Internet ou la boîte à usages
221 pages
Français

Internet ou la boîte à usages , livre ebook

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221 pages
Français

Description

Nouvel espace d'expression et de construction identitaire, sur l'Internet la parole circule en véhiculant les heurs et les malheurs de l'humanité. Libre, parfois censurée, classique ou nouvelle, la parole prend des formes multiples. L'Internet informe et mobilise la raison, les sens, l'imaginaire...mais aussi la norme et le droit. Les contributions de cet ouvrage nous donnent à voir des terres peuplées de tracas, mais aussi à mieux entrevoir des paysages vierges d'usages, libres de toute raisons utilitaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 150
EAN13 9782296512252
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SOUs La directiON de Serge Dufoulon
Internet ou la boîte à usages
Local & Global
Internet ou la boîte à usages
CollectionLocal & Global dirigée par Gilles ROUET et François SOULAGES Cette collection publie des livres réfléchissant au double phénomène articulé qui scande et structure les mondes contemporains, à savoir la précipitation vers le global et la revendication du local. Pour certains, « globalisation » et « mondialisation » sont synonymes, pour d’autres la confrontation des triplets sémantiques « globe/global/globalisation » et « monde/mondial/mondialisation » articule des analyses, des constats négatifs de cette transformation/évolution avec la positivité d’une ouverture au monde, d’être-au-monde, de découverte de l’autre comme monde, un monde qui dépasse le seul globe, constat physique, l’économique, qui s’inscrit dans une quête de sens. Mais aussi un monde décrit comme global plutôt qu’universel. Déjà parus Serge DUFOULON & Mária ROŠTEKOVÁ (dir.),Migrations, Mobilités, Frontières & Voisinage Gilles ROUET (dir.),Citoyennetés et nationalités en Europe, articulations et enjeux Gilles ROUET (dir.),Nations, cultures et entreprises en Europe Helena BÁLINTOVÁ & Janka PÁLKOVÁ (dir.),Création culturelle, productions locales et perceptions globalesIvaylo DITCHEV & Gilles ROUET (dir.),La photographie, mythe global et usage local Dominique BERTHET,Pratiques artistiques contemporaines en Martinique. Esthétique de la Rencontre 1 Gilles ROUET (dir.),Usages politiques des nouveaux médias Gilles ROUET (dir.),Usages de l’Internet, éducation et culture Antoniy GALABOV & Jamil SAYAH (dir.),Participations et citoyennetés depuis le Printemps arabe
Sous la direction de Serge DUFOULONInternet ou la boîte à usages
Les directeurs de cette publication remercient tous les contributeurs pour leur implication dans le colloque international«Médias, Internet, Démocratie»a qui donné lieu à plusieurs publications dans cette collection, dont ce volume, ainsi qu’à Anne-Coralie Bonnaire, Iva Debrenlieva, Coline Lett, Christophe Lips et Pauline Rouet pour leur important travail de traduction et de relecture attentive, patiente et efficace. Publié avec le concours du département de sciences politiques de la Nouvelle Université Bulgare de Sofia, du centre de recherchee-Citizenship, de RETINA.International, de l’équipeArts des Images, Art Contemporainde Paris 8, duGroupe d’Études pour une Europe de la Culture et de la Solidaritéde Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, du département de sociologie de l’Université Pierre Mendès France de Grenoble, de l’Institut d’études européennes et internationales de Reims, des facultés des sciences humaines et des sciences politiques et des relations internationales et de la Chaire Jean MonnetIdentités et Cultures en Europel’Université Matej Bel de Banská Bystrica, de la de revueSens Public et grâce au soutiende l’Institut Français de Bulgarie. © L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00396-2 EAN : 9782336003962
Avant-propos D’une platitude à l’autre Le réel et le virtuelL’Internet ? Simple, un réseau informatique mondial sur lequel circule des informations ! Mais qu’allons-nous faire ou chercher sur l’Internet ? Depuis une vingtaine d’années, l’Internet a fait une entrée en force dans la vie quotidienne des individus, des organisations de travail, des associations et des institutions. Dans les pays développés où les temps de la production économique et médiatique se confondent quelque peu aujourd’hui, difficile de vivre sans être connecté. Transferts de fonds, accès aux comptes bancaires, formulaires administratifs, déclarations fiscales, visas, commandes commerciales, réseaux d’échanges sociaux, réseaux politiques, associatifs, recettes de cuisine, conjugaisons de verbes au subjonctif, dictionnaires, diagnostics médicaux, recherche d’un conjoint pour une nuit ou mieux, d’un compagnon animal, etc., l’Internet fait penser à ces magasins d’antan, les odeurs en moins, dans lesquels sous le fourbi et le désordre apparent le client pouvait trouver l’objet rare qu’il recherchait, du briquet à amadou à une bande dessinée originale ou encore une petite boîte rouge aux couleurs, aux senteurs et au nom magique : le « baume du tigre » ; que de vertus ne prêtait-on pas à cet onguent ! Il serait possible d’observer l’Internet à partir de multiples points de vue, par exemple : innovation technologique, nouveau champ médiatique, politique et économique, espace d’un quotidien virtuel, lieu de cultures, remède contre l’ennui, lieu de divertissement, espace esthétique ; tous ces points de vue se rapportant aux fonctionnalités ou aux usages de l’Internet, à des appartenances sociales, des mouvances identitaires, des territoires, des lieux de paroles, de pouvoir ou d’échanges économiques
