Changements et permanences du journalisme
260 pages
Français

Changements et permanences du journalisme , livre ebook

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260 pages
Français

Description

Après avoir beaucoup oeuvré pour percevoir les mutations rapides de l'information et des métiers qui l'exercent, la recherche réfléchit désormais à distinguer les permanences structurelles qui échappent aux transformations en cours. Les chercheurs réunis dans cet ouvrage tentent de repérer ce qui du journalisme survit des crises qui le secouent constamment, et qui permettrait de penser à une certaine permanence historique, mais mouvante, de sa réalité sociale.

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2014
Nombre de lectures 47
EAN13 9782336334912
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Florence LE CAM et Denis RUELLAN
Changements et permanences du journalisme
Communication et civilisation
CHANGEMENTS ET PERMANENCES DU JOURNALISME
Communication et Civilisation Collection dirigée par Nicolas Pélissier La collectionCommunication et Civilisation, créée enseptembre 1996, s’est donné un double objectif. D’une part, promouvoir des recherches originales menées sur l’information et la communication en France, en publiant notamment les travaux de jeunes chercheurs dont les découvertes gagnent à connaître une diffusion plus large. D’autre part, valoriser les études portant sur l’internationalisation de la communication et ses interactions avec les cultures locales. Information et communication sont ici envisagées dans leur acception la plus large, celle qui motive le statut d’interdiscipline des sciences qui les étudient. Que l’on se réfère à l’anthropologie, aux technosciences, à la philosophie ou à l’histoire, il s’agit de révéler la très grande diversité de l’approche communicationnelle des phénomènes humains. Cependant, ni l’information, ni la communication ne doivent être envisagées comme des objets autonomes et autosuffisants. Dernières parutions Sous la direction de Marc MARTI et Nicolas PÉLISSIER, Tension narrative et storytelling, 2013. Coordonné par Alexandre COUTANT & Thomas STENGER, Identités numériques,2013. Sous la direction de J. MAAREK,Présidentielle 2012, une communication politique bien singulière,2013. Sous la direction de Sylvie P. ALEMANNO et Bertrand PARENT,Les communications organisationnelles.Comprendre, construire, observer,2013. Béatrice VACHER, Christian LE MOËNNE et Alain KIYINDOU (dir.),Communication et débat public, 2013. Mihaela-Alexandra TUDOR,Epistémologie de la communication. Science, sens et métaphore, 2013. Fathallah DAGHMI, Farid TOUMI, Abderrahmane AMSIDDER (dir.),?Les médias font-ils les révolutions Regards critiques sur les soulèvements arabes, 2013. Claude DE VOS, Derrick de KERCKHOVE,Ecrit-Ecran, Formes d’expression, 2013.
OUVRAGE COLLECTIF sous la direction de Florence Le Cam et Denis Ruellan avec la collaboration de Zelia Leal Adghirni, Dione Oliveira Moura, Fábio Henrique Pereira
CHANGEMENTS ET PERMANENCES DU JOURNALISME
Arnaud Anciaux Leonel Azevedo de Aguiar Adriana Barsotti Gilles Bastin José Ricardo da Silveira Veruska Sayonara de Góis Viviane de Melo Resende Amadine Degand Luciane Fassarella Agnez Kênia Beatriz Ferreira Maia Benoît Grevisse Florence Le Cam Eugênia Mariano da Rocha Barichello Cremilda Medina Luciana Menezes Carvalho Jean-René Philibert Roselyne Ringoot Denis Ruellan Emmanuel Souchier María del Pilar Tobar Acosta Olivier Trédan Adeline Wrona
Sommaire
• INTRODUCTION Florence Le Cam, Université libre de Bruxelles Fábio Henrique Pereira, Universidade de Brasilia Denis Ruellan, Université de Rennes 1 Changements et permanences du journalisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
• PREMIÈRE PARTIE ... DE LA RÉFLEXIVITÉ
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19
Jean-René Philibert Université Laval, Québec Discours sur la presse écrite nord-américaine de la fin e du XIX siècle et implantation du journalisme d’information
. . . . . . . . . .21
Arnaud Anciaux Université de Rennes 1, Université Laval, Québec Entre discours et transformations des modèles d’affaires, la place nouvelle du médiatique et du journalisme dans un groupe industriel de communication canadien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41
• DEUXIÈME PARTIE ... DU RÔLE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Leonel Azevedo de Aguiar, Adriana Barsotti Pontifícia Universidade Católica do Rio de Janeiro Le journal comme catalyseur de la mobilisation du public sur internet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63
