bien l’analyse de cette multitude d’autres vus eux-mêmes par une quantité d’autres. Elle doit se faire là encore à plusieurs niveaux. Toute nation — ensemble de corporéités et de pratiques sociales — qui a eu la faculté de voir doit être appréhendée à la fois à travers ce qu’elle a vu et à la fois de la manière dont elle a été vue par une multitude d’autres nations. Chaque vision de l’autre — à ce double niveau — doit entrer en

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