Mémoires d un Juif de Bagdad
244 pages
Français

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Mémoires d'un Juif de Bagdad , livre ebook

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Description

"Par où commencer ? Y a-t-il un premier souvenir ? Mon père me tient par la main pour m'aider à grimper quelques marches d'un escalier dans une ruine poussiéreuse de Babylone, mais je ne me souviens pas à quel moment j'ai réalisé que j'étais dans cette ville mythique". Ces souvenirs couvrent les 23 années que l'auteur a passées à Bagdad, depuis sa première enfance (il est né à Bagdad en 1929) jusqu'à son départ vers la France en septembre 1953. "Deux petites décennies qui auront suffi pour nous pousser dehors, et réduire à néant 2000 ans d'un passé glorieux".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 272
EAN13 9782296935617
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mémoires d’un Juif de Bagdad
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12401-1
EAN : 9782296124011

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Edmond Samuel


Mémoires d’un Juif de Bagdad

Derniers jours d’un exil


Préface du Rabbin Claude Sultan


L’Harmattan
A mes fils Arnaud et Jérôme,

et à mes petits-enfants

Julie, Jérémie, Louis et Adrien.
Préface du Rabbin Claude Sultan
L’histoire de la Babylonie appartient certes à l’histoire de l’humanité entière, mais tout particulièrement à l’histoire d’Israël et du judaïsme universel. S’il est, en effet, une civilisation, une nation, une histoire dont le nom et la mémoire soient associés de manière permanente et intime à la civilisation, à la nation et à l’histoire d’Israël, c’est, sans conteste, celle de la Babylonie. Il y a là un mystère qui n’a pas encore délivré son secret. Il nous faut pourtant nous rendre à l’évidence, même si des explications restent à être trouvées, que depuis la naissance de "l’idée" monothéiste révélée à l’Abraham originaire de l’"Aram-d’Entre Les Deux Fleuves", l’histoire de la Mésopotamie et sa civilisation ne cessent d’accompagner les grands moments fastes ou, au contraire, douloureux, de l’histoire des communautés juives qui vécurent entre le Tigre et l’Euphrate depuis bientôt quatre millénaires.
Babel, présente pour le peuple du Livre depuis déjà le livre de la Genèse, est célébrée pour être le berceau du monothéisme et de celui qui allait devenir" père d’une multitude de nations" (Gn, 17, 5) Son nom sera évoqué, pour la seule Bible hébraïque, plus de 300 fois du début de la Torah au livre des Chroniques en passant par presque tous les livres des grands prophètes bibliques.
C’est dans l’aire géographique mésopotamienne que se feront les déportations assyriennes qui précéderont et suivront la chute du royaume d’Israël, suivies elles-mêmes par les déportations babyloniennes qui annonceront la chute du Temple de Jérusalem et celle du Royaume de Juda. Mais c’est là aussi que Cyrus, roi de Perse, proclamera son fameux édit qui consacrera une fin d’exil et la reconnaissance d’une entité palestinienne juive.
C’est là que naîtront toutes les Taqanot (ordonnances) visionnaires d’Ezra le Scribe, " imaginant" ce que deviendra la vie religieuse de l’Après-Temple de Jérusalem et façonnant ainsi le vrai visage du Judaïsme de l’exil tel qu’il est vécu encore jusqu’à ce jour.
C’est dans ces contrées-là que va naître ce nouveau type d’homme appelé le" Sage d’Israël" qui, Dieu s’étant tu avec les dernières prophéties de Malachie, va prendre la relève de la direction spirituelle de la nation juive en Babylonie et en Palestine. C’est Hillel le Babylonien qui viendra fonder l’une des plus célèbres écoles d’interprétation de la Bible, et qui conduira, avec celle de son collègue Chammaï, à l’émergence, en particulier, du Talmud de Babylone, ce Talmud qui renferme et préserve le trésor de tout le savoir juif ; ce Talmud qui constitue tout l’héritage de la tradition orale du Judaïsme, de sa culture, de sa Loi, de sa foi, de son éthique, de sa philosophie, de sa théologie, de ses espérances. Tout cela est né dans ces contrées qui avaient nom : Soura, Poumbedita ou Neharde’a. Tout cela est évoqué quotidiennement, depuis plus de 15 siècles maintenant, par des milliers d’étudiants dans les académies talmudiques de par le monde.
