Lettre apologétique de l abbé Raynal à monsieur Grimm
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Lettre apologétique de l'abbé Raynal à monsieur Grimm , livre ebook

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Description

La Lettre apologétique de l'abbé Raynal à monsieur Grimm est une lettre publiquede Denis Diderot à Grimm rédigée le 25 mars 1781. Cette lettre a été écrite en réaction aux critiques envers la troisième édition de l'Histoire des deux Indes.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 202
EAN13 9782820628879
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
«Essai»

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ISBN : 9782820628879
Sommaire


LETTRE APOLOGÉTIQUE DE L’ABBÉ RAYNAL A MONSIEUR GRIMM
LETTRE APOLOGÉTIQUE
DE L’ABBÉ RAYNAL
A MONSIEUR GRIMM
LETTRE APOLOGÉTIQUE
DE L’ABBÉ RAYNAL A MONSIEUR GRIMM

Réponse au dilemme que M. Grimm a fait à l’abbé Raynal, chez Mme de Vermenoux et qu’il m’a répété chez Mme de Vandeul, ma fille.

« Ou vous croyez, lui disait-il, que ceux que vous attaquez ne pourront se venger de vous, et c’est une lâcheté de les attaquer ; ou vous croyez qu’ils pourront et voudront se venger ; et c’est une folie que de s’exposer à leur ressentiment. »
Et que répondait à cela l’abbé Raynal ? Rien. Il fallait donc que ce jour-là le pauvre abbé fût un imbécile.
Premièrement il n’est pas vrai que ce soit une lâcheté que d’attaquer celui qui ne peut se venger. Il suffit qu’il mérite d’être attaqué.
Ce n’est point une folie que d’attaquer celui qui se vengera. Dans la cause de la vertu, de l’innocence, de la vérité, le mépris de la vengeance est un acte de générosité. Tous ceux qui s’exposent à la colère du méchant ne sont pas des fous.
Le dilemme de M. Grimm ferme la bouche à l’homme éclairé, à l’homme de bien, au philosophe, sur les lois, les mœurs, les abus de l’autorité, la religion, le gouvernement, les vices, les erreurs, les préjugés, seuls objets dignes d’occuper un bon esprit.
Celui qui se nomme au frontispice de son ouvrage est un imprudent, mais n’est pas un fou ; et l’auteur anonyme n’est pas un lâche.
Comment sommes-nous sortis de la barbarie ? C’est qu’heureusement il s’est trouvé des hommes qui ont plus aimé la vérité qu’ils n’ont redouté la persécution. Certes ces hommes-là n’étaient pas des lâches. Les appellerons-nous des fous ?
Il est impossible qu’une page hardie ne blesse et n’irrite quelque particulier ou quelque corps puissant et vindicatif. Où est la folie, où est la lâcheté à négliger également et leur pouvoir et leur impuissance ? Que l’ennemi de la philosophie soit un dangereux ou un insignifiant personnage, elle ne cessera de le poursuivre que quand il aura cessé d’être vicieux ou méchant. C’est ainsi qu’ont pensé les philosophes des écoles les plus opposées sous Tibère, sous Caligula, sous Néron ; et ces philosophes-là n’étaient pas des fous.
Vous ne savez plus, mon ami, comment les hommes de génie, les hommes courageux, les hommes vertueux, les contempteurs de ces grandes idoles devant lesquelles tant de lâches se font honneur de se prosterner, vous avez oublié comment ils écrivaient leurs ouvrages. Sans être de la classe, je le sais, moi, et je vais vous le dire. Le projet d’offenser ou de plaire fut loin de leur pensée. Ils ne coururent point après la louange ; ils ne redoutèrent point la persécution ; ils voulaient être utiles ; ils voulaient dire la vérité ; ils voulaient la dire fortement. Ils s’adressaient aux scélérats couronnés qui faisaient gémir tant d’innocents, aux imposteurs sacrés qui faisaient éclore tant d’imbéciles ou de furieux ; et le bonheur ou le malheur qu’ils pouvaient attirer sur eux, la gloire ou le blâme qui pouvaient leur en revenir, étaient des choses qui, dans le moment du moins, ne les touchaient nullement et qui ne les auraient pas touchés davantage dans le moment de l’orage, s’ils avaient réuni le courage de l’âme à la force de l’esprit.
Si quelqu’un d’entre ces hommes rares sut perdre la fortune, la liberté, l’honneur, la vie, sans murmurer, l’appellerai-je fou ? S’il regretta sa patrie, ses amis, ses concitoyens, l’appellerai-je lâche ? Lorsque l’indignation d’un honnête et brave antagoniste du mensonge et de la tyrannie s’est soulagée, si cet homme pressent que la hardiesse de son discours pourrait ajouter une victime à la multitude de celles que l’intolérance et le fanatisme se sont immolées, cette terreur l’arrêtera-t-elle, doit-elle l’arrêter ? Non, mon ami, non. Le peuple dit : « Vivre d’abord, ensuite philosopher. » Mais celui qui a pris le manteau de Socrate, et qui aime la vérité et la vertu plus que la vie, dira, lui : « Philosopher d’abord, et vivre ensuite. » Si l’on peut… Vous riez, je crois ?… Ah ! mon ami, je vois bien, votre âme s’est amenuisée à Pétersbourg, à Potsdam, à l’Œil-de-bœuf et dans les antichambres des grands.
Vous me dites que vous avez obtenu la confiance de l’impératrice de Russie ; que le roi de Prusse a daigné de vous adresser la parole, et que vous approchez de Vergennes, si vous voulez quelque chose. Si vous aviez la puérile vanité de prendre pour vous et de vous offenser de la page qui s’adresse aux rois, aux ministres, aux courtisans au nombre desquels vous vous compteriez, vous ne seriez guère moins ridicule que si je m’avisais de me placer au rang des sages.

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