Dynamique normative du français en usage en Suisse romande
342 pages
Français

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Dynamique normative du français en usage en Suisse romande , livre ebook

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Description

Ce livre devrait favoriser la prise de conscience, chez les Suisses romands, du rôle essentiel qu'ils peuvent jouer dans la reconnaissance et la valorisation de leur communauté linguistique comme pôle de référence en matière de norme langagière. Il est également l'occasion d'un fructueux dialogue entre la communauté linguistique suisse romande et les linguistes qui en étudient le patrimoine linguistique. Michel Francard, Préface

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 67
EAN13 9782296455412
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dynamique normative
du français en usage
en Suisse romande
Espaces Discursifs
Collection dirigée par Thierry Bulot


La collection Espaces discursifs rend compte de la participation des discours (identitaires, épilinguistiques, professionnels…) à l’élaboration/représentation d’espaces – qu’ils soient sociaux, géographiques, symboliques, territorialisés, communautaires,… – où les pratiques langagières peuvent être révélatrices de modifications sociales.
Espace de discussion, la collection est ouverte à la diversité des terrains, des approches et des méthodologies, et concerne – au-delà du seul espace francophone – autant les langues régionales que les vernaculaires urbains, les langues minorées que celles engagées dans un processus de reconnaissance ; elle vaut également pour les diverses variétés d’une même langue quand chacune d’elles donne lieu à un discours identitaire ; elle s’intéresse plus largement encore aux faits relevant de l’évaluation sociale de la diversité linguistique.

Derniers ouvrages parus

Claude VARGAS, Louis-Jean CALVET, Médéric GASQUET-CYRUS, Daniel VÉRONIQUE, Robert VION (Dire.), Langues et sociétés . Approches sociolinguistiques et didactiques , 2010
Logambal SOUPRAYEN-CAVERY, L’interlecte réunionnais . Approche sociolinguistique des pratiques et des représentations , 2010.
Jeanne ROBINEAU, Discrimination ( s ), genre ( s ) et urbanité . La communauté gaie à Rennes , 2010.
Zsuzsanna FAGYAL, Accents de banlieue . Aspects prosodiques du français populaire en contact avec les langues de l’immigration , 2010.
Philippe BLANCHET et Daniel Coste (Dir.), Regards critiques sur la notions d’ » interculturalité ». Pour une didactique de la pluralité linguistique , 2010.
Montserrat Benitez FERNANDEZ, Jan Jaap de RUITER, Youssef TAMER, Développement du plurilinguisme . Le cas de la ville d’Agadir , 2010.
Françoise DUFOUR, De l’idéologie coloniale à celle du développement , 2010.
Alexei Prikhodkine