C’est là aussi que naîtra le Caraïsme contestataire du discours rabbinique traditionnel ; là qu’évoluera le Rech Galouta (l’exilarque) entretenant l’autorité éternellement dévolue à la dynastie davidique.
C’est là que sera fixé l’essentiel de la Halakha retenue jusqu’à nos jours. De là partiront les premiers Responsa qui véhiculeront, dans tout le monde juif, les grandes décisions en matière juridique. C’est là que naîtra une grande partie du Midrach ; c’est là que verra le jour le Targùm de Babylone d’Onqelos ou celui attribué à Jonathan Ben Ouziel ; de là aussi que nous parviendront les littératures mystiques des Hekhalot ou encore ces études ésotériques fondatrices contenues dans le Sefer Yetsira ou le Chiour Qoma. Nous accompagnant dans toutes nos études talmudiques, ce seront les travaux des Savoraïm qui éclaireront pour nous la Gemara rédigée par les Amoraïm. C’est à Saadia Gaon, un des chefs les plus éminents du Judaïsme babylonien, que nous devons, avec le Tafsir, la première traduction paraphrasée du Pentateuque en langue arabe et le premier monument de la Pensée juive post-talmudique : " Emunot Ve De’ot" "Le livre des croyances et des opinions ". Lui succédera toute cette période du GAONAT qui contribuera définitivement à l’édifice de la littérature talmudique et de la codification de la Halakha. C’est encore de là que parviendront jusqu’aux communautés des Juifs d’Occident les premiers travaux de lexicographie et de grammaire de Dounach Ibn Labrat de Bagdad.
Lorsque, après la période du Gaonat, l’hégémonie intellectuelle et spirituelle du judaïsme babylonien cessera au profit de celle des communautés occidentales, l’influence du judaïsme babylonien restera décisive partout et toujours.
Il était important, pensons-nous, de rappeler, serait-ce de manière ô ! combien incomplète, l’immense apport du judaïsme babylonien pour comprendre l’importance de l’initiative d’Edmond Samuel s’attelant à raconter les " Derniers jours de l’exil babylonien ".
Le travail remarquable et conséquent d’Edmond Samuel et que nous devons saluer ici, nous permet de vivre, de l’intérieur, les derniers soubresauts qui ont secoué cette communauté et qui ont conduit au déclin puis à l’extinction annoncés de ces siècles cruciaux pour l’histoire du Judaïsme ; même si les lumières de la science babylonienne antique continuent à être entretenues, ailleurs, et surtout dans l’Israël naissant, par ces représentants de l’élite rabbinique séfarade qui en sont les héritiers et les dépositaires et qui sont, de nos jours encore, les grands décisionnaires en matière de Halakha ou les grands maîtres de la Cabale et de la littérature du Moussar (Ethique juive).
Ressenti comme une fin de vie, ce départ massif de la communauté juive irakienne, dans la deuxième moitié du dernier siècle, est raconté, avec, certainement, les accents des profonds regrets qui dévoraient le Psalmiste se " souvenant " dans une prophétie prémonitoire de : " Al naharot Babel… " (Ps, 137, 1) : " Sur les rives du fleuve de Babylone, là nous nous assîmes et nous pleurâmes au souvenir de Sion ! "
Nous tenons, dans ces " Mémoires d’un Juif de Bagdad ", un document important qui procède autant de l’histoire que de l’ethnographie, de l’anthropologie et de la sociologie. Nous y revivons, délicieusement racontée, la saga d’une famille-miroir, image d’une société juive de ce milieu du XXème siècle ; véritable histoire d’une " condition humaine " vécue par une famille qu’illustrent les personnalités, le pittoresque et les métamorphoses d’une société juive enjambant un pont qui relie une vie médiévale à celle d’une société moderne. Il y a là un art de raconter, de décrire et de reconstituer un " temps qui suspend son vol " délicieux. Tout est dit très simplement dans la délicate concision et le style dépouillé d’une réalité toute naturelle. Il y a du Scholem Aleikem croquant une tranche savoureuse de vie séfarade, où Tevié le laitier s’efface devant Mehdi le repasseur ou devant la petite-Bédouine-aux-boîtes-rondes-de-lait-caillé-empilées-sur-la-tête ou encore devant Ummi, grand-mère et dépeceur du nerf sciatique. Il y a là du Woody Allen s’amusant des travers de la société juive parlant judéo-arabe et qui feint s’étonn

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