Orangier
147 pages
Français

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Orangier , livre ebook

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Description

Enfant condamné dès la naissance à lutter, l'auteur a dû apprendre à se battre pour que la mort ne le rattrape pas, la maladie s'imposant à lui comme partenaire. Il fut dès lors contraint à l'affronter, à l'apprivoiser, et à grandir, dans la différence. Cependant, la vie d'un enfant à l'hôpital n'est pas uniquement jalonnée de souffrances, de drames et de pleurs. Il y a aussi les jeux et les visites... Tout cela forme les souvenirs de l'auteur qui nous montre à quel point une enfance peut être comme une orange : à la fois douce et amère.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juin 2005
Nombre de lectures 270
EAN13 9782336269900
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan. 2005
9782747585729
EAN : 9782747585729
Orangier

Jean-Marc Miquet
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Remerciements Préface - 30 janvier 1969 HALLOPEAU « L’URETEROSTOMIE CUTANEE BILATERALE» LA MATINEE ORANGER LES EPINARDS LE BOX LES DEVOIRS ELU « COPAIN » LA CONSULTATION MA VIE D’ARTISTE MON SECRET TRANSFERT AU PAVILLON DE MEDECINE LA TELEVISION LE LUXE « TRANSPIRE ET TU SORTIRAS ! » COURAGEUX ? CHARLEY ET LES CACAHUETES LE BLOC PREMIER LEVER LES FILS LA BATAILLE LES CARRES DE LAINE ADIEU CHARLES LA DOULEUR LA GAFFE « MEN P’TIT JESUS » LE RUGBY LES VACANCES INFERNALES L’OCCLUSION Rue des Ecoles à l’Harmattan
Remerciements
Un grand merci à mon père qui a accepté ce retour dans le passé. Sa correction du manuscrit est restée libre et efficace.
Un grand merci à tous ceux qui m’ont lu et encouragé : Catherine, Paul, François et Cathy.
Une pensée particulière à mes amis de Provence : Lucien et Jeannine, Seb et Béa. Je sais que je ne vais pas assez souvent les voir au Repaire à Vernègues.
Merci à Philippe qui a écrit la présentation de l’auteur avec générosité
Félicitation à Dipi qui a réalisé la couverture. Nul doute qu’un bel avenir lui est promis dans la bande dessinée.
Merci à tous ceux qui pensent que ma plume vaut le coup d’être lue.
Préface
30 janvier 1969
L’histoire commence neuf mois plus tôt. Vers la fin d’une époque somme toute peu lointaine dans le temps mais radicalement différente où les moyens de surveillance et d’investigation ne permettaient pas de savoir grand-chose, ni le sexe ni les anomalies graves ou moins graves, transmissibles ou non.
En octobre, après les fameux événements de mai 1968, pour calmer les revendications, des postes avaient été créés à l’Université de Nanterre. J’y avais un ami, qui me prévint. Nous habitions Boulogne, installés depuis peu, depuis mai 1966, dans l’appartement qui est encore le nôtre aujourd’hui. Aller assurer mes cours en milieu de semaine à Reims, où j’avais vu mes premiers élèves au lycée Clémenceau, puis fait mes premiers pas dans l’enseignement supérieur, dans ce qui n’était encore qu’une annexe de l’Université de Nancy : au collège littéraire universitaire, derrière la cathédrale, rue d’Anjou, ne me déplaisait pas. Mais depuis que je savais Colette à nouveau enceinte, une angoisse sourde accompagnait toutes mes heures. Certes la naissance de Sylvie s’était très bien passée. Certes les médecins répétaient tous unanimement (le pensaient-ils vraiment ?) qu’il fallait oublier le premier accident, qu’il ne se répéterait pas. Pourtant j’avais peur. Plus que Colette sans doute que cette nouvelle grossesse rendait rayonnante et qui acceptait avec beaucoup de détermination les maux divers qu’elle entraînait. Rentrer dans la région parisienne, c’était supprimer les déplacements, être sur place. Je donnais mon accord pour une candidature. Elle fut retenue et depuis la rentrée, j’enseignais à Nanterre.
On sait la fragilité des témoignages. Ce qui suit est peut-être truffé d’erreurs de détails ou plus importantes que Colette pourrait sans doute rectifier. Mais je n’ai pas le cœur à l’interroger là-dessus. D’ailleurs elles ne tirent pas à conséquence. Seule compte ici la vérité psychologique, qui, elle, est garantie.
C’est peu avant la fin d’une première série de cours que je suis appelé au Secrétariat. La maternité. -« Monsieur Miquet ? On vous passe Madame Miquet » -« Oui, c’est moi. C’est un garçon. C’est un peu comme Alain... »
C’est à partir d’ici que les erreurs de détail peuvent se multiplier. Je ne me souviens pas du reste de la conversation. Pas même si elle a été brève ou longue. Je sais que je suis retourné auprès de mes étudiants, que j’ai terminé mon cours dans un état second. Puis, j’ai affiché une note avertissant, sans indiquer de raison — je ne voulais ni inventer ni exposer mes problèmes — que je n’assurerai pas mes cours du soir.
