Delcouderc et Mérilhou
206 pages
Français

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Description

Pierre Delcouderc, un vaurien habitant Périgueux, a marqué son époque (milieu du XIXe siècle) de la pire des façons : en volant et en tuant. Son, ou plutôt ses procès firent la une des journaux et son exécution fut suivie par des milliers de Périgordins. Ses frasques parurent pendant plus de six mois sous forme de roman-feuilleton dans Le Combat périgourdin un demi-siècle plus tard. Le journal enchaîna aussitôt avec une autre histoire, vieille d'à peine trois mois, consacrée à un autre criminel hors pair : Jean Mérilhou. Ce sont ces deux chroniques que Rudi Meunier reprend ici, tout en les agrémentant d'informations diverses glanées dans les archives et autres écrits afin de donner une vision aussi complète que possible de ces deux scélérats.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 février 2015
Nombre de lectures 25
EAN13 9782365752039
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rudi Meunier



Delcouderc & Mérilhou

Deux scélérats qui ont fait trembler le Périgord







Avant-propos

Pierre Delcouderc et Jean Mérilhou (ou Mérillou), peu de gens les connaissent encore aujourd’hui. Pourtant, ils ont tous deux marqué leur époque… de la pire des façons. Tous deux ont tué, à plusieurs reprises et à un peu plus d’un demi-siècle d’intervalle.
Ils ne se sont pas connus, le premier était mort depuis plus de vingt ans quand le second vit le jour. Pourtant il a dû entendre parler de son illustre « prédécesseur », car cinquante ans après ses crimes, son nom était encore régulièrement cité lors des veillées. L’expression « un Delcouderc » équivalait à un voyou, une canaille, un bandit ; « devenir un Delcouderc » indiquait qu’on était sur la mauvaise pente et qu’on finirait mal.
Cependant, tout diffère les deux criminels. Là où Delcouderc avait toujours été un paresseux et un truand, Mérilhou était courageux et travailleur. Là où Delcouderc rêvait d’une vie de luxe sans se salir les mains, Mérilhou voulait se venger de ce qu’il considérait comme une injustice. Là où le premier, bien que né à la campagne, était un citadin, le second était un pur campagnard, ayant à peine vu la ville. Là où Delcouderc passait ses soirées à s’enivrer dans des cabarets obscurs et douteux, Mérilhou, qui avait horreur de l’alcool, dessinait et fabriquait des bicyclettes.
Alors pourquoi les réunir dans un même ouvrage ?
Parce qu’ils sont tous deux des assassins de la pire espèce, de ceux qui tuent pour voler. Parce qu’ils ont tous deux laissé des traces indélébiles à ceux qui les ont connus et même aux générations suivantes. Parce que tous deux, à l’opposé de la brutalité de leurs actes, étaient capables de montrer un cœur aimant. Parce que tous deux en ont fait voir des vertes et des pas mûres à la justice. Et tout simplement parce que leurs deux histoires sont aussi dramatiques que passionnantes.
Delcouderc aurait peut-être pu échapper à la justice, mais refusa de le faire sans sa petite amie. Ce ne fut que beaucoup plus tard, après s’être rendu compte qu’il l’avait perdue à jamais, qu’il tenta de se soustraire à sa sentence. Mérilhou, lui, était un prisonnier modèle avant de feindre la folie et de… Non, je ne vais pas vous dévoiler la fin de l’histoire, vous la découvrirez vous-même.
Je précise que toutes les notes de bas de page apparaissent dans le texte original, sauf celles précédées de la mention « nd a » (note de l’auteur).


