Entre médias et médiations les "mises en scène" du rapport à l altérité
273 pages
Français

Entre médias et médiations les "mises en scène" du rapport à l'altérité , livre ebook

273 pages
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Description

Cet ouvrage interroge la construction de la relation à l'altérité à travers le prisme des médias et s'inscrit dans les problématiques de l'interculturalité. Or, les médias ne sont pas a priori "interculturels". Les auteurs adoptent une approche pluridisciplinaire avec la sémiotique, l'anthropologie de la communication, les sciences politiques, etc. La finalité est de comprendre ce que ces "mises en scène" de l'autre versus de soi, dans et par les médias, veulent dire sur les enjeux d'une société donnée à un moment donné.

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Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 146
EAN13 9782296259508
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Entre médias et médiations : les « mises en scène » du rapport à l’altérité
Espaces interculturels Collection dirigée par Fabienne Rio et Emmanuel Jovelin La collection « Espaces Interculturels » publie régulièrement, depuis sa création en 1989, des ouvrages consacrés à des questions de la théorie et de la pratique de l’interculturel. La collection veut se faire l’écho des nouvelles recherches ouvertes dans les différentes sciences sociales sur des terrains aussi variés que ceux de l’éducation, du développement de l’enfant, des relations interethniques et interculturelles et des contacts de langue. Déjà parus G. THESEE, N. CARIGNAN, P. CARR,Les faces cachées de l'interculturel, 2010, AnneMarie RICALDICOQUELIN,Visages d'exclusion dans la société malgache contemporaine, 2010. Aline GohardRadenkovic, Lilyane Rachédi (dir.),Récits de vie, récits de langues et mobilités, 2009. Mohamed BOUSNANE, Abdoul BA, Fatima SKANARI (dir.),Le vieillissement dans l’immigration. L’oubli d’une génération silencieuse, 2009. AnneFrançoise DEQUIRÉ,La sélection des professeurs des écoles. Regard sociologique sur une pratique, 2008. Régis PIERRET,Les filles et fils de harkis. Entre double rejet et triple appartenance, 2008. A. GOHARDRADENKOVIC et A. J. AKKARI (dir.),Coopération internationale : entre accommodements interculturels et utopies du changement, 2008. C. PERREGAUX, P. DASEN, Y. LEANZA et A. GORGA (sous la dir. de),L’interculturation des savoirs. Entre pratiques et théories, 2008. Olivier MEUNIER,De la démocratisation de la société à celle des formes de connaissance, 2008. Hédi SAÏDI,Mémoire de l’immigration et histoire coloniale, 2007. Saeed PAIVANDI,Religion et éducation en Iran, 2006. N. MULLER MIRZA,Psychologie culturelle d’une formation d’adulte,2005. R. DE VILLANOVA et G. VERMES (sous la dir. de),Le métissage interculturel, 2005. Gabrielle VARRO (sous la dir. de),Regards croisés sur l’exYougoslavie, 2005.
Sous la direction de Aline GohardRadenkovic Dunya Acklin Muji
Entre médias et médiations : les « mises en scène » du rapport à l’altérité
L’Harmattan
© L'HARMATTAN, 2010 57, rue de l'ÉcolePolytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 9782296121942 EAN : 9782296121942
IntroductionEntre médias et médiations : les « mises en scène » 1 du rapport à l’altérité Aline GOHARDRADENKOVIC, Dunya ACKLIN MUJI En hommage à Jean Widmer Interroger la construction de la relation à l’altérité, ici à travers le prisme des médias, c’est s’inscrire derechef dans les problématiques de l’interculturalité. Or, toute recherche sur l’interculturalité ne s’affirme pas en tant que discipline autonome mais est de nature pluridisciplinaire. En effet, de nombreuses disciplines issues des sciences humaines et sociales, comme l’ethnologie et l’anthropologie, la sociologie, les sciences du langage, les sciences de l’éducation et, plus récemment, les sciences de l’information et la communication, contribuent à la dynamique et la complexité du champ de recherche.
Cette pluridisciplinarité a pour conséquence des définitions variées des concepts centraux, tels la communication et la culture, des approches différentes relevant le plus souvent du culturalisme ou du multiculturalisme. L’interculturalité, où la relation à l'autre et à soi est centrale,doit donc faire l’objet d’un questionnement épistémologique,le proposent Denys comme Cuche (1996) et Edo Poglia (2005), notamment du fait de détournements conceptuels à des fins politiques ou pragmatiques que ce champ ne cesse de subir (Giordano, 2003 ; GohardRadenkovic, 2006).
