Socio-anthropologie de la transmission
234 pages
Français

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Description

Ces recherches analysent le processus de transmission comme une économie du don. Transmettre articule toujours les générations les unes aux autres, créant ainsi du don et de la dette. Des relations intergénérationnelles génèrent, par le biais de cet échange, des solidarités et des conflits qu'il importe d'étudier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 83
EAN13 9782296987227
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Christophe PERREY, Un ethnologue chez les chasseurs de virus. Enquête en Guyane française , 2012.
Thomas SEGUIN, La politique postmoderne. Généalogie du contemporain , 2012.
Emilie HENNEQUIN (dir.), La Recherche à l’épreuve des terrains sensibles : approches en Sciences Sociales , 2012.
Michel LIU, La dynamique des organisations : l’émergence des formes démocratiques , 2012.
Joseph AOUN, Les identités multiples , 2012.
Henry TORGUE, Le sonore, l’imaginaire et la ville. De la fabrique artistique aux ambiances urbaines , 2012.
Marie-Christine ZELEM, Mondes paysans. Innovations, progrès technique et développement. Témoignage de Pierre Brugel , 2012.
Hugues CUNEGATTI, Passer son permis. Sociologie d’une formation déniée , 2012.
Gilles VIEILLE MARCHISET et Anne TATU-COLASSEAU, Sociologie(s) du sport , 2012.
Olivier SERVAIS, L’Épistémologie pratique de Pierre Bourdieu , 2012.
Rahma BOURQIA (dir.), Territoires, localité et globalité. Faits et effets de la mondialisation, volume 2 . 2012.
Rahma BOURQIA (dir.), La sociologie et ses frontières. Faits et effets de la mondialisation, volume 1 . 2012.
Titre
Sous la direction de
Dominique JACQUES-JOUVENOT
et Gilles VIEILLE MARCHISET






SOCIO-ANTHROPOLOGIE
DE LA TRANSMISSION








L’Harmattan
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-98722-7
EAN : 9782296987227
PRÉFACE Socio-anthropologie de la transmission Des études de cas en question
« Le fond même de la transmission dans l’humanité, marquée selon les cultures les plus diversement stylisées, c’est l’acte de transmettre… une transmission ne se fonde pas sur un contenu mais avant tout sur l’acte de transmettre »
P. Legendre, L’inestimable objet de la transmission 1
Genèse et évolution d’un concept et d’une approche socio-anthropologique de la transmission
1. Une posture socio-anthropologique
Il ne s’agit pas ici de développer une philosophie de la transmission mais d’apporter une contribution à la compréhension de l’acte de transmettre. L’objet de cet ouvrage analyse la transmission des savoirs professionnels et culturels dans des contextes sociaux différents. Il résulte d’une démarche socio-anthropologique volontairement inductive qui a fait les preuves de sa valeur heuristique. En effet, les articles proposés ici sont tous le produit de recherches doctorales soutenues ou en voie de l’être par les chercheurs d’une des équipes du Laboratoire de sociologie et d’anthropologie (LASA) dirigée par Dominique Jacques-Jouvenot et Gilles Vieille Marchiset. Une partie de ces recherches porte sur des savoirs professionnels transmis dans des contextes familiaux, alors que d’autres analysent des savoirs culturels qui empruntent des voies « nouvelles » de transmission.

Toutes ces recherches postulent que la transmission est un processus fait d’interactions sociales au sein duquel se lisent les trois obligations : donner-recevoir et rendre, chères à M. Mauss 2 . Dans cette perspective, nous considérons donc que ces interactions engagent les acteurs au-delà de la transmission d’un savoir, dans un rapport symbolique propre à la logique du don 3 . Dans cette même logique, nous privilégions les liens entre les acteurs aux contenus des savoirs transmis, pour appréhender l’acte de transmettre. En effet, nous postulons, comme nous y invite F. Waquet dans son très beau travail sur le monde intellectuel, que le savoir ne se transmet pas tout seul. « Il faut pourtant bien, nous dit-elle, que des relations s’établissent entre ceux qui enseignent et ceux qui apprennent, à moins d’imaginer que le savoir ne passe par sa propre vertu des structures (où sont placés les maîtres) aux étudiants » 4 .

