Servir

Frédéric Mollé

Description

Autour du verbe "servir" ce sont autant de postures singulières qui sont déclinées, depuis servir l'Etat, la patrie, la science, une clientèle, etc., que des situations aussi complexes qu'ambiguës intrinsèques à la relation de service. Entre servir les autres pour mieux se servir soi-même, servir sans être asservi ou servir sans trahir, des chercheurs interrogent les rivalités d'intérêts, les conflits de valeurs, et les stratégies.

Sujets

• Sociologie, société et politique
• Sociologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 novembre 2011
• Nombre de lectures: 49
• EAN13: 9782296472600
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Servir










Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot

En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si
la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend
favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à
promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une
expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes
sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique,
voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels
classiques.

Dernières parutions

Bernard FORMOSO, L’identité reconsidérée. Des mécanismes de base de
l’identité à ses formes d’expression les plus actuelles, 2011.
Isabelle LOIODICE, Philippe PLAS, Núria RAJADELL PUIGGROS
(sous la dir.de), Université et formation tout au long de la vie, Un
partenariat européen de mobilité sur les thèmes de l’éducation des
adultes, 2011.
Maxime QUIJOUX, Flaviene LANNA, Raúl MATTA, Julien
REBOTIER et Gildas DE SECHELLES (sous la dir. de), Cultures et
inégalités. Enquête sur les dimensions culturelles des rapports sociaux,
2011.
Nathalie GUIMARD et Juliette PETIT-GATS, Le contrat jeune majeur. Un
temps négocié, 2011.
Christiana CONSTANTOPOULOU (sous la dir. de), Récits et fictions dans
la société contemporaine, 2011.
Raphaële VANCON, Enseigner la musique : un défi, 2011.
Fred DERVIN, Les identités des couples interculturels. En finir vraiment
avec la culture ?, 2011.
Christian GUINCHARD, Logiques du dénuement. Réflexions sociologiques
sur la pauvreté et le temps, 2011.
Jérôme DUBOIS (sous la dir. de), Les usages sociaux du théâtre en dehors du
théâtre, 2011.
Isabelle PAPIEAU, La culture excentrique, de Michael Jackson à Tim
Burton, 2011.
Aziz JELLAB, Les étudiants en quête d’université. Une expérience scolaire
sous tensions, 2011.
Odile MERCKLING, Femmes de l’immigration dans le travail précaire,
2011. Sous la direction de
Frédéric Mollé





Servir


Engagement, dévouement, asservissement...
les ambiguïtés d’un lien social



















L’Harmattan





























© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
[e-mail]
ISBN : 978-2-296-56597-5
EAN : 9782296565975







