Le vivre ensemble
260 pages
Français

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Description

Fondée sur des centaines d'entretiens, cette recherche sur la perception de la couleur noire s'inscrit dans un parcours d'une grande richesse, allant d'une vision esthétique et même artistique, à l'émergence de réflexions autour des valeurs symboliques portées par cette couleur dans la vie de tout un chacun, conduisant le lecteur sur des terrains très divers, sociaux, politiques, religieux ou encore linguistiques. Cet ouvrage s'interroge ainsi sur l'instauration du vivre ensemble, au-delà des tensions sociales nées d'une incapacité à comprendre l'Autre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2016
Nombre de lectures 33
EAN13 9782140019319
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

























© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-77167-0
Titre


Renaud DUMONT







Le vivre ensemble, un avenir noir ?
Ouvrages du même auteur



Ouvrages du même auteur


Le Français par la chanson, en collaboration, Paris, L’Harmattan, 1998.
De l’écrit à l’écran , Paris, L’Harmattan, 2007.
De la langue à la culture , Paris, L’Harmattan, 2008.
Le Noir, couleur dangereuse ou transgressive ?, en collaboration, sous la direction de É. Agbessi, Tome 1, Approche civilisationnelle , Paris, Éditions du Manuscrit, 2011.
La Couleur noire, une obscure clarté , sous la Direction de Eric Agbessi, préface d’Abdou Diouf, Paris, Éditions du Manuscrit, 2012.
Nouer le lien social, pratiques de communication et lien social , en collaboration, sous la direction de S. Rouquette, Clermont-Ferrand, PUBP, 2015.
Avant-propos Merci pour l’esclavage
Né au Sénégal, pays où mes parents ont vécu très longtemps, je n’ai jamais réellement su distinguer le Noir du Blanc, termes que j’ai toujours refusé d’employer lorsque j’étais enfant. Pour moi, il y avait le Beige et le Marron, et encore… Au point qu’un jour je leur ai fait une réponse qui les a beaucoup amusés. J’avais entre trois et quatre ans et en l’absence de mes parents un homme se présente et demande à parler à mon père. À son retour, je le lui dis.
« Qui était-ce ?
– Je ne sais pas, Papa, je ne l’avais jamais vu avant.
– Bon, mais était-il Sénégalais ou Français ?
– Je ne sais pas, je ne lui ai pas demandé ».
Au Sénégal, mes parents se sont liés avec les enfants de Joseph Zobel, l’auteur martiniquais de La Rue Cases-Nègres , en poste à Dakar où il anime des émissions de radio.
En 1972, le fils aîné de Joseph, Francis, ami et collègue de mon père à l’Université de Dakar, Université Cheikh Anta Diop, vient rendre visite à mes parents en Berry, à Coust où ils passent l’été dans une maison familiale. Coust, c’est la campagne profonde, le cœur de la France où même les Italiens, émigrés depuis des lustres, sont toujours appelés les « Ritals ». Heureux d’accueillir Francis et sa belle femme bretonne, blonde aux yeux bleus, mes (futurs) parents les présentent aux Coquelin, Coustois depuis des générations, qui les reçoivent pour un apéritif. Tout se passe bien. Les Coquelin, qui ont déjà l’âge d’être mes arrière-grands-parents, sont très gentils. Après deux heures de bavardage ils sont tous là, sur le pas de la porte, juste en face de l’église du village, et Madame Coquelin s’adresse alors à Francis Zobel qui vient de la remercier pour son accueil : « Je suis bien heureuse de vous avoir rencontré, tout le monde a le droit de vivre ».
Francis et mon père n’en parleront jamais, sauf pour en rire ! « Tu te souviens, Francis, tu as le droit de vivre ».
Et là, je repense à une seconde expérience, également vécue par mon père bien des années plus tard, en 2006. Professeur à l’Université des Antilles, il est en mission au Sénégal avec Jean-Georges, le Doyen de la Faculté des Lettres. Il lui fait découvrir sa seconde Patrie, le Dakar qu’il aime, Gorée, Saint-Louis. Mais Jean-Georges se sent mal sur cette terre noire où règne la pauvreté. À Saint-Louis, ils sont « sollicités », à la manière sénégalaise, par plusieurs groupes qui leur réclament du « xaalis » (de l’argent, en wolof). Ils voient bien que le Noir Jean-Georges n’est pas un Africain et ils se moquent de lui, mais gentiment, à leur façon ! Mon père vit bien cette ambiance et il s’adresse à eux en wolof pour qu’ils les laissent profiter de cette belle promenade pédestre au bord du fleuve Sénégal.
De retour à l’hôtel, Jean-Georges, encore tout perturbé par cette Afrique qu’il ne connaît pas et qui l’effraie un peu, s’adresse avec une ironie grinçante à mon père en le prenant dans ses bras : « Merci pour l’esclavage… » ! Humour noir… ?
C’est sans doute de toute cette histoire familiale, intellectuelle, politique, sociale, culturelle, affective qu’est né chez moi le désir de consacrer ma vie de chercheur à l’interculturel, sous tous ses aspects.
D’où l’intérêt que j’ai ressenti en découvrant, tout au long de ces entretiens, où nous en étions dans la France d’aujourd’hui à propos du vivre ensemble. Près de cinquante ans se sont passés depuis le « Tout le monde a le droit de vivre » et Jean-Georges, lui, n’est jamais revenu sur son énigmatique et amer remerciement.
Où en est-on ? Le vivre ensemble est-il un leurre ? Une approche démagogique ? Un rêve ? Madame Coquelin n’avait-elle pas déjà tout compris, il y a cinquante ans ? Elle est morte aujourd’hui, mais tout le monde a le droit de mourir, non ?
Questionnaire sur la couleur noire
Question n°1 : Tout d’abord qu’évoque pour vous la couleur noire ?
Question n°2 : Évoque-t-elle plutôt l’obscurité ou la lumière ?
Question n°3 : Que pensez-vous des peintures de Pierre Soulages ?
Question n°4 : Est-ce que pour vous le noir est une couleur ou une non-couleur ?
Question n°5 : Est-elle source de réconfort ou d’inquiétude ?
Question n°6 : La considérez-vous comme une couleur concrète ou abstraite ?
Question n°7 : Le noir fait-il partie du visible ou de l’invisible ? Ou plutôt est-il lié au visible ou à l’invisible ?
Question n°8 : Pourriez-vous préciser les impressions, les idées auxquelles il vous fait penser ?
Question n°9 : Quelle place prend la couleur noire dans votre travail ? Quel est son rôle, son sens, sa place particulière ? De quelle manière vous l’appropriez-vous dans votre vie professionnelle et votre vie personnelle ?
Question n°10 : Concerne-t-elle plus l’imaginaire ou la réalité ? Je m’explique. Fait-elle seulement partie de la réalité de nos quotidiens ou nourrit-elle également nos rêves, notre inspiration, notre imagination ?
Question n°11 : En pensant à la culture dans son ensemble, pouvez-vous dégager ce qui fait de la couleur noire la « couleur du sensible » ? En quoi votre affect, vos émotions et votre sensibilité sont-ils touchés par le noir dans différents domaines ?
Question n°12 : Certains évoquent les aspects négatifs du noir. Pourriez-vous donner des exemples du contraire, c’est-à-dire des exemples de la « positivisation » de la couleur noire ?
Question n°13 : Pensez-vous, comme cela a été évoqué dans notre ouvrage collectif, dès son titre, que le noir est une couleur « dangereuse » ? « Transgressive » ?
Question n°14 : Considérez-vous que la couleur noire est au centre de nos vies ? De nos quotidiens ? Par exemple dans nos façons de nous habiller, dans la décoration, dans le langage, dans la mode dans nos activités professionnelles et personnelles ?
Question n°15 : En quoi la couleur noire entraîne-t-elle des divergences d’interprétation ? Je veux dire que les gens ne semblent pas toujours se comprendre tous quand ils parlent de la couleur noire. Ils donnent l’impression, en abordant cette question, de ne pas parler la même langue. En quoi le thème de la couleur noire est-il aussi source de malentendus, d’incompréhension, et donc de problèmes de communication ?
Question n°16 : Si nous pensons maintenant au noir comme couleur de peau, beaucoup de Noirs aujourd’hui sont fiers d’être noirs et revendiquent leur identité de Noirs et leur couleur de peau. Pensez-vous qu’ils ont raison de se comporter de cette façon ? Pensez-vous qu’ainsi ils se taillent une bonne réputation ? Pensez-vous qu’on les respecte plus ?
Question n°17 : Pensez-vous que nous avons tous les mêmes rapports à la couleur noire et aux individus de couleur noire selon qu’on est aux États-Unis, aux Antilles, en Afrique, en Europe, à Paris ou ailleurs ?
Question n°17 : Les Anglo-Saxons ont toujours été favorables au multiculturel et les Français ont longtemps été les défenseurs d’une culture homogène. La

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