La longue marche pour l égalité
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La longue marche pour l'égalité , livre ebook

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Description

Samedi 3 décembre 1983, ils arrivent à Paris accueillis par 100 000 personnes dans une ambiance de fête. Ils ? Ce sont les marcheurs partis de Marseille le 15 octobre 1983 dans l’indifférence quasi-générale des politiques, des médias. Ils réclament la condamnation des trop nombreux crimes racistes, l’égalité des droits, la carte de séjour de dix ans et le droit de vote pour les étrangers. Au fur et à mesure des kilomètres parcourus, l’intérêt médiatique s’emballe. Dans l’euphorie générale, la France se prend à se rêver plurielle. Désormais, ces jeunes ne sont plus seulement des enfants d’immigrés. Si leurs parents n’osent pas réclamer leurs droits, eux se veulent des acteurs à part entière de cette société française qui peine à les intégrer. Cette marche pour l’égalité et contre le racisme, rebaptisée par les médias « marche des beurs », est considérée comme un acte fondateur pour un grand nombre de militants anti-racistes. Si pour certain, c’est la date symbolique d’une prise de conscience politique, elle est pour d’autres, le symbole des promesses trahies. Car trente ans plus tard, les revendications sont les mêmes : lutter contre les inégalités, les discriminations et les violences policières. Et malgré d’énième « plans Marshall », les banlieues sont plus que jamais ghettoïsées et régulièrement prises de secousses comme à Vaulx-en-Velin (1990), Mantes-la-Jolie (1991), sans oublier celles de 2005…Seront-ils toujours condamnés à marcher ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 septembre 2015
Nombre de lectures 9
EAN13 9782359300963
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0716€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Longue marche pour l galit
Droits r serv s
ISBN 978.2.35930.096.3
Les points sur les i diteurs 16 Bd Saint Germain 75005 Paris
www.i-editions.com
1983 - 2013
LA LONGUE MARCHE DES BEURS
pour l‘égalité
SOMMAIRE
Avant-propos
1 - Au commencement tait la marche
2 - L apr s-marche de 1983
3 - Une marche peut en cacher une autre
4 - Le mouvement " beur a-t-il t r cup r par SOS Racisme ?
5 - La marche des femmes contre les ghettos et pour l galit , une marche de la stigmatisation ?
6 - Politique de la ville, chronique d un chec annonc
7 - Les meutes de 2005, un nouveau tournant ?
8 - Les banlieues s organisent et se mobilisent.
9 - Les lus de la diversit ou la diversit des lus ?
10 -Ils ne marcheront plus
Conclusion
Bibliographie
Chronologie
Cr dits photographiques
A mes enfants.
Un grand merci ma famille, mes amis et surtout aux nombreuses personnes qui ont t moign pour ce pr sent ouvrage.
AVANT-PROPOS
2013, nous f tons les trente ans de la Marche pour l galit et contre le racisme. Rebaptis e par les m dias, " marche des beurs , elle marque un tournant dans l histoire des luttes de l immigration maghr bine. Les marcheurs pour la plupart sont n s ici, ont grandi ici, tudi ici, mais ont alors le sentiment que tout est fait pour qu ils ne se sentent pas ici chez eux. Victimes de discriminations, de contr les au faci s, et d exclusion, le tout sur fond de ch mage. L lection en 1981 de Fran ois Mitterrand est d j loin et la gauche au pouvoir n a, leurs yeux, rien fait. Mars 1983, c est galement la premi re perc e du Front national dans plusieurs villes de l Hexagone. Un choc pour cette jeunesse issue de l immigration. " Douce France de Trenet revue par Carte de S jour tourne en boucle. leurs c t s, celui qu on surnomme le cur des Minguettes, le p re Christian Delorme. La bavure polici re dont est victime Toumi Dja dja d clenche l id e d une marche la " Gandhi . Les jeunes de V nissieux et des quartiers Nord de Marseille sont re us par le Pr sident de la R publique, Fran ois Mitterrand. Ils obtiennent pour leurs parents la carte de s jour de dix ans, et beaucoup de promesses. Tr s peu seront tenues
Au Commencement tait la marche

