L odeur du bois
314 pages
Français

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Description

Dans ces mémoires, qui couvrent les années 30 et 40, l'auteur se retourne sur son enfance et son adolescence, majoritairement gasconnes, mais incluant également quelques belles années dans le Vercors. Avec la vie quotidienne des habitants du Sud-Ouest et du Vercors, les progrès techniques, la place de la religion à la campagne, la vie dans les écoles..., la "petite histoire" s'entrelace avec la "Grande Histoire" : Exposition universelle à Paris en 1937, déclaration de guerre en 1939, l'Occupation, la Libération...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2008
Nombre de lectures 196
EAN13 9782336260006
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'odeur du bois
Une enfance gasconne

Pierre Rongier
© L’Harmattan, 2008 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo-fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296063518
EAN : 9782296063518
J’ai écrit ce livre pour mes petits-enfants Séréna Thomas Bastien Sylvia Manuel Mathilde
et pour Dédou, la « Mamidoux » de ces chers petits.
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Epigraphe Préambule Première partie - Le pin et la résine 1929 - 1936
1 - La famille de Sos 2 - La Prade et son environnement 3 - Quand j’étais petit... 4 - La vie est belle... 5 - La vie à Sos... 6 - 1936 : la crise, le départ
Deuxième partie - Le bois brûlé 1936 - 1938
7 - Parizot 8 - La vie à Parizot 9 - Ma communion privée 10 - J’ai huit ans 11 - Me voilà parisien 12 - Me revoilà parizotain
Troisième partie - Les sapins 1938 - 1942
13 - Que la montagne est belle... 14 - Balades des gens heureux 15 - Vive les colonies de vacances ! 16 - C’est la guerre ! 17 - La « drôle de guerre » 18 - La guerre éclair ! 19 - Le nouveau régime 20 - La bonne bouffe ! 21 - La fête des mères ! 22 - « Maréchal nous voilà ! » 23 - Adichats las montanhas !
Quatrième partie - Retour aux essences gasconnes 1942 - 1947
24 - Un nouveau pays ! 25 - La vie aux champs 26 - Je deviens grand 27 - Odeurs nouvelles
Remerciements
Aimer quelqu’un, c’est l’entendre raconter sa vie et la lui raconter à son tour. Exister en général, c’est le récit de sa vie. Le récit peut être de telle ou telle nature, héroïque, comique, etc. mais il faut un récit. Il faut raconter, il faut relater, il faut transformer sa vie dans une chose qu’on peut dire. Nous avons tous besoin d’un récit pour exister.
Michel Serres « Le voyage encyclopédique de Michel Serres » Collection documentaire Empreintes, France 5, 18 janvier 2007
Préambule
Ce jour là, un dimanche, vers trois heures de l’après-midi, juste avant les vêpres, un petit village du sud-ouest au fin fond du Lot-et-Garonne, à quelques encablures des Landes, fut secoué par une formidable explosion.
- Qué s’i passe ? Qui a tirat ? Càouques paloumes bélèou ? Caquelà la casse èst barrade ? 1

