Du même auteur
Le Capitalisme, l’Islam et le socialisme, éditons Publibook, 2014 Le Prophète de l’Islam et ses Califes, éditons Publibook, 2011
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Prologue Dans son sens restreint, la Loi désigne l’ensemble de prescriptions légales contenues dans le Coran et dans la pratique du Prophète. Comme elles sont peu nombreuses dans le Livre – à peine 3 % – et que celles du Prophète ne dépassent guère le dixième de ce qui lui est attribué comme héritage, les juristes musulmans en ont rajouté d’autres tirées du consensus ou de leur propre effort personnel. L’ensemble forme la Loi au sens large, entendue comme émanation divine dans son socle fondateur – Livre et héritage du Prophète – ou dérivée de ce socle – pour les sources dégagées par les juristes –, en particulier le consensus et l’analogie.
Cette définition n’exclut ni les divergences dans l’interprétation des prescriptions du socle fondateur ni les désaccords relatifs au statut à accorder aux autres sources ni aux limites de leur usage.
Cependant, tous les juristes sont unanimes à considérer que la Loi est immuable, valable en tout lieu et à toute époque. Depuis plus d’un siècle, la prépondérance de la Loi a été mise à rude épreuve par l’incorporation de nouvelles dispositions légales empruntées à d’autres cultures. Rares sont aujourd’hui les pays musulmans qui appliquent ou déclarent appliquer la Loi de manière intégrale et exclusive. Rares sont également les pays qui recourent à un droit totalement séculier. La majorité usent d’une double référence : la Loi – au sens large – régit le statut personnel et les successions
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patrimoniales ; le droit « moderne » s’octroie le pénal, le commercial et tout ce qui est en rapport avec la gestion d’une société moderne.
Cette ambivalence donne lieu à des tensions, voire à des situations conflictuelles dues à l’incohérence du système légal et aux contradictions qu’il génère, par exemple entre l’égalité économique des hommes et des femmes et la discrimination dans les codes de statut personnel.
En général, les autorités essayent de préserver un compromis entre les références légales disparates en alternant un discours formellement moderniste et une surcharge cultuelle formaliste.
L’islam est consacré par la constitution comme étant la religion de l’Etat, alors que la majeure partie des lois sont des emprunts à des Etats séculiers !
Dans certains pays, la Loi est déclarée comme étant la base et la référence du système législatif, alors que les lois promulguées lui sont contraires dans la lettre et/ou dans l’esprit.
Ces formulations destinées à calmer les élites conservatrices et les mouvements d’inspiration religieuse ne font que légitimer les revendications de ces derniers.
En réalité, le pouvoir joue à l’équilibriste cynique et avisé. Selon les circonstances, il donnera la priorité à l’une ou à l’autre de ces références.
Les élites dirigeantes rehaussent dans leur discours le prestige de la Loi alors qu’en pratique, elles agissent de manière à démontrer qu’elle est inapplicable telle quelle.
Elles font référence au peuple et à la démocratie alors que dans les faits, elles usent de la répression et de la coercition à l’égard de toute critique et de toute aspiration au changement.
Elles se réfèrent à la religion pour faire taire les modernistes zélés, et elles recourent aux Idéaux contemporains pour museler les religieux convaincus.
Mais cette acrobatie finit par lasser et les uns et les autres. Les premiers s’exilent ou se réfugient dans le mutisme, ou bien ils s’alignent par opportunisme sur les positions officielles,
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