Bertène Juminer : une vie, un destin

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Description

Bertène Juminer (1927-2003), enfant de Guyane et de la Guadeloupe, pur produit de la "méritocratie" républicaine. Responsable universitaire, acteur essentiel de la santé publique mais aussi homme de lettres inspiré, dont Aimé Césaire salua les débuts. Ses romans ont fait de lui un des écrivains majeurs de la littérature franco-caraïbéenne et le chantre inlassable de la "parole de la nuit", prônant le dialogue de l'interculturalité, comme de la "bâtardise" exprimant la culture complexe des antillais et des guyanais.

Sujets

• Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2007
• Nombre de lectures: 13
• EAN13: 9782336267685
• Langue: Français

Extrait

Du même auteur :
Harmonies d’Ébène (SLND)
La Région Guyane (L’Harmattan, 1984), en collaboration avec Élie Castor.
La Guyane, les grands problèmes, les solutions possibles (Éditions Caribéennes, 1984)
Tragédie à Cayenne (Éditions Caribéennes, 1987)
René Jadfard, ou l’Éclair d’une vie (Éditions Caribéennes, 1989)
La Guyane, une ambition, un avenir (Éditions Caribéennes, 1989)
Histoire de la France équinoxiale (L’Harmattan, 1994.)
J’assume tout (Ibis Rouge, 2006)
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
9782296038349
EAN : 978229603834-9
Sommaire
Du même auteur : Page de Copyright Page de titre Espaces Littéraires Dedicace Epigraphe PRÉFACE PREMIÈRE PARTIE : - LE PROTÉE GUYANAIS
Chapitre 1 - UN SERPENT DANS LE PLACER ET UNE GRAND-MÈRE CHARISMATIQUE Chapitre 2 - UN JEUNE BOURSIER DE LA RÉPUBLIQUE ÉTUDIANT DANS LA PLUS VIEILLE FACULTÉ D’EUROPE Chapitre 3 - SPÉCIALISTE DES AFFECTIONS EXOTIQUES, MAIS ENGAGÉ DANS LA RÉFLEXION PERSONNELLE Chapitre 4 - LES AFFECTATIONS INTERNATIONALES D’UN PROFESSEUR AGRÉGÉ DE MÉDECINE Chapitre 5 - MONSIEUR LE RECTEUR CHANCELIER DE L’UNIVERSITÉ ANTILLES-GUYANE Chapitre 6 - DERNIERS TRAVAUX, DERNIERS QUESTIONNEMENTS D’UN SCIENTIFIQUE AU SERVICE DES ANTILLES ET DE LA GUYANE
SECONDE PARTIE : - UNE ŒUVRE LITTÉRAIRE EXCEPTIONNELLE
Chapitre 7 - LES BÂTARDS Chapitre 8 - AU SEUIL D’UN NOUVEAU CRI Chapitre 9 - LA REVANCHE DE BOZAMBO ET L’ARCHIDUC SORT DE L’OMBRE Chapitre 10 - LES HÉRITIERS DE LA PRESQU’ILE Chapitre 11 - LA FRACTION DE SECONDE Chapitre 12 - LES DERNIERS TEXTES ET L’ŒUVRE SCIENTIFIQUE
Postface - BERTENE JUMINER, FILS DE L’UNIVERS REPÈRES CHRONOLOGIQUES REMERCIEMENTS
Bertène Juminer : une vie, un destin

