La rue Zamenhof
252 pages
Français

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Description

Louis Christophe Zaleski-Zamenhof, petit-fils du créateur de l'espéranto, dialogue avec le journaliste polonais Roman Dobrzynski. Le dialogue raconte les divers événements qui ont marqué sa jeunesse dans la ghetto de Varsovie, la naissance et les tribulations de la langue espéranto, la philosophie qui s'y rattache, des réflexions sur le monde actuel et sur ses perspectives d'évolution.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 349
EAN13 9782336278735
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La rue Zamenhof

Roman Dobrzynski
© Roman Dobrzyński
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296073920
EAN : 9782296073920
Sommaire
Page de titre Page de Copyright REMERCIEMENTS INTRODUCTION AVANT-PROPOS LES MURS LES ILES LES TOURS LES ROUTES LES PONTS POSTFACE BIBLIOGRAPHIE ADRESSES UTILES
REMERCIEMENTS
Ont collaboré à la traduction : Michèle ABADA-SIMON, Godeleine LOGEZ, Claude LONGUE-ÉPÉE, Emmanuelle RICHARD, Axel ROUSSEAU, Catherine ROUX, Renée TRIOLLE, Pascal VILAIN,
et Louis Christophe ZALESKI-ZAMENHOF qui a fort aimablement vérifié la traduction , en y ajoutant de nombreux commentaires.
La traduction s’étant faite entre juillet 2005 et octobre 2007, certaines personnes, dont Roman Dobrzyński parle au présent, sont décédées entre temps et d’autres événements se sont ajoutés à l’histoire de l’espéranto. Nous avons cru bon de les mentionner.
Nous adressons un merci tout particulier à Armand HUBERT, auteur du dessin de couverture, à Stano MARČEK, qui a fait la mise en page des illustrations, et à Bruno FLOCHON qui a participé aux corrections finales.
INTRODUCTION
Le titre de ce livre a été bien réfléchi. Toutefois, comme il existe une centaine de rues Zamenhof en divers pays de notre planète, s’agit-il de n’importe quelle rue portant ce nom, ou bien d’une rue unique choisie entre toutes ? Ou bien s’agit-il d’une rue virtuelle, chemin sur lequel doit marcher l’humanité selon le rêve de Zamenhof ?

En fait, il existe une rue tout à fait particulière : la rue Zamenhof à Varsovie. Rue où se dressait un jour une maison qui portait le numéro 9, où le docteur Zamenhof a habité et travaillé pendant plusieurs années ; où, dans le cabinet médical qu’il avait fondé, son fils Adam et après lui sa belle-fille Wanda ont exercé, pendant de nombreuses années après sa mort. Et par une étrange coïncidence (mais est-ce une coïncidence ?) dans cette même rue Zamenhof, reconstruite après la guerre, moi, son petit-fils, cinquante années plus tard, j’ai eu un logement de fonction qui, toutefois, ne portait pas le numéro 9 mais le 8. J’y ai habité pendant plusieurs années avec mon épouse et nos filles.

La rue Zamenhof de Varsovie a étonnamment résisté aux changements de nom opérés par les dirigeants locaux qui se sont succédé pendant et après la guerre. Tandis qu’on fusillait le fils de Zamenhof et que d’autres membres de sa famille étaient emprisonnés, à ce moment même des tramways avec le panonceau « ZAMENHOF » empruntaient la rue Zamenhof jusqu’au terminus. Pareillement, de nos jours, des autobus avec l’indication « Esperanto » empruntent cette rue pour aller jusqu’à la rue « ESPERANTO » qui se trouve tout près.

Pourtant, pendant les sombres années 1942 et 1943, la rue Zamenhof de Varsovie a conduit des centaines de milliers de juifs condamnés à mort jusqu’aux trains qui menaient au centre de « solution finale » de Treblinka. C’est comme cela que Zofia et Lidia, les filles du docteur Zamenhof, ont traversé cette rue. Moi aussi, son petit-fils, j’y suis passé, pourtant sauvé miraculeusement du voyage vers la mort.

