Et là vivent des hommes
133 pages
Français

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Description

Exercer en prison quand on est professeur des écoles, c'est assurer une mission très particulière de l'Education nationale, au-delà de la lutte contre l'illettrisme qui est cependant prioritaire. Il y a d'abord le choc de l'immersion dans l'univers carcéral, puis la découverte des règles qui régissent cette microsociété. Par le biais d'anecdotes, de situations vécues, c'est une expérience professionnelle et personnelle de neuf années qui se raconte dans ce livre, témoignage de la réalité du monde carcéral.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2007
Nombre de lectures 268
EAN13 9782336282374
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rue des Ecoles
Cette collection accueille des essais, d’un intérêt éditorial certain mais ne pouvant supporter de gros tirages et une diffusion large, celle-ci se faisant principalement par le biais des réseaux de l’auteur.
La collection Rue des Ecoles a pour principe l’édition de tous travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc.
Déjà parus
Annette GONDELLE, Des rêves raisonnables, 2006
Émile M. TUBIANA, Les trésors cachés, 2006
Jean-Claude LOPEZ, Trente-deux ans derrière les barreaux, 2006
Maryse VUILLERMET, Et toi, ton pays, il est où ? , 2006.
Ahmed KHIREDDINE, Rocher de sel. Vie de l’écrivain
Mohamed Bencherif, 2006.
Pierre ESPERBÉ, La presse : à croire ou à laisser , 2006.
Roger TINDILIERE, Les années glorieuses , 2006.
Jacqueline et Philippe NUCHO-TROPLENT, Le moulin d’espérance, 2006.
Sylviane VAYABOURY, Rue Lallouette prolongée, 2006.
François CHAPUT, À corps et à cris , 2006.
Cédric TUIL, Recueil d’articles sur Madagascar, 2006.
Maguy VAUTIER, Vents de sable , 2006.
Olivier DOUAL, Impossible n’est pas africain, 2006.
Yves-Marie LAULAN, Un économiste sous les cocotiers , 2006.
Louis-Marie ORAIN, Le blé noir, 2006.
Stéphane MADAULE, Scènes de voyage à Amsterdam, 2006.
Anny MALROUX, Ceux du 10 juillet 1940. Le vote des quatre-vingts, 2006.
Et là vivent des hommes

