DES RIVES DE L OGOOUE AU POTOMAC   RECIT
166 pages
Français

DES RIVES DE L'OGOOUE AU POTOMAC RECIT , livre ebook

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166 pages
Français

Description

A travers le récit de ses voyages et de ses péripéties, l'auteur qui a fait toute sa carrière dans le monde du bois en Afrique centrale, des années cinquante à aujourd'hui, confronte sa propre vision du continent africain à celle, inexacte et trompeuse, des media occidentaux.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 145
EAN13 9782296467644
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des rives de l’Ogooué au Potomac
récit
Alàî huîllîeR
Des rives de l’Ogooué au Potomac
récit
L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011 57, rue de l’ÉcolePolytechnique ; 75005 Paris
TTp://www.lîbRàîRîeàRMàTTà.CoM dîfusîo.àRMàTTà@wààdoo.FR àRMàTTà1@wààdoo.FR
ISBN : 978-2-296-56075-8 EAN : 9782296560758
PRÉFACE
L’impression de vie éternelle que m’ont laissé les trois tomes écrits précédemment, me pousse à essayer d’écrire encore quelques paragraphes supplémentaires afin de prolonger cette impression de vie audelà de la mort. De plus, il me semble ne pas avoir tout raconté sur mon passé mélangé à des anecdotes actuelles qui sont surtout des voyages, des déplacements dans quelques pays d’Afrique. Il me semble dans mon imaginaire prolonger cette merveilleuse Afrique d’aventures, d’amitiés et de rencontres. Je ne sais pas si cela va vous plaire. Mais c’était un besoin pour moi de prolonger cette folie d’écriture.
CHAPITRE I
Comme j’appartiens à la race humaine, l’envie d’écrire me reprend. Voilà un an que j’ai péniblement terminé mes mé moires et irrésistiblement, ma plume se remet en mouvement. L’être humain est ainsi fait. Je n’ai aucune aptitude à écrire, pas de style, pas de vocabulaire, mais je me sens l’âme d’un écrivain. C’est idiot, mais c’est ainsi ! D’ailleurs dans ma profession, j’ai pu assister à des scènes professionnelles cocasses. Un forestier à qui l’on demande trop de rapports se prend systématiquement pour un admi nistrateur ; mais, comme il est incompétent, il prend dix fois plus de temps pour le même travail effectué par un profes sionnel. Il oublie qu’un forestier doit travailler en forêt et non dans un bureau ; l’ordinateur aussi à qui j’accorde toute l’utilité et la facilité dans notre monde moderne bien sûr ! Mais quelle destruction celuici provoque chez nos jeunes gens ! Je suis très triste lorsque je constate que dans notre mé tier d’exploitation et de transformation de la matière première qu’est le bois où, rien ne peut remplacer le contact, le toucher, la vision, et qui est considéré comme étant un job exigeant, physique, nombreux sont ceux qui pensent pouvoir gérer par faitement des entreprises forestières grâce aux ordinateurs. Au risque de passer pour un rétrograde, je trouve lamentable que
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des instances mondiales par l’intermédiaire de jeunes techni ciens bourrés de diplômes croient tout savoir sans pour autant connaître aucune des réalités du terrain. Engoncés dans leurs prétentieuses certitudes, ils prennent des décisions théoriques totalement ingérables et irréalisables sur le terrain ce qui péna lise les sociétés forestières sans toutefois résoudre les problèmes d’environnement. La gestion des massifs forestiers, l’implantation des indus tries sont supervisés par les gouvernements qui, quoi qu’on en dise, sont les véritables décideurs dans leur pays et malgré la pression des grandes organisations écologiques mondiales qui se veulent les gendarmes du monde et qui en réalité se décul pabilisent en convoquant plusieurs colloques chaque année et à chaque fois dans un pays différent (tourisme, cocktails, dî ners, grands discours) à fort pourcentage démagogique. Ah ! la défense de la nature a « bon dos » pour bon nombre de profi teurs, rien ne vaut des écologistes silencieux qui travaillent en forêt en ne prélevant qu’un arbre à l’hectare et en évitant, le plus possible de détruire la nature, en particulier la faune, ne pas tuer par plaisir et de se sentir fort au milieu de cette im mense jungle. Ce sont eux les « vrais » exploitants forestiers, écologistes dans l’âme, conscients du besoin de préservation de la nature et de leur travail. Malheureusement pour certains (une minorité) à caractère faible, un coup de fusil de chasse leur permet de croire qu’ils surmontent leur faiblesse devant cette nature sauvage, impressionnante. Nous pourrions aider la nature à se gérer tout en profitant d’elle. Malheureusement, l’homme, ce prédateur imbécile, dé truit au nom du fric ! Du profit et surtout de l’hypocrisie de ces fameuses organisations mondiales de la défense de la nature qui nous submergent de discours sauvegardistes profes soraux. En fait, ces gendarmes pour la défense du monde sont composés d’êtres humains (suivez mon regard) ne l’oublions pas !!