Serge Patient
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet
Déjà parus
Laurent FOURCAUT, Claude Nougaro : la bête est l’ange , 2007.
Norbert COL (sous la dir.), Écritures de soi , 2007.
Bettina KNAPP, Judith Gautier, 2007.
Renaud DUMONT, De l’écrit à l’écran, réflexions sur l’adaptation cinématographique , 2007.
W. B. BERG et L. BLOCK de BEHAR, France-Amérique latine. Croisements de lettres et de voies , 2006.
Michèle RACLOT (dir), Catherine Paysan, une marginalité flamboyante, 2006
Bernard FAGUET, L’ange et la bête, 2006.
Alain COUPRIE, Marquise ou la « déhanchée » de Racine, 2006.
Bouazza BENACHIR, Le souci de l’autre , 2006.
Amina EL FASSI, Jacques Brel : lyrisme et ironie, 2006.
Gisèle PIERRA, Le corps, la voix, le texte. Arts du langage en langue étrangère , 2006.
Donat RÜTIMANN, Alberto Giacometti. Écrire la déchirure, 2006.
Augustin GIOVANNONI, Écritures de l’exil , 2006.
François BEAL, Vialatte, l’intemporel , 2006.
Marcel BOURDETTE-DONON, Raymond Queneau, cet obscur objet du désir , 2006.
M.C. BALCON, Lire Jean-Pierre Faye , 2005.
Luc DELISSE, Le feu central , 2005.
Hédi KHELIL, Jean Genet : Arabes, Noirs et Palestiniens dans son œuvre , 2005.
Bérénice BONHOMME, Claude Simon, l’écriture cinématographique, 2005.
Sébastien LE POTVIN, Lettres maliennes. Figures et configurations de l’activité littéraire au Mali , 2005.
Jean GOLDZINK, A la recherche du libertinage , 2005.
Corinne PASQUA, Simone Weil, biographie imaginaire, 2005 .
À mes enfants et à mes petits enfants.
« Glaneur invétéré d’une mémoire moissonnée à foison, il avait lié sa dernière gerbe de fécondes lumières ; puis, sans aucun plan, l’avait hissée sur ses épaules. Et plus il la portait, plus elle semblait légère, plus il se sentait libre. »
Bertène Juminer , La Fraction de Seconde
PRÉFACE
Le livre que voici, nous entraîne sur les traces d’une existence et d’une histoire individuelle, mais il va bien au-delà d’une simple biographie.
Ce que Georges Othily nous propose ici, c’est de retrouver le cheminement intellectuel et existentiel qui fut celui de Bertène Juminer, « médecin et romancier », né en Guyane, la patrie, mort en Guadeloupe, la matrie, et confronté, dès la naissance, à la question de sa propre identité. Qui suis-je ? Mais, surtout, qui sommes-nous ? Telle est la question que se pose (et que nous pose) Juminer tout au long de son œuvre et à travers des personnages qui sont autant de facettes de sa propre personne.
Déjà, dans Les Bâtards , son premier roman, Aimé Césaire, qui le préfaçait, notait un caractère « largement autobiographique ». Quelques années plus tard, la publication ultime de Juminer, La Fraction de Seconde , suscita une analyse remarquable du professeur Michel Hippon dans laquelle il est suggéré que le personnage de Florentin n’est qu’un double que l’auteur utilise pour porter à son paroxysme sa « volonté de renouer les fils d’une mémoire, à la démesure d’une existence, puis d’une histoire… »
Georges Othily se propose donc de donner de véritables clés de lecture à qui veut accéder à l’œuvre de Juminer. Dans une première partie, il s’attache à nous retracer la biographie en l’articulant autant sur la production littéraire que sur le cursus universitaire et professionnel. Dans la deuxième partie, il s’adonne à une véritable exégèse des écrits de Juminer (romans et discours). Il nous offre enfin de précieux repères chronologiques, qui soulignent la continuité, voire la persévérance d’une pensée, et la fidélité d’un homme à ses engagements.
Dans l’histoire de la littérature antillo-guyanaise, on hésite encore à lui assigner une place entre Négritude et Créolité, tant son véritable combat fut de réconcilier l’homme avec lui-même, de dépasser l’antinomie dressée entre l’Afrique et l’Europe, notre hérédité et notre éducation. « C’est de la greffe de celle-ci sur celle-là que doit naître notre liberté », disait déjà Senghor.
L’idéal maçonnique qu’il partageait avec Juminer conduit Georges Othily à une conclusion empreinte d’humanisme, et qui fut sans doute le dernier message qu’il nous faut retenir : « Le destin de l’homme noir ne doit plus se construire par son seul passé, mais dans sa foi en l’avenir ».
Serge Patient
PREMIÈRE PARTIE :
LE PROTÉE GUYANAIS
Chapitre 1
UN SERPENT DANS LE PLACER ET UNE GRAND-MÈRE CHARISMATIQUE
L’or et la Guyane, chacun le sait, est une longue, très longue histoire, commencée dès le XVII ème siècle, à une époque où les premières expéditions furent lancées sur son territoire, ce que les Français de métropole ignorent en général, imaginant difficilement que l’un des plus lointains territoires de leur nation ait pu être l’un des « Eldorados » du nouveau monde, malgré les éloquentes pages que Voltaire, dans son Candide , avait consacrées, un siècle plus tôt, au Surinam voisin, qui, pourtant, faisait partie de la culture de tous les gens présumés instruits. Certes, ce ne fut seulement que dans la seconde moitié du XIX ème siècle, aux alentours des années 1855, que, grâce au Brésilien Paoline, les régions du Haut Approuague, jadis parcourues par les Indiens Emérillons, commencèrent à livrer le précieux métal, faisant bientôt l’objet d’une véritable « ruée vers l’or », comparable à celle des États-Unis à la même époque. Nombre d’émigrés, issus des îles antillaises de Sainte-Lucie, de la Dominique, puis de la Guadeloupe et de la Martinique vinrent donc tenter leur chance dans l’orpaillage et c’est ainsi que, aux alentours des années 1910, naquit le village de Saül, consécutif à la découverte du plus productif des grands placers, celui de Bertène-Souvenir, pour lequel plusieurs projets de désenclavement de ce « Massif Central » de la Guyane ont fleuri dans les années qui suivirent, parmi lesquels celui, conçu par le capitaine Refroigney, allant jusqu’à imaginer une voie ferroviaire qui n’allait jamais être réalisée. On ne racontera pas ici les étapes, bien connues, de cette aventure, sauf à mentionner l’extraordinaire impact psychologique, social et culturel que l’or de la Guyane eut, pendant des