La photographie. Pithiviers, 1941
144 pages
Français

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La photographie. Pithiviers, 1941 , livre ebook

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Description

"J'ai longtemps cru que je les retrouverais, que le hasard de la vie nous ferait nous rencontrer et, bien sûr, nous reconnaître [...], que tout commencerait, que le passé [...] ne serait là que pour nous faire aimer [...] toujours." Ce rêve, c'est celui que je faisais en pensant à mes grands-parents quand mon père me racontait sa vie d'enfant fuyant les rafles puis caché, grâce à sa mère, dans un collège catholique à Nice. Un jour, je croise un regard perçant et familier sur une photographie...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 45
EAN13 9782296512641
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Mémoires du XX e siècle
Déjà parus

Serge BOUCHET de FAREINS, De l’Ain au Danube, Témoignages de vétérans de la 1 re Armée Française (1944– 1945) , 2012.
Gabriel BALIQUE, Saisons de guerre, Notes d’un combattant de la Grande Guerre , 2012.
Jean DUCLOS, Notes de campagne 1914 – 1916 suivies d’un épilogue (1917 – 1925) et commentées par son fils, Louis-Jean Duclos Collectif-Artois 1914/1915 , 2012.
Odette ABADI, Terre de détresse. Birkenau – Bergen-Belsen , nouvelle édition, 2012.
Sylvie DOUCHE, Correspondances inédites à des musiciens français. 1914-1918 , 2012.
Michel RIBON, Jours de colère , 2012.
François MARQUIS, Pour un pays d’orangers, Algérie 1959-2012 , 2012
Jacques RONGIER, Ma campagne d’Algérie tomes 1 et 2 , 2012.
Michèle FELDMAN, Le Carnet noir , 2012.
Jean-Pierre CÔMES, Algérie, souvenirs d’ombre et de lumière , 2012.
Claude SOUBESTE, Une saison au Tchad , 2012. Paul OLLIER, Algérie mon amour , 2012.
Anita NANDRIS-CUDLA, 20 ans en Sibérie. Souvenirs d’une vie , 2011.
Gilbert BARBIER, Souvenirs d’Allemagne, journal d’un S.T.O , 2011.
Alexandre NICOLAS, Sous le casque de l’armée , 2011.
Dominique CAMUSSO, Cent jours au front en 1915. Un sapeur du Quercy dans les tranchées de Champagne , 2011.
Michel FRATISSIER, Jean Moulin ou la Fabrique d’un héros , 2011.
Titre
Zysla BELLIAT-MORGENSZTERN






LA PHOTOGRAPHIE

Pithiviers, 1941

La mémoire de mon père








L’Harmattan
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-28487-3
Dédicace

à mon père,

pour Ariane, Benoît, Camille,
pour les "Générations Futures"
Citation

J’ai pris ma place dans la file qui piétinait devant la porte ouverte de l’enfer. Peu à peu, nous y sommes entrés. Et au premier cri de l’innocence assassinée, la porte aclaqué derrière nous. Nous étions dans l’enfer, nous n’en sommes plus jamais sortis.

Albert Camus
L’Eté – Prométhée aux enfers.
Préface
Ce récit est un patchwork, celui de la vie de mon père, alors qu’il était enfant pendant la Deuxième Guerre.
J’évoque comment le puzzle m’a été transmis et en quelles circonstances j’ai décidé de commencer à en rassembler les pièces. J’ai intégré par touches le témoignage qu’il a enregistré à la demande de la Fondation des Survivants de la Shoah 1 créée par le cinéaste Steven Spielberg.
J’ai alors émaillé le récit de mes souvenirs imparfaits, ceux que j’avais conservés depuis que j’étais petite fille, de citations provenant de ce témoignage. Mon intention était d’avoir ainsi en contrepoint de la trace incertaine écrite par celle qui tente de comprendre et de faire sienne des sensations qu’elle n’éprouvera jamais avec cette authenticité-là, l’émotion directe de celui qui a vécu ces événements et qui adulte, les raconte pour la première fois de manière suivie et construite. Les citations figurent en italiques. J’ai laissé intactes les apparentes contradictions et hésitations sans y apporter de correction.
Mon père emploie parfois le vouvoiement quand il s’adresse à Edith Sorel, la personne qui a réalisé l’interview. Des annotations entre crochets complètent parfois les citations ; elles traduisent ce que je voyais ou percevais à l’écran durant le film et que ni les mots employés par mon père, ni la ponctuation ne parviennent à traduire : un silence, une émotion, un regard perdu dans le vague…
« La photographie » adopte une suite imparfaitement chronologique. J’ai volontairement laissé le flot de mes souvenirs venir dans un ordre qui ne suit pas toujours la logique du temps, mais celle de l’esprit qui tente de recoller des morceaux et emprunte parfois des chemins détournés pour y parvenir.

