Emergences culturelles et jeunesse populaire
359 pages
Français

Emergences culturelles et jeunesse populaire , livre ebook

359 pages
Français

Description

Voici une réflexion sur les terrains, les significations et les enjeux des expressions culturelles populaires "émergentes", ainsi que sur les mobilisations institutionnelles développées pour les encadrer, voire les neutraliser. Les émergences culturelles sont par excellence le lieu de tensions entre les expressions et les conflits, entre les espaces et les parcours, les identités et les destins, les engagements et les dépassements. Ce livre montre que les émergences culturelles sont une prise de parole de la jeunesse pour se construire et participer à la conflictualisation du monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2003
Nombre de lectures 275
EAN13 9782296323148
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Émergences culturelles et jeunesse populaire
Turbulences ou médiations ?
CollectionDébats Jeunesses dirigée par Bernard Roudet
Institut national de la Jeunesse et de l’Éducation populaire
La collectionDébats Jeunessesa été créée en appui àAGORA Débats Jeunesses,revue de l’Institut national de la Jeunesse et de l’Éducation populaire, éditée par l’Harmattan. Le comité de rédaction de la revue constitue le comité éditorial de la collection. La revue trimestrielle AGORAet la collectionDébats Jeunessess’intéressent de manière ouverte à tous les problèmes de société construisant la trame des questions de jeunesse.
Jean-Pierre AUGUSTIN, Jean-Claude GILLET, L’animation professionnelle. Histoire, acteurs, enjeux. Olivier DOUARD(sous la direction de), Dire son métier. Les écrits des animateurs. Olivier DOUARD, Gisèle FICHE(sous la direction de), Les jeunes et leur rapport au droit.
Olivier GALLAND, Bernard ROUDET(sous la direction de), Les valeurs des jeunes. Tendances en France depuis 20 ans.
Geneviève JACQUINOT, Groupe de Recherche sur la Relation Enfants Médias, Les jeunes et les médias. Perspectives de la recherche dans le monde.
Yannick LEMEL, Bernard ROUDET(coordonné par), Filles et garçons jusqu’à l’adolescence. Socialisations différentielles.
Pierre MAYOL, Les enfants de la liberté. des jeunes en France.
Études sur l’autonomie sociale et culturelle
Geneviève POUJOL(sous la direction de), Éducation populaire : le tournant des années soixante-dix.
Patrick RAYOU, La Cité des lycéens. Bernard ROUDET(sous la direction de), Des jeunes et des associations. Maxime TRAVERT L’envers du stade. Le football, la cité et l’école. Alain VULBEAU Les inscriptions de la jeunesse.
© L’Harmattan, 2003 ISBN : 2-7475-4483-4
Sous la direction de Manuel Boucher et Alain Vulbeau
Émergences culturelles et jeunesse populaire
Turbulences ou médiations ?
L’Harmattan 5-7, rue de L’École-Polytechnique 75005 Paris FRANCE
L’Harmattan Hongrie Hargita u. 3 1026 Budapest HONGRIE
L’Harmattan Italie Via Bava, 37 10214 Torino ITALIE
AVERTISSEMENT
Cet ouvrage est le prolongement d’une démarche de formation expérimentale :Jeunesse, pratiques culturelles émergentes et lutte contre les discriminations.Cette dynamique a fait l’objet d’un finan-cement européen et a été menée par l’Institut du développement so-cial (IDS/IRTS) de Haute-Normandie, organisme de recherche et de formation dans le champ de l’intervention sociale. Cette expérience innovante s’est appuyée sur plusieurs dimensions : formation, visites de sites culturels en France et en Allemagne. Elle s’est close par un colloque et un concert hip-hop au théâtre Duchamp-Villon de Rouen. Ce livre comprend un ensemble de textes produits par des cher-cheurs et des praticiens venus d’horizons divers mais engagés sur les thématiques de la jeunesse et/ou des pratiques culturelles. Nous remercions celles et ceux qui ont contribué à cette aventure et en particulier Hugues Bazin, Emmanuel Batby (DAWA/Mix’Cité), Jean-Luc Menu (Union Peuple et Culture), Evelyne Dupont-Lourdel, Cécile Bolloch, Clara Pitrou, les étudiants et les intervenants du col-loque : Fahrad Khosrokhavar, Georges Lapassade, Régis Pierret, Éric Macé, Moïse Gomis, Mokhtar Benaouda, Phillipe Mourrat, Jacques Subileau et Robert Weil. Nous saluons Catherine Legrand qui a assuré le secrétariat de ré-daction et l’IDS qui a soutenu ce projet éditorial.
