Dans les coulisses du Nouvel Observateur
194 pages
Français

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Dans les coulisses du Nouvel Observateur , livre ebook

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Français

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Description

Depuis 1964, le Nouvel Observateur s'est imposé comme un hebdomadaire de référence dans la presse française. C'est donc à travers l'itinéraire d'un maquettiste que l'on découvre l'envers du décor. A la mise en page, dans ce lieu stratégique où textes et photos s'assemblent, un homme d'images dans un monde d'écrits nous parle avec passion de son métier et nous fait pénétrer dans les coulisses. On découvre ainsi les différents métiers, leurs ambiances, les enjeux, les enthousiasmes mais aussi les amertumes qui régissent cette singulière et bouillonnante "symphonie hebdomadaire".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2006
Nombre de lectures 278
EAN13 9782296153790
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.librairieharmattan.com hannattanl@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296011861
EAN : 9782296011861
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace Préface Avant-propos 1. Etat de grâce 2. De l’autre côté du décor 3. La femme du train de Poissy 4. L’enveloppe brune 5. Duras 6. Une photo pas comme les autres 7 . Max 8. Le marbre 9. Le gris 10. La voix de l’auteur 11. Le rough sur le coin de la table 12. Mozart 13. D’une guerre à l’autre 14. Une année sabbatique 15. Le « Graal » des couvertures 16. La Chine 17. La « triche » de Chirac 18. Génération « Dussoubs-Greneta » 19. Place de la Bourse 20. Harri Peccinotti 21. « Les nouvelles folies de la nuit » 22. Si la photo est bonne 23 . Symphonie hebdomadaire 24. Petit Pierre 25. Famille 26 . Morts au travail 27. Erreurs 28. Julien Gracq en peinture 29. Passage obligé Epilogue Dans le territoire du doute Remerciements Médias et communication à l’Harmattan
Dans les coulisses du Nouvel Observateur
Récit d'un Maquettiste au coeur d'un Grand Hebdomadaire

