Lima, labyrinthe urbain
282 pages
Français

Lima, labyrinthe urbain , livre ebook

-

282 pages
Français

Description

Comment vit-on dans un bidonville de Lima ? Comment devenir soi-même quand se mêlent précarité et préjugés racistes, quand l'accès au confort et à la "modernité" exige de rompre avec un héritage familial souvent ancré dans les traditions andines ? Les interrogations de chacun rejoignent les grands défis auxquels fait face le Pérou, entre progrès et recherche identitaire. Voici une analyse très fine du mal-être péruvien, mais aussi des attentes de la population.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 46
EAN13 9782296512320
Langue Français
Poids de l'ouvrage 43 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Émilie Doré LIMA, LABYRINTHE URBAIN Quête de modernité et désarroi identitaire dans un quartier populaire Préface d’Yvon Le Bot
RECHERCHES A M É R I Q U E S LATINES
LIMA, LABYRINTHE URBAIN
Recherches Amériques latines Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin
La collectionRecherches Amériques latinespublie des travaux de recherche de toutes disciplines scientifiques sur cet espace qui s’étend du Mexique et des Caraïbes à l’Argentine et au Chili.
Dernières parutions
e Enrique PILCO PAZ,Musiciens, religion et société dans les Andes auXXsiècle (Pérou), 2012. e e Margot ANDRADE,La Colombie et la France. Relations culturelles XIX -XX siècles, 2012. Christophe BELAUBRE,Élus de Dieu et élus du monde dans le royaume du Guatemala (1753-1808). L’Église, les familles de pouvoir et les réformateurs bourbons, 2012.Morgan DONOT et Michele PORDEUS RIBEIRO (dir.),Discours politiques en Amérique latine. Représentations et imaginaires, 2012.María Fernanda GONZÁLEZ,Hugo Chávez et Álvaro Uribe ou La force des mots, 2012. Sophie DAVIAUD (dir.),Amérique latine : De la violence politique à la défense des droits de l’homme, 2012. Sébastien JAHAN (dir.),Les violences génocidaires au Guatemala, une histoire en perspective,2012. Marie-Claire ALEXANDRINE-SINAPAH,Itinéraire d’un esclave poète à Cuba. Juan Francisco Manzano (1797-1854), entre littérature et histoire, 2012.e Fabrice PARISOT (éd.),siècleAlejo Carpentier à l’aube du XXI , 2012. Karim BENMILOUD, Alba LARA-ALENGRIN, Laurent AUBAGUE, Jean FRANCO et Paola DOMINGO,Le Mexique. De l’indépendance à la révolution. 1810-1910, 2011. Carine CHAVAROCHETTE,Frontières et identités en terres mayas. Mexique-e e Guatemala (XIX -XXI siècles), 2011. Christian Edward Cyril LYNCH,Brésil. De la monarchie à l’oligarchie, 2011.
ÉMILIE DORÉ
LIMA, LABYRINTHE URBAIN QUÊTE DE MODERNITÉ ET DÉSARROI IDENTITAIRE DANS UN QUARTIER POPULAIRE
Préface d’Yvon Le Bot
L’Harmattan
Crédits photographiques : ©Dante Díaz Di Rosa
© L’HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99813-1 EAN : 9782296998131
Préface
Émilie Doré revisite les questions relatives à la marginalité urbaine et aux quartiers populaires, souvent étudiées en Amérique latine dans les années 1950-1980 mais plutôt délaissées depuis, notamment par les latino-américanistes français, hormis quelques notables exceptions. Elle l’a fait de manière courageuse, en s’immergeant durablement dans un milieu difficile. Tous ceux qui ont visité les banlieues tentaculaires de Lima ont éprouvé ce sentiment de désolation et de déréliction qu’exprime Émilie Doré. Elle a su le dépasser, établir des rapports féconds avec la population, notamment les jeunes adultes, et mettre en lumière la richesse et la complexité des expériences personnelles et sociales dans ce qui est pourtant l’un des quartiers les plus stigmatisés : Huaycán, tout le contraire de Villa El Salvador, tant célébrée. Elle en propose une étude minutieuse et approfondie, compréhensive, résolument sociologique. L’analyse, très fine, se tient au plus près du vécu des enquêtés tout en faisant un usage approprié des catégories, des théories et des auteurs. Émilie Doré maîtrise parfaitement la littérature sociologique sur le sujet. Elle en fait un usage modéré et pertinent, sans recours superflu aux textes qui ne sont pas susceptibles de nourrir son argumentation et sa réflexion. De la même façon, son implication personnelle demeure discrète, manifestée dans des annotations qui se fondent dans le texte. L’ouvrage donne à voir les glissements de catégories, de théories – voire les glissements de « terrains » – survenus depuis quelques décennies dans le traitement de la marginalité urbaine dans les sociétés latino-américaines, notamment la société péruvienne : - desbarriadas auxpueblos jóvenesaux et asentamientos humanos, désignations successives et parfois simultanées des quartiers populaires urbains périphériques au Pérou. - des débats sur la marginalité à la thèse du capitalisme populaire informel (Hernando de Soto). - de la culture de la pauvreté (Oscar Lewis) à une version radicale de la théorie de la dépendance (Aníbal Quijano), à la thèse du « débordement populaire » (José Matos Mar), à celle du mouvement populaire (Martin Tanaka) ou à la logique de l’anti-mouvement social (Sentier Lumineux), puis à l’effacement de ces débats et de ces approches. Émilie Doré réexamine, et resitue à la lumière des rapports sociaux actuels, les théories de la culture de la pauvreté, de la dépendance externe et des clivages internes des sociétés latino-américaines, ainsi que celle de l’économie informelle. Elle montre notamment que les interprétations en termes
7
d’organisations et de logiques politiques ne peuvent pas rendre compte des représentations et des conduites des jeunes adultes de Huaycán, depuis que le conflit entre le pouvoir et Sentier Lumineux, dont ce quartier fut une base clé, y a détruit les ressorts de l’action collective. Faisant le constat que nous sommes orphelins des grands paradigmes, l’auteure entreprend de reconstruire non une sociologie en termes structurels du phénomène migratoire, de la mobilité sociale, de la marginalité, de l’informalité ou de la précarité, mais une sociologie de l’expérience des personnes qui ont immigré ou sont nées dans ces quartiers, des rapports qu’elles entretiennent entre elles, avec leur environnement immédiat, avec le reste de l’agglomération et la société nationale – ainsi que, éventuellement et à un moindre degré, avec des réseaux et des flux transnationaux et globaux. Émilie Doré ne s’enferme pas dans un point de vue ethnographique ou microsociologique. Elle prend à bras le corps des questions générales essentielles, certaines revisitées à nouveaux frais, d’autres analysées sous des angles novateurs : la pauvreté, la fragmentation sociale verticale, la domination et le racisme, l’impossibilité d’un mouvement social et les difficultés de la construction de soi. Dans le cas étudié, le processus de subjectivation semble consister essentiellement à renégocier les normes et les valeurs, à ne pas se laisser envahir par des logiques stratégiques, à se réserver des « espaces libres », des activités culturelles. Il se manifeste également dans la contestation de la domination, par l’humour, la colère ou les pratiques déviantes. Mais il n’y a pas ici de révolte, et donc pas de mouvement social ni de mouvement culturel. « Ces colères expriment plus que les motifs ponctuels qui les font naître ; mais elles ne permettent pas vraiment la verbalisation du malaise qu’elles révèlent », et elles débouchent encore moins sur des pratiques susceptibles de renverser la domination ordinaire. L’analyse du racisme et de la domination ordinaire dans la société péruvienne est sans doute l’un des aspects du livre les plus réussis. L’auteure montre qu’il s’agit d’un phénomène complexe, fait de l’enchevêtrement de la racialisation biologique classique et d’un racisme culturel plus « moderne ». Un racisme insidieux, qui ne dit pas son nom, qui imprègne l’ensemble du tissu social, corrode les rapports sociaux et l’estime de soi, empêche le renversement du stigmate et l’action collective. Le problème à Huaycán c’est qu’on est toujours sous le regard de l’autre, jamais entièrement soi-même. Cette dernière observation fait écho à ce que Hugues Lagrange a constaté dans un contexte très différent, chez les jeunes immigrés ou descendants d’immigrés de certaines « cités » de la région parisienne. Le livre d’Émilie Doré n’est d’ailleurs pas sans évoquer une lignée d’études françaises sur les jeunes des « quartiers sensibles », illustrée notamment parLes Barjotsde Jean Monod,La Galèrede François Dubet et, récemment,Ghetto urbainde Didier Lapeyronnie.
8
Ainsi, cette analyse magistrale du mal-être péruvien à travers l’étude d’un quartier périphérique de Lima, en même temps qu’elle redonne vie et renouvelle l’étude des marginaux urbains en Amérique latine, devrait contribuer à nouer un dialogue avec les recherches sur le même thème dans les sociétés du centre aujourd’hui. Paris, le 18 février 2011 Yvon Le Bot Directeur de recherche émérite au CNRS Centre d'analyse et d'intervention sociologiques (CADIS) École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents