L édition de la philosophie en France depuis les années 1970
190 pages
Français

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L'édition de la philosophie en France depuis les années 1970 , livre ebook

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Description

Depuis une trentaine d'années, l'édition des sciences humaines, et plus particulièrement de la philosophie, est considérée comme un secteur « en crise », sans avenir économique. Les ventes et les parts de marché seraient en baisse, au profit notamment de nouveaux médias tels qu'Internet ou les supports électroniques. Quelles ont été les principales stratégies d'adaptation de l'édition philosophique et des maisons d'édition ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 70
EAN13 9782296502611
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-98087-7
EAN : 9782296980877
Titre
Louise Ferté






L’édition de la philosophie en France depuis les années 1970


Miroir du statut de la philosophie en France








L’Harmattan
Collection « Inter-National »
dirigée par Denis Rolland avec
Joëlle Chassin, Françoise Dekowski et Marc Le Dorh

Cette collection a pour vocation de présenter les études les plus récentes sur les institutions, les politiques publiques et les forces politiques et culturelles à l’œuvre aujourd’hui. Au croisement des disciplines juridiques, des sciences politiques, des relations internationales, de l’histoire et de l’anthropologie, elle se propose, dans une perspective pluridisciplinaire, d’éclairer les enjeux de la scène mondiale et européenne.
Série premières synthèses – jeunes chercheurs (dernières parutions) :
Louis Le Bris, Le Western. Grandeur ou décadence d’un mythe ? , 2012.
Marie Neihouser, La défense des intérêts régionaux en Europe, 2011.
Aurélien Llorca, La France face à la cocaïne. Dispositif et action extérieurs , 2010.
Guillaume Breugnon, Géopolitique de l’Arctique nord-américain : enjeux et pouvoirs, 2011.
Alicia Brun-Leonard, Constance d’EPANNES de BECHILLON, Albert Brun, un reporter insaisissable. Du Cuba Libre d’Hemingway à la capture de Klaus Barbie. 40 ans d’AFP , 2010.
Estelle Poidevin, L’Union européenne et la politique étrangère. Le haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune : moteur réel ou leadership par procuration (1999-2009) ? , 2010.
Namie Di Razza, L’ONU en Haïti depuis 2004 , 2010.
M. Hobin, S. Lunet, Le Dragon taiwanais : une chance pour les PME françaises.
A. Martín Pérez, Les étrangers en Espagne .
A. Ceyrat, Jamaïque. La construction de l’identité noire depuis l’indépendance.
D. Cizeron, Les représentations du Brésil lors des Expositions universelles .
J. Faure et D. Rolland (dir.), 1968 hors de France .
A. Purière, Assistance et contrepartie. Actualité d’un débat ancien .
G. Brégain, Syriens et Libanais d’Amérique du Sud (1918-1945) .
A. Bergeret-Cassagne, Les bases américaines en France : impacts matériels et culturels, 1950-1967.
C. Birebent, Militants de la paix et de la SDN. Les mouvements de soutien à la Société des nations en France et au Royaume-Uni, 1918 – 1925.
P.-O. Pilard, Jorge Ricardo Masetti. Un révolutionnaire guévarien et guévariste de 1958 à 1964.
É. Gavalda, L. Rouvin, La Chine face à la mondialisation .
F. Le Moal, La France et l’Italie dans les Balkans .
J. de La Barre, Identités multiples en Europe ? Le cas des lusodescendants en France.
F. Chaubet, La politique culturelle française et la diplomatie de la langue .
A.-A. Jeandel, Andrée Viollis : une femme grand reporter. Une écriture de l’événement. 1927-1939 .
D. Rolland, M. Ridenti, E. Rugai Bastos (coord.), L’Intellectuel, l’État et la Nation. Brésil – Amérique latine – Europe .
Introduction
I
Dans l’enseignement français, la lecture des œuvres est moins souvent obligatoire que dans les pays anglo-saxons. L’écriture philosophique est modelée par les longues années d’études et les divers exercices d’écriture propres à l’Université française. Selon Marc de Launay, « en France, il est de bon ton de dire qu’on a lu des livres même si ce n’est pas le cas, et d’en parler toujours avec distance, c’est-à-dire d’un point de vue second. On est toujours d’une manière ou d’une autre dans la culture de salon et non dans la culture des sources 1 . » Un professeur de philosophie prend souvent dans sa classe l’attitude de Socrate, du philosophe qui dialogue avec ses élèves, de celui qui parvient à faire « accoucher la vérité » par la force de son questionnement. Cette figure de Socrate est facile à adopter pour le professeur de lycée ou de faculté. L’oral dans l’enseignement et l’apprentissage a donc une place singulière dans la discipline philosophique.