Il y a trente ans, le 15 octobre 1983, d bute une pop e qui va durablement marquer les esprits et l histoire des luttes de l immigration maghr bine. Une poign e de jeunes, d termin s faire entendre leurs voix, s lancent au d part de Marseille pour rallier Paris pied. C est la Marche pour l galit et contre le racisme. Elle s ach ve triomphalement place de la Bastille le 3 d cembre en r unissant 100 000 personnes. Les jeunes marcheurs, essentiellement maghr bins, r clament que les principes de la R publique, promus aux frontons des mairies, " Libert , Egalit , Fraternit , s appliquent tous. Ils esp rent ainsi interpeller l opinion publique sur la recrudescence des crimes s curitaires et des meurtres racistes qui touchent les banlieues populaires, mais dont les m dias et les Politiques semblent se d sint resser. Leur slogan " Rengainez, on arrive est plus qu explicite. " Il faut se rem morer qu ce moment-l , la tension tait son paroxysme. Les Politiques avaient d missionn de ces quartiers et la police voulait r tablir l ordre. Fran ois Mitterrand disait qu il allait abolir la peine de mort, nous, on demandait juste le droit de vivre , explique Toumi Dja dja, un des initiateurs de la marche avec le P re Christian Delorme et Djamel Atallah. " C tait une volont de dire stop aux violences judiciaires. Et stop aux crimes racistes, on se faisait tirer comme des lapins. C tait vraiment un cri du c ur , ajoute Djamel Atallah. C est sur le mod le am ricain des marches non-violentes pour la d fense des droits civiques que la troupe de douze marcheurs a d cid de tenter cette aventure un peu folle.
Pour Ahmed Boubeker, sociologue, c est " l acte de naissance public de la deuxi me g n ration. C est la premi re fois que le consensus silencieux qui r gnait est rompu. Auparavant, cette g n ration tait prise en tenaille entre le discours du travail social qui consid rait ces jeunes comme des tres n gatifs, comme des victimes de tiraillements entre deux cultures et le discours de la police qui disait que, globalement, lorsque ces jeunes apparaissaient trop souvent dans la page des faits-divers, la solution tait de les expulser. 1 Cette Marche pour l galit et contre le racisme suscitera donc beaucoup d espoirs sur le moment. " Dans les semaines, les mois, les ann es qui ont suivi, des milliers d associations citoyennes se sont cr es travers le pays pour promouvoir cet esprit de coh sion. Des personnalit s de tous bords se sont r clam es de cette Marche et de son message universaliste , crira m me trente ans plus tard Toumi Dja dja 2 . Cette mobilisation na t donc dans un contexte bien particulier de violences polici res et d ostracisme politique. Les marcheurs essentiellement lyonnais entendent r gler ainsi l chelle nationale ce qui ne parvient pas l tre au niveau local. Les pr mices de cette Marche remontent en effet l t 1981. Dans les banlieues de l Est lyonnais ont r guli rement lieu des affrontements entre les jeunes et la police. Ce sont les fameux " rod os des Minguettes, des courses au c ur de la cit avec des voitures vol es puis br l es.
La double peine des jeunes issus de l immigration
Parall lement, la droite, encore sous le choc de sa d route lectorale de 1981, a d cid de mettre en difficult le gouvernement en faisant le lien entre immigration et d linquance dans le d bat public. Une stigmatisation de plus pour ces " beurs . Ils ne sont ni tout fait arabes, ni tout fait fran ais. Pourtant, ils sont n s en France et y ont v cu la majorit de leur vie. C est ce qu on appellera la seconde g n ration. Une expression rejet e par G rard Noiriel, historien et pionnier de l histoire de l immigration en France. " L expression " deuxi me g n ration a pour inconv nient d insister sur l origine trang re d une cat gorie d individus qui sont fran ais, dans leur majorit . Lorsque cette origine nationale est reli e des crit res d ordre ethnique ou religieux, elle peut conduire des formes de stigmatisations qui alimentent le racisme. 3 Il est int ressant de noter que ce sont ces m mes enfants d immigr s qui scanderont plus tard : " 1er, 2 me, 3 me g n rations, nous sommes tous des enfants d immigr s , lors des grandes mobilisations suivantes.
L arriv e de la gauche au pouvoir suscite un espoir de courte dur e, car si les expulsions cessent, les violences polici res, elles, perdurent. La police per oit toujours ces jeunes issus de l immigration comme des d linquants trangers. La double peine est d ailleurs un des sujets au c ur de la campagne des lections pr sidentielles de 1981. Elle touche les trangers mais galement de plein fouet les enfants d immigr s. Pour une m me infraction ou une m me peine encourue, ils sont doublement sanctionn s car, au terme de leur emprisonnement, ils font l objet, soit d un arr t d expulsion (AE) pris par le Pr fet, soit d une interdiction du territoire fran ais (ITF) prononc e par un tribunal. Dans les deux cas, ils sont bannis de la France, le pays de leur naissance ou de leur enfance. Coup s de leurs familles, rest es dans l Hexagone. La plupart reviendront donc clandestinement. Une in galit flagrante devant la loi, qui entra ne son lot de drames et de vies bris es.


