CASQUE BLEU EN YOUGOSLAVIE
224 pages
Français

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CASQUE BLEU EN YOUGOSLAVIE , livre ebook

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224 pages
Français

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Description

Il a effectué en Yougoslavie un mandat de six mois au sein de l'Organisation des Nations Unies en qualité de policier militaire international. A travers les temps forts de sa mission, il témoigne du quotidien des casques bleus, affectés en des lieux reculés de ce territoire, loin des feux des projecteurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1997
Nombre de lectures 394
EAN13 9782296352100
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CASQUE BLEU

EN

YOUGOSLAVIE
OLIVIER BOUILLON


CASQUE BLEU
EN
YOUGOSLAVIE


L’Harmattan
5-7, rue de l’Ecole Polytechnique
75005 Paris – FRANCE

L’Harmattan Inc.
55, rue Saint-Jacques
Montréal (Qc) – CANADA H2Y 1K9
© L’Harmattan, 1997
ISBN : 2-7384-6002-X

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Aux enfants de Yougoslavie.
I l y a trois ans, j’ai choisi de servir une idée, une organisation vouée à la Paix. Après de nombreuses hésitations, j’ai pris la résolution de mettre par écrit cette expérience. Ma démarche est née de la volonté d’exorciser ma conscience prisonnière du silence, de combattre l’incompréhension et l’oubli.

Cette organisation est celle des Nations Unies, cette idée, le rétablissement de la Paix en Yougoslavie. D’octobre 1993 à avril 1994, j’ai exercé sur ce territoire les fonctions de policier militaire international.

Il faut vivre au plus profond de la guerre pour la comprendre et en parler, dans des enclaves reculées, dont les noms ne résonnent pas comme Sarajevo, Mostar ou Dubrovnik. Il faut se confondre avec les populations, les militaires de nationalités diverses ; chaque jour, trouver la force de se replonger dans cet univers de chaos.

Andrej, Frigaart, Dominique et tant d’autres jeunes gens ne sont pas restés spectateurs de ce drame humain, qui se jouait au coeur de l’Europe. En servant sous la bannière de l’O.N.U., chacun a choisi d’être le grain de sable qui enrayerait le rouleau compresseur de l’indifférence générale.

Sans recherche du sensationnel, ni emphase, j’ai souhaité rendre hommage à ces hommes, porteurs d’un espoir aux couleurs de l’azur.
I
D epuis mon entrée en Gendarmerie, en 1984, j’avais formé le projet de réaliser un mandat au sein de l’Organisation des Nations Unies. En 1991, le Cambodge constituait la principale destination de ces « séjours sans restriction et en toutes circonstances ». A cette époque, ma candidature ne fut pas retenue. Deux années s’écoulèrent. Le contexte était différent. La guerre faisait rage en Yougoslavie. Quatre-vingt-cinq gendarmes furent sélectionnés. L’honneur d’en faire partie me fut enfin accordé.

Dans le cadre du mandat de la force de protection des Nations Unies (F O R P R O N U) en Yougoslavie, trois types de missions étaient imparties aux gendarmes français. La première, la prévôté ou police militaire (« Régimentale Police ») était chargée, au sein des régiments français stationnés sur le territoire, des problèmes judiciaires. La seconde, la police militaire internationale (« Military Police ou M. P. ») assumait les mêmes fonctions mais à un niveau international. Enfin la troisième et dernière composante des forces de gendarmerie, la police civile (« Civilian Police ») travaillait en étroite collaboration avec les policiers du pays afin d’alerter les autorités de l’O.N.U. sur les génocides, les déplacements de population, les risques de famine.

Au cours de l’été 1993, j’effectuai, à l’école linguistique interarmées de Strasbourg, un stage de remise à niveau en anglais, langue officielle de l’Organisation. Sur place, j’appris que je serai affecté, début octobre, en Krajina, dans le village de Topusko, en qualité de policier militaire international, plus communément appelé « M. P. ». A la même époque, mon épouse eut la confirmation qu’elle attendait un enfant. La vie nous comblait.

L’armée a souvent été surnommée « la Grande Muette ». A trente jours de mon départ théorique pour la Yougoslavie, je ne disposais d’aucune information sur la date et les modalités de mon transfert sur ce territoire. Le 25 septembre 1993, je fus en partie fixé. Je devais rejoindre le 5 octobre une première destination bien française, Châlons-sur-Marne. J’avais la chance de travailler avec un camarade de longue date, Thierry, qui avait effectué un mandat de six mois au Cambodge. Ce dernier m’aida psychologiquement à préparer mon départ.

