Discriminations contre les non-juifs tant chrétiens que musulmans en Israël
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Discriminations contre les non-juifs tant chrétiens que musulmans en Israël

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Date de parution 01 janvier 1992
Nombre de lectures 4
Langue Français

Extrait

Discriminationscontre les nonjuifs tant chrétiens que musulmans en Israël Sami Aldeeb Dr en droit, diplômé en sciences politiques
1992 www.samialdeeb.comsaldeeb@bluewin.ch
2 Table des matières3 Préambule 4 Introduction 5 I. Sens de la liberté religieuse 6 II. Expulsions et destructions après 1948 16 III. Expulsions et destructions après 1967 20 IV. Droits des nonjuifs de 1948 23 V. Droits des nonjuifs de 1967 26 VI. Parodie de justice et répression contre les nonjuifs 29 VII. Quel avenir pour les nonjuifs? 34 Conclusion Editeur 15 rue du Valentin, 1004 Lausanne  Suisse Téléphone 021 312 26 18, Fax 021 312 38 40 CCP 1239013 Pâques 1992 Cette étude peut être obtenue auprès de l'éditeur ou auprès de l'auteur à l'adresse suivante: Sami Aldeeb, Rue du Centre 74, 1025 StSulpice  Suisse. Prix: 5. Sfr. + frais de port
3 Les photos de la dernière page ont été mises à notre disposition par l'Association pour reconstruire Emmaüs. Vous obtiendrez plus de renseignements sur cette association aux adresses cidessus.
4 Préambule Pax Christi Suisse romande a accepté d'éditer l'étude de Sami Aldeeb 1 consacrée au problème de la discrimination contre les nonjuifs en Israël. A plusieurs reprises, Pax Christi Suisse romande a publié des articles sur les problèmes politiques et religieux que pose la cohabitation meurtrière entre juifs et palestiniens dans les territoires occupés et dans les territoires nationaux (Nazareth, par exemple). Par cette publication, Pax Christi Suisse romande entend contribuer à une meilleure compréhension de la souffrance du peuple palestinien, accusé de "squatter" sa propre maison. Le cycle de la violence n'aura pas de fin tant que la politique relayée et concrétisée par des lois et des applications juridiques en constante défaveur des nonjuifs ne sera pas modifiée. En faisant connaître le système de répression mis en place, Pax Christi Suisse romande désire sensibiliser l'opinion publique et les milieux chrétiens. Nous risquons fort d'être assimilés aux mouvements antisémites (mais les palestiniens ne sontils pas aussi des sémites?) et antisionistes (mais cette philosophie raciale n'est pas interchangeable avec le judaïsme). Cette étude nous fait toucher du doigt un système d'agression permanente aux droits de l'homme. Ce système ne peut qu'engendrer et maintenir la violence et la haine. Il faut que nous le sachions et que le sachent aussi les juifs, nos frères en JésusChrist. Pour le Comité de Pax Christi Suisse romande Fr. JeanPierre Babey, ofm cap., aumônier.
1 ) Chrétien d'origine palestinienne; dr. en droit; diplômé en sc. politiques; chargé de cours à l'Université des sciences humaines de Strasbourg; spécialiste en droit arabe et musulman en Suisse.
5 Introduction Le ProcheOrient se trouve aujourd'hui devant un tournant décisif. Les palestiniens et les israéliens ont à se déterminer pour une parmi plusieurs solutions politiques:  coexistence de deux Etats voisins, Israël et la Palestine;  confédération israélopalestinienne selon le modèle suisse;  Etat israélopalestinien binational après annexion des Territoires occupés. Quelle que soit la solution adoptée, on se retrouvera devant des entités politiques multiconfessionnelles. Ceci posera le problème de la coexistence d'individus appartenant à différentes religions. La paix dans la région sera alors fonction du respect des droits des uns et des autres, sans discrimination aucune, notamment sur la base de l'appartenance religieuse. Cette exigence était présente en 1948 à l'esprit des auteurs de laDéclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël(voir p. 5). Elle est aussi présente à l'esprit des dirigeants palestiniens. Yasser Arafat, devant le Conseil de l'Europe à Strasbourg, a affirmé le 13 septembre 1988 que le futur Etat palestinien "sera une république, démocratique et multipartite; il respectera laDéclaration universelle des droits de l'homme et ne pratiquera pas de discrimination entre 2 ses citoyens sur la base de la couleur, de la race ou de la religion" . Ceci a été réaffirmé dans laDéclaration d'indépendance de l'Etat palestinienproclamée à Alger le 15 novembre 1988 où il est dit que cet Etat "sera fondé sur la justice sociale, l'égalité et l'absence de toute forme de discrimination sur la base de la race, de la religion, de la couleur ou du sexe, dans le cadre d'une constitution qui garantit la primauté de la loi et l'indépendance de la justice, et en toute fidélité aux traditions spirituelles palestiniennes, traditions de tolérance et de cohabitation généreuse entre les communautés religieuses à travers les siècles". On voit mal d'ailleurs comment on peut prétendre vivre en paix dans une terre, berceau des trois religions monothéistes, sans le respect des convictions des uns et des autres.