Pourtant, l’importance du livre dans les classes de philosophie est indéniable : il est généralement admis que personne ne peut se satisfaire de la parole professorale pour aller plus avant dans ses pérégrinations philosophiques. En effet, la découverte des textes consacrés par l’Université et l’enseignement philosophique traditionnel constitue un point d’ancrage pour l’étude de la philosophie. L’élève studieux acquiert souvent une bibliothèque proportionnelle à son investissement dans la matière. C’est alors que, possiblement, il entre sur le marché de l’édition de la philosophie en tant que demandeur. Parce que si l’emprunt de livres est possible, l’étude et le travail d’annotation en requièrent parfois l’acquisition. Sociologiquement, certains livres sont en outre nécessaires à la présentation de soi à travers sa bibliothèque. Ce lecteur deviendra alors peut-être un jour un des auteurs voire, plus rarement, éditeurs de ces mêmes livres de philosophie. D’où l’importance du lien que peuvent entretenir l’étude de la philosophie et les livres sur lesquels elle s’appuie.
II
Si la philosophie n’est pas la seule spécialité à créer un marché du livre conséquent, elle demeure une discipline du livre qui a besoin de lui pour se développer. On philosophe sur des concepts, mais aussi et surtout à partir des grands classiques de la littérature philosophique. Pour ce faire, les moyens déployés sont les commentaires de ces mêmes livres, dont certains spécialistes vont s’attacher à enrichir le contenu, à partir des réflexions de l’auteur original.
L’étude de la philosophie déborde souvent sur le champ plus large des sciences humaines et sociales : la sociologie, l’ethnologie, l’anthropologie, l’histoire, le droit, voire la psychologie et la psychanalyse. Par sa bibliographie, ses critiques, ses commentaires et les parallèles qui y sont développés ; l’ouvrage de philosophe s’insère dans un corpus disciplinaire.
C’est ainsi que l’étude de l’édition de la philosophie est inséparable d’un examen panoramique de l’édition des sciences humaines et sociales, dans le sens où ces pôles disciplinaires sont souvent difficiles à discerner.
III
Schématiquement, deux représentations du philosophe, bien que partiellement contradictoires, coexistent dans l’imaginaire sociétal français.
Premièrement, se dégage celle du philosophe charismatique, dont les discours font l’aura et la renommée, à l’image de Socrate et de Diogène Laerce. Platon, à la fin de Phèdre, conclut en ce sens à la supériorité de l’oral sur l’écrit : « Car, après avoir beaucoup appris dans les livres sans recevoir d’enseignement, ils auront l’air d’être très savants, et seront la plupart du temps dépourvus de jugement, insupportables de surcroît parce qu’ils auront l’apparence d’être savants, sans l’être 2 . »
Deuxièmement, se distingue celle du philosophe laborieux, qui consacre sa vie à l’écriture de ses réflexions sur le monde et à la recherche de la vérité. Kant en est l’archétype, lui qui ne quitte jamais sa région natale et qui consacre presque tout son temps à l’étude, à la lecture et à l’écriture. Il voue ainsi onze années à l’écriture de la Critique de la raison pure (1781) , qui est avec les deux autres critiques – Critique de la raison pratique (1788) et Critique de la faculté de juger (1790) – l’œuvre de sa vie.
Cette figure du philosophe appliqué dans la rédaction de sa pensée domine aujourd’hui. Beaucoup considèrent que l’écriture d’une œuvre philosophique – perçue comme incompréhensible et compliquée – est ce qui distingue le philosophe du professeur de philosophie. Jean-Louis Fabiani remarque que déjà à la fin du XIX e siècle, « le philosophe qui n’écrit pas ne peut plus prétendre à se faire reconnaître comme l’auteur d’une œuvre 3 ». Cette caractéristique s’est probablement renforcée au cours du XX e siècle. En effet, le philosophe qui écrit est celui qui rend sa vérité accessible à un public large. Le fait de passer par l’intermédiaire d’éditeurs et d’engager de l’argent sur ses écrits marquerait le côté universel de sa pensée. Éditer un texte entraînerait une reconnaissance par ses pairs de la qualité de sa réflexion philosophique.
Le fait d’éditer sa pensée est aussi une façon de se l’approprier, de se protéger contre le plagiat et le vol. Ainsi, Kant et Fichte se seraient int

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