Viol(s) comme arme de guerre
264 pages
Français

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Viol(s) comme arme de guerre , livre ebook

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Description

Comment le viol a-t-il été qualifié d'arme de guerre et construit dans la catégorie de crime contre l'humanité ? Ce livre analyse cette forme de mobilisation autour du viol afin de mieux cerner les tensions qu'elles suscitent et qui les traversent. Il tente aussi de traiter du viol comme une problématique qui va au-delà du simple contexte de guerre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296486829
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Viol(s) comme arme de guerre
Questions Contemporaines
Collection dirigée par
B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.


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Vanessa Fargnoli
Viol(s) comme arme de guerre
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96819-6
EAN : 9782296968196
Remerciements

Mes sincères remerciements à tous ceux et celles qui m’ont soutenue durant tout ce travail et qui ont contribué – par des entretiens stimulants, des recommandations, des formules adéquates, des conseils avisés, des encouragements (ils ont été nombreux), des discussions animées, une relecture minutieuse, un formatage au centimètre près, … – à sa publication.
Je remercie particulièrement : mon directeur de mémoire qui m’a accompagnée durant cette recherche, les professionnel-le-s interrogé-e-s dont les échanges m’ont été précieux, ces femmes et ces hommes rencontrés souvent par hasard qui ont bien voulu me raconter leurs histoires, mes ami-e-s dont la confiance et la patience me sont toujours aussi chères.
Je souhaite enfin saluer le travail de fourmis effectué par diverses associations, acteur-trice-s, militant-e-s, féministes, inconnu-e-s, qui se battent, souvent à des échelles modestes, pour répondre aux besoins des femmes dans des contextes socio-politico-économiques souvent tendus et risqués. Sans oublier toutes ces femmes (et hommes) qui font preuve de courage et de dignité dans la reconstruction de leur vie à la suite d’événements tragiques.
« Est-ce que le nombre de viol augmente ? J’ai été
violée en 1993 et à nouveau en 1995. Je n’ai pas été
violée cette année.

Comment est-ce que je peux savoir si ce nombre est
en augmentation ? »

(Propos recueillis par Amnesty International à
Ngozi, en septembre 2003)
1 - INTRODUCTION
Le 19 juin 2008, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la Résolution 1820 considérant le viol comme crime de guerre, crime contre l’humanité, ou comme acte constitutif du crime de génocide. Vote historique, les violences sexuelles sont désormais reconnues et élevées « au rang de crime contre l’humanité et de génocide », voilà ce qu’affirme Yakin Ertürk, Rapporteure spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la violence à l’encontre des femmes durant un séminaire sur la prévention de génocide, le 21 janvier 2009 à Genève 1 .
Notre travail est né d’un constat, celui du passage progressif d’un silence à une attention bruyante concernant les violences sexuelles sur la scène internationale, plus précisément sur le délit de « viol de masse » qualifié « d’arme de guerre ». Des voix s’élèvent, des programmes et une juridiction spécifiques sont mis en place, des articles scientifiques et de presse prolifèrent sur les atrocités perpétrées à l’égard des femmes durant les conflits. « Instrument de guerre », « purification ethnique », « arme de destruction massive », « arme de procréation à grande échelle », « arme génocidaire », « acte terroriste », « peste démographique », « fléau », les expressions ne manquent pas pour nommer ces actes. Dans ce cadre, l’affirmation alors inconcevable des viols systématiques et généralisés sur des femmes en période de conflits devient dans les années 1990 incontestable : le viol est utilisé comme stratégie guerrière et constitue un crime qui ne peut rester impuni. En témoignent les procès et accusations à la Cour pénale internationale (CPI) de Jean-Pierre Bemba (RDC) ; de Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui (RDC) ; de Charles Taylor (Liberia, Sierra Leone) au Tribunal Spécial des Nations Unies pour la Sierra Leone (TSSL) ; ainsi que le mandat d’arrêt délivré par la CPI le 4 mars 2009 à l’encontre d’Omar Al Bashir (Soudan).
Crime nommé, crime reconnu, crime « intolérable », le viol n’est plus un acte privé fruit d’une conduite malheureuse d’un soldat déchu, un dommage collatéral de la guerre, mais selon Rachel Mayanja 2 « une agression, une torture, une arme de guerre, un génocide » devenus des maîtres mots, des « motsascenseurs » qui « élèvent le niveau du discours » pour reprendre les termes de Ian Hacking 3 . En effet, le viol de masse apparaît dans la Résolution 1820 comme une « menace à la paix et à la sécurité mondiale » souligne Andrew Clapham 4 . Apparié au terme de génocide, il va susciter alors davantage l’attention.
1.1 Questions de départ et hypothèses
Lors de nos recherches préliminaires, nous avons constaté que le viol apparaissait comme la face visible des violences sexuelles dans les divers rapports des Organisations Internationales (OI) et Organisations Non Gouvernementales (ONG) donnant lieu à l’émergence de différents paradigmes, notamment celui de « Gender-Based Violence » et de « viol comme arme de guerre ». La primauté et l’isolement du viol comme phénomène particulier apparaissent surtout dans un registre juridique et moral. Ceci nous amène à poser la question suivante : comment les viols de masse (mass rape) sont-ils devenus une problématique juridique, morale et humanitaire requérant des solutions spécifiques à un moment donné et dans un contexte spécifique ?

Question phare qui guidera notre analyse tout au long de ce travail et qui ouvre la porte à des questions plus spécifiques qui sont les suivantes :

- Comment le viol « comme arme de guerre » émerge-t-il et devient un discours construit, légitimé, réapproprié par un groupe de professionnel-le-s ?
- Comment réprime-t-on et/ou condamne-t-on l’acte ? En le qualifiant de crime commis sur le corps d’une femme ou de crime commis sur le corps collectif qui prive la reproduction du groupe ? Comment définit-on le seuil de l’intolérable : à travers la disparition d’un peuple ou le viol d’une femme, somme toute phénomène banal ?
- Comment la catégorie de viol a-t-elle été connectée à celle de génocide ?
- Comment se pose et se fait l’action selon les différents groupes d’acteur-trice-s impliqué-e-s ?
Comme élément de réponse, nous partons de l’idée a priori que le viol est une forme de violence constante dans les sociétés humaines qui a (eu) lieu partout et en tout temps (y a-t-il des sociétés où le viol n’existe pas ?). Actuellement, le viol en temps de guerre suscite un véritable engouement (postes créés, spécialistes nommés, fonds récoltés) qui marque un changement notable : il est passé du non problématique dans des situations de conflit - longtemps caché et tu - à une préoccupation internationale, un « traumatisme » qui mérite et nécessite droit et action. Nous tenterons donc d’élucider nos questions à l’aide des trois hypothèses suivantes :
- La catégorisation « viol comme arme de guerre » est

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