Delcouderc

« L’affaire Delcouderc », c’est en ces termes clairs et précis que toute la presse désignait l’affaire criminelle qui a empêché de nombreux habitants de Périgueux de fermer l’œil pendant la nuit et tenu en haleine tout le reste du Périgord pendant plus d’un an au milieu du XIX e siècle.
Dans les décennies qui suivirent, l’affaire était si profondément ancrée dans la tête des Périgordins que le grand romancier local Eugène Le Roy a cité le célèbre criminel à plusieurs reprises dans son roman Le moulin du Frau , paru en 1891 :
« Ce faisant, ils se mirent à parler de Delcouderc qui allait passer aux assises dans quelques jours, et ils tombèrent d’accord qu’il serait condamné à mort. Pour les autres, ses complices, Marie Grolhier et Thibal, on ne savait trop.
– Ce sont tous de fameux coquins, dit M. Masfrangeas. »
« J’étais parti avec un bâton, et je marchais d’un bon pas, n’ayant point de peur. Je conviens tout de même que si Delcouderc avait été par les champs, je n’aurais pas été fort tranquille, et bien des gens auraient été comme moi, qui étaient des hommes faits. Il faut dire aussi qu’en ces temps, on ne parlait que de lui le soir aux veillées : les assassinats qu’il avait commis, en passant par les langues de village, avaient doublé de nombre, et les conditions dans lesquelles ces crimes avaient eu lieu, étaient devenues tout à fait extraordinaires. On citait les tours d’adresse et d’audace de l’assassin, et je crois bien aujourd’hui, que dans le nombre, il y en avait qui appartenaient à d’autres fameux brigands de jadis. Bref, il se faisait une légende sur son compte, et l’ordinaire de ces contes est de brouiller les époques, de confondre les faits, et surtout de les augmenter. Mais cela n’empêche qu’en ce temps-là, dans nos campagnes, les petits enfants, épeurés en oyant ces histoires, n’osaient pas tant seulement sortir devant la porte avant d’aller se coucher ; il fallait les mener par la main. Pour lors, donc, Delcouderc étant bien verrouillé dans la prison, là-bas près de Tourny, attendant son jugement car son affaire avait été renvoyée par la Cour d’assises à une autre session, je m’en allais sans crainte, ne pensant pas qu’on pût sortir aisément de la prison, comme il le fit plus tard. »
« Un beau matin d’avril, nous apprîmes coup sur coup l’évasion de Delcouderc, sa reprise et qu’on devait le guillotiner le lendemain. Je fus avec des camarades sur la place de Prusse, aujourd’hui place Francheville, où était l’échafaud. C’était un mercredi, le 16 avril 1845, jour de marché. Il y avait là une foule grande, car les crimes de ce jeune homme l’avaient rendu quasiment célèbre. J’avoue qu’au dernier moment, je tournai la tête pour ne rien voir. Cependant, je m’étais bien promis de regarder cela courageusement, mais ce fut plus fort que moi. Pourtant, j’étais assez familier avec la guillotine. »
« Toutes les histoires de brigands lui étaient connues à ce brave Gustou, et il savait aussi tous les crimes célèbres du pays. Il les racontait bien, en les arrangeant un peu ; les plus anciennes tournaient au conte, et il avait trouvé moyen, déjà, d’enjoliver celle de Delcouderc. »
« On voyait bien qu’on avait monté la tête de ces gens-là, car ordinairement ils emmènent sans mot dire les plus grands coquins comme Delcouderc. »
« C’est lui qui, il y a quelques mois, avait porté cet imbécile de régent à renvoyer mes drôles d’en classe ; c’est lui qui dans le temps poussa Pasquetou, de Cronarzen, à nous faire un procès qui nous aurait grandement gênés à cette époque, si nous l’avions perdu ; c’est lui qui a dénoncé mon oncle en 1851, et qui est cause qu’on l’a mené à Périgueux entre deux gendarmes, les mains attachées avec une chaîne, comme un Delcouderc. »
Pierre Delcouderc, le principal auteur de l’affaire, est le seul criminel dont un moulage de la tête a été conservé par le M.A.A.P. (Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord).

Cinquante-cinq ans après les faits, le journal hebdomadaire Le Combat Périgourdin fit revivre l’affaire en la publiant sous forme de roman-feuilleton de vingt-neuf épisodes étalés sur une période de plus de six mois. C’est ce feuilleton que je vous invite à découvrir ici, mot pour mot, afin que vous puissiez mieux vous projeter dans cette époque, afin que vous puissiez mieux vous faire une idée de qui était ce fameux personnage qui a fait trembler toute une ville et même toute la région !
Encore aujourd’hui, l’affaire, aussi bien les archives judiciaires que les autres documents la concernant, est régulièrement étudiée pédagogiquement par des collégiens et lycéens au sein des Archives départementales de la Dordogne.
Mais avant de nous plonger dans l’affaire, regardons de plus près les principaux auteurs.
Pierre Delcouderc, né à Saint-Avit-de-Vialard en 1818, fut guillotiné place Francheville à Périgueux le 16 avril 1845. Personnage aussi méprisable qu’étonnant ! Lors d’un interrogatoire, il prétendit être veuf et père de deux enfants. Officiellement il était cultivateur, mais tellement paresseux qu’il fut sans profession et préféra s’enrichir de façon malhonnête. Commettre deux assassinats et autant de tentatives ne lui suffit pas, il fallait qu’il soit mythomane, perfide et lâche en plus. Mais il avait aussi de l’humour (ou était-ce de l’ironie ?) et s’est montré de bon cœur avec un collègue prisonnier lors de son ultime repas.
Afin de mieux s’imprégner du personnage, regardons l’esquisse physiologique que le journal L’Echo de Vésone avait dr

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