Dans l entre-deux, la vie s écrit
168 pages
Français

Dans l'entre-deux, la vie s'écrit , livre ebook

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168 pages
Français

Description

Ou pouvons-nous écrire notre vie si ce n'est dans l'immensité des Entredeux qui jalonnent l'existence. Tout au long de notre histoire, nous nous appliquons à consumer le moindre instant mis à notre disposition. Instant lui-même en équilibre entre deux journées, deux saisons, elles-mêmes arrimées entre deux années, entre deux siècles, deux récoltes ou entre deux rencontres. Et la vie, cette abeille butineuse, hésite et se met à chanter entre deux sourires, entre deux baisers, deux départs, deux passions, entre deux retrouvailles…
L'Entre-deux est une mesure discrète, à la fois incertaine et rassurante. C'est surtout un espace mouvant, composé de récits, de mémoires et de souvenirs. L'Entre-deux constitue un endroit singulier, empreint de doutes et de certitudes. Quelles découvertes et quels étonnements nous y attendent ? Peut-être le début d'un frémissement de vérité sur l'Esprit, sur l'Ame, sur la Vie, sur soi-même…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mai 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782140121852
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gérard Lefebvre
DANS L'ENTREDEUX, LA VIE S'ÉCRIT Essai
Dans l’Entre-deux,la vie s’écrit
rard Lefebvre
Dans lEntre-deux, lavie s’écrit
Essai
Du même auteur chez le même éditeur Reconstruction identitaire et insertion,coll. « Technologie de l’action sociale », 1998 Récit d’adoption – du désert à la source,coll. « Histoires de vie et formation », 2008 Quelques considérations sur l’attente,coll. « Questions contemporaines », 2010 L’Aide sociale à l’enfance ; du compassionnel au professionnel,coll. « Enfance, éducation et société », 2012 Les Chemins du silence,coll. « Questions contemporaines », 2012 Altérité et travail social, 2015Quand l’Absence se fait saison, 2016 Marcher. Ecouter ce que nos pas nous disent, 2017.© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-17445-7 EAN : 9782343174457
En souvenir de Jacqueline ; fraternelle odyssée…
PRÉAMBULE Le Temps, le Vide et… l’Entre-DeuxNous disposons de nombreuses références permettant de mieux nous situer et de mieux nous repérer dans la foule de nos itinéraires, de nos cheminements et de nos destinées entremêlées. Chacune d’elles nous aide à attester ou à partager l’existence d’un moment, à confirmer la souve-nance d’un lieu, à identifier une trace ou un endroit où nous sommes passés. Ces innombrables références font revenir en nous toutes ces choses que nous avons vécues et qui fidèlement demeurent à jamais. Ces unités de mesure en apparence désordonnées s’appliquent à nous fournir de multiples informations sur la nature et la localisation précises de nos souvenirs : le type d’événement, leur durée, l’intensité, l’heure, la date, la saison, les émotions, l’odeur, la couleur de l’instant. Elles nous restituent avec une précision remarquable les visages des personnes présentes, croisées, rencontrées, oubliées, aimées ou haïes peut-être. Pour ce faire, nous prenons soin de décliner ces mesures en jours, en millénaires, en siècles, en années, en mois, en minutes et en secondes… En les invitant ensemble ou sépa-rément nous pouvons mieux identifier le flot tumultueux contenant la moindre parcelle de nos souvenances, y compris celles en provenance d’un temps et d’une histoire dans lesquels nous n’étions pas présents. Grâce à ces inventions structurantes, nous pouvons aisément convoquer notre mémoire et fixer nos souvenirs. Mais nous pouvons aussi nous inscrire avec une certaine délectation dans des allées et venues temporelles extraor-dinaires et incessantes propres à nous rendre vivants.C’est la part du Temps.