Dynamique normative
du français en usage
en Suisse romande


Enquête sociolinguistique
dans les cantons de Vaud, Genève et Fribourg


Préface de Michel Francard


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54132-0
EAN : 9782296541320

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
P REFACE {1}
« Ce n’est tout de même pas à notre petite communauté francophone qu’il appartient de faire la leçon à la France. Car l’usage ne se fait pas à Bruxelles, mais à Paris. » Ainsi s’exprimait en février 1994 un « chroniqueur de langage » belge, dans le contexte du débat suscité en Belgique francophone par l’adoption en juin 1993 d’un décret de la Communauté française de Belgique portant sur la « féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre ». Féminisation qui, si elle s’inscrivait dans le sillage de mesures similaires au Québec et en Suisse romande, officialisait une rupture avec la France, demeurée plus frileuse en la matière {2} .
Cette soumission à un « usage qui se fait à Paris », déni séculaire de légitimité linguistique qui a marqué toutes les communautés francophones périphériques {3} , a été identifiée comme l’une des principales manifestations de cette insécurité linguistique qui a longtemps pesé, plus ou moins lourdement, sur les locuteurs ayant le français comme langue maternelle sans être citoyens « de France ».
Toutefois, les enquêtes sociolinguistiques récentes portant sur les attitudes et les représentations des francophones périphériques convergent pour constater que le rapport de ces francophones « non Français » avec leur langue maternelle se modifie significativement. Même si ce changement prend des formes différentes suivant les communautés et les locuteurs, il est en rupture avec l’allégeance pure et simple au modèle « parisien » qui avait dominé jusque là le marché linguistique.
Certes, le chemin est long entre une remise en question de la norme exogène et la reconnaissance d’une norme endogène qui soit assumée comme aussi légitime que le modèle « parisien » ou « français » dans la communauté périphérique concernée. Une francophonie pluricentrique {4} est à ce prix, tout comme l’avenir du français sans doute.
Les francophones de Suisse romande, comme l’ont souligné plusieurs études antérieures (e. a. Manno 1994, Singy 1996, 2010), sont engagés dans cette voie, mais les ambivalences qui caractérisent leurs représentations de la variété endogène montrent que le processus est loin d’être abouti. Dans ce contexte, il est particulièrement indiqué de tenter de mieux comprendre les méandres de la dynamique normative en cours dans cette communauté.
C’est l’objectif principal d’Alexei Prikhodkine qui nous offre, avec le présent ouvrage, une contribution éclairante sur la manière dont, au quotidien, se vit le français en Suisse romande. Un français qui n’est perçu, de toute évidence, ni comme le français des Français, ni non plus comme le français des seuls Suisses romands. Un français qui, dans les cantons concernés par l’étude (Vaud, Genève, Fribourg), ne se voit plus attribuer un modèle exogène comme référence absolue, mais dont la légitimité n’est reconnue que pour une partie des ressources langagières.
Cette dynamique normative est étudiée par l’auteur dans une perspective sociolinguistique, associant l’étude des pratiques et l’analyse des représentations linguistiques dans le domaine du lexique. Plus précisément, deux hypothèses y sont vérifiées :
– d’un point de vue « théorique », il existerait une hiérarchie fondée sur l’origine des variantes régionales : une distinction entre des variantes stigmatisées (dialectales et germaniques) et des variantes légitimées qui seraient des archaïsmes et des innovations ;
– d’un point de vue « sociologique », cette hiérarchie serait perçue différemment par les locuteurs (selon leurs caractéristiques sociales : jeunes vs aînés, femmes vs hommes, Genevois vs autres cantons romands, etc.).
Au terme de la recherche, il apparaît que la hiérarchie fondée sur l’origine des variantes régionales est confirmée pour l’essentiel (avec des variations selon les profils sociologiques des informateurs), la stigmatisation portant surtout sur les variantes relevant d’un contact de langues (dialectales et, surtout, germaniques).
L’examen détaillé de ces résultats {5} montre la complexité des phénomènes et la nécessité d’études approfondies comme celle menée par A. Prikhodkine pour dépasser certaines approximations (ou même clichés) qui nourrissent tant l’imaginaire linguistique des locuteurs que celui des linguistes eux-mêmes {6} . On saura donc gré à l’auteur d’avoir analysé conjointement ce que les informateurs revendiquaient comme leur usage linguistique et les représentations qui sont liées à ce dernier. Et si cette démarche, en raison de son ampleur, pourrait sembler précarisée par certaines limites quantitatives (le petit nombre d’informateurs, le petit nombre d’items lexicaux soumis aux informateurs), elle reçoit une validation statistique qui compense largement ces limites.
Le lecteur découvrira également avec intérêt la conclusion générale de cet ouvrage, suggérant que s’observe un consensus grandissant des Suisses romands pour promouvoir une « variété nationale ». Si cette évolution paraît plausible en comparaison de ce qui peut être observé dans d’autres aires linguistiques francophones, il faudra toutefois préciser ce que recouvre cette forme de légitimation – et jusqu’à quel point celle-ci est assumée par les locuteurs. Des études complémentaires sont donc souhaitables pour prolonger une recherche déjà bien balisée par A. Prikhodkine.
Ce livre, en prenant distance vis-à-vis des stéréotypes en tous genres qui tiennent souvent lieu d’explication dans le discours commun, devrait favoriser la prise de conscience, chez les Suisses romands, du rôle essentiel qu’ils peuvent jouer dans la reconnaissance et la valorisation de leur communauté linguistique comme pôle de référence en matière de norme langagière. Il est également l’occasion d’un fructueux dialogue entre la communauté linguistique suisse romande et les linguistes qui en étudient le patrimoine linguistique. Il est enfin une publication de référence pour les chercheurs qu

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