J avais huit ans en 1940
216 pages
Français

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Description

Petite fille, elle a vécu la guerre, la gêne, les humiliations, la mort du père et la maladie. Plus tard, elle a connu la ferveur des engagements militants pour la justice, la paix, la dignité, pour le pain et pour une école plus émancipatrice. Aujourd'hui grand-mère, elle livre en termes simples une chronique de la vie quotidienne à l'époque de la guerre et de l'après-guerre. Les déceptions et amertumes de la vie personnelle et militante n'ont pas altéré ses convictions premières. Elle ne renie pas ses choix et ses combats humanistes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 320
EAN13 9782336270913
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Graveurs de mémoire
Dernières parutions
Maurice MONNOYER, Les grands-parents sont éternels, 2005.
Jean SECCHI, Les yeux de l’innocence, 2005.
Allaoua OULEBSIR, La Maison du haut, 2005.
Jacques MARKIEWICZ, « Tu vivras mon fils », 2005.
Georges KHAÏAT, Un médecin à Sfax, 2005.
Dany CHOUKROUN, 46669. Auschwitz-- allers/retours, 2005.
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Jean-Pierre MARIN, Au forgeron de Batna, 2005.
Joël DINE, Itinéraire d’un coopérant, 2005.
Paul GEORGELIN, La vallée de mémoire, 2005.
Pierre BIARNES, La fin des cacahouètes, 2005.
Emilia LABAJOS-PEREZ, L’exil des enfants de la guerre d’Espagne, 2005.
Robert CHARDON, Mes carnets de bord, 2005.
Yves PIA, Aline, destinée d’une famille ardennaise, 2005.
www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747597265
EAN : 9782747597265
Sommaire
Graveurs de mémoire Page de Copyright Page de titre Hommage à Karl Schubert Michel Verret Bombardements Exode Etrangers Exclusion Piano Art Sport Mort Résistance Maisons Ecole Fille de gendarme Temps difficiles Misère Citadelle Vacances Théâtre Fin de guerre Une famille moderne, patriote et républicaine Amitié Américains Culte de la personnalité Médecine Féminité Engagement Apprentissages Débuts Guerre d’Algérie Déprime Militantisme Voyages scolaires Musique, latin et pédagogie Cévennes Rubriques RÉCITS, MÉMOIRES, TÉMOIGNAGES
J'avais huit ans en 1940

Jeannette Rumin-Thome
Je dédie cet ouvrage aux parents et amis qui m’ont encouragée et aidée, à mes petits-enfants dont la pensée ne m’a jamais quittée, à Michel Verret qui m’a soutenue sans failles tout au long d’une entreprise menée dans le doute et les tiraillements mais aussi dans une très grande joie.
J’ai une pensée particulière pour le docteur J-M de Logivière.
Enfin je remercie mon fils Pierre pour son aide technique.
Hommage à Karl Schubert
Le dessin de couverture a été réalisé en 1941 par un détenu du camp de Mérignac, Karl Schubert, avec qui le père de l’auteur, le gendarme François-Louis Rumin, avait sympathisé. Né le 6 janvier 1901 à Vienne, Autriche, dans une famille juive, dessinateur modéliste de profession, Karl Schubert fuit l’univers nazi avec son épouse Hilda après l’Anschluss, courant 1938. Il vit à Bruxelles en mai 1940 quand les Allemands envahissent la Belgique. Arrêté, transféré en France, il échoue dans un premier temps au camp de Gurs, dans les Pyrénées atlantiques, où sont notamment « regroupés » les républicains espagnols fuyant le franquisme victorieux. Evadé de Gurs le 3 juillet 1941, il est repris à Peyrehorade trois jours plus tard alors qu’il tente de passer la ligne de démarcation. Interné au camp de Mérignac-Beaudésert jusqu’au 14 octobre 1941, il est transféré à Poitiers, au camp dit de la route de Limoges. Il s’en échappe dans la nuit du 29 au 30 décembre 1941, avec trois autres détenus israélites, dont une femme, Sonia Chtensapir, née à Moscou, et un artiste lyrique viennois, Hugo Stem. Karl Schubert a-t-il recouvré durablement sa liberté ? A-t-il survécu à l’holocauste ? La petite fille aux marguerites, qui s’est souvent interrogée sur cet inconnu, ose le croire et l’espérer.

Sources et remerciements: archives départementales de la Gironde, des Pyrénées atlantiques et de la Vienne
Michel Verret
Cette mémoire-là...