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globalisés, des voyages symboliques, des imaginaires libres ou programmés, du temps qui passe, etc. En fonction de son appartenance disciplinaire et de ses thématiques favorites, le chercheur en sciences humaines et sociales observera d’un air grave et entendu la façon dont l’Internet vient porter à la conscience scientifique l’existence de la multitude d’usages et d’espaces d’usagers inscrits dans un réel s’exprimant à partir de nouveaux tremplins médiatiques et systémiques. Bruno Latour et Michel Callon s’interrogent à propos du Léviathan de Hobbes, une figure intéressante pour cerner l’Internet, ses micro- et macro-acteurs dont le chercheur sociologue n’est qu’un parmi d’autres. «Que font les sociologues ? Certains disent qu’il y a un système social ; cette interprétation du social prête à l’ensemble des opérations de traduction une cohérence qui leur manque. Dire qu’il y a un système, c’est faire croître un acteur en désarmant les forces qu’il “systématise” et “unifie”. Bien sûr, […] l’arithmétique du Léviathan est très particulière, car chaque système, chaque totalité, chaque unification, s’ajoutent aux autres sans jamais se retrancher produisant ainsi le monstre hybride à mille têtes et mille systèmes. Que fait encore le sociologue ? Il interprète le Léviathan et dit, par exemple, que c’est une machine cybernétique. Toutes les associations entre acteurs sont donc décrites comme les circuits d’une intelligence artificielle, et les traductions sont vues comme des “intégrations”. Là encore le Léviathan s’élabore par une telle description ; il est fier d’être une machine et impose aussitôt de proche en proche aux forces et aux affects de se transmettre comme dans une machine. Bien sûr cette interprétation s’ajoute à toutes les autres et lutte contre elles, car le Léviathan est par période et par endroit une machine classique et non cybernétique, mais aussi un corps, un marché, un texte, un jeu, etc. Comme toutes les interprétations agissent simultanément sur lui, per-formant et trans-formant des forces selon qu’elles sont machines, codes, corps ou marchés, le résultat est à nouveau ce monstre à la fois machine, bête, dieu, parole et 1 ville. » L’Internet est investi des représentations de ses créateurs et de ses usagers. Difficile ici de se débarrasser des fonctionnalités et des usages pour s’élever aux dimensions symboliques des contenus et des contenants : il semble que l’on réfère toujours à 1. Michel Callon & Bruno Latour, « Le grand Léviathan s’apprivoise-t-il ? », in Textes fondateurs (avec Madeleine Akrich et Michel Callon), Paris, Presses de l’École des Mines, 2006, pp. 11-32. Traduction française intégrale complète sur <http://economix.fr/pdf/seminaires/conventions/2007-01-23_LATOUR-b.pd f>.
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un relent de fonctionnalisme lié à la dichotomie marxienne désormais classique de valeur d’usage et de valeur d’échange, en relation avec les besoins et les désirs humains. «La marchandise est d’abord un objet extérieur, une chose qui par ses propriétés satisfait des besoins humains de n’importe quelle espèce. Que ces besoins aient pour origine l’estomac ou la fantaisie, leur nature ne change rien à l’affaire. Il ne s’agit pas non plus ici de savoir comment ces besoins sont satisfaits, soit immédiatement, si l’objet est un moyen de subsistance, soit par une voie détournée, si c’est un moyen de production. Chaque chose utile, comme le fer, le papier, etc., peut être considérée sous un double point de vue, celui de la qualité et celui de la quantité. […] L’utilité d’une chose fait de cette chose une valeur d’usage. Mais cette utilité n’a rien de vague et d’indécis. Déterminée par les propriétés du corps de la marchandise, elle n’existe point sans lui.[…] Les valeurs d’usage ne se réalisent que dans l’usage ou la consommation. Elles forment la matière de la richesse, quelle que soit la forme sociale de cette richesse. Dans la société que nous avons à examiner, elles sont en même temps les soutiens matériels de la valeur d’échange. […] Comme valeurs d’usage, les marchandises sont avant tout de qualité différente ; comme valeurs d’échange, 2 elles ne peuvent être que de différente quantité. » Nous n’aborderons pas dans cet ouvrage la question des besoins bien que celle-ci mériterait d’être posée et examinée 3 sérieusement , en particulier à propos de l’Internet. Discourir sur les usages ne doit pas faire oublier que l’Internet est également producteur de contraintes, de négociations, de normes, de normalité et d’anormalité. 4 Dans nos sociétés fragmentées , de plus en plus communautaristes et individualistes, les usagers, consommateurs et groupes de pression sont les acteurs porteurs d’une parole qui se veut légitime, un acte qui la plupart du temps ne questionne pas le Léviathan, mais le fait croître en le nourrissant d’informations. Ce sont quelques-uns de ces acteurs que nous observons ici dans leurs usages de l’Internet et parfois dans leurs modes d’échanges.
2. Karl Marx,Le capital. Critique de l’économie politique,I, chap. I., 1867, Livre pp. 51-52, sur : <http://classiques.uqac.ca/classiques/Marx_karl/capital/capital _livre_1/capital_livre_1_1/capital_livre_1_1.html>. 3. On peut revoir cette question notamment à la lumière des travaux de Marshall Sahlins,Âge de pierre, âge d’abondance,Paris, Gallimard, 1972 &Au cœur des sociétés. Raison utilitaire et raison culturelle, Paris, Gallimard, 1980. 4. En référence à Michel Wieviorka,? Le multiculturalisme enUne société fragmentée débat, Paris, La Découverte, 1997, p. 11.
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