2 )International Herald Tribune, 14 sept. 1988, p. 1.
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I. SENS DE LA LIBERTÉ RELIGIEUSE 1) Documents internationaux La liberté religieuse garantit le droit d'adhérer à une religion donnée et de pratiquer le culte prévu par cette religion. Mais en plus, elle exclut toute discrimination en raison de la religion. C'est ce qui découle de l'article premier de laCharte des Nations Unieset de l'article 2 de laDéclaration universelle des droits de l'homme. Ce dernier aspect de la liberté religieuse est développé par la Déclaration sur l'élimination de toutes les formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, dont nous citons l'article 4 alinéa premier: Tous les Etats prendront des mesures efficaces pour prévenir et éliminer toute discrimination, en raison de la religion ou de la conviction, dans la reconnaissance, l'exercice et la jouissance des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans tous les domaines de la vie civile, économique, politique, sociale et culturelle. 2) La Déclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël Le 14 mai 1948, 37 membres duConseil provisoire du peuplesignèrent une déclaration qui stipule, entre autre: Nous membres du Conseil national représentant la communauté juive de Palestine et le mouvement sioniste ... nous proclamons la création d'un Etat juif en terre d'Israël qui portera le nom d'Etat d'Israël. L'Etat d'Israël sera ouvert à l'immigration juive et aux juifs venant de tous les pays de leur dispersion; il veillera au développement du pays pour le bénéfice de tous ses habitants, il sera fondé sur la liberté, la justice et la paix selon l'idéal des prophètes d'Israël; il assurera la plus complète égalité sociale et politique à tous ses habitants sans distinction de religion, de race ou de sexe; il garantira la liberté de culte, de conscience, de langue, d'éducation et de culture; il assurera la protection des lieux 3 saints de toutes les religions et sera fidèle aux principes de la Charte des Nations . Cette Déclaration, nommée d'une manière erronéeDéclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël, est en fait une déclaration de création d'un Etat juif en terre d'Israël, comme le dit le préambule. Elle passe, volontairement, sous silence les frontières de cet Etat, lesquelles n'ont jamais été définies par la suite.
3 ) Claude Klein:Le caractère juif de l'Etat d'Israël, Edition Cujas, Paris 1977, pp. 153155.
7 La partie qui concerne l'égalité des droits n'a aucune valeur juridique puisque 4 cette Déclaration n'a jamais été votée ou homologuée par la Knesset . Bien plus, une loi a été adoptée le 23 juillet 1980 qui dit: Lorsque la cour, affrontée à une question juridique nécessitant une décision, ne trouve pas de réponse la concernant dans la loi, dans la jurisprudence ou par analogie, elle doit rendre sa décision à la lumière des principes de la liberté, de l'équité et de la paix 5 établis par l'héritage d'Israël . Lors des débats relatifs à cette loi, Shulamit Aloni a signalé à la Knesset que l'héritage d'Israël comprend aussi laHalacha (règles religieuses juives) qui affirme, entre autre: "Seuls vous, les juifs, vous êtes appelés des êtres humains; les nations du monde ne sont pas des êtres humains; il n'est pas exigé d'étendre l'aide à ungoy/nonjuif puisqu'il est ditles païens ne comptent pas; il est interdit d'étendre l'aide auxgoys/nonjuifs le jour de Sabbat, puisque le danger à la vie supprime les interdictions du Sabbat seulement dans le cas de danger à la vie juive". Shulamit Aloni a proposé alors d'inscrire la mentionétablis par la Déclaration d'indépendance. Un autre député a proposé d'y ajouterétablis par 6 l'héritage universel de l'humanité. Mais ces deux amendements ont été rejetés . Les pratiques et les lois qui ont suivi laDéclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël démontrent plus que tout autre argument que ses auteurs n'avaient nullement l'intention de se conformer aux principes d'égalité et de non discrimination y mentionnés.