Pierre Hédrich
à ma famille : Lélia, Mona et Robin
à ma famille professionnelle : Elisabeth, Martine, Nathalie , Stéphane. et Jean-Yves
Préface
Grand Pierre
Il a ressuscité Jean-Jacques Rousseau, réinventé Mozart, relooké Mao, détouré Mitterrand, agrandi Duras, piégé Chirac, dessiné Francis Ponge à plus de 500 000 exemplaires, et on ne le connaît pas. Ou si peu.
Il est vrai qu’il n’aime guère se mettre en avant. Il travaille plutôt à s’effacer. Sa nature l’y aide. Il est d’origine protestante. De sa timidité, il a fait une vertu et de sa délicatesse, un art. Son visage a une douceur d’aquarelle et ses aquarelles, d’une tendresse qui n’a plus cours, expriment une humanité perdue.
Je me souviens du jour où, afin d’accompagner le récit de mon pèlerinage à Saint-Florent-ie-Vieil, je lui avais demandé de portraiturer Julien Gracq. Il ne l’avait jamais rencontré. A peine le lui avais-je raconté. Il lui a laissé sa cravate et l’a adossé à un arbre. Aux pieds de l’écrivain coule la Loire nonchalante. Au loin frémissent les maigres peupliers de l’île Batailleuse. On entend crier deux mouettes dans le ciel d’hiver. Le profil de l’auteur du Rivage des Syrtes est marmoréen. Son regard semble fixer l’éternité. Jamais Gracq n’a été plus ressemblant. Une immense mélancolie corsetée par l’impeccable grammaire et corrigée par une antique pudeur. Miracle de l’art, qui saisit ce que la photo ignore.
Pierre Hédrich est ce qu’on appelle communément un maquettiste. L’essence de son talent est de ne pas se voir. Dans un journal, qui est toujours une grande association de petites vanités, tout le monde signe : les journalistes, les photographes, les illustrateurs, tant d’autres encore. Les maquettistes, eux, ne mettent jamais leur nom en gras au bas des pages qu’ils ont pourtant réalisées. L’injustice est criante. Alors, je les cite ici, les enlumineurs de la place de la Bourse : Martine Kreder, Nathalie Lourdez, Elisabeth Rascol, Stéphane Brunier, et leur cicérone, Jean-Yves Lozach. Mais aussi Yann Guillemette, Harri Peccinotti et Mehdi Benyezzar. C’est comme si, sur l’affiche d’un théâtre, on oubliait le metteur en scène. Or les maquettistes sont des metteurs en scène.
On leur donne, le plus souvent dans l’urgence, des titres, des textes, et, en guise de décor, des photos, et avec tout ça, débrouille-toi coco, ils doivent inventer, dessiner, faire vivre les pages d’un journal, donner de la matière à des idées, du rythme à une séquence, créer le spectacle continu de l’information. Et quand ils ont fini, ils s’éclipsent sur la pointe des pieds, sans se retourner, ni tirer aucune fierté de ce qu’ils ont fabriqué. Sans recueillir non plus les témoignages de gratitude que les journalistes, trop pressés de se plaire, négligent toujours de leur exprimer.
Pierre Hédrich aime son métier passionnément. Il ne déteste pas l’abnégation qui va avec. Et il décrit, pour la première fois, la vie quotidienne d’un journal depuis la table surélevée du maquettiste. En somme, il analyse tout en plongée. C’est une idée formidable. Personne, avant lui, ne l’avait osée.
La presse, en effet, est toujours racontée, avec lyrisme, par ses patrons, ses éditorialistes, ses syndicalistes. Jamais par ses artistes de l’ombre. Ainsi, sur le Nouvel Observateur, tout semble avoir été dit. Il ne manquait pourtant que cette histoire discrète et décalée, venue subrepticement des coulisses. Elle m’a ému. Elle passionnera. Le néophyte y apprendra en effet comment, heure après heure, naît un magazine, ce que sont les BAT, les rough, les streamers, le gris, la DH, les chapeaux ou les cabochons, à quoi œuvrenri les réviseurs, les documentalistes et les iconographes, par quel tortueux parcours circule la copie, et par quel sortilège une improbable succession de retards, de ratés, de précipitations, de désordres, d’accidents, finit par donner, le jeudi, un magazine en kiosques, presque parfait. Il découvrira surtout, observée à la loupe et à son insu, traitée de manière balzacienne, la petite comédie humaine d’une rédaction.
Depuis son poste de vigie, derrière sa bulle vitrée et devant son écran, Pierre, qu’on voit si peu, voit tout. La prétention des uns, l’humilité des autres. Les bonheurs affichés et les malheurs cachés. Les effets de voix et de plume. Il met de l’humanité dans cette énorme machine qui, chaque semaine, court désespérément après le temps. Il ajoute de la démocratie à une structure pyramidale, de l’horizontalité à une structure trop verticale. Il fait entendre la rumeur des femmes et des hommes derrière les pages imprimées, un cœur qui bat sous les folios.
Et le soir, lorsque le Nouvel Observateur est rendu au silence de l’après tempête et à la solitude des pages blanches, il arrive à Pierre de veiller. Il ouvre des dossiers de vieilles photos. Parfois, il retrouve le visage de son père, pasteur de la Maison Verte, debout dans la rue entre Sartre et Foucault, pour défendre haut et fort des idées qui ont fondé, l’oublierait-on, ce grand journal de gauche. A moins que, caché dans son coin, il n’écrive les pages du récit que vous allez lire ou ne dessine des portraits avec un art dont il parle si bien : « La grâce du pinceau, ses touches légères, avenantes, qui insufflent le mouvement et font respirer la ligne. Je guide ce filet d’encre qui glisse sur le papier avec aisance, et que la moindre inclinaison de la main peut rendre épais ou dévier de sa trajectoire. » Parce qu’en plus de tout, il écrit bien et juste.
Au journal, on l’appelait Petit Pierre. Moi, je lui donne volontiers du Grand Pierre, et je le remercie de lui.
Jérôme GARCIN
Avant-propos
Au départ, il y a plus de quinze ans, ce livre s’est écrit tout seul. A chaque moment fort dans le travail que je faisais, j’écrivais. Quelques pages simplement pour le plaisir de retenir l’émotion qui m’avait parcouru. Je rangeais ces quelques pages dans un tiroir. De temps en temps, j’en lisais des passages à des amis. Et elles reprenaient le chemin du tiroir.
Parfois, je me disais bien qu’un jour, je voudrais en faire quelque chose. Je caressais l’idée d’écrire un livre : l’envers du décor d’un grand média de la presse écrite, le récit d’un journal qui se fait, vu non pas du point de vue de l’écrit, d’autres l’ont fait mieux que je n’aurais pu le faire, mais du point de vue du visuel.
Je ne savais comment m’y prendre : un récit froid, distant, décrivant tous les dessous de la fabrication de l’Observateur. Je n’y croyais pas. Ça manquait d’âme.
L’autre alternative était de m’impliquer, davantage, de raconter la vie du journal, vu de l’intérieur à travers la lorgnette d’un metteur en page. Je n’y croyais pas non plus. Je n’osais pas. Les années sont passées. Les pages se sont entassées. J’ai mûri.
J’ai ouvert à nouveau le tiroir, repris la matière de ces pages écrites sous l’émotion pour en modeler une esquisse de récit. Raconter sous forme de petits croquis mon expérience de maquettiste au sein du Nouvel Observateur.
Maintenant ces pages, raturées et annotées sont dans là corbeille de papier. Aujourd’hui, je ferme le tiroir vide et vous laisse ouvrir le livre.
1. Etat de grâce
Ma vie était une grande plage vide où j&#

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