Martine AbdallahPretceille et Louis Porcher (1999) ont été les premiers à avoir postulé que la littérature, les médias et les nouvelles technologies sont des lieux par excellence de l’analyse de l’interculturalité et de la relation avec l’autre par « procuration ». Béatrice Rafoni (2003), quant à elle, déclare que
1 Cet ouvrage a été initialement conçu sous le titre « Médias et représentations de l’altérité » en collaboration avec Virginie Viallon qui s’est retirée du projet. Mes remerciements à Dunya Acklin Muji de s’être investie dans ce projet d’ouvrage et de nous avoir aidés, de par sa formation en Sociologie des médias, à en réorienter les axes de réflexion.
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les théories sur la communication interculturelle doivent s’aligner sur celles des sciences de l’information et de la communication, soit s’intéresser aux médias, à la littérature, et plus généralement à l’art, non pas seulement en tant qu’objet esthétique, mais en tant que phénomène socioculturel et objet communiquant. Mais elles doivent aussi s’interroger sur la quotidienneté, dans des situations de communications non verbales, sources de hiatus entre les cultures, D’après François Mariet (1999 : 193), « l’interculturalité n’est pas donnée par les médias, elle doit se construire dans leur consommation. Les médias sont l’occasion d’expérience interculturelle, ils ne sont pas interculturelsa priori» (p. 20).
Nous préférons toutefois penser que les théories de l’interculturalité doivent, non pas simplement s’aligner, mais croiser les sciences de l’information et de la communication et que le recours à d’autres disciplines n’est pas interdit ici pour analyser à la fois la complexité de cette construction du rapport à l’autre à travers les divers médias.
Nous postulons que les médias sont desparticulièrement lieuxvecteurs denses de l'expression complexe d'une dynamique interculturelle. La diversité des médias et de leur mode d’expression offrent une infinité de corpus d’analyse aux chercheurs : diverses approches et points de vue disciplinaires peuvent être convoqués pour étudier la réception des contenus culturels par un public « étranger », analyser la « construction médiatique » de l’autre, et prennent en compte la dimension individuelle des récepteurs, se demander dans quelle mesure une revue multimédia, la télévision, un film documentaire ou encore un musée conduit (ou non) à une globalisation de la communication.Dans cette optique, un questionnement sur la communication médiatée par le texte, par l'image mobile ou l’image fixe, par une combinaison de textes, d’images fixes et mobiles, s’impose donc dans une perspective communicationnelle.
Par ailleurs, il est admis par les chercheurs du champ que les médias véhiculent des contenus explicites et implicites mais aussi des représentations de « l’autre » réel ou fantasmé. Patrick Champagne (1993) va plus loin en démontrant que les médias « fabriquent » des représentations sociales durables en « fabriquant de l’événement » :
Or, les médias agissent sur le moment et fabriquent collectivement une représentation sociale, qui, même lorsqu’elle est assez éloignée de la réalité, perdure malgré les démentis ou les rectifications postérieurs, parce qu’elle ne fait, bien souvent, que renforcer les interprétations spontanées et mobilise d’abord les préjugés et tend, par là, à les redoubler (p.97) (…)
Par ailleurs, l’information « mise en images » produit un effet de dramatisation qui est propre à susciter très directement des émotions collectives. Enfin, les images exercent un effet d’évidence très puissant : plus sans doute que le discours, elles semblent désigner une réalité
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indiscutable bien qu’elles soient également le produit d’un travail plus ou moins explicite de sélection et de construction (pp. 9798). Ainsi, cette mise en textes et cette mise en images sont autant de mises en scène de la question du travail identitaire à l’oeuvre de la (re)connaissance de l’autre, des modalités d’intégration ou « espaces d’intégrabilité » accordées (ou non) à la pluralité linguistique et culturelle (Gohard Radenkovic, 2007) dans des pays à tradition d’immigration ou dans des pays en quête de nouvelles identités collectives. En d’autres termes, la finalité de ces analyses est de comprendre ce que ces « mises en scène » de l’autre versusde soi veulent dire sur les enjeux d’une société donnée à un moment donné. Axes de réflexion Dans ce cadre de