II. EXPULSIONS ET DESTRUCTIONS APRÈS 1948 1) Expulsions des nonjuifs BenGurion, un des fondateurs et premier Premier Ministre d'Israël, déclarait en 1937 que la Palestine n'appartenait pas à ses habitants d'alors, et que ce pays devait résoudre non pas le problème de deux nations, mais d'une seule nation, 7 les juifs de partout . Cette déclaration de BenGurion s'inscrit dans la ligne du programme du mouvement sioniste fondé par Theodor Herzl en 1896, qui visait à faire de la Palestine une patrie pour les seuls juifs. La mise en exécution de ce programme a été l'oeuvre de groupes terroristes israéliens dont leSternet l'Irgoun.
4 ) Uri Davis:Israel an apartheid State, Zed books, London & New Jersey, 1987, p. 22. 5 )Laws of the State of Israel, vol. 34, p. 181. 6 ) Uri Davis,op. cit., pp. 6869. 7 ) BenGurion:Zionistische Aussenpolitik, Berlin 1937, p. 28, cité dans V. Waltz & J. Zschiesche: Die Erde habt Ihr uns genommen, Berlin 1986, p. 30.
8 Pendant de longues années, le gouvernement israélien prétendait que les palestiniens avaient quitté leur pays sur appel des dirigeants arabes. Erskine Childers, un journaliste anglais, a été le premier en Occident à démystifier cette falsification historique. Il a auditionné la totalité des émissions radiophoniques diffusées au ProcheOrient à l'époque. Il a démontré que les seules émissions incitant la population palestinienne à partir sont d'origine sioniste. Ces émissions développaient de façon volontairement menaçante les thèmes de 8 l'extermination à laquelle étaient promis ceux qui restaient en Palestine . Des historiens israéliens (Flapan, Morris, etc.) ont confirmé par la suite que ce sont bel et bien les forces armées sionistes qui ont provoqué le départ des palestiniens. Cette guerre psychologique était accompagnée de massacres réels, dont le plus connu est celui de Dair Yassin conté par un Suisse, Jacques de Reynier, Président de laDélégation de la Croix Rouge Internationale1948. Il écrit: en "Il y avait 400 personnes dans ce village, une cinquantaine se sont enfuies, trois sont encore vivantes. Tout le reste a été massacré sciemment, volontairement, car je l'ai constaté, cette troupe est admirablement en main et elle n'agit que sur 9 ordre" . Ce massacre, qui a coûté la vie à environ 350 civils, composés en majorité d'enfants, de femmes et de vieillards, a été perpétré par l'Irgoun(dirigé par l'ancien Premier Ministre Menahem Bégin, Prix Nobel de la paix) et par le 10 Lehi.(dirigé par Yitzhak Shamir, l'actuel Premier Ministre) Le cas de Dair Yassin n'était pas un cas isolé. Mais les informations sont 11 publiées au comptegoutte . Le journal israélienDavara révélé seulement le 6 septembre 1979 des massacres similaires perpétrés en 1948 dans le village Al 12 Duwayma qui comptait 2'700 habitants . Une déclaration de Menahem Bégin aux EtatsUnis en été 1948 indique comment les choses se sont passées: Dans le mois précédant la fin du mandat, l'Agence juived'entreprendre une décida mission difficile, celle de faire sortir les arabes des villes avant l'évacuation des troupes britanniques ... l'Agence juiveen vint à un accord avec nous (Irgoun) pour que nous exécutions ces arrangements, tandis qu'elle répudierait tout ce que nous ferions et prétendrait que nous étions des éléments dissidents, comme elle le faisait quand nous
8 ) Erskine B. Childers: The Wordless Wish: From citizens to refugees, dansThe Transformations of Palestine, Northwestern University Press, Evanston 1971, pp. 165202. 9 ) Jacques de Reynier:1948 à Jérusalem, Editions de la Baconnière, Neuchâtel 1969, p. 74. 10 ) Dans une discussion à la Knesset, un député israélien disait qu'il n'avait pas honte de ce qui s'est passé à Dair Yassin puisque d'autres Dair Yassin ont eu lieu; il ajoute que la guerre a été gagnée grâce au massacre de ce village (Tom Segev:1949, the first Israelis, The Free Press, Macmillan, New York & London 1986, p. 89). 11 ) En 1985, Israël a décidé de garder secrets 20 ans encore les documents relatifs à l'exode des palestiniens (Journal de Genève, 12 juin 1985). 12 ) Uri Davis,op. cit., pp. 78.