Eugênia Mariano da Rocha Barichello, Luciana Menezes Carvalho Universidade Federal de Santa Maria Journalisme et réseaux sociaux numériques. Transformations dans le processus de légitimation institutionnelle par le service de micro messagerie Twitter. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79
José Ricardo da Silveira, Veruska Sayonara de Góis Universidade do Estado do Rio Grande do Norte Statut du journaliste-attaché de presse. Réflexions sur le code déontologique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .95
• TROISIÈME PARTIE ... DE L’ÉNONCIATION
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .111
Viviane de Melo Resende, María del Pilar Tobar Acosta Universidade de Brasilia Changement discursif dans le journal O Trecheiro. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .113
Gilles Bastin, Institut d’études politiques de Grenoble Roselyne Ringoot, Institut d’études politiques de Rennes Les livres de journalistes : un tournant auctorial en journalisme ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .139
Kênia Beatriz Ferreira Maia, Luciane Fassarella Agnez Universidade Federal do Rio Grande do Norte La convergence dans la production de l’information : deux modèles d’intégration dans la presse écrite et en ligne. . . . . . . . . .157
• QUATRIÈME PARTIE ... DES INTERACTIONS
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .175
Amandine Degand, Benoît Grevisse Université de Louvain Aux sources des nouvelles en ligne : le pari sur la fiabilité de l’information
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .177
Olivier Trédan Université de Rennes 1 Quand le journalisme se saisit du Web : l’exemple dudatajournalism. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .199
Emmanuel Souchier, Adeline Wrona Université Paris-Sorbonne La croisée des voix dans l’espace du journal. Métamorphoses de la polyphonie énonciative dans les textes d’information. . . . . . . . . . .215
Cremilda Medina Universidade de São Paulo Créateur de signature collective ou artisan du dialogue social. . . . . . .239
– INTRODUCTION –
Changements et permanences du journalisme
Florence Le Cam Chaire de journalisme Université libre de Bruxelles Centre de recherches sur l’action politique en Europe Centre de recherche en information et communication flecam@ulb.ac.be
Fábio Henrique Pereira Universidade de Brasilia Programa de Pós-Graduação em Comunicação Centre de recherches sur l’action politique en Europe fabiop@gmail.com
Denis Ruellan Professeur des universités Université de Rennes 1 Centre de recherches sur l’action politique en Europe denis.ruellan@gmail.com
Introduction
Commentée, critiquée, examinée, surveillée, l’activité journalistique suscite une profusion de discours, dénonçant ses transformations, pointant ses errements, construisant souvent une représentation idyllique des temps passés. Évidem-ment, le journalisme se transforme, évolue au gré des discours dominants, des ef-fets de mode (culturels, économiques, politiques, sociaux), des conditions concrètes et matérielles des processus de production de l’information. Mais, il ne mute pas, faisant fi des conditions antérieures. Il s’ancre dans l’Histoire, la sienne comme celle des sociétés, et conserve par-devers tout certaines permanences. Attardons-nous sur deux exemples. L’information en ligne est parfois consi-dérée comme un phénomène généralisé de reprise de contenus déjà produits par ailleurs. Le web aurait suscité un mimétisme entre médias, entraînant une baisse de la qualité de l’information donnée à lire aux publics. Cette posture détermi-niste pointe la nouveauté du support comme l’explication de la transformation de la diversité des contenus. C’est oublier un peu vite que les premières gazettes en Europe copiaient les autres publications, et qu'elles étaient elles-mêmes constamment pillées, voire entièrement copiées (Feyel, 2000). C’est négliger le fait que les journaux régionaux ont longtemps été dépendants de la presse des ca-pitales ou des villes métropolitaines, tant qu’ils n’avaient pas accès au système des agences pour les nouvelles nationales et internationales (Martin, 2002). C’est aussi délaisser le fait répandu que les équipes rédactionnelles des radios choi-sissent les informations à présenter en partie en lisant la presse, car celle-ci a beaucoup plus de journalistes reporters. Et, enfin, c’est omettre de dire que cette pratique vient d’ailleurs, d’autres milieux de production de l’écrit : avant la Ré-volution en France, la moitié des ouvrages proposés en librairie résultaient d’em-prunts