TABLE DES MATIÈRES
Introduction,par Manuel Boucher et Alain Vulbeau . . . . . . . . . . . . .9
PREMIÈRE PARTIE:EXPRESSIONS ET CONFLITS. . . . . . . . . . . 13 Le dialogue politique et identitaire avec les jeunes : un enjeu majeur de la société,par Joëlle Bordet . . . . . . . . . . . .15 Turbulents et faiseurs de bien. Le génie associatif de jeunes musulmans,par Guido De Ridder . . . . . . . . . . . . . . .27 Pour ne plus entendre son propre silence,. .par Fernand Estèves 55 « Loft Story » : 94 % des 15-24 ans sont-ils vraiment des abrutis ? Analyse des formes d’expression et d’appropriation à partir d’un spectacle de masse, par Pascal Duret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63 L’émergence des supporters « ultras » en France, par Nicolas Hourcade . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .75 Violences, jeunesse et médiatisation du désordre. De la « caillera » incorrecte au moralement correct, par Manuel Boucher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91
DEUXIÈME PARTIE:ESPACES ET PARCOURS. . . . . . . . . . . . . . 119 « Quoi de neuf ? – Rien que du vieux ! » Histoire(s) de quartiers,. . . . . . . . . . . . .par Michel Kokoreff 121 Vivre dans un « no man’s land ».Une typologie des jeunes en rupture de formation, par Claudio Bolzman et Monique Eckmann . . . . . . . . . . . . . .137 Sortir de l’ombre ? Oui, mais seulement au crépuscule…, par Alain Vulbeau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .155
ÉMERGENCES CULTURELLES ET JEUNESSE POPULAIRE
Portrait d’un équipement en émergence continue, par Cécile Creuze . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .169 La « tribe » et les centres sociaux italiens occupés et autogérés, par Georges Lapassade . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .189
TROISIÈME PARTIE:IDENTITÉS ET DESTINS. . . . . . . . . . . . . . 197 La transhumance identitaire des jeunes prédicateurs du mouvement « Tabligh ». De nouveaux acteurs émergents dans les cités,par Moussa Khedimellah . . . . . . . . . . . . . . . . . .199 Les Apaches, 1900-1914, premier acte de violence des jeunes en milieu urbain,par Régis Pierret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .215 Musiques traditionnelles et production d’identités culturelles locales,. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .par Georges Lapassade 229 L’empreinte du poing dans la quête des identités. Une salle de boxe entre émergences et médiations du lien social,. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .par Jérôme Beauchez 241 Les jeunes, l’islam et les pratiques culturelles. De l’indignité culturelle à la relégation institutionnelle, par Jocelyne Cesari et Damian Moore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .259
QUATRIÈME PARTIE:ENGAGEMENTS ET DÉPASSEMENTS. 271 Hip-hop, gestion des risques et régulation sociale, par Manuel Boucher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .273 Le hip-hop. Une mode, un marché juteux ? Ou un outil social et politique, un mouvement d’éducation populaire et/ou artistique ?, par Mokhtar Benaouda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281 Institutions et cultures émergentes. Le hip-hop comme gestion de la jeunesse,par Véronique Bordes . . . . . . .289 Les pratiques culturelles émergentes en milieu rural. Skate et hip-hop dans le Cantal,par Alexandra Audoin . . . . .299 Les « battles » de danse hip-hop. Un cercle de sociabilités juvéniles,par Dieynébou Fofana . . . . . . . . . . . .315 Le rap de la jeunesse des quartiers relégués. Un univers de représentations structuré par des sentiments d’injustice et de victimation collectives, par Laurent Mucchielli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .325
Conclusion,par Alain Vulbeau et Manuel Boucher . . . . . . . . . . . .357
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INTRODUCTION
Manuel Boucher,
Alain Vulbeau