ces réflexions, un certain nombre de questions surgissent : comment identifier ces processus de réceptionperceptioninterprétation qui se coconstruisent dans ces lieuxvecteurs d'interculturalité que sont les médias ? Ces médias, permettentils de construire ce Village Global du « tout communiquant au niveau planétaire » annoncé par Mc Luhan (1968) ou bien sontils paradoxalement porteurs de réduction et d’enfermement de « l’autre » dans cette « ouverture illimitée au monde » ? A l’opposé, les médias permettentils de découvrir l’autre et à travers l'autre de redécouvrir soimême, de se décentrer ? Comment les médias façonnentils notre perception des réalités locales et étrangères ? Comment se construit la (re)connaissance de l’autre ? Se construitelle du tout ? Comment apprendre à « lire » ces médias et leurs effets sur des publics à la fois récepteurs et consommateurs, tantôt passifs, tantôt (inter)actifs ? Quels sont les enjeux politiques, sociaux, identitaires, explicites et implicites, véhiculés par les médias et soustendus par ces publics dont les représentations, les classements, les catégorisations peuvent faire exister l’autre comme ils peuvent l’annuler ? Les contributions à cet ouvrage tâcheront d'en investiguer la complexité et la pluridimensionnalité selon différents angles. Explorer les médias comme lieu de coconstruction entre soi et l'autre Nous interrogerons les médias (dans le sens large de leur acception) dans leur dimension plurielle : ce sont à la fois un objet et un lieu de (re)médiation entre soi et l’autre où se développe la découverte de la différence, proche ou lointaine, sensibilisant les lecteurs à des situations d’entredeux et de quête identitaire mis en scène, mis en texte – qui peuvent être aussi celles de l'auteur du produit médiatique. Ces approches sémiotique, sémiolinguistique, sociopolitique, sociologique et
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anthropologique des textes médiatiques incitent les usagers à réfléchir sur le processus de construction des savoirs sur l’autre et sa culture. Nous parions une « théorie de la connaissance », partie prenante d’un processus de décentration des usagers. Cette lecture interactive les engage à une (re)connaissance de la pluralité linguistique et culturelle et, dans un même mouvement, à celui de relativisation de leurs propres systèmes de valeurs et de classements. Elle les prépare à de nouvelles mobilités identitaires préfigurant ou reflétant en quelque sorte leur mobilité géographique, sociale, professionnelle et culturelle. Ces entrées médiatiques sur la société de l’autre ou sa propre société peuvent être proposées à tous les publics consommateurs de textes et d’images, mais aussi aux producteurs, aux candidats à la mobilité et de la migration. Interroger la relation à l’altérité entre médias et médiation Si la notion de médiation fait partie depuis un certain temps du vocabulaire des chercheurs et des praticiens dans différentes disciplines, analysant et, ou utilisant des médias, elle recouvre des conceptions aussi diverses que floues. Dans l’identification des lieux et produits de médiation, nous avons retenu, quant à nous, la définition que Danièle Lévy (2003) en donne : « lieu de passage, lieu de transition, lieu de séparation, lieu de distanciation » :
une approche spatiale multiple : médiation comme lieu et occasion de la transition d’un monde à l’autre où l’on aménage des intervalles, des silences propédeutiques, des modèles provisoires; lieu de passage où on pose un regard différent sur les objectifs et les gens ; lieu et instrument de la séparation, de la distanciation où on s’efforce de se dégager des rapprochements trompeurs et où émergent de nouveaux savoirs (pp. 14 15).
Cette définition permet d’investir dans les différents médias d’autres lieux, moins visibles, vecteurs de catégorisations discriminatoires et de séparations, mais aussi lieux de renégociations et de distanciation où peut se construire un autre rapport à l’autre, postulé différent, dans un processus maïeutique de connaissance et de (re)connaissance. Identifier les processus identitaires et leur évolution Le questionnement sur l’altérité ou plus précisément sur cette rencontre avec « l’autre imaginé » conduit à un autre questionnement : celui sur les nouvelles identités sociales qui se développent dans des situations de contact et de confrontation impliquant des transformations de la personnalité sociale des individus mais aussi la (re)définition de leur relation à l’autre.