Direction rue Giordano Bruno, dans le quatorzième arrondissement, à travers les chantiers de la Défense, alors effrayants de complexité, des dédales cauchemardesques. Rétrécissements, détournements, feux alternés... J’évite de peu plusieurs accidents de tôle. Une seule idée, une obsession pendant tout le trajet. Sans doute me permet-elle de ne pas penser provisoirement à autre chose. Surtout pas d’accrochage... surtout pas d’accrochage... Une peur panique de toutes les démarches à effectuer auprès de l’assurance, auprès du garagiste, de la perte de temps et de l’indisponibilité qui s’ensuit.
Crise de nerfs devant le spectacle de la rue Giordano Bruno : progression de quelques mètres, arrêt, quelques mètres, arrêt. Les miracles existent : une place de stationnement se libère à quelques encablures de l’entrée de la maternité.
Je ne sais plus si le nouveau-né était à côté de sa mère. Ou si une infirmière ou une sage-femme l’a apporté pour me le montrer avant de l’emporter à nouveau.
Il ne fallait pas nous laisser nous habituer à lui car la décision était déjà prise, les démarches déjà engagées : il irait à Hérold. Je ne l’ai vu que cette seule fois dans ses beaux habits tricotés avec amour pendant l’attente de son arrivée.
Par la suite, pendant plusieurs années, nous ne le verrons plus que derrière des barreaux ou une baie vitrée, dans des langes d’hôpital ou de pouponnière. Je me souviens d’un cri puissant, le cri de quelqu’un décidé à se battre, à vivre. Plus tard, une collègue de Lille, dont le frère était chirurgien, chef de service dans une maternité du Pas-de-Calais, m’a raconté que, appliquant des protocoles d’intervention officiels dans sa profession ou s’en tenant à une pratique largement répandue parmi ses pairs, son frère, lorsqu’apparaissait une pathologie très lourde — et tous ceux qui l’entouraient : sages-femmes, infirmiers participaient en connaissance de cause à cette opération — ils laissaient le nouveau-né seul, abandonné sans soins sur la paillasse, au motif qu’il fallait s’occuper de la mère en danger. Pendant un certain temps, qui ne se comptait pas sans doute en minutes.
Le nouveau-né ne mourait pratiquement jamais. Alors, puisqu’il voulait vivre, on faisait ce qu’il fallait, et tout ce qu’on savait faire. Je ne sais pas si cette procédure a été appliquée à Jean-Marc.
Il est probable, presque certain, que dans la maternité catholique où il est né (Notre-Dame de Bonsecours), était soigné immédiatement tout ce qui pouvait l’être.
Par ailleurs, il était évident pour moi que si Jean-Marc avait été soumis au test de la paillasse, qui par certains côtés ressemble à s’y méprendre à ce qui existait dans l’antiquité gréco-romaine sous le nom d’ «exposition », il aurait survécu. La suite ne le prouve-t-elle pas ?
Claude Miquet
C’est un cri de douleur que je pousse à la naissance. Ballotté de mains en mains, je ne souhaite qu’une seule chose, me blottir dans les bras de ma mère. Je recherche le sourire d’un visage qui serait celui de mon père. Je dois me contenter de regards inquiets et de mains sûres et fermes qui établissent des gestes méthodiques.
A la place de ces bras tendres que j’espérais, je dois me contenter d’un univers sans âmes et sans paroles, dans des draps sans couleurs occupés par d’autres nourrissons avant moi. Pas de petite chambre avec des nounours, des canards et des poussins sur les murs, mais une grande pièce blanche.
Une petite caresse d’un doigt sur une joue, un petit mot doux et puis bonsoir. Dans la nuit qui aurait dû être calme et paisible, des cris de souffrance raisonnent dans la salle. Ce sont les miens ou ceux des autres.
A chaque fois, les visages différents qui se posent sur moi m’empêchent de reconnaître ceux de mon Papa et de ma Maman. Ce n’est qu’une sonde rigide et traumatisante qui me nourrit. A mon poignet, une aiguille me pique en permanence. C’est sans doute pour moi le prix à payer pour vivre !
Transféré à l’hôpital Hérold, puis, dans une pouponnière de Nogent sur Marne, ainsi commence ma vie, « d’enfant malade ».
HALLOPEAU
Hallopeau ! Nom d’un dermatologue du 18 e siècle, ce fut pour moi le nom de la salle commune où je fus hospitalisé jusqu’en 1976.
Elle se trouve au premier étage d’un vieux bâtiment de l’hôpital Trousseau dans le 12 e arrondissement de Paris. Nous y montons grâce à un large escalier en colimaçon, qui enlace un vieil ascenseur coincé entre quatre grilles. Maman me tient la main fermement, comme pour me rassurer. Nous ouvrons de larges portes, nous y sommes ! Une grande salle bruy

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