La rue Zamenhof virtuelle, au lieu de conduire vers l’horreur, devrait conduire l’humanité vers la tolérance, vers la compréhension, vers la fraternité. Elle devrait conduire le monde vers l’harmonie de la grande famille des peuples, afin que sa diversité ne soit plus une cause d’hostilité mutuelle, mais devienne pour nous tous une source de richesse inestimable.
L.C. Zaleski-Zamenhof Paris, mai 2003
AVANT-PROPOS
Monsieur le professeur, que considérez-vous comme votre plus grand succès ?
Sans doute d’être à la fois grand-père et petit-fils, grand-père dans ma propre famille, petit-fils dans la « famille » espérantiste, et parfois même hors de celle-ci. Il y a peu de temps, j’ai reçu une lettre d’un jeune français de 10 ans : « Je sais que vous êtes le petit-fils du créateur de l’espéranto. Moi aussi j’ai l’intention de créer une langue internationale. Ecrivez-moi, s’il vous plaît, comment on fait ».
Le créateur de l’espéranto était Louis Zamenhof. Vous, son petit-fils, vous avez un nom deux fois plus long : Louis Christophe Zaleski-Zamenhof. Pourquoi ?
Le destin aveugle m’a écrit plusieurs biographies, il a voulu qu’en une seule vie je change plusieurs fois de personnalité. Je suis né à Varsovie, la capitale de la Pologne, sous le nom de Ludwik Zamenhof. J’étais un gamin polonais qu’on appelait du nom affectueux de Lutek. Cependant à la fin de l’année 1939, les autorités allemandes d’occupation m’ont ordonné de porter le brassard avec l’étoile de David et m’ont chassé dans le ghetto aussitôt après. Alors, pour la première fois, je suis devenu quelqu’un d’autre.
Sous un autre nom ?
Non, sous le même nom et même à cause de ce nom-là. Deux années plus tard, j’ai dû le cacher et adopter le nouveau : Krzysztof Zaleski. C’est ainsi que je me suis réincarné de mon vivant. Il m’a fallu naître à nouveau pour pouvoir continuer de vivre. Ma nouvelle carte d’identité me rajeunissait d’environ un an et m’attribuait la ville de Łomza comme lieu de naissance. Hors des murs du ghetto, je redevenais un Polonais, ce qui ne me garantissait pas la sécurité, mais me laissait des possibilités de choisir ma façon de vivre, voire de mourir. En fait, je pouvais être appréhendé dans la rue et fusillé au cours de représailles collectives mais j’avais aussi le droit de choisir de risquer ma vie, en adhérant à la résistance armée ou même en aidant un juif. Pendant ce temps, les hommes restés dans le ghetto n’avaient pas d’alternative. Il ne leur restait comme seul horizon que les cheminées des fours crématoires. Ma nouvelle incarnation m’a permis de repasser les frontières de la vie. Je n’ai pas joué le rôle de Zaleski, je suis devenu Zaleski. J’ai partagé le sort des autres habitants de la Pologne occupée. Pendant le jour travail à l’usine, le soir réunions secrètes ; nouvelles amitiés, apprentissage d’une autre vie, résistance.
Quand l’intégration des deux personnalités sous le double nom a-t-elle eu lieu ?
Quand l’occupation allemande de la Pologne a pris fin, j’ai pu faire revivre Zamenhof en moi. Fallait-il pour autant que Zaleski meure ? Je m’identifiais en effet à l’un et à l’autre. Zaleski avait sauvé la vie de Zamenhof. Aurait-ce été convenable que Zamenhof oublie Zaleski ?
Vous avez choisi une solution de synthèse, Louis Christophe Zaleski-Zamenhof ?
Ma devise a toujours été « l’unité dans la diversité ». On pourrait également dire « respect de l’autre ». C’est un credo qui résulte de mes propres expériences. Je suis fidèle à cette idée, vivant en France depuis longtemps.
Où vous avez quand même modifié votre nom.
J’ai seulement adapté les prénoms. Aucun Français ne serait capable de prononcer Krzysztof. J’ai vécu en France durant la plus grande partie de ma vie. Ma carrière professionnelle a été liée à ce pays, beaucoup de mes amis y habitent et pour eux je suis simplement « Chris ». Voilà, je l’espère, ce qui est ma dernière incarnation. Les villes chères à mon cœur, ce sont Paris et Varsovie, aussi bien l’une que l’autre.

L.C. Zaleski-Zamenhof et Roman Dobrzyński à Veisiejai (Lituanie)

L.C. Zaleski-Zamenhof dans la Rue Zamenhof à Varsovie

L.C. Zaleski-Zamenhof remet la Médaille de la Tolérance au pape Jean-Paul II

L.C. Zaleski-Zamenhof parmi les enfants de Bona Espero au Brésil
LES MURS
« Des murs se dressent, depuis des milliers d’années, entre les peuples divisés ». Ce diagnostic socio-politique, établi par Louis Zamenhof, au 19 ème siècle, est-il encore valable ?
Malheureusement, oui. Les murs ont fortement marqué le paysage du siècle dernier. Ils ont été érigés devant nos yeux. Bien que récemment tombés, ils se dressent à nouveau en différentes parties de notre planète. En 1989, j’ai eu l’occasion de participer symboliquement de mes propres mains à la destruction du mur de Berlin. J’ai vu des Berlinois aller et venir dans les deux sens, franchissant les brèches toutes fraîches. L’enthousiasme général m’a gagné. Mais, tout à coup, un souvenir lointain m’a serré la gorge. En 1943, moi qui étais alors ouvrier, j’avais démoli le mur du ghetto de Varsovie. Le mur n’avait plus de raison d’être, parce que les êtres humains qui y avaient été enfermés avaient déjà été anéanti

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