9 combattions les britanniques. Alors nous avons frappé avec force et mis la terreur dans le coeur des arabes. Ainsi nous avons accompli l'expulsion de la population arabe des 13 régions assignées à l'Etat juif . L'expulsion des nonjuifs s'est poursuivie même après la signature de l'accord d'armistice avec les pays arabes voisins. Ces expulsions s'effectuaient soit d'une 14 région à l'autre à l'intérieur d'Israël, soit d'Israël vers un pays arabe voisin . Par ces mesures, l'Etat d'Israël a vidé le pays de trois quarts de ses habitants 15 nonjuifs qui sont pourtant considérés par le plan de partage de l'ONU de 1947 comme citoyens de l'Etat juif. Ils sont maintenant en partie dans 61 camps de 16 réfugiés, dont 28 camps dans les territoires occupés par Israël en 1967 . Ce qui s'est passé en Palestine est résumé d'une manière sans équivoque par Shimon Pérès dans un article paru dans le Monde le 23 septembre 1988: "Voici cent ans, le mouvement sioniste s'est consacré à la réalisation d'une majorité juive dans un seul pays, le pays du peuple juif. L'Etat juif, cela signifie un Etat où les juifs sont une majorité claire". 2) Destruction des localités des nonjuifs Dans un document distribué en Suisse en septembre 1987 pour récolter 6'000'000 Sfr. en faveur d'uneForêt suisseplanter dans la région de à Tibériade, leFonds national juif remercie d'avance ses bienfaiteurs dont le soutien "permettra de transformer un sol désertique en une verte contrée". Ceci fait partie d'une propagande largement orchestrée pour faire croire que la Palestine est un pays désert, fleuri par Israël. Cet organisme cependant ne dit pas que ces forêts se trouvent souvent sur l'emplacement de villages palestiniens détruits. En fait, l'Etat d'Israël, après l'expulsion des palestiniens, a détruit la plupart de leurs villages et a planté sur leur emplacement des forêts pour effacer leurs traces. Les terres agricoles ont été attribuées à des kibboutz et à des moshav habités exclusivement de juifs. Le professeur Israel Shahak de l'Université hébraïque de Jérusalem écrit à ce propos:
13 )AlHayah (Beyrouth), 20 déc. 1948, citée par Musa Alami: The lesson of Palestine, dans MiddleEast Journal, vol. 3, oct. 1949, no. 4, pp. 381382. 14 ) Sabri Geries:Les arabes en Israël, Maspero, Paris 1969, pp. 118120. 15 ) Le Comité de Transfert a recommandé le refus catégorique du retour des réfugiés palestiniens dans leurs villages, mais seulement dans les villes où ils ne devraient pas excéder 15% de la population juive. Ceci si Israël était pressé à accepter le retour des réfugiés (Tom Segev,op. cit., p. 30). 16 ) Sur l'exode des palestiniens voir Amnon Kapeliouk: Nouvelles précisions sur l'exode des palestiniens, dansLe Monde diplomatique, déc. 1986, pp. 1819.
10 La vérité sur les populations arabes, telles qu'elles existaient sur le territoire de l'Etat d'Israël avant 1948, est l'un des secrets les mieux gardés de la vie israélienne. Aucune publication, aucun livre ou brochure qui donne leur nom, ou leur emplacement. Ce silence, bien sûr, a pour but l'authentification du mythe, accepté officiellement, d'un pays désert. Ce mythe est enseigné et admis dans les écoles israéliennes, et répété aux visiteurs. Une telle falsification des faits est une des plus graves infractions à la loi morale et l'un des obstacles les plus importants contre toute possibilité de paix. Une paix qui ne soit basée ni sur la force, ni sur l'oppression. Cette falsification est, à mon avis, d'autant plus grave qu'elle est presque universellement admise hors du Moyen Orient. Etant donné que les villages arabes furent presque détruits complètement avec leurs maisons, leurs clôtures, et même leurs cimetières et leurs tombeaux, pas une pierre n'étant restée visible, les visiteurs peuvent accepter l'idée qu'il n'y avait là qu'un 17 désert . 18 La liste établie par Israel Shahak et vérifiée par Christoph Uehlinger comprend 383 villages palestiniens détruits repartis comme suit: District de Jérusalem 37 District de Safad 76 District de Béershéba 1 District de Hébron 15 District de Ramle 54 District de Gaza 45 District de Tulkarem 10 District de Jaffa 19 District d'Acre 25 District de Haïfa 45 District de Jenin 6 District de Nazareth 4 District de Tibériade 24 District de Beisan 22 Ceci représente environ 81% de l'ensemble des localités palestiniennes qui existaient dans les frontières avant 1967. A ces villages, il faut ajouter un très grand nombre de tribus expulsées ou massacrées et dont la liste est reproduite par le Professeur Shahak. Ajoutons aussi que les nonjuifs de villes comme Tibériade, Safad, Majdal (Ashqelon), Isdud (Ashdod), Béershéba ont été presque entièrement expulsés. A Lod, Ramle, Jaffa, Haïfa et Acre, les nonjuifs ont été en grande majorité expulsés; ceux qui y sont restés ont été logés par 19 force dans des ghettos . Le cas de Biram, un village chrétien au nord d'Israël est significatif. En 1948, raconte le Père Chacour, un prêtre mélkite originaire de Biram, les habitants de ce village recevaient les juifs qui venaient d'arriver pour leur montrer qu'il y avait quelque part dans ce monde des gens prêts à les recevoir généreusement après les persécutions nazis. Les soldats israéliens ont alors ordonné aux pères de famille de ramasser les clés des maisons, de les leur livrer et de partir pour deux semaines. Les habitants de Biram ont dormi dans les cavernes, dans des 17 ) Israel Shahak:Le racisme de l'Etat d'Israël, Authier, Paris 1975, p. 152. 18 ) Christoph Uehlinger:Localités palestiniennes détruites après 1948, 2ème édition, 1989 (éditée par l'Association pour reconstruire Emmaüs, rue du Centre 74, CH1025 StSulpice; prix: 5. Sfr.). 19 ) Uri Davis,op. cit., pp. 1718. Les habitants arabes de Haïfa ont été contraints de se replier dans un ghetto laissant leurs maisons et leurs terres à des juifs (Tom Segev,op. cit., pp. 5256).
