La naissance de la presse au XVIIe siècle

Description

Quatre cents ans après sa première publication, le Mercure français demeure méconnu. L'auteur se propose donc de faire du Mercure un objet d'analyse qu'il place à la croisée de plusieurs champs d'études, telles l'histoire de la presse, l'histoire culturelle et l'histoire politique. Il en révèle l'importance, sans doute fondamentale pour le système d'information en France. Ce périodique porte un témoignage exceptionnel sur les événements de la première moitié du XVIIe siècle.

Sujets

• Histoire
• Medias
• Communication

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2013
• Nombre de lectures: 15
• EAN13: 9782336331065
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 9 Mo

Extrait

e La naissance de la presse au XVII siècle LeMercure français

L’édition de ce livre a été effectuée sous la responsabilité de Pierre Croce, chargé de mission, avec la collaboration de Gisèle Peuchlestrade et Frédéric Schmitt, Université Pierre-Mendès-France, Grenoble 2

© L’Harmattan, 2013 5-7 rue de l’Ecole polytechnique – 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-02174-4 EAN : 9782343021744

Anne-Laure L EROUX

La naissance de la presse e au XVII siècle Le Mercure français Avec un Classement en version numérique de tous les articles du périodique que vous pouvez retrouver sur http://sh.upmf-grenoble.fr/recherche/ code : INFO2908

L’H ARMATTAN 2013

Série « Mémoires d’excellence »

ETTE SÉRIE NAIT  de l’expérience des formations de Master, C rale. Terrain en tant que cycle préparatoire à la recherche docto hybride, à mi-chemin entre la formation et la recherche, le Master a désormais fait ses preuves et a montré qu’il peut être considéré comme un tremplin vers les carrières professionnelles supérieures, pour les jeunes talentueux et motivés, ayant reçu une formation de qualité.

Bien que la publication d’un mémoire n’ait pas encore le statut scientifique d’un ouvrage issu d’une longue recherche, elle témoigne néanmoins d’un degré avancé de compétence et de maturité, qui est accru par le travail de publication. Cet acquis donne à son auteur une plus-value qui lui permet de se distinguer des autres diplômés sur le marché de la formation et du travail.

Le but de cette collection est d’offrir aux jeunes de valeur un moyen efficace pour se faire connaître, soit dans le milieu de la recherche de pointe à laquelle ils s’adressent, soit dans le milieu de l’entreprenariat contemporain qui attire de plus en plus de diplômés provenant d’autres filières que les classiques, notamment les diplômés des scien- ces humaines et sociales, appréciés pour leur niveau culturel et pour leur capacité à s’adapter rapidement aux exigences nouvelles et mouvantes des entreprises.

« Mémoires d’excellence » accueille toutes les disciplines de Sciences de l’Homme et de la Société étudiées à l’UPMF - Grenoble 2, car elles concourent ensemble à penser et à définir les nouveaux modèles intellectuels de la culture contemporaine.

Dirigée par Giuliano Ferretti, professeur d’histoire à l’UPMF, elle réunit les spécialistes des disciplines évoquées et, chaque année, choisit les meilleures recherches de niveau Masters à l’UPMF, pour les soumettre à l’appréciation de la communauté universitaire et du monde professionnel.

Sommaire

P RÉFACE ................................................................................................... 7 I NTRODUCTION .............................................................................1........3 Partie 1 – Approche conceptuelle C HAPITRE 1–L E M ERCURE FRANÇAIS , N O V A T R I C E U N E P U B L I C A T I O N ... 21 1.La presse périodique en Europe............................................... 21 2.Une forme originale.................................................................. 26 3.Un « journal » d'analyse ?....................................................... 34 C HAPITRE 2–L E M ERCURE FRANÇAISS E S R É D A C T E U R SS E L O N ........... 39 1.La politique éditoriale39.............................................................. 2.Des démarches plurielles.......................................................... 45 C HAPITRE 3–L D UE D É P O U I L L E M E N T M ERCURE FRANÇAIS ................. 51 1.Un travail scientifique au cœur du Mercure.............................. 51 2.Statistiques et graphiques......................................................... 54 Partie 2 – Approche thématique C HAPITRE 4–T H É M A T I Q U E S P R I V I L É G I É E S ......................................... 61 1.Statistiques............................1..6................................................ 2.La guerre à l’échelle européenne................................................ 64 3.La France et la politique extérieure..........................................96 4.La guerre civile en France........................................................ 72 C HAPITRE 5– T H É M A T I Q U E S S E C O N D A I R E S ......................................... 79 1.Vie de cour............................................................................. 79 2. Législation.............................................................................. 82 3.Économie, société, vie culturelle et religion................................. 85 C HAPITRE 6–L E M ERCURE FRANÇAISE T L A M O N A R C H I E .................... 89 1.Pouvoir et information............................................................. 89 2.Institutionnalisation du système d’information.......................... 94 C HAPITRE 7–M ERCURE E T G AZETTE ( 1 6 3 8 - 1 6 4 8 ) ............................... 99 1.Entre opposition et similarité................................................... 99 2.Complémentarité ou concurrence ?.......................................... 102 3.Des destins opposés................................................................ 103 C ONCLUSION ....................................................................................... 107 B IBLIOGRAPHIE ................................................................................... 111 A NNEXES ............................................................................................. 121