Le pr tre Christian Delorme et le pasteur Jean Costil, membres de la CIMADE, une association cum nique de soutien aux migrants, et l Alg rien en sursis d expulsion Hamid Boukhouna entament une gr ve de la faim pour protester contre ces expulsions injustes, et particuli rement celles qui touchent les jeunes de la seconde g n ration d immigr s. En prison, certains d tenus, sur le point d tre expuls s vers les pays du Maghreb dont sont originaires leurs parents, se joignent cette initiative. Le 21 mai 1981, le nouveau ministre de l Int rieur, Gaston Defferre, d cide que plus aucun jeune n en France, ou arriv avant l ge de 10 ans, ne pourra tre expuls . Pour le p re Christian Delorme, c est un premier pas vers l galit .
Ce pr tre sera plus tard un des initiateurs de la marche aux c t s de Toumi Dja dja et Djamel Atallah. Figure embl matique de Lyon, il grandit dans le quartier de La Guilloti re, " le petit Barb s de Lyon , dans les ann es cinquante. De son enfance, il garde un souvenir vivace des cons quences sur le sol fran ais de la guerre d Alg rie. " Je voyais des policiers qui embarquaient pour contr le les travailleurs alg riens et les personnes typ es maghr bines. Je me souviens des r glements de compte entre MNA et FLN qui se battaient pour obtenir l adh sion des Alg riens travaillant en France. J ai alors d velopp une aversion tr s forte pour toute forme de violence. C est l que tout s enracine. Par ailleurs, adolescent, je me passionnais d j pour Ghandi et Martin Luther King. Ce dernier tait m me venu en 1966 un meeting Lyon auquel j avais pu assister. Pour l anecdote, nous avons eu quelques changes pistolaires.
Cependant, contrairement ce qu crivent ou disent les journalistes, Christian Delorme n a jamais t le cur des Minguettes, qui ne disposait pas de paroisse. " J tais jeune pr tre Saint Fons, une ville limitrophe de V nissieux. Mais les jeunes venaient de tous les environs car la MJC tait dynamique. Ce sont les policiers qui ont commenc me surnommer comme a. Car je me d pla ais chaque fois qu il y avait un probl me.
C est donc naturellement vers lui que se tourneront les jeunes des Minguettes lorsque des incidents clateront. Le terrain social y est propice. Avant la cr ation de la ZUP ponyme de 126 tours et barres, Les Minguettes taient un plateau agricole s

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