M.N.ROY (1887-1954)
188 pages
Français

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Description

Peu connu de nos jours, M.N Roy fut avec Gandhi, l'homme politique le plus remarquable de l'Inde. Il prépara la révolution indienne de 1915. Il devint une des grandes personnalités de l'Internationale. Ayant dépassé le communisme, il anticipa l'altermondialisme. Il défendit contre Lénine le concept de l'asiocentrisme qu'il opposait à l'eurocentrisme de nombre de communistes. Engagé dans les révolutions mexicaines, allemandes, russes, chinoises, indiennes, humaniste intègre et anti-stalinien, sa vie et sa pensée retrouvent au XXIème siècle et au coeur de la mondialisation une surprenante actualité.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 74
EAN13 9782296960404
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

M.N. ROY, 1887-1954, UN REVOLUTIONNAIRE INDIEN ET LA QUESTION DE L’UNIVERSEL
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006 ISBN : 978-2-296-02519-6 EAN : 9782296025196
Michel NAUMANN M.N. ROY (1887-1954) UN REVOLUTIONNAIRE INDIEN ET LA QUESTION DE L’UNIVERSEL  Le chat et les vaches sacréesL’Harmattan 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris FRANCE Espace L’Harmattan Kinshasa L’Harmattan Italia L’Harmattan Burkina Faso L'Harmattan Hongrie Fac..des Sc. Sociales, Pol. et Via Degli Artisti, 15 1200 logements villa 96 Könyvesbolt Adm. ; BP243, KIN XI 10124 Torino 12B2260 Kossuth L. u. 14-16 Université de Kinshasa – RDC ITALIE Ouagadougou 12 1053 Budapest
Mémoires Asiatiques Collection dirigée par Philippe Delalande Déjà parus Claude GILLES,Le Cambodge. Témoignages d’hier à aujourd’hui, 2006. Maly CHHUOR,Le serment, 2005. e Stéphane FERRERO,Formose vu par un marin français du XIX siècle, 2005.
À Francis et à Martine À Patrick
INTRODUCTION La aurora llega y nadie la recibe en la boca (Lorca)  Le nom de M.N. Roy fit trembler le plus vaste empire de l’histoire, pourtant il n’était guère qu’une signature au bas d’articles écrits à Moscou et postés à Berlin. Sa célébrité est très modeste car l’Internationale et les communistes staliniens tentèrent d’effacer son nom de l’histoire. En outre M.N. Roy fut exactement tout le contraire d’un homme politique indien traditionnel : athée, rationaliste, peu enclin à l’extase devant la civilisation de son pays, internationaliste convaincu, dépourvu d’une once de chauvinisme, éloigné des communalismes ethniques ou confessionnels, il fut aussi peu anglophile qu’anglophobe et il épousa deux étrangères. Il est plutôt connu comme un paradoxe et à cet égard il mérite plus d’études qu’il n’en a jusqu’à présent suscitées. Né dans la plus haute caste, il épousa la cause des plus pauvres. Enfant à la recherche d’un gourou, il comprit pourtant la dimension politique de l’existence. Révolutionnaire nationaliste, il devint un farouche internationaliste. Travailleur social dans l’Inde des famines, il se lança brusquement dans les sociétés secrètes du Bengale. Terroriste,dacoitengagé dans divers coups de main, il se convertit à l’action de masse. Né dans la communauté hindoue, il composa un éloge somptueux de l’islam médiéval. Alors que la caste sacerdotale qui était la sienne, retenue par un vieil interdit, ne pouvait affronter la mer, il fit le tour du monde. Il enflamma les
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campus nord-américains et expliqua au président Wilson que l’Allemagne en guerre contre l’empire anglais remplissait la mission qui fut celle de La Fayette pour les Etats-Unis. Il fonda le Parti socialiste mexicain et impulsa sa transformation en Parti communiste. Devenu marxiste, il rompit des lances avec Lénine qui lui reprochait son asiocentrisme. Au nom de l’autogestion et de la démocratie des conseils dont il avait vu les derniers feux en Allemagne, il soutint Boukharine et affronta Staline. Il tenta de faire de quelques