Lectures ouvrières à St-Etienne du Rouvray
342 pages
Français

Lectures ouvrières à St-Etienne du Rouvray , livre ebook

-

342 pages
Français

Description

Ce livre retrace l'histoire des pratiques de lecture d'une communauté ouvrière cégétiste à Saint-Étienne du Rouvray dans la banlieue rouennaise, et plonge le lecteur au plus profond des mutations culturelles du XXe siècle. II s'efforce de comprendre comment un lecteur intègre ou non les objets lus dans son univers mental. Il met en valeur les intermédiaires culturels soulignant ainsi l'influence de l'engagement syndical à la CGT, le rôle des bibliothèques d'entreprise et des bibliothèques municipales...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2007
Nombre de lectures 134
EAN13 9782296165816
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lectures ouvrières à Saint-Étienne du Rouvray,
des années trente aux années quatre-vingt-dix

© L'HARMATTAN,2007
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-02592-9
EAN :9782296025929

Nathalie PONSARD

Lectures ouvrières
à Saint-Étienne du Rouvray,
des années trente
aux années quatre-vingt-dix

Lecture, culture, mémoire

L'Harmattan

Logiques historiques
Collection dirigée par Dominique Poulot

La collection s’attache à la conscience historique des cultures
contemporaines. Elle accueille des travaux consacrés au poids de la durée, au legs
d’événements-clés, au façonnement de modèles ou de sources historiques, à
l’invention de la tradition ou à la construction de généalogies. Les analyses de la
mémoire et de la commémoration, de l’historiographie et de la patrimonialisation
sont privilégiées, qui montrent comment des représentations du passé peuvent faire
figures de logiques historiques.

Déjà parus

David MATAIX,L’Europe des révolutions nationales 1940-42,2006.
PaulTIRAND,ÉmileDIGEON (1822 – 1894). L’itinéraire singulier
d’un communard,2006.
er er
HuguesMOUCKAGA ,La Rome ancienne,av. J.-I siècleCs.. – I
ap. J.-C.,2006.
Jean-Pierre GRATIEN,Marius Moutet, un socialiste à l’outre-mer,
2006.
Jean-RémyBEZIAS,GeorgesBidault et la politique étrangère de la
France,2006.
Cécile BERLY,Marie-Antoinette et ses biographes,2006.
AntoninGUYADER,La revueIdées, 1941-1944.Des
nonconformistes en Révolution nationale,2006.
JacquesLELONG,LeBocage bourbonnais sous l’Ancien Régime,
2006.
RobertPROT,Jean Tardieu et la nouvelle radio,2006.
Frédérique VALENTIN-McLEAN,Dissidents du parti communiste
français,2006.
JacquesDUVAL,Moulins à papier deBretagne du XVIe au XIXe siècle,
2006.
CharlesMERCIER,La Société de Saint-Vincent-de-Paul. Une mémoire des
origines en mouvement (1833-1914),2006.
AbdelhakimCHARIF, Frédéri,c DUHARTAnthropologie historique du
corps,2005
Bernard LUTUN,1814-1817ouL’épuration dansla marine,2005.
Simone GOUGEAUD-ARNAUDEAU,Lavie duchevalierdeBonnard.
1744–1784,2005.
Raymonde MONNIER,Républicanisme, patriotisme etRévolution
française,2005.

Remerciements

Mes remerciements vont à RogerChartier
qui a suivi cette recherche
mais aussi aux hommes et aux femmes
de Saint-Étienne du Rouvray qui m’ont accueillie chaleureusement
et m’ont accordé à la fois leur confiance et leur temps.
Sans eux, ce travail était irréalisable.

Merci à Monsieur et MadameGosselin
pour leur aide précieuse
dans la compréhension du milieu stéphanais.

Merci àBernard qui finit par accepter ce projet « hors-norme »
et àBaptiste et Marius pour leur sens de l’autonomie.

Merci à Sabine Rousseau qui,
par son écoute et son regard critique,
a participé à l’élaboration de ce cheminement intellectuel.

Merci àGhislaineCarteron etFrançoiseBrébion
pour leurs relectures attentives et leurs encouragements.

