Montre-moi tes déchets...
130 pages
Français

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Montre-moi tes déchets... , livre ebook

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Description

La poubelle fournit une image de nos consommations en négatif. Elle renvoie à l'intime : regarder sa poubelle en face constitue un premier pas sur le chemin de la responsabilisation. Les déchets ne sont matière morte qu'en apparence : susceptibles d'évoluer dans l'environnement, ils parlent aussi à ceux qui savent les comprendre, les apprivoiser. Ce livre étudie les déchets et leurs géniteurs à travers les âges, depuis les origines de l'homme jusqu'à des futurs possibles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 37
EAN13 9782296475649
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MONTRE-MOI TES DÉCHETS…
L’art de faire parler les restes
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56511-1
EAN : 9782296565111
Gérard BERTOLINI
MONTRE-MOI TES DÉCHETS…
L’art de faire parler les restes
L’Harmattan
Biologie, Ecologie, Agronomie
Collection dirigée par Richard Moreau
professeur honoraire à l’Université de Paris XII ,
et Claude Brezinski, professeur émérite à l’Université de Lille
Cette collection rassemble des synthèses, qui font le point des connaissances sur des situations ou des problèmes précis, des études approfondies exposant des hypothèses ou des enjeux autour de questions nouvelles ou cruciales pour l’avenir des milieux naturels et de l’homme, et des monographies. Elle est ouverte à tous les domaines des Sciences naturelles et de la Vie.
Déjà parus
Alain GIRET, Histoire de la biodiversité , 2011.
Michel STEVENS, Revenons sur Terre, Comment échapper à l’enlisement des négociations sur le changement climatique , 2011.
Bernard BOURGET, Les Défis de l’Europe verte , 2011.
André MARCHAND, De l’agriculture d’antan à celle d’aujourd’hui . Les changements engendrés par les lois Pisani , 2011.
André MARCHAND, Filière viande. Propositions pour conjuguer une agriculture rentable et une nourriture saine , 2011.
Guy JACQUES, Virer de bord. Plaidoyer pour l’homme et la planète , 2011.
Maurice BONNEAU, La forêt de Guyane française , 2010.
Michel GAUDICHON, L’homme au miroir de la science , 2010.
Jacques RISSE, L’élevage français. Évolutions et perspectives , 2010.
Louis TSAGUE ; La Pollution due au transport urbain et aéroportuaire. Caractéristiques et méthodes de réduction , 2009.
Marie-Françoise MAREIN, L’agriculture dans la Grèce du IV e siècle avant J.C, 2009.
Jean-Claude LACAZE, Le christianisme face à la crise écologique mondiale , 2009.
Michel BRAUD, Paysans du monde. Parcours d’un agronome au service de la terre , 2009.
Jean-Claude GALL, Des premières bactéries à l’homme. L’histoire de nos origines , 2009.
Groupe de Bellechasse, L’Alimentation du monde et son avenir , 2009.
Maurice BONNEAU, Forestier dans le Haut Atlas. Maroc 1952 - 1956 , 2009.
Alain GIRET, Le Quaternaire : climats et environnements , 2009.
René LETOLLE, La Mer d’Aral , 2008.
Du même auteur :
- Rebuts ou ressources ? La socio-économie du déchet , Entente, 1978.
- Eau, déchets et modèles culturels , Entente, 1983.
- Du balai, ou les ratés du progrès, Anred-Aprede, 1985.
- Le marché des ordures, L’Harmattan, 1990.
- Homo plasticus ; les plastiques, défi écologique , Sang de la terre, 1991.
- (avec d’autres auteurs) Déchets d’œuvres ; la littérature et le déchet , Ademe-Le Polygraphe, 1992.
- La double vie de l’emballage , Economica, 1995.
- Déchet mode d’emploi , Economica, 1996.
- Déchets et design ; les ambassadeurs du futur , Société Alpine de Publications, 1998.
- Le papier à travers les âges , L’Harmattan, 1999.
- (avec P. Melquiot) A la recherche du vêtement écologique , Société Alpine de Publications, 1999.
- Le minimalisme ; concept et pratiques d’éco-consommation , Economica, 2000.
- Décharges : quel avenir ? Société Alpine de Publications, 2000.
- Art et déchet (Le déchet, matière d’artistes), Aprede-Le Polygraphe, 2002.
- Economie des déchets , Technip, 2005.
- Le déchet, c’est les autres, Erès (collection : Même pas vrai ), 2006.
- (avec C. Delalande ) La poubelle et le recyclage à petits pas , Actes Sud junior et Ademe, 2007.
- A paraître : Atlas mondial des déchets , Autrement-Flammarion.
* Conseiller scientifique du documentaire « Poubelle la vie », de Martin Meissonnier et Pascal Signolet, diffusé par France 3 sous le titre « Ma poubelle est un trésor », 2010.