et de plagiat (Darnton et de Grolier, 2010). Le second exemple revient sur le discours largement dominant dans les an-nées 2000, du journalisme « citoyen » ou « participatif ». L’idéologie du web 2.0 faisait naître l’ère de la participation du public à la production d’information, lui permettait de revêtir les attraits du journaliste.Tous journalistes ! We, the media! étaient des slogans diffusés dans de nombreuses arènes. Encore une fois, la trans-formation des outils, tout comme celle des modes de communication entre les in-dividus et les habitudes de consommation, étaient perçues comme une nouveauté, gommant directement certaines pratiques antérieures. La participation du public n’est pourtant pas neuve dans les médias. Depuis toujours, la presse culturelle, politique, associative, religieuse circule dans des réseaux, au sein de groupes précis et restreints ; elle appartient à une logique communautaire que les médias institutionnels ont voulu copier pour renforcer les sentiments d'appartenance et d'identité. Cette logique communautaire ne se vérifie pas que dans la diffusion, elle s'observe aussi dans la production ; les contenus de ces médias sont en par-tie ou en totalité produits par les membres des groupes sociaux concernés, ce qui révèle ainsi la logique collective de la production. Cette rationalité n'est pas
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Florence Le Cam - Fábio Henrique Pereira - Denis Ruellan
exclusive des médias communautaires, elle est mise à profit par les médias de masse. Ceux-ci font, depuis longtemps, appel à leurs lecteurs pour leur fournir des photographies et des informations, parfois de façon très organisée comme en témoigne, en France, le système de la correspondance locale de presse qui s'ap-puie sur un réseau très large de contributeurs (Rochard et Ruellan, 2003 ; Gim-bert, 2011). Les blogs sont apparus au début comme appartenant au modèle de la diffusion, chacun pouvant parler à tous. Des travaux récents ont montré qu'il n'en est rien, les blogs sont une conversation en groupe qui permet à leurs auteurs de s'exprimer à et dans un réseau de pairs (Trédan, 2012). Cette logique n'est pas neuve, la presse a toujours eu cette fonction de permettre à des membres d'une communauté de s'adresser à leurs homologues, de s'exprimer dans l'espace pu-blic au regard de tous mais à l'intention de certains en particulier. Ces deux exemples illustrent deux éléments fondamentaux : le premier ren-voie à la nécessaire observation de ce qui change, des conditions des mutations, des glissements significatifs des pratiques, des discours, des identités ; le second relève l’attachement à la mise en lumière des permanences, à l’historicisation des mutations, à la recherche de leurs filiations dans l’histoire passée.
La rhétorique de la crise : mettre à distance la figure du professionnel
Étudier le journalisme sur le temps long confronte le chercheur à une rhéto-rique journalistique de la crise. Les professionnels certifient les changements, parfois sans les vérifier, parfois sans même attendre qu’ils se produisent vrai-e ment. Et ces discours sont redondants. Du XVII siècle à 2013, ils traversent les époques et évoquent des éléments similaires : la vitesse nuit à la qualité, la qua-lité se dégrade, les identités des médias mutent, etc. Cette rhétorique de la crise du journalisme semble même l’un des discours les plus permanents, les plus ré-currents. Nous devrions nous interroger sur son statut dedoxa, contribuant à la construction identitaire notamment, plutôt que de le considérer comme un élé-ment signifiant du changement. Souvenons-nous par exemple que déjà, en 1897, une étude sur les valeurs et pratiques du journalisme, publiée dans laRevue bleue en France, dénonçait les « maladies du journalisme » (Ferenczi, 1993). Elle était assassine quant aux nouveaux usages du « reportage à outrance » et au rôle crois-sant de l’argent dans la mutation d’une presse qui n’était plus aussi portée sur le débat d’idées que par le passé. Un autre ouvrage important sur l’analyse de l’évo-lution du journalisme, celui du chercheur et journaliste Jacques Kayser (1955), portait un titre sans ambiguïté :Mort d’une liberté. Techniques et politique de l’information. Et les exemples pourraient être multipliés. L’ensemble des discours de crise, pris sur le temps long, font souvent appa-raître un double mouvement interpénétré, de dénonciation de la transformation du journalisme et de défense de l’identité professionnelle, de ses valeurs et de ses
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