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Oui mais voilà qu’une évidence s’impose, voilà qu’elle se glisse sans la moindre précaution dans les méandres infinis du temps. Comme pour l’éclairer, le contenir et, pourquoi pas, lui donner un sens, et par conséquent nous proposer un sens ? Car le temps n’est pas seulement utile pour activer ou attiser nos mémoires. Il ne vaut pas uniquement pour assurer et identifier nos courses les plus folles et les plus improbables. Il atteste aussi de son utilité en faisant obstacle ou en s’accordant à l’inoccupé originel, au non-abouti et au non-avenu. Il profite de ses infinies graduations pour s’opposer, s’affronter ou se fondre à ces parois immenses qui entraînent et dévastent tout dans leur course. Parois abruptes et attirantes qui sans ménagement et avec une brutalité sournoise absorbent l’histoire, la vie, les hommes, les repères. Elles dévorent avec avidité la moindre souvenance des passages, des retours et des attentes. Elles détruisent les reliquats fragiles témoignant d’une présence et anéantissent le moindre recueil et la moindre pensée. Nous voici prisonniers d’une injonction implicite qui nous impose sans cesse de combler quelque chose, et nous oblige à déplacer, à remplacer, à réparer, à hésiter et à nous surprendre jusqu’à nous perdre parfois. Un peu comme s’il existait en permanence un risque à vivre, ou que, par défi ou par provocation, nous devions nous retrancher sans cesse dans une inévitable et redoutable attirance… un dédale, une peur, une absence ou un regret, un endroit de nulle part simplement posé entre le ciel et la terre :C’est la place du Vide.
…Dans un des trois grands textes fondateurs du taoïsme rédigé voici plus de deux mille ans, il est question de la terre, du ciel et du vide. Le texte nous dit que l’espace entre le ciel et la terre, c’est comme un soufflet de forge. Il est vide mais ne se tarit pas ; il est en mouvement et ne cesse de produire. Puis vient la métaphore du vide et de l’importance du vide. « On façonne l’argile, nous dit Lao
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Tseu, en lui donnant la forme du vase. Or, c’est là où il n’y a rien que réside l’efficacité du vase. On perce des portes et des fenêtres pour se faire une maison, or c’est là où il n’y a rien que réside l’efficacité de la maison. C’est dans le vide que réside l’efficacité véritable. Tous les êtres de ce monde naissent du visible. Le visible quant à lui naît de l’invisible, du vide. C’est là qu’émerge le souffle, comme du soufflet de la forge et que tout naît, que tout commence, que tout est accueilli, circule et se transforme. » Histoires infinies, luttes et rencontres dans lesquelles chacun rivalise, se débat et revendique sa part céleste.
C’est précisément grâce à ce combat titanesque entre le temps, le ciel et le vide qu’une autre unité de mesure s’est fait jour, une autre balise, un autre signal qui facilite de façon singulière le repérage de nos plus grands éloigne-ments et de nos plus infimes instants. Une mesure inévitable et indispensable à laquelle nous nous référons sans cesse, sans pour autant la nommer. Une mesure discrète et sans le moindre orgueil, mais capable des plus intenses compressions du temps et du vide. Elle sait se montrer discrète, généreuse et si souvent rassurante. C’est un véritable tempo au cœur duquel, tel un fleuve aux berges instables, nos jours s’écoulent, à la fois tranquilles, à la fois tumultueux, à la fois calmes et apaisants, éclatants ou ternes.C’est le lieu d’un entre-lieux, d’un tiers-lieu, celui de l’entre-deux.
L’Entre-deux: Voici un endroit curieux, improbable et si souvent imploré ; comme une entrevoyure réelle ou imaginaire, peuplée d’histoires, d’extraits du temps aussi brefs que durables, aussi imparfaits qu’indéfinis, mais qui jalonnent chaque moment de notre vie. C’est dans le cœur secret de ses battements les plus insoupçonnés que nous écrivons jour après jour notre quotidien. L’entre-deux est sorti tout droit de nos inventions humaines. Il n’existe pas. Pas plus que le chiffre trois n’existe dans l’univers. Mais en
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