Le 5 octobre, j’arrivai à Châlons-sur-Marne et passai cette première journée à déambuler dans la caserne, attendant le rassemblement des gendarmes et militaires en partance pour Zagreb en Croatie.

Le lendemain fut consacré aux formalités administratives chères à notre pays et aux dernières visites médicales, au cours desquelles les infirmiers nous injectaient de nouvelles doses de « stimulants-protecteurs ». Au camp de Mourmelon, où stationnaient les militaires chargés des rotations aériennes sur Zagreb, j’achetai mon béret bleu avec l’insigne de l’Organisation des Nations Unies. Ma mission, proprement dite, ne débutant qu’au moment où je foulerai le sol yougoslave, je décidai de les ranger dans mon sac marin.

Nous étions logés dans les grandes chambrées, que je pensais rayées de l’institution militaire. Tous les conscrits, depuis cent ans, ont gardé en mémoire ces casernes aux bâtiments érigés sous Napoléon III. Le petit carrelage ocre, les hauts plafonds, les armoires austères et les lits superposés gris, grinçant au moindre mouvement de l’occupant d’un jour, d’un mois, ou d’un an. Je ne pensais pas que mon statut de gendarme m’y ramènerait. Ce retour aux sources devait être une cure de jouvence et une préparation pour la suite.
II
I nstinctivement les équipes de gendarmes prévôts, policiers militaires et civils se forment. Je m’installe dans une chambre de policiers militaires en partance pour la Krajina. L’ambiance y est bon enfant. Les rires et le déballage des effets personnels règnent en maître dans ces quarante mètres carrés. L’attente génère un besoin de parler. Mes collègues évoquent leurs précédentes missions. S’agissant de ma première expérience, j’écoute et apprends.

Le jeudi 7 octobre 1993 est encore riche en bavardages. Je fais la connaissance de l’équipe avec laquelle j’effectuerai mon séjour à Topusko. Notre responsable, le capitaine de gendarmerie Michel, ne m’est pas inconnu. Nous avons déjà travaillé ensemble au cours d’un déplacement en Nouvelle-Calédonie. L’équipe est composée de l’adjudant Pascal, le maréchal des logis-chef Jean-Pierre et des gendarmes Eric, Philippe, Dominique et moi-même.

Le vol en partance pour Zagreb est fixé au vendredi à 4h00 du matin. La nuit est courte. A 23h00 nous rejoignons Metz. Ordonnés, les militaires rangent leurs sacs marins uniformément et montent après l’appel dans des bus de l’armée de terre. Quant à nous, notre embarquement relève davantage du départ en vacances de la famille Groseille…

Après une nouvelle attente de plusieurs heures à l’aéroport, nous prenons enfin place dans un « Airbus A300 » d’une compagnie charter. Nous atterrissons à Zagreb après une heure trente de vol. Ce vendredi 8 octobre 1993, il fait beau. La première vision de la guerre est rassurante. Le tarmac de l’aéroport est couvert d’aéronefs des Nations Unies, reconnaissables à leur livrée blanche et aux deux lettres U et N, qui y sont peintes en noir.

A la descente de l’avion, coiffant mon béret bleu où est épinglé l’insigne de l’O.N.U., je ressens cette fierté de faire enfin partie intégrante des serviteurs de la paix.

Nos collègues de Topusko nous accueillent et nous font visiter les installations de l’Organisation. La machine mondiale porte décidément bien son nom : tout y est organisé. La vie autour de l’aéroport, dans cette enclave du nom de Pleso, est « made in U.S.A. ». Le bruit des avions à l’atterrissage et au décollage est impressionnant. La flotte de l’O.N.U. est constituée d’avions russes de type « Antonov ». Le Concorde, fleuron de l’aéronautique française, semble presque silencieux face à ces oiseaux étranges de l’ex-URSS.

Après un repas frugal dans une immense salle de restauration, nous prenons possession de nos véhicules, une jeep Cherokee et un Mitsubishi Pajero. Notre destination : Topusko. Pour nous y rendre, nous empruntons des voies autoroutières semblables à celles que nous utilisons en France. La vie en Croatie paraît s’écouler paisiblement. La guerre existerait-elle uniquement au travers des caméras et appareils photographiques des journalistes ? Le l

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