Sortir de la rue
319 pages
Français
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Description

Les jeunes dits de la rue font face à une identité dévalorisante. Des étiquettes disqualifiantes leur sont souvent collées pour marquer la fatalité de leur avenir. Ce livre propose une autre lecture des faits révélant que, malgré les nombreux aléas et vicissitudes connus dans la rue, leur avenir n'est pas pour autant scellé au seau du destin apocalyptique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 21
EAN13 9782336324319
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Norbert Lupitshi
wa Numbi

SLes trajectoOiresRTIR
de la rue
des jeunes
de Lubumbashi
en RDC

SORTIR DE LA RUE

Norbert LUPITSHI WA NUMBI

Préface deDan KAMINSKI

SORTIRDELARUE

LES TRAJECTOIRESDES JEUNES
DELUBUMBASHIEN RDC

D/2013/4910/24ISBN 13 :978-2-8061-0107-5
©Academia-L|Harmattans.a.
Grand’Place,29
B-1348LOUVAIN-LA-NEUVE

Tous droitsdereproduction, d’adaptationou detraduction,par
quelque procédéquece soit,réservéspour tous pays sans
l’autorisationayantsde l’éditeur ou de sesdroit.

www.editions-academia.be

REMERCIEMENTS

Le présent ouvrage est le résultat d’un pluriel concours des
acteurs tant moraux que physiques. «Àtoutseigneur,tout
honneudir »,t-on, noustrouvons logique de consacrer les
premières lignes de cetouvrage aumotde remerciement
adressé à nos bienfaiteurs, « héros » non apparents.
À la Commission Universitaire pour le Développement
(CUD) età l’Association pour la Promotion de l'Éducation et
de la Formation à l'Étranger (APEFE), nous exprimons notre
grande reconnaissance pour leur appui financier durant tout
notre parcours de recherche doctorale (pour la CUD) età la
finalisation de nostravaux(pour l’APEFE).
À Prince Kaumba Lufunda, pour beaucoup, nous lui
restéons «ternel »débiteur. Il estl’initiateur de l’école de
criminologie qui nous a engendré. Avec Dan Kaminski et
Françoise Digneffe, ils ont, d’un œilvigilentetsévère mais
toujours dansun élan empathique, conduitnos premiers
balbutiements, supporté sans relâche nos nombreuses ratées
d’apprenti-chercheur dans ce mystérieux univers scientifique
qu’estla criminologie. De main de Maître, eten synergie avec
d’autres formateurs, ils n’ontrien ménagé pour façonner
notre profil de criminologue. Le lecteur comprendra alors que
si réussite peutêtre attribuée à cetouvrage,
assurémentcelleci n’estguère individuelle, elle estcollective. Les sportifs
n’ont-ils pas raison de soulever hautl’entraîneur d’une équipe
victorieuse !
À Tshiyembe Mwayila, nous exprimonstoute notre
gratitude pour son espritattentionné etpour sa disponibilité
inconditionnellevis-à-vis des scientifiques « novices ».

L’auteur

PRÉFACE

L’ouvrage du professeur Lupitshi apporteune contribution
essentielle à la problématique des enfants ditde la rs «ue »en
Afrique. Ces enfants « de la rue » sontnommés d’une façon qui
laisse entendre qu’ils seraientnés de la poussière oudu tarmac,
comme si la rue les avaitexpulsés de sonventre. Àunetelle
naissance, s’associe partiellementl’idée d’un sortinexorable.
Naître de la rue, c’estlui appartenir inexorablement. La rue
serait une mère abusive etmeurtrière.
Ces enfants, lesshégués, sontà l’abandon – jetés à la rue ou
l’ayantpréférée àunevie plusviolente oumoins sûre
encore – provenantde familles déchirées ouelles-mêmes
abandonnées, des enfants s’agglutinantdans desvilles
désorganisées, elles-mêmes incluses dans des pays anomiques,
inscrits dansun continentlui-même oublié dureste du
monde. Sauf si, bien sûr, quelque richesse attire encore la
spoliation. Ces enfants invententetréinventent ununivers,
souventcruel, dans lequel la survietientlieude loitant
économique que politiqula débroe ;uille individuelle et
collective etl’évitementdes dangersyconstituentdeux
impératifs majeurs. Une chanson française déjà ancienne
précise que l’on tuerait un enfant d’une heure à le traiter comme
un adulte. À Lubumbashi detous jeunes enfants surviventà
ce qu’un adulte ne supporteraitpas.
La rue n’estpasune mère. Elle estmeurtrière, bien sûr.
Elle estpourtantaussiune structure d’accueil, aussi
improbable etnéfaste soit-elle. Elle ne ressemble pas non plus
au tracé propre etnetqu’une carte routière peutrestituer.
Dans l’expérience des jeunes gens, elle prend lestraits d’un
espacetotal, d’untemps infini etd’un mouvementbloqué.
L’ouverture extrême de la rue en faitparadoxalement un lieu
d’enfermementmenaçant. Elle estpourtantaussi lieude
passage etd’échanges, étape dansunetrajectoire, mouvement
à la recherche d’issues. L’expérience extrême des enfants de la

