NON JE N AI RIEN OUBLIE...
84 pages
Français

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NON JE N'AI RIEN OUBLIE... , livre ebook

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Description

De mes années 60, j'ai gardé un souvenir d'épopée, de tourbillon. Je me suis surprise à retrouver la voix de la petite fille que j'étais lors d'une époque pleine de heurts... de larmes... de rires. Des petites scènes retracent mes années folles, parfois douloureuses, entre une mère juive qui traversa le Front populaire, la guerre, le pétainisme, chercha le grand amour, et un père goy mélancolique, fervent admirateur de Jacques Brel ou de Jacques Anquetil. Quant à ma soeur, elle apprenait à danse la cha-cha-cha...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 51
EAN13 9782296806696
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Non, je n’ai rien oublié…
mes années 60
Graveurs de mémoire


Christine BELSŒUR, Une vie ouvrière. Un demi-siècle de parcours militant, 2011.
Jean-René LALANNE, Le canard à bascule, 2011.
Louis NISSE, L’homme qui arrêtait les trains, 2011.
Danièle CHINES, Leur guerre préférée, 2011
Jacques FRANCK, Achille, de Mantes à Sobibor, 2011.
Pierre DELESTRADE, La belle névrose , 2011.
Adbdenour Si Hadj MOHAND, Mémoires d’un enfant de la guerre. Kabylie (Algérie) : 1956-1962, 2011.
Émile MIHIÈRE, Tous les chemins ne mènent pas à Rome, 2011.
Jean-Claude SUSSFELD, De clap en clap, une vie de cinéma (Récit), 2010.
Claude CROCQ, Une jeunesse en Haute-Bretagne, 1932-1947, 2011.
Pierre MAILLOT, Des nouvelles du cimetière de Saint-Eugène, 2010.
Georges LE BRETON, Paroles de dialysé , 2010.
Sébastien FIGLIOLINI, La montagne en partage. De la Pierra Menta à l’Everest, 2010.
Jean PINCHON, Mémoires d’un paysan (1925-2009), 2010,
Freddy SARFATI, L’Entreprise autrement, 2010.
Claude ATON, Rue des colons, 2010
Jean-Pierre MILAN, Pilote dans l’aviation civile. Vol à voile et carrière , 2010.
Emile JALLEY, Un franc-comtois à Paris, Un berger du Jura devenu universitaire , 2010.
André HENNAERT, D’un combat à l’autre , 2010.
Pierre VINCHE, À la gauche du père , 2010,
Alain PIERRET, De la case africaine à la villa romaine. Un demi-siècle au service de l’État, 2010.
Vincent LESTREHAN, Un Breton dans la coloniale, les pleurs des filaos, 2010.
Hélène LEBOSSE-BOURREAU, Une femme et son défi, 2010.
Jacques DURIN, Nice la juive. Une ville française sous l’Occupation (1940-1942), 2010.
Béatrice Courraud


Non, je n’ai rien oublié…
mes années 60


Préface de George Pau-Langevin
Croquis : Anne Orsini de Lyée
Montage photos : Marianna Khalemskaia


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54705-6
EAN : 9782296547056

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
à Thaïs, André, Sylvie et Jacques


pour mes neveux et nièces
Bruno et Juliette,
Arina et Roman

pour Madeleine Morgenstern
Qu’est ce que je garde de Thaïs
aujourd’hui ?


Comment décrire ce souvenir vivace, mais en même temps qui s’éloigne, de mon amie Thaïs ? Si je devais la définir d’une phrase, ce serait l’élégance ou la distinction et le charme.
Je l’ai connue de la manière la plus banale qui soit puisqu’elle dactylographiait occasionnellement les textes de mon patron, l’avocat Marcel Manville. Ce dernier alliait à un courage intellectuel, voire physique, remarquable, une difficulté inégalée à s’organiser. Donc les militants, les sympathisants étaient invités à venir l’épauler ici ou là. Ensuite on était admis dans son cercle politique, familial, dans un contexte particulièrement chaleureux.
Thaïs regardait avec une sorte de sérénité, le bouillonnement de ses tirades plus engagées et révolutionnaires les unes que les autres, elle posait un regard qui me semblait amusé ou indulgent sur ses enthousiasmes. Je crois qu’elle était sincèrement progressiste mais trop nuancée pour croire vraiment au grand soir. Elle était cependant présente pour nous accompagner dans tous nos combats du moment. Longtemps après que Marcel Manville ait quitté le Barreau de Paris nous avons continué à entretenir des relations amicales.
Elle était toujours fort belle, soignée et vêtue avec goût et toujours fort agréable dans sa conversation. Seul élément qui détonnait, c’est qu’elle fumait sans cesse, n’a jamais pu s’en empêcher, quitte à avoir du mal à respirer et à souffrir d’une toux insistante.

Je pense qu’elle était consciente du risque encouru mais n’avait pas envie de consentir les efforts nécessaires pour arrêter.
La fêlure dans sa vie demeurait sa relation avec son ex mari envers qui elle avait gardé une forme d’amertume qui était sans doute, comme souvent, le contrepoint d’une grande histoire d’amour déçue. Elle estimait qu’il aurait pu l’aider davantage pour assurer à ses filles une vie plus aisée ou une éducation plus accomplie. Elle était plutôt fière de celles-ci et de ses petits enfants, qui étaient devenus, à travers ses récits, des sortes de cousins familiers. Elle a bien sûr connu mes propres enfants et participé à nombre d’événements comme baptêmes ou communions.
Elle n’évoquait guère, ce que j’ai appris ensuite, la guerre et les épreuves qu’elle avait connues. Je n’avais pas clairement conscience d’ailleurs dans nos discussions qu’elle revendiquait son identité juive. Il me semble qu’il y a vingt ans les amitiés étaient plus diffuses qu’aujourd’hui et la lutte politique commune davantage mise en avant que les identités particulières. Peut-être aussi, comme souvent, la pudeur incite à poser un voile de silence sur les souffrances.
Je suis heureuse qu’aujourd’hui ce beau personnage de femme se rappelle à notre affection grâce à sa fille Béatrice.

George PAU-LANGEVIN


Députée de Paris
Vice-présidente du groupe RSC
à l’Assemblée Nationale
Conseillère du 20ème
Avant-propos
Thaïs Jacobovitz et André Courraud naissent tous deux en 1920. Leur première rencontre date de décembre 1939. Ils tombent follement amoureux l’un de l’autre. Elle est juive d’origine polonaise par son père, lituanienne par sa mère. Ses parents ont fui la misère et les pogroms pour s’installer en France. Le père est ouvrier tailleur, la mère couturière à domicile. Ils auront deux enfants, Thaïs et Léon. Le père meurt de la tuberculose à l’âge de 24 ans. Thaïs quitte l’école après le Certificat d’Etudes et apprend la sténo-dactylo. A 16 ans, employée dans les Grands Magasins, elle participe aux grèves de 1936.
André, lui, est goy {1} . Son père est conseiller financier. Une mère étouffante, un père souvent absent et peu affectueux. Thaïs a toujours rêvé de faire un grand mariage, elle raffole de luxe, elle cherche l’élégance, le raffinement. En aimant André, elle s’éloigne de son milieu d’origine et espère s’élever dans l’échelle sociale.
Ils se marient le 22 janvier 1942. C’est la guerre, c’est l’Occupation. Thaïs ne portera jamais l’étoile jaune. Elle a l’insouciance de la jeunesse, circule à bicyclette en plein couvre-feu, échappe aux rafles et aux arrestations, parfois de justesse. La guerre les sépare.
En 1943, André part en Allemagne dans le cadre du STO – Service du Travail Obligatoire – André et Thaïs s’écrivent tous les jours. C’est une correspondance passionnée, des lettres pleines d’espoir, mais aussi de leurs humeurs chagrines, leurs tourments, leurs doutes. Cette longue séparation d’une année portera un coup fatal à leur amour.
Ils se retrouvent à la Libération, ont peine à se reconnaître. Ils tentent de renouer les liens, font des enfants, Sylvie et Béatrice, avant de se séparer définitivement.
Thaïs continuera à rêver du grand amour, pensera trouver l’homme de sa vie en la personne de Jacques, ouvrier serrurier, vivra d’autres passions, mais elle ne rencontrera pas le prince charmant. Elle côtoiera ensuite un milieu culturel et artistique plus fait à sa mesure, en particulier le théâtre et le cinéma, se passionnera pour des causes politiques – la guerre d’Algérie – travaillera pour la télévision et le cinéma comme secrétaire de production. Elle reviendra ensuite à ses racines, le judaïsme, dans son aspect culturel plutôt que religieux, et à sa langue d’origine : le yiddish.
Après bien des tribulations, un troisième mariage et un troisième enfant, André retrouvera, vers l’âge de 40 ans, son âme de poète, son âme de vingt ans.
André est décédé en 1983, à l’âge de 63 ans, Thaïs en 2000, à l’âge de 80 ans.

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