Chaque jour ou presque, lorsque l’actualité internationale le per-met, les médias, souvent en recherche de sensationnalisme, de coups d’éclat, parlent de ces « quartiers qui font peur », de ces cités peuplées de jeunes enragés, fréquemment descendants de migrants, auteurs de violences et d’incivilités à l’école, dans les transports en commun ou même dans les espaces publics, notamment dans les temples de la consommation que sont les supermarchés ou les centres villes. Les quartiers populaires seraient de véritables poudrières, des lieux de vio-lence à l’égard des institutions mais aussi des personnes les plus faibles. Les banlieues populaires ethnicisées vivraient une sorte de « ghet-toïsation » où, à l’instar desinner citiesaméricaines, seuls les caïds, les bandes organisées vivant dubusinessde la drogue seraient respectés et feraient la loi en instaurant la terreur. Ces banlieues seraient des « zones de non-droit », des zones de règlements de compte entre jeunes organisés pour le contrôle de territoires dedeal. Motivés par un « patriotisme de cité », les jeunes feraient la loi en défendant leur honneur et leurbusinesscontre tous les intrus quels qu’ils soient. D’ailleurs, pour ces mêmes médias et une grande partie de l’opinion sensible à leur influence, la police, mais aussi les pom-piers, les médecins et les agents des transports en commun sont « désarmés », ils ont peur de s’aventurer dans ces quartiers, car ils sont systématiquement insultés, caillassés, voire violentés. Les émeutes spectaculaires déclenchées à la suite de la mort d’un jeune d’une cité ou même à l’occasion des fêtes de fin d’année dans des quartiers pé-riphériques de grandes villes en seraient la confirmation.
ÉMERGENCES CULTURELLES ET JEUNESSE POPULAIRE
Ainsi, l’ensemble de la population, des agents des services publics et des quelques entreprises privées habitant ou travaillant dans ces espaces vivraient dans la crainte quotidienne d’être agressés par des jeunes « désocialisés » ne respectant pas les règles élémentaires de la vie en société. Dans ces zones de relégation, les parents ne joueraient plus leur rôle. Ils ne pourraient ou plutôt ne voudraient plus assumer une figure d’autorité favorisant pourtant des conduites sociales nor-mées. Ces parents sont donc souvent considérés comme les complices de leurs « enfants sauvages ». En définitive, en sortant de la société industrielle, les quartiers po-pulaires seraient devenus des espaces de « déréliction » abandonnés par les agents de socialisation intervenant traditionnellement dans les quartiers populaires, notamment par les associations d’éducation po-pulaire, les associations caritatives, les mouvements catholiques et les services sociaux. Les « derniers représentants » de la « société inté-grée », notamment les agents des services publics comme les fonc-tionnaires de l’Éducation nationale ou de la police, seraient repliés dans des sortes de « camps retranchés », laissant le terrain aux délin-quants, aux communautés ethniques ou islamiques en guerre contre les valeurs laïques et républicaines. Dans ce contexte de menace et de peur à l’égard des quartiers po-pulaires et de leurs jeunes habitants, la plupart des responsables po-litiques veulent répondre aux préoccupations des gens en se saisis-sant du thème de l’insécurité. Il s’agit de tendre vers la « tolérance zéro » pour les auteurs des délits, de restaurer l’ordre et la tranquillité publique pour tous en redéployant voire en révolutionnant la police et en diversifiant des réponses radicales de natures judiciaire et édu-cative. Pour se protéger, il s’agit de mobiliser, de réprimer, de contrô-ler et d’enfermer en mobilisant une kyrielle d’acteurs. Cette représentation « catastrophiste », celle du « sens commun », des représentations policières, médiatiques et des déclarations politi-ciennes sur la nécessité de reconquérir des quartiers en perdition en proie au vandalisme, à la démission parentale, aux trafics en tous genres, voire au terrorisme en gestation, n’est-elle pas stérile ? D’un point de vue heuristique, il s’agit de ne pas céder aux repré-sentations pusillanimes des quartiers populaires. Pour autant, il ne s’agit pas de faire de l’angélisme, de nier les problèmes vécus par les habitants des banlieues et par ceux qui y travaillent. Bien sûr, les rap-ports sociaux inégalitaires, la concentration de populations pauvres – dont une grande partie est au chômage, vit debad jobsou d’alloca-tions diverses –, de jeunes discriminés et soumis au racisme génèrent
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