Illustration de couverture : réalisation de Gérard Bertolini et photomontage de Gabriel Meunier.
Introduction : le miroir-poubelle, et ses servants
La poubelle fait figure de miroir ; elle fournit une image de nos consommations en négatif, sur un mode retourné ; elle appelle une lecture de l’envers et à l’envers.
Les déchets deviennent une réalité aplatie, lorsqu’ils sont déstructurés ou compressés. De plus, ils sont mêlés entre eux et souvent barbouillés, ce qui en gêne la lecture. La glace est un peu sorcière ; le miroir peut être brouillé, déformant ou brisé ; le déchiffrage est alors rendu plus difficile. Brisé, c’est un puzzle dont certaines pièces peuvent être manquantes.
Cependant, il n’est rien qui ne laisse derrière soi des traces de son passage, aussi infimes soient-elles. Détectives, à vos marques ! L’examen de l’empreinte détritique permettra-t-elle de reconstituer le tout ? Jusqu’à un presque rien qui dirait tout ?
Narcisse était amoureux de sa propre image, mais la poubelle est un miroir peu reluisant, voire répugnant pour certains. Elle renvoie à l’intime, au secret, au monde de la nuit et fait l’objet d’un jeu de cache-cache, de masquages.
Les excreta (notamment le « déchié », le produit de la décharge du ventre) font figure de déchet originel ; leur cas ne sera qu’évoqué ici et là, pour ne pas alourdir le propos. Ce sera également le cas pour les cadavres, ces cousins du déchet, car ils ont la même base latine : le verbe latin cadere , signifiant choir, chuter, tomber.
Votre façon de prononcer le mot « déchet » peut elle-même être révélatrice ; le jeu porte sur la chuintante : si vous appuyez sur elle, c’est un signe de mépris à l’égard de tout ce qui touche à lui, à l’ordure ; à l’inverse, si elle devient sourde, cela traduit une pudeur à son égard : vous considérez le déchet comme innommable, obscène, c’est-à-dire ce que l’on ne doit pas montrer ; cachez ce déchet que je ne saurais voir !
Arman, qui se dit artiste du déchet, déclare : « Chacun de nous est ce qu’il jette. Si tu évites de regarder ta poubelle en face, si tu te bouches le nez, c’est peut-être parce que tu ne veux pas te voir, que tu ne peux pas te sentir ». Comme le miroir, le contenu de la poubelle est notre identité, et il doit apporter notre conscience de soi ; regarder sa poubelle en face constitue un premier pas sur le chemin de la responsabilisation. La question des déchets n’est pas seulement l’affaire des autres et de spécialistes.
Les déchets ne sont qu’en apparence des matières mortes ; non seulement ils sont susceptibles d’évoluer dans l’environnement, mais ils parlent à ceux qui savent les comprendre, voir les apprivoiser. Nous entendons faire parler ces témoins muets.
« Le tas d’ordures a cela pour lui qu’il n’est pas menteur. La naïveté s’est réfugiée là. Le masque de Basile s’y trouve, mais on en voit le carton, et les ficelles, et le dedans comme le dehors, et il est accentué d’une boue honnête. Le faux nez de Scapin l’avoisine. Toutes les malpropretés de la civilisation, une fois hors de service, tombent dans cette fosse de vérité où aboutit l’immense glissement social, elles s’y engloutissent, mais elles s’y étalent. Ce pêle-mêle est une confession. Là, plus de fausses apparences, aucun plâtrage possible, l’ordure ôte sa chemise, dénudation absolue, déroute des illusions et des mirages, plus rien que ce qui est, faisant la sinistre figure de ce qui finit. Réalité et disparition. Là, un cul de bouteille accuse l’ivrognerie, une anse de panier raconte la domesticité ; là, le trognon de pomme qui a eu des opinions littéraires redevient le trognon de pomme …Tout ce qui se fardait se barbouille. Le dernier voile est arraché…Cette sincérité de l’immondice nous plaît, et repose l’âme…L’observateur social doit entrer dans ces ombres. Elles font partie de son laboratoire ».
Victor Hugo, Les Misérables (chapitre : L’intestin de Léviathan ).
Aux Etats-Unis, le Garbage Project , initié en 1972, s’est inscrit dans le cadre d’une discipline nouvelle, baptisée Garbology , terme formé par la contraction des mots garbage (déchet) et archeology . Son pionnier a été William Rathje, professeur à l’Université de Tucson, dans l’Arizona, qui fut surnommé le Indiana Jones du déchet ; durant sa

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