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Sortir de la rue

rue estle refletde l’expérience banale (pour autantque la
banalité soit un motrecevable pour l’Européen déambulantà
Lubumbashi) detout usager de l’espace public : lieudetravail,
espace de rencontres, bureaud’affaires,vitrine des inégalités
sociales…
La métaphore de la bifurcation, qu’utilise l’auteur,
convientpour rendre compte de l’hypothèse (etde sa
vérification) selon laquelle la rue est un pointde passage
malheureusementobligé, contraintmais ouvertsur des issues
parfoistemporaires, sur des essais eterreurs, sur des
opportunités fragiles. Il importe en effetde montrer, contre
toutdéterminisme et toute croyance, que l’enfantde la rue
n’estni condamnable ni condamné par les causes de son
éviction familiale (la sorcellerie par exemple), par les
stigmates de son expérience oupar lestraits délinquants de sa
vie de débrouille. Il importe de le montrer, de le faire savoir,
de le faire lire. Non pas pour broderun récitangélique ou
romantique sur les forces etles ressources des enfants, mais
pour signifier que la rue n’estpasun destin, maisun espace à
la foisvital et violentoffrantdes bifurcations fragiles et
accessibles. Encore faut-il que les plans de laville –une
politiqueurbaine de prise en charge des enfantindiqs –uent
ces bifurcations, les signalentpour en rendrevisible
l’existence et témoigner de l’opportunité de les saisir.Les
jeunes en veulent. En voulez-vous?s’interrogeaitilya quelques
annéesune association belge d’aide à la jeunesse. Si la mort
estparfois aurendez-vous, des ressources hétéronomes (des
centres d’accueil à bas seuil d’accès) etautonomes (les
capacités inventives des enfants) doiventêtre connues et
reconnues pour être soutenues par les politiques publiques ou
les associations locales, sans quoi la réponse à la question (En
voulez-vous ?) estclaire.
Ilya près de quinze ans, RobertCastel a suggéré le modèle
de recherche présenté dans ce livre.Les sorties de la
toxicomanie(Pressesuniversitaires de Fribourg, 1999) est un
exemple prototypique d’une rechercheportantsur
l’expérience desditstoxicomanes, permettantde montrer que
le destin qu’une rationalité mortifère leur accorde n’estpas
celui qu’ils reconnaissenteux-mêmes dans leur histoire, n’est

Préface

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pas celui qu’ils expérimentent, mais celui qui leur estimposé
par le regard dumonde, posé sur eux. Comments’en
sortentils –de la drogue oude la rue ?Il s’agitlà d’un enjeude
connaissance essentiel. Contreunevulgate confortable qui
préfère condamner («on ne s’en sortpas »),la rencontre de
ceuxqui s’en sortentpermetde connaître les détours d’une
expérience extrême souvent, dontles issues sontfermées plus
par la représentation dominante que nous en avons que par
les effets chimiques des drogues oules conséquences pour le
moins pénibles de lavie dans la rue.
La recherche duprofesseur Lupitshi, menée à Lubumbashi,
modifie àun doubletitre les représentations académiques,
politiques etpopulaires relatives auxenfants de la rue. Au
titre méthodologique, elle se metà l’écoute de la parole (par le
biais d’entretiens biographiques) de jeunes gens etde jeunes
filles, plus stigmatisés qu’écoutés, plus repoussés que protégés.
Au titre de ses enjeux, elle contribue à dissoudre le diagnostic
statique etle pronostic mortel d’une situation périlleuse, en
donnantàvoir les expériences etles processusvécuelles ;
offreune lecture dynamique permettantd’accéder aux
aspirationsvivantes des enfants la rue. La société etl’État
congolais devraientfavoriser ces aspirations pour leur propre
avenir, qui n’estrien d’autre que l’avenir desshégués.

Dan Kaminski

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Cetouvrage basé sur les données de notre rech

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