11 grottes, sous les oliviers pendant deux semaines. Après quoi, les pères de famille et les hommes adultes sont allés voir les soldats pour pouvoir retourner, car ils avaient de l'armée une promesse écrite qu'ils seraient autorisés à rentrer dans leurs maisons après deux semaines. Mais ils ne sont jamais revenus. Ils ont été amenés dans des camions militaires jusqu'aux frontières d'Israël et ils ont été expulsés. Ils sont partis de Naplouse à Amman, à Damas, à Beyrouth, comme des centaines de milliers d'autres palestiniens. Certains ont quand même pu secrètement s'infiltrer à travers les frontières nord du nouvel Etat d'Israël pour rejoindre leurs femmes et leurs enfants. Les autres sont devenus des réfugiés. Les gens de Biram continuent à demander le droit de retourner chez eux. Ils ont obtenu gain de cause devant les tribunaux israéliens. Mais pour les persuader qu'il n'y avait aucun espoir de retour, BenGurion a ordonné la destruction du village le 16 septembre 1953. En 1987, quarante ans après l'expulsion des habitants, le groupe du rabbin Meir Kahane s'y est rendu, sous garde policière, pour effacer les croix sculptées dans la pierre des maisons déjà en ruine afin d'éliminer tous les signes chrétiens. Au mois de septembre de la même année, ils sont retournés détruire ce qui restait de l'école et endommager une partie de l'église. Ils ont ouvert la tombe du prêtre mort depuis huit mois et enterré à l'église; ils ont détruit sa tombe. Aucune sanction n'a été prise par le 20 gouvernement israélien contre ces agissements . Il va sans dire que non seulement les localités ont disparu, mais aussi les lieux de culte nonjuifs. Ceux qui restaient ont été profanés parfois. Ainsi, une église orthodoxe d'Aïn Karim, le lieu de la Visitation, a été transformée en 21 toilettes publiques ; la mosquée de Safad en galerie d'art; celles de Césarée et d'Aïn Hud en restaurant et en bar; celle de Béershéba en musée; l'hôtel Hilton de TelAviv, l'hôtel Plaza à Jérusalem et les parcs adjacents se trouvent sur des 22 cimetières musulmans . La destruction des villages palestiniens par Israël n'a pas encore pris fin. Il existe 122 villages palestiniens, regroupant 44'000 habitants, qui ne sont pas reconnus par Israël. Ce sont des villages auxquels les autorités israéliennes ne fournissent ni eau, ni électricité, ni services médicaux. Ils sont menacés de démolition et d'évacuation par Israël afin de pouvoir construire de nouvelles 23 maisons pour les immigrants juifs .
20 ) Interview accordée par Elias Chacour à l'Agence de Presse Internationale Catholique, mai 1988. Voir sur ce village l'ouvrage d'Elias Chacour:Frères de sang, Cerf, Paris 1988. 21 ) A. M. Goichon:Jérusalem fin de la ville universelle?, Maisonneuve & Larose, Paris 1976, p. 135. D'autres profanations de cimetières chrétiens et de biens d'Eglise en Israël ont été signalées au Conseil de sécurité,Document S/8552du 19 avril 1968. 22 ) Uri Davis,op. cit., p. 24. 23 ) CICP (Genève),information no 39, 27 janvier 1992, p. 8
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