Folies et traitements insolites de par le monde
282 pages
Français

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Folies et traitements insolites de par le monde , livre ebook

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Description

Certaines folies sont bien étranges. Voici un recueil de faits impensables qui nous obligent à nous interroger. Il est notamment question d'hommes dont le pénis disparaît, de femmes mangeuses de terre, d'êtres sans avenir, de cannibalisme, de suicides sacrificiels. Ce Journal se propose de rappeler au lecteur que nos clans, nos symboles, nos lois, nos complexes ne sont pas universels. Nos soins et nos théories non plus.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296478879
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Folies et traitements insolites de par le monde
Journal d’ethnoclinique existentielle
DU MÊME AUTEUR
Essais
Le jeune Ferenczi , Aubier-Montaigne, 1983.
L’inachevé , Grasset, 1984.
A l’écoute de votre enfant , Hachette, 1985.
Pour Saint Augustin , Grasset, 1988. Traduit en Italien. Editions Borla, Rome, 1991.
Traité de psychodrame d’enfants , Privat, 1990. Traduit en Italien, Editions Magi, Rome, 1992.
Ferenczi : De la médecine à la psychanalyse , P.U.F., 1993.
Psychologie de l’enfant et de l’adolescent , Toulouse, 1990.
Le plaisir de penser , La Bruyère, 1999.
Journal d’un psychanalyste , L’Harmattan, 2000. Traduit en l’italien, Edition Magi, Rome, 2002.
Pourquoi devient-on malade ? , L’Harmattan, 2003.
Un nouveau regard sur l’anorexie . L’Harmattan, 2007. Traduit en italien, Editions Magi, Rome, 2009.
Journal d’un psy rebelle , L’Harmattan, 2009.
Guérir par le théâtre thérapeutique , L’Harmattan, 2010.
Théâtre
Le fou d’Araucanie , 1995.
Gal Potha, 2002.
Europe , 2006, L’Harmattan, (texte + DVD), traduit en grec, 2008.
Récits
Le fou d’Araucanie , Lierre et Coudrier, 1990.
Paroles de père , Lierre et Coudrier, 1991.
La fête des pères , Vinci, 1995.
Contes
Histoires du feu , Grasset, 1992.
Quatre contes pour Clarisse , Vinci, 1995.
Contes et rêveries d’un psychanalyste , SDE, 2004.
Claude LORIN
Folies et traitements insolites de par le monde
Journal d’ethnoclinique existentielle
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56926-3
EAN : 9782296569263
A Krassivaïa Dievotchka, pour tout l’or des Scythes, valeur suprême du merveilleux et du sublime.
La plus terrible condition de l’espèce humaine n’est pas celle du « sauvage » mais celle des nations policées qui, de tout temps, ont été les vrais fléaux de la nature humaine et que les civilisés ont encore peine à contenir aujourd’hui.
Georges Louis Buffon
Quoi de plus ignorant et superstitieux que le sauvage qui enduit de boue et de sang son uniforme fétiche ? Mais suivez-le sur le tombeau de ses morts, écoutez les lamentations des guerriers pour leur chef, de la mère pour l’enfant qu’elle a perdu.
Quelque chose pénptrera votre âme, réveillera vos émotions, ranimera vos espérances.
Benjamin Constant
L’avenir est la seule chose valable. Ne te retourne pas sur le passé quoi qu’il se passe : avance !
Maurice Béjart
Avant-propos
Certaines folies sont bien étranges. Autrefois, en Europe, on croyait certaines extravagances d’origine diabolique et l’on pratiquait l’exorcisme. Aujourd’hui nous ne croyons plus trop aux fantômes, aux esprits passe-murailles ni aux « mauvaises rencontres. » Pourtant, ailleurs dans le monde, certaines folies ont pour cause les esprits du ciel ou de la mer, des forêts ou des montagnes, du sable ou de la glace. Ce livre est un recueil d’études et de réflexions sur des faits impensables qui ont de quoi nous interroger. Il est question d’hommes dont le pénis disparaît (Koro, Indonésie), de femmes mangeuses de terre (géophagie, Afrique), d’êtres sans avenir (Indiens d’Amérique), de cannibalisme (Aborigènes d’Australie), de suicides sacrificiels (Inuits,Groenland, Alaska), de prostrés volontaires (Hikikomori, Japon), de délirants en liberté (Taravana, Polynésie), de sujets qui meurent bizarrement sous l’effet de sorts maudits (os pointé, Australie) et de maints autres troubles dus aux spectres de la Surnature. On découvrira ici également, chamanismes, magies, communautarismes obéissant à d’autres formes de pensées, de logiques et de techniques de soins que les nôtres. On saisira aussi que nous, Occidentaux, avons aussi nos clans, nos totems et nos spectres, à commencer comme le dit Marx par celui qui hanta l’Europe. Dans Le Miroir des limbes Malraux rapporte une histoire éloquente à ce propos : « le psychanalyste Jung est en mission chez les Indiens du Nouveau-Mexique. Ils lui demandent quel est l’animal de son clan : il leur répond que la Suisse n’a ni clan ni totem. La palabre finie, les Indiens quittent la salle par une échelle qu’ils descendent comme nous descendons les escaliers : le dos à l’échelle. Jung descend comme nous face à l’échelle. Au bas, le chef indien désigne en silence l’ours de Berne brodé sur la vareuse de son visiteur : l’ours est le seul animal qui descende face au tronc et à l’échelle. » De fait, hormis ceux qui entonnent le péan de la médecine blanche et font œuvre de prosélytisme, beaucoup d’entre nous ignorent le signifiant de leur appartenance.
