Les figures de l inégalité et le renouveau des luttes sociales
164 pages
Français

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Les figures de l'inégalité et le renouveau des luttes sociales , livre ebook

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Français

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Description

L'Afrique subsaharienne connait actuellement un regain des luttes sociales. Mais la critique sociale, portée par ces mouvements sociaux, est encore faiblement élaborée dans le champ intellectuel. A partir des exemples du Bénin, du Gabon, de la RDC et du Sénégal, ce numéro voudrait contribuer à cette réflexion en répondant aux questions suivantes : qu'est-ce qui explique ce réveil des luttes sociales ? Quels en sont les enjeux ? Quelles formes prennent-elles ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2015
Nombre de lectures 14
EAN13 9782336382548
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
REVUE GABONAISE
DE SOCIOLOGIE





N° 8




Les figures de l’inégalité et le renouveau
des luttes sociales











CRES/L’Harmattan
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73265-7
Personnages
Revue Gabonaise de Sociologie

Une publication du
Centre de Recherches et d’Etudes Sociologiques
(Université de Libreville - Gabon)

Comité de Direction
Jean-Ferdinand MBAH
Achille DEJEAN
Claudine-Augée ANGOUE

Rédacteur en Chef
Jean-Ferdinand MBAH

Rédaction
Placide ONDO
Mathurin OVONO EBE
Maixent MEBIAME ZOMO

Comité scientifique
Jean-Copans (Paris V)
Achille DEJEAN (Université de Libreville)
Caroline JUILLARD (Paris V)
Abel KOUVOUAMA (Pau)
Jean-Ferdinand MBAH (Université de Libreville)
André MARY (EHESS Marseille)
Nicolas METEGUE N’NAH (Université de Libreville)
Francis NYAMNJOH (CODESRIA)
Jean Bernard OUEDRAOGO (CODESRIA)