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Malgré ma tristesse de ce constat, je vais essayer le plus pos sible de me souvenir de toutes les anecdotes que j’ai vécues, je vais essayer de vous les relater. Le premier souvenir qui me vient à l’esprit date de 1953 lorsque nous étions en forêt à « Makok » ; chacun des agents expatriés possédait une grande concession composée d’arbres fruitiers, de fleurs, d’arbres ornementaux etc. A cette époque, chaque blanc était servi par plusieurs serviteurs : cuisiniers, aidescuisiniers, jardiniers, chasseurs, marmitons. Notre jar dinier Georges était un colosse qui adorait les enfants et ne pensait qu’à nous faire plaisir, il savait que ma sœur et moi adorions les papayes Solos[1] et il nous trouvait régulièrement des papayes pour notre grand régal et nous le remercions en grimpant sur ses genoux son plus grand plaisir. Malheureuse ment, un soir, le voisin de mes parents, un mauvais coucheur, un mauvais blanc comme l’on dit en Afrique, vient demander des explications à mon père. – Dites donc, Monsieur Thuillier, qu’estce que ça veut dire ça ? Mon père tombe des nues. – Qu’estce qui se passe ? – Votre jardinier me chipe régulièrement des papayes ; c’est un voleur ! – Ok, je vais voir cela !
Mon père à qui le manque de méchanceté a toujours em pêché malgré une intelligence hors de la moyenne d’avoir une carrière ambitieuse, se retourne vers ma mère. – Qu’estce que c’est que ce bordel ?
Sans doute énervé par une journée contraignante, mon père convoqua Georges et intima l’ordre à ma mère et à nous de sortir de la maison. Georges avait deux fois la taille de mon père pourtant, ce dernier lui donna deux gifles. Mon père
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regretta son geste toute sa vie. Quant à moi, cela m’avait telle ment touché qu’aujourd’hui j’y pense encore avec un certain malaise ; heureusement que dans cette période de coloni sation, il n’y avait pas que des mauvaises histoires comme cellesci et souvent employés et employeurs tissaient des liens plutôt familiaux. De nombreux récits baignent le souvenir de mon enfance, il faut dire que les personnes qui habitaient l’Afrique (les co loniaux), étaient des personnalités hors du commun. Il fallait du caractère, du physique, en un mot « des couilles » pour les hommes, du cran pour les femmes. Bien sûr chez les humains, il y a toujours des imbéciles. Mais la majeure partie de ces personnes était pétrie de bon sens, et j’étais émerveillé par les aventures que ces gens nous contaient. Je me souviens de Monsieur Colin, très proche de mes parents et de Monsieur Tricoit un colosse atteint d’éléphan tiasis[2]. Monsieur Colin était très amusant, marié à « MA » une gabonaise originaire de la région côtière. C’est elle qui commandait à la maison et malgré sa petite voix, Colin lui obéissait au doigt et à l’œil. Elle menait la barque tout en fai sant semblant d’être soumise, c’était une femme d’une grande malice toute féminine. Ils avaient une petite fille, une jolie petite métisse. Mon sieur Colin nous décrivait la vie en Afrique, il narrait les récits de ses épopées, aventures et autres découvertes. Je restais bouche bée lorsqu’il nous parlait des petites localités perdues au fin fond des terres africaines. Certaines souspréfectures n’étaient atteignables que par voie maritime et il fallait mê me des moustiquaires pour déjeuner tellement il y avait de moustiques et beaucoup d’autres insectes. Il nous décrivait avec une verve inégalable la vie de ces microcosmes humains implantés au milieu des plantations de café et de cacao. Les villages étaient reliés les uns aux autres par des pistes de moto. Tous les coloniaux se dé
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