Fruit de multiples rencontres professionnelles, ce Journal se propose de rendre sensible au lecteur que nos clans, nos symboles, nos lois, nos complexes ne sont pas universels. Nos soins et nos théories non plus.
Claude Lorin,
Université de Moscou, août 2011.
Introduction
1. Qu’est-ce que l’ethnoclinique existentielle ?
L’ethnoclinique existentielle est une science nullement subalterne à l’ethnopsychiatrie et encore moins à ce que certains auteurs nomment la psychanalyse 1 des primitifs. Elle a pour but de rendre compte de la diversité des troubles, des maladies, mais aussi des techniques de soins caractéristiques de divers groupes humains et des éléments culturels qui leur sont propres. Elle ne s’intéresse pas uniquement aux sociétés préindustrielles et se distingue de l’ethnopsychiatrie des pays émergents, même s’il lui faut prendre en compte certains révélateurs de sociétés décolonisées, ainsi que les tensions, les conflits, voire les séquelles colonialistes.
L’ethnoclinique existentielle n’est pas une zoologie humaine avide d’exotisme ou d’étrangeté des sociétés sans machinisme. Elle déjoue la prétendue supériorité intellectuelle, spirituelle et morale des pays industriels avancés dont la « coopération » fut souvent une entreprise de charité déguisée, donatrice des aspirations issues du développement de l’homme rationnel, évolué, logique, souhaitant entraîner les peuples archaïques dans l’actuel progrès du développement planétaire.
Elle n’est pas, de fait, un inventaire des curiosités en matière de troubles, et ce qui peut paraître pittoresque doit être considéré comme une science de l’autre, avec ses différences en matière de maladies et de soins apportés, dont certains peuvent paraître déroutants eu égard aux sociétés urbanisées et industrialisées. Exit donc les éléments constitutifs d’un certain folklore qu’enroberait une science de la primitivité. Exit aussi l’ethnopsychiatrie comme science des statiques sociales soulignant avec insistance l’équilibre et l’harmonie de l’architecture institutionnelle primitive. De fait, l’ethnoclinique existentielle prend en compte diverses formes d’anthropologie sociale et culturelle ainsi que de multiples écoles de pensée. L’anthropologie sociale n’est pas une. Et l’anthropologie culturelle, est aussi composite. Maintes tendances théoriques coexistent. Enfin, la présentation de l’ethnoclinique existentielle que je propose n’a pas pour but d’embrasser tous les modes de pensée et les comportements humains. Elle accorde, en revanche, une valeur importante aux troubles jugés réèllement « anormaux » par la socioculture considérée, ainsi qu’aux soins prodigués par des personnalités (chamanes, bush doctors, sorciers...) auxquelles le « malade » et son groupe d’appartenance accordent leur confiance. Elle prend en compte un réseau de relations qui n’appartient pas à l’équipement conceptuel des praticiens de la médecine blanche. Elle exclut de son vocabulaire l’expression « sauvage », employé par B .Malinowski, notamment dans La Sexualité chez les sauvages ou « primitif » selon le vocabulaire de L. Lévy-Bruhl.
Nous parlerons de sociétés « anciennes » par opposition à sociétés « modernes.» Dans Anthropology today , C. Lévi-Strauss utilise des appareils conceptuels empruntés à la linguistique, à la génétique, à la démographie et aux mathématiques, ce que je me suis permis de faire à propos du Koro indonésien, sans être pour autant certain de n’être pas tombé dans le piège de l’ethnocentrisme. De fait, les frontières séparant les sciences qui ont l’Homme pour objet sont assez diffuses. En outre, les différentes écoles, les types d’éclairages qu’elles projettent sur des faits, ne nous autorisent pas un éclectisme pouvant conduire soit au placage théorique de nos civilisations techniciennes, soit à l’exotisme et au dépaysement d’une sorte d’anthropologie d’antiquaire qui ne répondrait qu’à des satisfactions personnelles plus ou moins conscientes.
L’ethnoclinique existentielle doit déjouer ces deux travers, m

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