Rédaction
CRES, Université de Libreville
B.P. 17055 Libreville – Gabon
Tel. (00 241) 06 70 40 83
e-mail : regasocres@yahoo.fr
Sommaire Couverture 4e de couverture Titre Copyright Personnages Sommaire Dossier Présentation – La lutte sociale et son renouveau La grève des enseignants de l’Education Nationale : de la classe à la lutte des classes Le M 23 au Sénégal : décryptage d’un mouvement qui a voulu « changer le monde sans prendre le pouvoir » Conflits autour de "l’or blanc" et manifestation de la puissance politique des cotonculteurs à Banikoara Le renouveau de la contestation sociale et la lutte contre la production de l’indignité au Gabon Recherches La marginalisation sociale urbaine à Lubumbashi : une contestation de l’ordre économique dominant Résumés Dossier Recherches Numéros GABON AUX ÉDITIONS L’HARMATTAN Adresse
Dossier
Présentation La lutte sociale et son renouveau
Placide ONDO
CRES/Université de Libreville
D epuis le milieu des années 2000, l’Afrique subsaharienne connait un regain des luttes sociales et politiques, des luttes qui ont pris un tournant décisif avec la crise mondiale dont les répercussions sur le plan national sont le coût élevé de la vie et les politiques d’austérité. Cette crise, qui s’est exportée en Afrique par le « printemps arabe » 1 , a inspiré ou alimenté les velléités contestataires en Afrique subsaharienne. La naissance de certains mouvements sociaux et le réveil d’autres, ont fortement secoué de nombreux Etats. Dans certains cas, les mouvements sociaux ont conduit au changement politique (Mali, Centrafrique, Burkina Faso, Sénégal). Dans d’autres cas, la contestation est présente mais avec une issue encore incertaine (Togo, RDC, Cameroun, Gabon).
Mais pourquoi cette région de l’Afrique est-elle un terreau de la contestation sociale ? La réponse à cette question n’est pas aisée, car la critique produite par les mouvements sociaux est faiblement élaborée dans le champ intellectuel. On peut reprendre ici le constat de Ndongo Samba Sylla sur le cas de l’Afrique de l’Ouest : « Alors que la littérature sur les mouvements sociaux s’étoffe un peu partout, surtout depuis le passage du « printemps arabe », ce n’est pas encore le cas en Afrique de l’Ouest, où l’entrée « mouvement social » tarde à s’imposer comme prisme analytique permettant d’éclairer les dynamismes sociopolitiques » 2
Ce numéro de la revue gabonaise de sociologie voudrait contribuer à cette réflexion en essayant de répondre à deux questions principales : comment comprendre et expliquer le réveil des luttes sociales en Afrique ? Quelles formes prennent-elles et quels en sont les enjeux ?
Les mouvements de revendication démocratique et les contestations post-électorales
Vers la fin de la colonisation et au début des années 1960, la lutte sociale en Afrique subsaharienne est incarnée par les mouvements syndicaux 3 . Mais dans la période qui s’étend de 1960 à 1980, le syndicalisme, dans la plupart des pays francophones, se montre très atone car les organisations syndicales sont liées aux régimes autoritaires. De ce fait, les mouvements syndicaux ont perdu leur légitimité historique 4 acquise au prix de luttes anticoloniales et revendicatrices des indépendances.
A la fin des années 1980, les nombreuses inégalités accumulées mais étouffées par l’autoritarisme des régimes politiques et l’inféodation des organisations syndicales, s’expriment par des mouvements de contestation libérés par le discours de François Mitterrand à la Baule et la fin de la guerre froide symbolisée par la chute du mur de Berlin. Ces mouvements sociaux (fin des années 1980-début des années 1990) ont imposé, dans la plupart des cas, l’instauration du multipartisme après la tenue des conférences nationales dont certaines, souveraines, ont conduit au changement de régime comme au Bénin, et d’autres, non souveraines comme celle du Gabon, ont décidé du multipartisme sans changement à la tête de l’Etat. Mais dans les deux cas, le multipartisme est perçu comme une seconde décolonisation : il est le moyen d’accès à l’alternance politique nécessaire pour lutter contre les inégalités accumulées pendant la période de monopartisme. Cette perception explique à la fois les fortes mobilisations pour la revendication de la démocratie au détriment des revendications sociales, et du surinvestissement du discours scientifique sur le processus démocratique en Afrique 5 . La lutte politique éclipse alors la lutte sociale.
Mais les premières élections pluralistes montrent vite qu’elles sont « un mécanisme de recyclage d’anciens partis uniques en hyper-dominants bénéficiant de surcroit de la légitimité conférée par le suffrage universel. » 6 Et les contestations post-électorales sont légion en prenant la forme d’injures 7 , de casses d’urnes, d’échanges de coups, de batailles rangées, etc. Cette « manifestation politique 8 » s’inscrit désormais dans l’action électorale comme « forme déviante de participation politique 9 » qui sous-tend la possibilité d’un désaccord et d’un refus de l’ordre établi.
La fraude électorale et sa dénonciation deviennent un principe de la concurrence politique garantissant paradoxalement l’acceptation mutuelle d’un système pluraliste. Ce principe apparait dans les années 1990 comme un rituel politique qui voudrait que la majorité au pouvoir remportât toujours les élections et que l’opposition dénonçât la fraude, de façon à obtenir un « consensus » qui se traduit par la formation des gouvernements d’ « union nationale », de la « démocratie », de « large consensus », etc., qui légitiment l’entrée de l’opposition au pouvoir. Du coup, la fraude électorale et sa contestation deviennent à la fois des éléments constitutifs du marché politique 10 et une source de légitimation dont l’opposition et la majorité semblent s’accommoder en hypothéquant l’alternance politique dans un proche avenir et en compromettant la lutte contre les inégalités sociales que les masses populaires avaient subordonnée à la lutte pour l’alternance démocratique.
La désillusion démocratique et la (re) mobilisation de la société civile
Cette désillusion démocratique 11 a provoqué chez les masses populaires une désaffection à l’égard des politiques, mieux elle a produit une « forme d’abstention active 12 » qui s’enracine dans la révolte contre une double impuissance : impuissance vis-à-vis de la politique et de toutes les actions sérielles qu’elle propose ; impuissance devant les appareils politiques. Cet « apolitisme », comme contestation du monopole de la lutte sociale et politique par le personnel politique, va provoquer, pour reprendre l’expression de Christophe Aguiton et Daniel Bensaïd le « renouveau des mouvements sociaux 13 » qui se traduit par :

• la recomposition du mouvement social. La disparition progressive des partis uniques à partir du début des années 1990 a entrainé le retour au pluralisme syndical et permis à l’action syndicale de s’émanciper du pouvoir politique. Mais cett

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