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Comme le concept de « culture », celui « d’identité » a explosé ces dix dernières années, tant dans son usage scientifique que dans son usage commun. Sa polysémie en fait un mot passepartout, de la « barbe à papa » qui explique tout et rien, selon l’expression de JeanClaude Kaufmann (2004). Qu'estce que l'identité ? Selon Gilles Ferréol et Guy Jucquois (2003), ce concept polymorphe que se partagent les connaissances ordinaires, l'identité est un donné complexe à appréhender, en raison de sa transversalité disciplinaire et des rapports dialectiques qui fondent les réseaux conceptuels auxquels elle peut être associée. (p. 155) Les deux auteurs ajoutent un peu plus loin qu'une constante se manifeste toutefois à travers toutes ces approches (philosophiques, psychologiques, anthropologiques, etc.) soit le caractère « paradoxal » de l'identité, tiraillée entre lemêmeetl'autre. Toutefois, sur le plan scientifique, la perception de l’identité comme « dynamique représentationnelle », notamment dans sa mise en récit, a marqué une véritable rupture épistémologique avec la conception figée de l’ego. C'est donc une conception constructiviste qui est privilégiée actuellement plutôt qu'une vision essentialiste ou substantialiste qui prévalait naguère. Mais cette nouvelle conception, selon Kaufmann (op. cit. : 173), ne restitue pas suffisamment la complexité de la dynamique identitaire qui traduit un véritable acte de modernité. L’auteur dépasse une vision statique de l'identité et en propose une définition dynamique, interactionnelle entre schèmes imposés par la société et flexibilité individuelle :
L’individu est moins libre qu’il ne le pense. Sa réflexivité très réelle (et historiquement grandissante) est dirigée. Elle est passée au crible des images de soi qui peuvent être très changeantes ou au contraire lourdement générées par des foyers identitaires qui les fixent dans des collectifs persistants. Elle est également filtrée par les institutions. Plus un individu s’adosse à ces dernières, et abandonne sa capacité subjective à la socialisation institutionnelle, plus sa réflexivité se trouve être prédéfinie par les cadres de pensée, et même les types de langage, qui lui sont attribuées et le constituent (Douglas, 1999). Chacun bricole à sa façon ses ouvertures à une réflexivité plus aventureuse. Mais toujours en combinant des cadres de stabilisation du savoir avec les créneaux d’inventivité (p. 286).
De cette conception, nous retenons l'idée deidentitaires bricolages qui s’organisent dans une constante tension entre appartenances premières héritées et nouveaux affichages dans le cadre de mobilités personnelles ou collectives, redessinant les rapports de soi à l’autre. Nous appuyant sur ces définitions, nous tenterons d’identifierles processus en jeuqui s’élaborent  de manière interactive et complexe  entre les concepteurs de textes ou
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d’images et les récepteurs et usagers du média, entre les discours des divers médias portés sur l’autreversussur soi, et les discours portés sur les médias euxmêmes. Les principes de l’ouvrage Nous avons favorisé uneapproche pluridisciplinaireà travers les apports de disciplines telles que la sémiolinguistique, la (socio)sémiotique, l’anthropologie de la communication, l’anthropologie sociale, l'approche ethnométhodologique, l’ethnographie filmique, les sciences politiques, les sciences de l’information et de la communication, les sciences de l’éducation, etc. Cette pluridisciplinarité nous permet d’aborder sous divers éclairages conceptuels et selon des méthodes d’analyse différentes une problématique commune, à savoir, d’une part, l’identification des médias comme lieux vecteurs de représentations et de catégorisations de l’autre versus de soi ; d’autre part, l’analyse du rapport à l’altérité et des processus identitaires qui lui sont liés, ainsi que des processus de (re)médiation interculturelle qui se construisent entre les concepteurs, les usagers et le média luimême. Notre deuxième principe a été de donnerune dimension intergénérationnelle et internationale à notre ouvrage, c’estàdire de réunir à la fois des chercheurs confirmés et de jeunes chercheurs appartenant à des équipes nationales et internationales de recherche. Notre ouvrage s’appuie donc sur la contribution d’auteurs provenant de différents pays et institutions. Chaque auteur apporte ainsi sa culture scientifique, son ancrage disciplinaire et contribue de cette façon à la pluralité des points de vue. Nous avons opté pourla diversité des supports médiatiques. En effet, tout en prenant en compte les médias traditionnels, tels que la presse écrite, les magazines, les affiches publicitaires, la télévision, l’Internet et le multimédia, cet ouvrage souhaite promouvoir une ouverture vers d’autres médias plus rarement traités dans les revues scientifiques spécialisées, comme par exemple le logo, les annonces publicitaires, le film de fiction, le film documentaire, le photoreportage exploitant les TICE, la photographie… et pourquoi pas ?... les iconographiques. Nous n’avons pas écarté l’expérience formatrice des usages des médias. Nous avons ainsi retenu une contribution qui analyse les stratégies de renégociation des rôles au cours d’une expérience d’appropriation / production de médias dans le cadre d’une relation contractuelle entre enseignants et élèves. Pour résumer, trois angles d’analyse sont proposés : les médias sont considérés commelieuxvecteurs de représentations, de catégorisations de
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