Patrick Leterrier
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296029835
EAN : 9782296029835
Sommaire
Rue des Ecoles Page de titre Page de Copyright Avant-propos Enseigner en Maison d’arrêt Carte d ’identité ! Prison, simple visite , suivez le guide... Attendre Moi, j’suis con L’école ? Pour quoi faire ? Pour le professeur Patrick Ma salle de classe Surveillant ! Faut que j’aille aux toilettes ! Chercher la motivation... Tes gars, ils sont tous couchés Liberté...pédagogique Ça m’énerve, la porte ouverte ! Je ne supporte pas qu’on me regarde Au cœur des mots Et toi, pourquoi t’es là ? Tac, j’te crève un œil J’veux pas qu’on m’emmerde Tu veux quand même pas qu’on s’embrouille ? Monsieur le professeur T’as eu une bonne note ? De la difficulté d’être une oreille Je pleure comme un gosse. Apprendre, c’est rencontrer l’Autre Merci la prison ou comment se faire un carnet d’adresses Alors prof ! On travaille ? Pouvoir de lire, pouvoir d’écrire Je sais conduire, mais les panneaux j’ai jamais appris 20 % d’illettrés Le Certificat de Formation Générale Finies les conneries, je reviens plus Attention la dépouille Etat de siège Je voudrais retourner en cellule Mémoires d’un lavabo Vous avez dit réinsertion ? Sortie pédagogique Supporter Alors, ils t’ont relâché ?
Avant-propos
Pourquoi ai-je fait le choix d’enseigner en prison ?
Difficile de faire la part entre ce qui tient du hasard, du choix affirmé ou des opportunités de carrières qui se présentent...mes études terminées, rien ne me laissait présager en effet que mes pas me conduiraient un jour à franchir la porte de la Maison d’arrêt de Cherbourg.
Une maîtrise de biochimie toute fraîche en poche, j’avais naturellement envisagé un travail en laboratoire dans le secteur agroalimentaire ou pharmaceutique. La dure réalité du marché du travail en a décidé autrement. Après plus d’une année de recherche d’emploi infructueuse, j’ai opté pour un poste de formateur en mathématiques au Greta de Cherbourg. A défaut de répondre à une vocation profonde, ce poste avait à mes yeux et à mon ventre le mérite d’un travail alimentaire. Je signai ainsi mon premier contrat de travail au Greta, convaincu de n’y faire qu’un court passage.
Mais l’intérêt que j’ai découvert alors à la formation pour adultes 1 a fait que j’y suis resté pratiquement dix ans. En effet, j’ai croisé là des personnes de différents milieux socioculturels, été sensibilisé aux difficultés que nombre d’entre elles rencontrent pour s’insérer dans la vie active ou vivre dignement. La multiplicité des relations qui se créent avec les stagiaires, leur variété, les échanges toujours riches, sont pour moi l’attrait majeur du métier.
Cependant, être formateur au Greta c’était accepter de travailler dans la précarité, avec des contrats à durée déterminée d’un an. Cette épée de Damoclès astiquée par la hiérarchie au moment des renouvellements de contrat pour taire toute revendication a eu raison de mon attachement à ce poste.
J’avais eu régulièrement des stagiaires préparant le concours de professeur des écoles, ce sont elles qui m’ont soufflé l’idée de m’y inscrire également 2 .
Un an plus tard, frais émoulu de l’IUFM 3 , je n’ai pas hésité une seconde à poser ma candidature pour le poste de la Maison d’arrêt qui se trouvait alors vacant. Demande faite officiellement auprès de l’Inspection académique bien entendu, mais j’avais déjà anticipé en sollicitant quelques temps auparavant une rencontre avec le Chef d’établissement de la prison. En effet, comme la plupart des Cherbourgeois, tout ce que je connaissais de la prison se résumait à bien peu : la vision inquiétante de murs hauts et gris en plein cœur de la ville, un porche de granite agrémenté d’un drapeau tricolore, mais nulle inscription. Sous ce porche parfois, des familles attendent l’heure de la visite. On jette un regard furtif à ces gens, à cette prison qui refuse de dire son nom, on passe sa route, on oublie.
La possibilité d’aller de l’autre côté de ces murs, de satisfaire ma curiosité de découvrir un univers inconnu m’était offerte ; mon expérience de la formation d’adultes m’encourageait en ce sens.
La rencontre avec le directeur de la Maison d’arrêt me paraissait un préalable nécessaire avant de me décider à m’engager dans cette voie : elle m’a permis de faire une visite partielle mais indispensable de l’établissement pour « prendre la température des lieux », et m’assurer de me sentir à la hauteur. Toute réaction de claustrophobie, tout sentiment d’insécurité auraient été rédhibitoires. J’ai vu par la suite des personnes étrangères au milieu carcéral - je ne parle pas des détenus, bien sûr ! - pénétrer dans l’établissement et n’avoir qu’une hâte : en sortir.
Ensuite, après un léger contretemps d’une semaine - j’ avais été nommé, quelle idée, dans une classe de moyenne section de maternelle ! - j’ai passé un entretien avec l’inspecteur de l’Education nationale chargé du recrutement et obtenu enfin le poste convoité pour lequel, il faut bien le dire, les candidats ne sont pas légion. Ce poste présenté comme étant à « compétences particulières » est en principe accessible prioritairement aux professeurs des écoles (ou instituteurs) spécialisés 4 , puis par défaut aux enseignants ayant une expérience professionnelle auprès d’adultes, ce qui était mon cas.
Le peu d’enthousiasme des enseignants pour ce poste s’explique selon moi par plusieurs raisons : d’abord la formation d’enseignant du premier degré nous destine a priori à exercer auprès d’enfants. Ensuite, je me suis rendu compte que nombreux étaient ceux qui ignoraient jusqu’à l’existence même d’un poste d’enseignant à la Maison d’arrêt. Enfin, une partie doit partager cette idée qu’expriment certaines personnes découvrant la nature de mon travail : « ça doit être dur de travailler là-dedans ! ». Le « là-dedans » ou parfois le « avec ces gens-là » résument bien la représentation très imprécise que l’on se fait de la prison, d’autre part, je ne peux pas dire que le travail est dur : cette notion de difficulté est toute relative, pour ma part il me semblerait « dur » de travailler dans une classe de maternelle avec vingt-cinq têtes blondes. La question est donc plutôt de savoir si l’on se sent à l’aise ou pas dans le poste que l’on occupe.
Enseigner en Maison d’arrêt
« L’enseignement primaire est assuré dans tous l

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