L’hypothèse principale est donc que la transmission des savoirs ne se comprend qu’à partir de l’analyse de la transmission des places entre des acteurs sociaux, dans des contextes divers. Cette multiplicité des contextes nous permet d’établir des comparaisons toujours dans le droit fil des travaux de M. Mauss. Cette fidélité au père fondateur inscrit les travaux des chercheurs dans une perspective résolument socio-anthropologique qui postule que les faits de transmission résultent de processus qui articulent les générations les unes aux autres et ce, dans une temporalité longue 5 . Nous verrons que cette variable de la temporalité est fondamentale dans la mesure où le temps est le cadre social privilégié dans lequel s’organise la transmission. En cela, à l’instar de Régis Debray 6 , nous considérerons que l’acte de transmettre se distingue de celui de communiquer qui, en privilégiant l’espace, favorise le lien social dans une contemporanéité des acteurs. Enfin, nous verrons que les interactions sociales qui structurent le processus de transmission génèrent, par le biais de l’invariant anthropologique du don, de l’harmonie et des solidarités, mais aussi des conflits qu’il revient au socio-anthropologue de déconstruire pour mieux « recomposer le tout », comme nous y invite Marcel Mauss au fil de ses observations et analyses.

La démarche inductive en socio-anthropologie est heuristique, notamment lorsqu’il s’agit de rendre compte de la complexité d’un objet comme celui qui nous intéresse ici. C’est d’un questionnement empirique sur la transmission dans des professions patrimoniales 7 , que s’est imposée à nous, une réflexion plus générale sur l’acte de transmettre par la mise à l’épreuve de nos hypothèses sur d’autres terrains. En effet, le terrain des professions patrimoniales inscrit l’acte de transmettre dans l’univers familial. Qu’en est-il de la transmission hors du contexte familial ? De la même façon, qu’en est-il de la naturalisation des savoirs sur les différents terrains étudiés ?

Le lecteur trouvera dans cet ouvrage un ensemble de situations, de contextes de transmission différents, tant dans les aspects des savoirs transmis – il s’agira aussi bien de savoirs professionnels que de savoirs culturels –, que des espaces d’observation des savoirs transmis – espace familial ou non familial –, ou encore des nouveaux supports ou médias de cette transmission. La comparaison des résultats sur ces différents terrains devrait nous permettre de tenter une modélisation de l’acte de transmettre.
2. De la transmission des savoirs à l’acte de transmettre
Une des premières hypothèses testées dans ce travail porte sur la rhétorique de naturalisation des savoirs utilisée par les acteurs sur le terrain patrimonial. Et qu’en est-il sur les autres terrains ? Nous montrerons que cette rhétorique fonctionne comme un écran à la visibilité des stratégies de reproduction professionnelle. La naturalisation des savoirs permet ainsi de dissimuler les ressorts culturels de la transmission.
2.1. Derrière le savoir « naturel », la transmission culturelle
Lors des interactions enquêteur-enquêté sur des terrains différents, chacun a constaté une rhétorique partagée par les acteurs qui, à la question : « qui vous a transmis votre savoir ? » répondaient toujours quelque chose de cet ordre : « j’avais ça dans le sang », « j’ai toujours aimé ça », « c’est ça que j’ai toujours voulu faire » ou encore « j’avais le don pour ça ». Chaque chercheur s’est trouvé d’emblée confronté à une naturalisation des savoirs par les acteurs. Cette naturalisation vise à rendre l’explication sociologique impossible. En effet, considérant le savoir comme un héritage génétique, l’interviewé le renvoie à une antériorité, de l’ordre de la nature, de l’inné plutôt que de l’acquis. Cette inscription génétique – au sens de la genèse – fait « naturellev-ment » de lui le détenteur du savoir. Le sociologue rencontre là un phénomène qui se présente comme indescriptible, hors du champ social, donc incompréhensible par lui. Cette difficulté contre laquelle bute le sociologue n’est pas nouvelle. Charles Suaud est un des premiers sociologues à s’

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