Dans le village, ce fut l’inquiétude générale. Les plus curieux se dirigèrent vers la zone où l’explosion avait eu lieu... Ils se retrouvèrent à proximité de « La Prade », qui était la maison du charron. Surpris et étonnés, ils s’arrêtèrent et entendirent une voix énorme qui, couvrant le bruit d’une conversation bruyante, disait :
- Mais vous êtes fou, si mon petit-fils reste sourd après votre couillonnade, je vous étriperai comme une bécasse !
C’est alors que les curieux se rendirent compte que le repas de baptême de Pierre-Bernard Rongier, fils de Henri Rongier et de Marie-Jeanne Bonnet et frère cadet de Jacques Rongier, battait son plein et que le parrain Armand Barry, petit cousin rigolo de la famille, employé aux Chemins de Fer de la société Paris-Orléans-Midi à la gare de Nérac, avait fait « péter » une bombe ! L’île flottante, dessert que Marie-Jeanne confectionnait parfaitement, se trouvait sur les lieux de l’explosion. La fumée, la déflagration et les chutes de papier modifièrent, probablement au grand dam de la cuisinière, la présentation et le goût de la crème.
Mais que pouvait-il arriver de mieux à Pierre-Bernard Rongier, né le 20 août 1929 à Sos ? Sas : S.O.S. Toute sa vie il sera poursuivi par ces trois lettres. Vous pouvez les lire dans n’importe quel sens. Crassus, lieutenant du « grand » Jules César, y perdit un peu la boule lorsqu’il arriva à proximité de l’oppidum investi par les Sotiates, gens bringueurs, rigolards et de bon caractère. Il prit une déculottée digne... de l’engueulade que reçut le parrain près de vingt siècles plus tard, de la part du grand-père Bonnet.
Trois points, trois tirets, trois points, intervalle, trois points, trois tirets, trois points, s.o.s, s.o.s, en morse, signal de détresse : P.B.R. était marqué pour la vie.
Première partie
Le pin et la résine 1929 - 1936
1
La famille de Sos
J’ai vécu à Sos jusqu’à l’âge de six ans. Là, vivait une partie de ma famille.
Pierre, frère de mon père, était menuisier ébéniste. Grand, mince, il avait le visage orné d’une fine moustache et d’une barbichette qui lui donnaient beaucoup de prestance. Compagnon, il termina son tour de France à Lyon pour partir à la guerre de 14-18. Il épousa un petit bout de femme, tante Berthe, originaire de Poudenas, village bordant la route de Mézin, à quelques kilomètres de Sos. De cette union naquit un garçon, Jean.
J’allais souvent voir tonton Pierre car il fabriquait de bien beaux objets. Il faisait notamment des billards de toutes sortes, des japonais (billards à plusieurs trous), mais surtout la merveille des merveilles, des billards français pour le jeu à trois boules. Autrefois, dans les salles de cafés, se trouvait toujours un billard. Les clients organisaient des concours, souvent à base d’argent ou tout simplement pour jouer l’apéritif.
La maison et l’atelier donnaient sur le Pitouret, promenade ombragée par des marronniers. C’était un lieu de fraîcheur, très prisé des Sotiates, qui dominait la vallée de la Gélise, rivière très poissonneuse, affluent de la Baïse. Souvent, l’été, en fin d’après-midi, les gens venaient sur la promenade pour se détendre ou écouter la fanfare municipale La Sotiate, qui jouait dans le kiosque presque tous les dimanches.
Le chef de la fanfare était Tauzin, le sabotier violonneux qui donnait des leçons de violon à mon frère. Toute une histoire. Maman avait imposé à Jacques de jouer du violon. Lui aurait préféré jouer de la flûte mais, pour cet instrument, il fallait aller à Mézin (donc engager plus de frais !). Je me souviens des séances d’entraînement, du « crin crin » pas très mélodieux qui émanait de sa chambre.
Un jour, le coiffeur Briscadieux, qui était aussi un petit cousin, demanda à Jacques s’il voulait apprendre à jouer du tambour, ce qui lui permettrait d’entrer dans la fanfare. Il accepta sur le champ, surtout pour embêter maman. À partir de ce moment-là, les « plan plan et rataplan » remplacèrent le « crin crin » et Jacques s’en donna à cœur joie en tapant de plus en plus fort. Il entra dans la fanfare et joua même plus tard dans celle de la marine à Saint-Mandrier.
C’est sûrement par déception que ma mère ne me proposa jamais de jouer d’un instrument ou d’apprendre la musique. Sincèrement, je l’ai toujours regretté.

Du Pitouret, on apercevait après l’orage ou la pluie, au-dessus de la forêt landaise, la chaîne des Pyrénées. C’était magnifique !
Il me semble encore entendre la sirène de l’usine à résine, le chuintement et les sifflets des locomotives entrant ou partant de la gare d’en bas, station entre Nérac et Mont-de-Marsan.

Vivait également à Sos une sœur de mon père, Madeleine. Elle était aussi la marraine de mon frère. Je l’ai toujours vue avec un chignon sur la tête et une robe longue. Le hasard de la guerre l’avait fait épouser Jules Nicolle, natif de Saint-Quentin, dans l’Aisne. C’était un bel homme, blond aux yeux bleus qui respirait la gentillesse. Sa famille avait fui devant l’avance des Allemands en 1914 et s’était réfugiée à Sos. À la fin de la guerre, tonton Jules rejoignant sa famille, fit la connaissance de ma tante et ils se marièrent.
Madeleine avait la garde de sa mère, ma grand-mère Valentine.
Dans sa jeunesse, ma grand-mère avait été porteuse de pain. À l’aide d’une petite charrette et d’un cheval, elle faisait le tour de la commune. Avec mon grand-père paternel, Joseph, qui travaillait dans une entreprise de tannerie, ils eurent sept enfants, dont un mourut en bas âge. Mon père, Henri, était l’avant-dernier de la fratrie. Mes grands-parents habitaient Gueyze et ils éprouvèrent beaucoup de difficultés à nourrir et entretenir cette grande famille. Tous leurs enfants ont fréquenté avec plus ou moins d’assiduité l’école de ce village dont je crois, M. Broc était l’instituteur.
Un jour celui-ci punit Ormer qui ne savait pas ses leçons et le mit au pain se

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