Gao, je t'aime

Jacques Da-Rocha

Description

Gao, capitale du Nord Mali libérée par les troupes françaises. Gao qui était depuis des mois soumise aux diktats des islamistes. Mais comment vivait-on à Gao, Kidal et Tombouctou et dans la brousse avant la déferlante des 4x4 des fous de dieu venus du Sahara ? En retraçant le parcours à contre-courant de Mélanie nous comprenons les usages, les rouages, les contradictions, la nonchalance qui masque la pauvreté, la tension permanente et ses dérives sporadiques entre les ethnies, tous les excès d'une région abandonnée. Pour livrer cette analyse sociologique, il faut avoir vécu dans la ville et en être acteur.

Sujets

• Témoignage
• Récit
• Romans
• Autobiographie
• Littérature
• Nouvelles
• Sahara
• Desierto del Sahara
• Islam

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 janvier 2013
• Nombre de lectures: 26
• EAN13: 9782296512009
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Jacques Da-Rocha

Gao, je t’aime

Intelligence stratégique et géostratégique

Récit

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Gao,je t’aime

Intelligence stratégique et géostratégie Collection dirigée par Viviane du Castel

La collection « Intelligence stratégique et géostratégie » vise à mieux comprendre les évolutions du monde découlant de la nouvelle donne géopolitique en construction. Le recours à l’intelligence stratégique et à la géostratégie sont des incontournables du décryptage du monde.

Les éditions L’Harmattan ont souhaité éclairer les lecteurs sur les changements géostratégiques en créant cette collection « Intelligence stratégique et géostratégie ». Celle-ci se donne pour objectif de présenter des analyses et des mises en relation d’événements internationaux, ainsi que des projections de la géographie et des composantes intrinsèques des Etats, face à un contexte spécifique, dans une perspective stratégique.

Paul OHANA,Mon Père au cœur du Judaïsme marocain, 2012. Henri PROCHOR,Israël-Palestine : vers une paix historique. Le scénario d’une sortie de crise au Proche-Orient, 2012. Isabelle TISSERAND,La prise en charge du choc en situation de crise, 2012. Patrick de FONTBRESSIN,France-Dépassement, L’heure de la citoyenneté volontaire, 2011. Fabienne COSTADAU,La mer de Barents, Un nouvel enjeu géostratégique, 2011. Jean BIGOT,Où va le Kenya ? Un grand d’Afrique entre tensions et développement, 2011.

Jacques DA-ROCHA Gao,je t’aime Récit

Du même auteur

Sueurs d’Afrique, Aventure vécue, Éditions du Palmier, 2006

© L'H ARMATTAN , 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-336-00517-1 EAN : 9782336005171

1 Visa  Aéroport de Bamako. Dans la salle de débarquement, faiblement climatisée, Mélanie est lasse. On le serait à moins en référence aux événements des derniers jours. Contrôle, le visa n’est plus valide. Le policier, un colosse, toise ce petit bout de femme. Il grimace. Il va falloir s’arranger, par une petite taxe, pour la forme et sans reçu. Hall d’le brouhaha desaccueil : retrouvailles. La plupart des débarqués rejoignent la famille pour le mois de congés. Un homme s’avance, se présente, et la soulage immédiatement de l’énorme valise dont les roulettes sont à bout de souffle.  La première entrée sur le visa fut utilisée il y a six mois. Là était le vrai départ, avec le déchirement quelques heures auparavant, dans le hall de la gare. Mélanie avait craqué devant sa mère et son père. Elle avait fondu en larmes. Se mélangeaient en elle des sentiments contradictoires. La joie de partir pour vivre sa vie et la tristesse liée au fait que plus rien ne sera comme avant. Certes, elle reviendra, dans six mois, un an, deux ans peut-être, mais elle reviendra dans un monde étranger, juste faire une incursion dans un rythme de vie et dans des habitudes qui ne seront plus les siens. Bien sûr, elle a déjà quitté ses proches plusieurs fois, sa plus longue absence fut quand même de quatre mois, mais elle partait, pourrait-on dire, en touriste, avec retour programmé au port d’attache. Le phénomène allait

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s’inverser, quand elle reviendrait en France, son voyage s’apparenterait à un voyage touristique avec retour au port d’attache, Gao, ville du nord-est du Mali.  Sur le quai de la gare, Mélanie était chargée comme un baudet. Fini, le voyage avec le seul sac à dos surmonté du sac de couchage et la veste reporter où chaque poche avait son affectation. Là, en un seul jet, il fallait emporter sa vie. Lorsqu’on part s’installer en Afrique, et dans une zone pour le moins démunie, il faut faire des choix sur le nécessaire et réduire l’affectif. L’affectif, c’est un tri sélectif de photos, quelques bijoux–médailles, boucles et bracelets bagues, – et l’inattendu, l’album de Tintin–le préféré–, le canif et la torche militaire, objets dérisoires, car il existe des modèles autrement plus performants, offerts il y a fort longtemps par le père. Plus tard, Mélanie prendra le risque de se faire envoyer, par colis aux réceptions incertaines, d’autres objets qui sont restés dans la chambre, lui laissant un peu de son âme.  L’énorme valise, malgré ses roulettes, lui tirait sur le bras. Le sac lui sciait le bas du dos. La dernière embrassade avait eu lieu dans le hall de la gare, les modernes implantations du TGV ne permettent plus, à ceux qui restent, d’aller au pied du wagon pour recevoir le dernier signe au travers de la fenêtre. Sur le quai lui étaient revenues les paroles d’une chanson,Ma fillede Serge Reggiani. Son père la lui avait fait entendre quelques jours auparavant. Ces paroles, en cet instant, la troublaient encore davantage. Que de similitudes : « On a couru la terre et pas toujours ensemble, mais à chaque retour nos mains se rejoignaient sur le dos de velours d’un chien qui nous aimait… Tu prends le train pour la vie et ton cœur va changer de pays. » Trop de mots sonnaient trop juste.

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2 Enfance voyageuse  Les voyages, Mélanie connaît depuis sa toute petite enfance. Ses parents, gens modestes, à la vie rangée, se transforment en voyageurs au long cours à chaque congé annuel. Ainsi a-t-elle fait ses premiers pas sur une plage du Sud marocain ; ses premières coulées de brasse sur la côte espagnole ; sa première plongée dans la mer Rouge. Entassés à l’arrière du 4x4 avec son frère et sa sœur aînés, que de parcours faits où les imprévus transforment le voyage en aventure ! Ils vont ainsi, au fil des années, parcourir toute l’Europe, le Maghreb et faire des incursions au Moyen-Orient.  « Des voyages désorganisés » se plaît à dire son père. En effet, rien n’est vraiment préparé, et surtout pas d’itinéraires précis, simplement, on privilégie les pistes, par goût de la conduite et parce que ces traits en pointillés sur les cartes, qui généralement relient les villages, permettent de mieux apprécier les réalités locales.  Pour aller au Cap Nord, ils passeront par les pays baltes. Ils visiteront la Yougoslavie avant l’éclatement, l’Albanie quelques mois après son ouverture au monde. L’Algérie les laissera perplexes, en 1989, avec ces réunions dans des villages dont on leur dira que ce n’est pas bon. Il y aura la grande boucle, Italie, Grèce et Turquie déjà explorées, et découvertes de la Syrie, la Jordanie, avec son point d’orgue Israël où Jérusalem marquera

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