Les grand-mères ont toujours raconté : des contes, des histoires, la vie, leur vie. Et quelque chose en faisait bien mémoire chez le petit enfant, au fil du temps. Peu s’en écrivit pourtant, peu par elles, encore moins d’elles sur elles-mêmes...
Car ce qui s’écrivit des vies dans la mémoire historique le fut d’abord et longtemps encore par des hommes sur des hommes. Grands hommes même. Le mémorable définit sur les lignes de brillance des Grandeurs d’élévation sociale - armes, or, loi, foi, science, art - où les Grands, honorés de toutes plumes, purent vouloir à l’occasion s’honorer de la leur.
Mémoire au masculin supérieur, dont l’homme du commun se trouvait exclu. Et tout le féminin jamais évoqué - mères, sœurs, amantes, servantes...- qu’au prisme de l’autre sexe. A quelques Grandes Dames près, qui, dans le style des contes, osèrent un jour écrire « Il était une fois... ma vie », comme un conte encore.
Long chemin, long chemin du mémorable et long chemin de la plume, avant que ce droit et cette audace de s’écrire passât au masculin commun et puis au féminin commun.
Vies ordinaires des gens ordinaires, où il n’était pas moins d’extraordinaire pourtant - en exigences, en énergies, en inventions, en courages - qu’il n’y en avait dans l’extraordinaire, parfois bien ordinaire, des favoris de la fortune.
Grandeur sans majuscules de la commune humanité. On en jugera une fois encore sur ces Mémoires de la Grand-Mère.
Non pas mémoire de suite d’une vie reparcourue. Nappes de mémoire plutôt sur les logiques d’empreinte de l’inoubliable ...

Souvenirs cicatrices. Mémoire au fer rouge, disait Nietzsche. Ici, le feu, le vrai feu, dans sa lumière d’incendie. La guerre, les avions, les bombes, tout brûle. Elle avait huit ans, la petite fille, au temps d’invasion. Elle prend la main des parents. Les parents sont vaincus. Longue défaite du cœur étreint. Plus tard, mais déjà là, toujours là, d’autres misères : la misère, tout simplement. La faim, le froid, le vivre de rien, puis de presque rien, et puis un peu mieux. La vie si serrée pourtant.
Quand la maladie ne venait pas vous y prendre à la gorge. Méningite, tuberculose, et puis, et puis, et parfois c’est trop, tout est trop, la tête se perd. Et puis non, elle se retrouve. Bonjour, lumière...

Feu. Contre-feu. Il y avait eu la Résistance aussi. Dans la nuit des désastres, lampes voilées, messages énigmatiques, parachutages clandestins, caches souterraines, l’honneur luit encore. Un jour, l’ennemi fuira...
Grand soleil de la Libération. Pour l’espérance d’un monde plus humain. Plus que l’espérance, la militance. C’est là que je l’ai connue, Jeannette, étudiante, moi jeune prof, à Nantes, à Nantes si dévastée, dans les baraques de relogement où se réunissaient aussi les cellules communistes.
Communiste, oui : cette jeune fille si timide, si hardie, communiste toute simple, et comme elle était simple, c’était assez simple d’être avec les ouvriers en bleu, les postiers des bonnes nouvelles, les institutrices des maternelles - enfance retrouvée, pour réinventer la vie.
D’âge en âge, tout a été si compliqué, si malheureux, que cet espoir-là a été vaincu. Pas si vaine pourtant la vie de ceux, celles qui le portaient et, de jour en jour, lui faisaient honneur sur les enjeux du quotidien : apprendre à l’école, et puis y enseigner - trouver dans le couple « la douce égalité » et puis fonder une familles - accompagner les justes combats, y trouver juste place, sa place tout simplement.
Flammes de la forge. Chaleur, douceur aussi de la braise. Au foyer, bien nommé, où, de demeure en demeure, comme ce mot est beau aussi, la jeune femme, et puis celle que l’âge a mûrie tissera « dans la certitude des pierres bâties » les certitudes intimes de l’âme rêveuse.
Amis : la musique, les livres. La musique chantée, jouée, fredonnée, où font chœur parfois les voix accordées. Les livres, dans leur antiquité, rappelés de leurs langues mortes au présent de la vie. Où la grand-mère apprit dans le déchiffrement du latin, du grec, le style invisible de la transparence et le laconisme du cœur.

« Le ciel, je l’ai beaucoup regardé. » Pourquoi peut être ce regard si clair...
15 juin 2005 Michel Verret
Bombardements
Longtemps après la guerre, je ne pouvais entendre les sirènes sans frémir. Les essais des pompiers, chaque mois, me procuraient un profond sentiment de malaise. Dès les premiers mugissements, mon cœur se serrait et l’angoisse m’envahissait. Avoir peur des sirènes n’est pas en soi anormal. En dehors des essais, elles annoncent toujours quelque catastrophe. Ce qui l’était plus, c’était ma réaction, excessive, démesurée. Une nuit, alors que je dormais profondément, toutes les sirènes d’Angers et des alentours se mirent à beugler ; la galerie marchande, place du Ralliement, brûlait. Réveillée en sursaut, je m’écriai : « Non, cette fois tant pis, je ne descends pas aux abris. Je suis trop fatiguée ! &#

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