intégristes religieux l’avant garde de l’armée de libération des Indes. Il fonda le Parti Communiste Indien qui s’acharne encore à nier ses liens avec ce brahmin devenu un paria. Marxiste créatif, il approuva la ligne révolutionnaire qu’esquissait Mao Tse Toung mais que le futur grand timonier ne voulut pas mener à terme. Rejeté par l’Internationale dont il était pourtant un des plus brillants agents, sauvé par Boukharine, il anima l’opposition communiste anti-stalinienne en Allemagne et en Inde. Venu du Bengale, dépositaire d’une immense culture, il laissa une œuvre étincelante écrite en Bengali, en Anglais, en Espagnol, en Russe, en Allemand et en Français. Il défendit la cause des pays dont l’histoire coloniale voulait nier le rôle dans les sciences et l’économie-monde. Il écrivit une des analyses les plus lucides, précoces et profondes des dysfonctionnements en Russie du communisme bureaucratique. Il fut aimé par deux grandes militantes allemandes, révoltées, courageuses, brillantes, généreuses, nobles et belles. En relations épistolaires avec Einstein, il nuança le matérialisme de son temps. Il s’émancipa aussi des représentations (affectus) pour décrire la pensée plus intégrée et corporelle (affectio) du chat qu’il protégeait des détenus de droit commun et nourrissait de sa maigre pitance. Les sinistres prisons de l’impérialisme crurent le briser, mais il en sortit pour donner à son action un cours post-marxiste qui, loin d’être un renoncement, anticipait ce que nous appelons l’altermondialisme.  M.N. Roy a traversé l’histoire et ses passions sans s’y perdre. Avec une souplesse féline il a côtoyé la folie de son siècle sans tomber dans ses pièges. Il ne fut pas un saint, tout juste un homme qui sut conjuguer engagement et liberté pour ne jamais
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devenir un inquisiteur, un bureaucrate, un chef de guerre. Il eut une vie nomade, sans sédentarité possessive, mais non détachée car sa pensée, si elle ne relevait pas du pouvoir, restait animée par la puissance d’être (leconatusspinozien). Au contraire, nombre de militants se livrent aux délices des théories qui leur évitent de penser par eux-mêmes. Ils se vautrent dans le malheur des opprimés pour ne pas affronter la misère psychologique qui les ronge. Souvent, ils invoquent agressivement la résistance et la révolution comme autant de tâches qui leur procurent un droit de vivre qu’au plus profond ils se refusent. Ils deviennent des animaux de bât, selon Nietzsche, que leur charge justifie. Ces militants autistes tuent les révolutions dans l’œuf parce qu’ils sont incapables d’aimer la vie. Nul besoin d’attendre d’eux des solutions originales aux questions que pose l’histoire. M.N. Roy ne fut pas de ces hommes.  Le pouvoir relève d’un lieu exclusif - l’appareil pour les marxistes, l’individu détenteur de ses titres de propriété pour la pensée libérale - qui fonde la sédentarité sur la séparation. Mais le nomade au contraire compose sans exclusive aucune avec son environnement. Il reconnaît dans la totalité où il s’inscrit une dimension transcendante (le juste pour Roy, l’amour, l’inépuisable altérité des autres), un tiers objectivant qui le libère de sa possessivité. Dans la composition s’esquisse donc le rapport de la personne à l’autre par la médiation de la totalité. Ainsi libéré, le nomade est d’abord celui qui ressent la joie de découvrir l’autre et de s’ouvrir au monde dans la flamboyance d’un désir non possessif. L’asiocentrisme de Roy, par exemple, ne fut pas l’inversion de l’arrogant eurocentrisme colonial, mais la simple revendication du caractère partagé de l’histoire et du monde.  Une vie, une pensée à découvrir… pour cette totalité dont nous ne voulons surtout pas faire une globalisation et un clone de l’Occident, pour sauver notre Europe de cette tentation.
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