Journées de la Maison des sciences de l’homme
Ange-Guépin

Séminaire Le lien social

organisé par
le Centre nantais de sociologie (Cens)
Nantes, 18 et 19 mai 2009




























Présentation
Frédéric MOLLE,
maître de conférences en sociologie,
membre du Centre nantais de sociologie (Cens),
université de Nantes
Servir : la polysémie du terme invite à la réflexion. Renvoyant tantôt
à un rapport de subordination, voire d’asservissement (comme en
témoigne son étymologie « servire » : être esclave, vivre dans la
servitude), tantôt à une aide à l’autonomie, voire à l’émancipation
(aider, assister, secourir), servir repose sur différentes formes
d’investissements et de relations aux autres et à soi. Cette tension
entre domination et libération se manifeste dans les conduites les plus
concrètes et les plus variées. Que l’on serve Dieu, sa patrie, l’État, la
science, une entreprise, un tiers, on peut tout à la fois s’aliéner,
devenir autre et en même temps, se réaliser et connaître une certaine
forme de « promotion ontologique ». Engagement viager ou
temporaire, total ou partiel, volontaire ou contraint, le fait de servir
est conjugué selon les contextes, les occurrences et les circonstances
sur le mode de l’utilité, de l’obligation, du dévouement, du don de soi,
du devoir. Quelles sont les catégories de pensée, de justification et
d’action déployées alors dans l’acte de servir ? Celui-ci suppose-t-il
toujours adhésion et loyauté aux valeurs ou principes affichés ? Quels
dilemmes pratiques se posent à ceux qui « servent » et comment les
résolvent-ils ? C’est à cet ensemble de questions liées à l’ambivalence
de la relation de service que cet ouvrage issu des Journées Guépin
2009, placées sous l’égide du Cens (Centre nantais de sociologie)
souhaite s’attacher en sollicitant différentes études de cas et approches
disciplinaires.
Car, s’émancipant et s’autonomisant avec peine des figures
emblématiques ou tutélaires auxquelles il est régulièrement renvoyé et
associé – de l’oblat au fonctionnaire public en passant par le
domestique – le serviteur, et conséquemment l’acte de servir, se
départit avec difficulté de sens et de connotations qui l’enferment,
selon les partis pris, dans des principes de vision et/ou de « di-vision »
qui peuvent conduire très vite à une impasse. Perçu bien souvent sous
l’angle moral, politique et éthique, c’est au travers d’une série de
clivages que l’on pense, appréhende et décline le service : service
9 SERVIR
gratuit versus service vénal, payant ; service public versus service
privé, marchand ; service volontaire versus service contraint, obligé ;
service aliénant versus service « libérateur » où on se réalise en
servant ; service ponctuel, temporaire versus service viager. Mais tout
aussi intéressants ou séduisants qu’ils puissent être ou apparaître à
certains égards, ces clivages semblent quelque peu bousculés,
questionnés par les réalités de terrain qui nous obligent à repenser ces
oppositions ou logiques de classification, d’entendement tant la
porosité ou la capillarité des frontières ainsi induites semble
importante. Cela ne signifie pas que ces clivages ne se révèlent pas ici
ou là opératoires mais qu’ils nécessitent d’être nuancés.
Ainsi, les divers travaux présentés dans cet ouvrage, nous invitent à
rechercher le sens de l’acte de servir moins dans une ontologie du
service, dans une définition en soi ou a priori, par rapport à ce qu’il
prétend être, à ce qu’il doit ou devrait être, que dans la nature du lien
qui unit le serviteur et l’entité servie (qu’il s’agisse d’une autre
personne, d’une structure, d’une cause, de Dieu, de l’État…). En
glissant de l’ontologie du service, de la recherche de sa définition
générique aux propriétés et caractéristiques du lien (en fonction des
contextes, des particularités des parties engagées), on évite le danger
de la réification, de la « chosification », du nominalisme pour mieux
historiciser, contextualiser et incarner l’acte de servir. Ce dernier ne
peut en effet se comprendre en dehors de ceux qui le mettent en
œuvre, qui l’activent ou le réactivent. Et ce d’autant plus, que la nature
de ce lien semble plurielle tant elle dépend du sens, des significations
conférés par les acteurs impliqués.
Ce lien, comme le montrent les divers articles, peut être d’ordre
moral, éthique ou religieux (Isabelle Gillet, Samia Chouchane),
juridique (Nicolas Bergeman), économique (Pascal Barbier),
personnel (Olivier Ménard), professionnel (Marie Ponnet), social
(Cécile Arnould-Plaud), politique (Aurélien Boucher, Laurent Devisme
et Élisabeth Pasquier), civique (Pauline Roméra-Lebret, François
Pineau).
Or aucun de ces liens ne s’avère parfaitement exclusif. Au contraire,
ils peuvent se combiner, s’entremêler les uns les autres. L’économique
n’exclut pas l’éthique ou la morale. C’est ce que nous montre par
exemple Sarah Pelletier-Pech à travers les discours des moralistes des
e eXVI et XVII siècles pour qui on peut être serviteur à gages et dans une
relation idéalisée au Maître e