L appel de Séville
64 pages
Français

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Description

« La corrida est moins qu’un art parce qu’elle semble échouer à produire une vraie représentation, vouée qu’elle est à la présentation du vrai : un vrai danger, une blessure béante, la mort. Mais, pour la même raison, la corrida est plus qu’un art : c’est la culture humaine même. Ce n’est pas, comme l’opéra, un art total, c’est une culture totale, parce qu’en elle fusionnent toutes les autres pratiques culturelles. De fait, la corrida n’est ni un sport, ni un jeu, ni un sacrifice, elle est plus qu’un spectacle et elle n’est pas exactement un art ni vraiment un rite. Comme l’opéra, elle emprunte quelque chose à toutes les autres formes de la culture pour en faire un tout original et sublime. Elle fait de la surface des autres pratiques humaines sa propre profondeur. Au sport, elle emprunte la mise en scène du corps et le sens de l’exploit physique, mais non les scores et les records. Comme la domestication, fondement de la civilisation, elle humanise l’animal, mais elle le laisse libre. Comme dans un combat, on cherche à dominer l’adversaire, mais toujours le même doit y vaincre, c’est l’homme. Aux cultes, elle prend l’obsession des signes, mais il n’y a ni dieux ni transcendance. Au jeu, elle emprunte la gratuité et la feinte, mais les protagonistes n’y jouent pas, si ce n’est leur vie. Elle rend la tragédie réelle, parce qu’on y meurt tout de bon, mais elle rend la lutte à mort théâtrale parce qu’on y joue la vie et la mort déguisé en habit de lumière. D’un jeu, elle fait un art parce qu’elle n’a d’autre finalité que son acte ; d’un art, elle fait un jeu parce qu’elle rend sa part au hasard. Spectacle de la fatalité et de l’incertitude, où tout est imprévisible — comme dans une compétition sportive — et l’issue connue d’avance — comme dans un rite sacrificiel...La tauromachie est moins qu’un art parce qu’elle est vraie, et au-dessus de tout autre art, aussi parce qu’elle est vraie. Le toreo, art de l’instant qui dure, ne parvient jamais à l'immuabilité des œuvres des « vrais » arts et à la pureté des créations imaginaires, parce que ses œuvres sont réelles et donc vulnérables, parce qu’elles sont entachées de l’impureté de la réalité : la blessure du corps, le sang, la mort. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 janvier 2014
Nombre de lectures 156
EAN13 9782846263221
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Appel de Séville
AUDIABLEVAUVERT
Francis Wolff
L’Appel de Séville
Dumêmeauteur
S,P.U.F. OCRATE D,P.U.F., coll. « Quadrige » IRE LE MONDE A,P.U.F. RISTOTE ET LA POLITIQUE 50,Mille et une nuits RAISONS DE DÉFENDRE LA CORRIDA D’ ’, dir. avec Annie Maïllis,Au U N TA U R E A U L A U TR E diable vauvert É, dir. avec Pablo THIQUE ET ESTHÉTIQUE DE LA CORRIDA Cordoba,Minuit NOTREHUMANITÉ,D’ARISTOTEAUXNEUROSCIENCES,Fayard NOUSNIRONSPLUSABARCELONE. POSTURESETIMPOSTURES , dir. avec Annie Maïllis, DU MOUVEMENT ANTI CORRIDA Cairn PHILOSOPHIEDELACORRIDA,Fayard, Hachette Pluriel
ISBN : 9782846263214 © Éditions Au diable vauvert, 2011
Au diable vauvert www.audiable.com La Laune 30600 Vauvert
Catalogue sur demande contact@audiable.com
On ne peut pas comprendre la corrida sans Séville. On ne peut pas comprendre Séville sans sa semaine sainte. C’est comme si elle défilait dans son propre miroir, entre Valdés Leal et Murillo. Portée par la vénération pour la beauté de l’audelà et l’adoration pour le sacré d’icibas, au rythme d’une fête populaire où la ferveur religieuse voisine avec l’esprit de clocher et où la grandeur de l’opéra baroque se teinte parfois de quelques nuances kitch, Séville est alors tout entière dans Séville. À la féria, les Sévillans y vont, à la semaine sainte, ils y sont. L’acmé est atteinte dans la nuit du jeudi au vendredi, lamadrugá, qui voit défiler les vierges les plus populaires. Le samedi est plus calme. Et puis le dimanche deResurrec ciónarrive, la messe est dite, à midi on passe à autre chose.
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À midi, justement, au théâtre Lope de Vega, se joue, dans une solennité tout aussi ritualisée, ce moment de passage de la fête religieuse à la fête païenne. Les taureaux vont entrer en scène. Ils s’annoncent par une cérémonie retransmise en direct par les télévision et radio régionales : c’est le fameuxpregónde la féria. Tout ce que la ville et la province comptent d’autorités (civiles, militaires, politiques, sociales, et surtout taurines) se trouve là réuni pour écouter le bienheureux qui a été choisi pour être lepregonerode l’année. Lepregóntient du discours inaugural de rentrée à l’Académie et des exhortations hurlées sur le marché : « Venez voir ma belle laitue ! » ; « Par ici les belles poires ! »Sauf que cette fois, il faut dire, si possible avec originalité et talent, quelque chose comme : « Séville, tu es la plus belle du monde ! » et : « Aujourd’hui, jour de Pâques, courons tous aux arènes ! » La liturgie est immuable. Les autorités entrent en scène et s’assoient de concert dans de larges fauteuils. Un présentateur présente le présentateur officiel. L’orchestremunicipal joue unpasodobleLe présentateur majestueux. officiel fait l’éloge dupregonero. L’orchestre
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