Introduction

e
Vouloirappréhender les lecturesen milieu ouvrierauXXsiècle etenfaire
un objetd’histoiresocioculturellerelève d’undéfi.Ilfauteneffetbalayer les
images stéréotypées sur laquestion:l’unevéhiculée en milieu populaire et
ouvrier quiferaitdelalectureuneperte detempscar une activité
improductive,une autrevolontiers «élitiste» quiaurait tendance ànier les
pratiquesdelecture dans un milieu «défavorisé culturellement ».Et pourtant
des ouvriers lisent:pourquoi s’enétonner ?
e
Dès lasecondemoitié duXIXsiècle, desautobiographies ouvrières révèlent
des lecturesdansdesconditions souventdifficiles.Conquisesaudétriment
des heuresdesommeil, elles s’inscriventdansdesespacesdesociabilité
différentsde cellesdes lettrés tels quelarue,le cabaret ou la chambre
1
d’ouvrier .L’explorationdetravaux portant sur l’histoire desbibliothèques
2e
populaireset ouvrièresauXIXsièclemontre combien laquestiondes
lecturesen milieu populaire a constituéunenjeu pour lesélites politiqueset
syndicales.Eneffet,lesRépublicains voientdans lalecturel’outil idéal pour
l’éducationdu peupletandis que des militants syndicalistes luiassignent la
fonctiond’accèsàla culture.Mais,si lalecture est unenjeu, elle doitdonc
être encadrée.Lelecteur n’est pas libre :il sevoit guidé et orientépar un
ensemble deprescriptionsdelecturetoujours indispensables,utiles,
sérieuses.Lanotiondu « plaisirdelire»est rarement mise enavant.Il suffit
pour s’enconvaincre desuivrelesdiscoursdesélites ouvrièrescondamnant
violemment les lecturesfacilesc’est-à-direlesfaitsdiverset les
romansfeuilletonsdans les journaux populairesdont le développementest
effectivement spectaculaire après laparutionduPetit Journal.Ainsi, en
suivant le filconducteur que constituelasuccessiondegénérationsde
e
bibliothèques ouvrières,unehistoire des prescriptionsdelecture auXIX et
e
XXsiècles se dessine et non pas unehistoire des pratiquesdelecture.
e
Certes,pour lasecondemoitié duXXsiècle,le chercheur peut seréférer
aux grandesenquêtes sociologiques sur les lectures quidoiventcependant
3
êtremaniéesavecprécaution tant leur hétérogénéité est grande.En 1955,
l’enquête àvisée commerciale del’Institutfrançaisd’opinion publique
(IFOP) montreque47 %des ouvriers seraientdes non-lecteurs.Dans
l’enquête del’Institutderechercheséconomiqueset sociales (IRES)de1960
lepourcentage d’ouvriers «non-lecteurs» s’élève à6,5%des ouvriers
tandis que33 %déclarent lire des livreset 60 % nelire«que des

1
J.Hébrard,«Les nouveaux lecteurs », dansHistoire de l’édition française, tome 3, Le temps
des éditeurs,1990, Fayard-Promodis.
2
N.Richter,Le lecture et ses institutions,tome1et 2, Bibliothèque del’Université du
Maine/ÉditionPleinChant,1987.
3
N.Robine,Lire des livres en France des années 30 à2000, Éditionsducercle delalibrairie,
2000.

9

concurrents du livre».Enfin,l’enquête de1981 sur les pratiquesculturelles
desFrançaiscommandéepar leministère dela Culturerévèleque22,7 %
des ouvriers qualifiéset 32,6 %des ouvriers spécialisésdéclarent nelire
«aucun livre» tandis que14,4 %delapremière catégorie et 14,9 %dela
deuxième déclarent lire«beaucoup de livres».
Ainsi, audébutdesannées quatre-vingts,70 %des ouvriers lisent maisavec
uneintensitévariable :unemajorité appartiendraitàla catégorie des
«faibles lecteurs»,uneminorité(pourautant non négligeable)aux «forts
lecteurs» selon le critère du nombre delivres lus.Des typesdelecturese
profilentaussi: dans lesannées soixante comme dans lesannées
quatrevingts,lalecture des journauxest quotidiennepour lamoitié des ouvriers.
Endeuxièmeposition,seplacelalecture des magazines quiamême
progressé entrelesannées soixante et lesannées quatre-vingt.À ces
magazines s’ajoute«la lecture des textes imagés, textes d’images»,
c’est-àdirelescatalogues, dépliants,noticesdemontage, brochuresd’information.
Enfin, en tête des lecturesdelivres,les romans occupent lapremièreplace :
policierset romansd’espionnagepour les hommes,romans «roses» pour
lesfemmes,romans historiquesaussi mais peudelittérature classique
1
(moinsde10 %) .
Des ouvriers lisentet, au risque deserépéter, faut-il s’enétonner ?La
démocratisationculturellen’est-ellepasen marche?Lemondeouvrier,qui
constitueune fraction importante delasociété française,serait-il totalement
excludelaprogressiondes pratiquesdelecture devenuesdes pratiques
2
culturellesdemasse?Ne bénéficierait-il pasdelarévolutionculturelle du
temps libre etdel’entrée dans lasociété de consommation ?
e
Eneffet,le XXsiècle est un siècle demutationsculturelles sans précédent
symbolisépar l’enracinementdela culture demasse, c’est-à-direla
3
massificationdes productions, des vecteursetdes pratiques .Décriéepar les
élites intellectuellesà cause del’uniformisationculturellequ’ellepr

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