P RÉFACE

’ INFORMATION PÉRIODIQUE à l’époque moderne n’est pas L un sujet très couru. Cependant, depuis quelques années, on observe que la tendance s’est inversée. Les recherches d’Haffemayer, Moureau et Infelise, puis celles de Feyel et Soll, et enfin celles de Landi et Boutin ont sillonné ce vaste territoire où se croisent les avenues de la presse, de l’opinion et de la propagande (Cf.Bibliographie). Bien que le livre fondateur de Jürgen Habermas sur la naissance de l’opinion aux temps modernes soit devenu une sorte de référent incontournable, ces auteurs ont su concevoir de nouvelles perspectives et pro- duire des études innovantes. Certains ont lié presse et opinion e de manière originale (Landi surtout), en montrant qu’au XVI siècle les journaux et les périodiques naissants ont été non seule- ment un « instrumentum regni » mais surtout un moyen d’expres- sion et d’élaboration des idées politiques des groupes sociaux émergents. Ce type d’analyse a le mérite de montrer que déjà à cette époque, bien avant celle des Lumières, la presse, avec ses nombreux avatars (annuels, gazettes et mercures), fut l’un des « lieux » privilégiés où s’établit un dialogue fondateur entre les princes et les sujets, entre les élites républicaines et les popula- tions en Europe, favorisant l’émergence d’un nouveau consensus politique élargi principalement aux couches sociales urbaines. De ce point de vue, l’intérêt d’Infelise pour l’existence des journaux avant les journaux, pour paraphraser le titre de son

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e L SIÈCLEA NAISSANCE DE LA PRESSE AU XVII

ouvrage, est donc opportun et par ailleurs novateur, car celui-ci témoigne du foisonnement et de la vitalité de l’information écrite à l’aube des Temps modernes. La France du règne finissant d’Henri IV prit part à cette réalité et à ce phénomène séculaire. Elle parraina d’abord la sortie des Chronologies novennaire(1605) etseptennaire(1606) de Palma Cayet, qui était un fidèle partisan du roi. Puis, après l’assassinat du souverain, la monarchie coordonna la publication duMercure, qui était une forme « moderne » des chronologies périodiques antérieures. La France n’était pas un cas unique, puisque le premier annuel de ce type, intituléMercurius Gallobelgicus, circulait déjà en Allemagne vers 1588. En revanche, l’idée d’en faire une version française fut probablement élaborée à la cour d’Henri IV, qui le conçut comme un outil au service de la souveraineté, pour diffuser et soutenir sa politique par le biais d’une information abondante et régulière. Ce n’est donc pas étonnant que leMercure françois soit arrivé à maturation sous la régence de Marie de Médicis qui continua, sur ce point, la politique du feu roi. On peut même supposer que la création duMercureait joué un rôle non négligeable dans la diffusion de la politique de prestige qu’Henri IV s’apprêtait à orchestrer en Europe. La disparition tragique du roi ne compromit pas la naissance duMercure. La Régente comprit rapidement la force d’un outil où l’éloge de la haute destinée de la France pouvait trouver une place de choix au milieu de tant de nouvelles adressées à un lectorat national et international. Par ailleurs, la continuité entre la forme médiévale et la forme moderne de cette proto-information est attestée par le premier volume duMercure françois(1612),qui couvre l’histoire du dernier règne à partir de 1605, là où s’était arrêtée laChronologie septennaire (1606) de Palma Cayet. Et il n’est pas sans intérêt de souligner que ces deux ouvrages « périodiques » aient eu un seul éditeur parisien : les frères Jean et Etienne Richer, eux aussi proches d’Henri IV.

Préface

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Cet élan créateur de l’information périodique ne se fit pas sans contrepoids. Elle produisit une masse documentaire considéra- ble, attestée par les épais volumes duMercure françois,qui n’était pas de nature à encourager la recherche historique postérieure. À l’instar d’un autre annuel contemporain, leMercurio de Vittorio Siri, qui circula dans l’aire franco-italienne entre 1644 et 1682, il suivit l’histoire de la monarchie de France au quotidien, mais sur une base documentaire étouffante, dont le contenu était à mi-chemin entre le journalisme d’investigation et l’histoire tout court. Les somptueux volumes de presque mille pages que leMercure françoispublia chaque année devinrent une source fondamentale e sur le XVII siècle, qui resta longtemps inexplorée à cause de sa nature hybride, magmatique et mal définie, sans doute trop vaste pour un objet d’étude au statut « secondaire » de périodique. À côté de cela, un autre élément a pesé. Selon une légende his- e toriographique remontant au XIX siècle, leMercureaurait vivoté pendant quelques années jusqu’à l’arrivée de Richelieu qui lui aurait donné une impulsion et une orientation nouvelles, de grande qualité, en en confiant la direction au Père Joseph. Bien que cette idée ne soit pas fondée, comme l’a montré Pierre Benoist dans sa biographie du capucin, elle a fini par occulter la ligne éditoriale et la complexité duMercure.Ce périodique se trouva noyé parmi les nombreux produits éditoriaux du patro- nat de Richelieu, en perdant ainsi sa singularité et sa force. Ce double frein a eu pour effet de ralentir considérablement les recherches autour duMercure françois. Plus récemment, les nom- breux travaux concernant la naissance de l’opinion « publique » e e aux XVI et XVII siècles, avec le regain d’intérêt pour la place de l’information périodique dans l’affirmation des États européens, a finalement permis l’émergence d’une approche plus articulée et plus complexe. L’étude que nous publions aujourd’hui s’inscrit dans ce que l’on pourrait définir comme