Je souhaite au travers de ce récit à deux voix avoir réussi à faire comprendre l’importance de la transmission. C’est en tout cas ce que j’ai tenté de faire et pour cela au moins je me sens apaisée.

« Il faut que je sois prudent dans ce que je raconte, il ne faut pas que je porte ce destin comme une … Légion d’Honneur, il faut bien montrer que c’est une destinée à laquelle on ne doit pas prétendre … mais il faut quand même que mes petits-enfants sachent qu’ils auront eu un grand-père … et les enfants qu’ils auront, il faudra qu’ils les élèvent dans un état d’esprit de tolérance et de vigilance. »
1 Survivors of the Shoah : Visual History Foundation. Le projet a été initié en 1994 et s’est terminé fin 1997. Plus de 50000 témoignages ont été enregistrés sur cassettes vidéo, dans 56 pays et 32 langues différentes.
Obsessions
J’ai l’impression que ma vie a été et est encore marquée par des histoires, des rencontres et parfois des retrouvailles improbables. A moins que je n’aie donné à des événements somme toute banals, une lumière et une saveur particulières, comme pour leurrer mon cœur et mes émotions. Peut-être ai-je ainsi le sentiment de vivre par procuration ce que j’ai toujours inconsciemment considéré comme étant l’aboutissement du bonheur le plus absolu.
Le Passé décomposé
J’ai longtemps cru que je les retrouverais, que le hasard de la vie nous ferait nous rencontrer et bien sûr, nous reconnaître, que nous tomberions dans les bras les uns des autres, que tout commencerait, que le passé n’existerait pas, ou plutôt qu’il ne serait là que pour nous faire aimer aujourd’hui, demain, toujours.
A quatorze ans encore, à l’âge où l’on est toujours une petite fille, où l’on sait que les rêves existent mais sont des rêves, je suis partie là-bas, en Israël, quelques semaines, pour me laisser aller à mes dernières divagations, pour rêver encore une dernière fois de retrouvailles imaginaires et réconfortantes. Enfin, définitivement peut-être, et pour mon plus grand bien, j’y ai fait le deuil de mes grands-parents. Aujourd’hui je ne sais toujours pas si mon père y est parvenu.
J’ai glané, au hasard des confidences qu’il me faisait, les bribes de son histoire, de notre histoire. Il m’a livré un puzzle difficile, incomplet, de ses années d’enfant en fuite, puis caché à Nice dans un collège catholique. J’ai pris consciencieusement des notes, que j’ai rassemblées sans méthode, remettant sans cesse à plus tard l’assemblage définitif de l’histoire de sa vie entre huit et douze ou treize ans, pendant les années de guerre.
Et puis j’ai lu le livre de Laure Schindler « L’impossible au revoir ». Je m’étais sentie mise au défi au moment où elle relate son pèlerinage pour une cérémonie du souvenir. Elle évoque « les derniers maillons de la chaîne » et ajoute « quand nous ne serons plus [...], seuls les monuments indiqueront aux générations futures un endroit où, il y a très longtemps, la cruauté humaine avait dominé dans son sens le plus absolu, mais où il ne reste plus qu’un paysage splendide, un cimetière, et le souvenir » 2 .
Avec mes enfants, nous sommes ces « générations futures », mais il n’est pas exact qu’il ne reste que des souvenirs. J’ai le sentiment de comprendre et au-delà de la compréhension de ce qui est arrivé à la génération de mon père, de ... « ressentir » ces événements ; j’ose à peine l’écrire, tellement cela doit paraître indécent. Leur génération est amputée, je crois que nous sommes marqués au fer rouge ; la blessure est vive, sensible et la douleur revient chaque fois qu’il est question d’absence, de départ, de rupture. Je me sentais donc un devoir absolu de transmission.
Mais il est vrai que par chance peut-être, nous n’avons pas de réponse à la question obsédante : « Qu’aurais-je fait dans ces circonstances, comment me serais-je comportée, de quel courage aurais-je fait preuve ? ». Le traumatisme est réel et profond. A chaque fois que je courais avec un de mes enfants lorsqu’ils étaient petits, par jeu le plus souvent o

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