La pluralité interprétative
288 pages
Français

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La pluralité interprétative , livre ebook

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Description

Grâce aux bascules qu'il autorise, entre son et signification, entre dit et non-dits, entre vérité et mensonge et entre respect et irrespect des règles, le signe fonde le partage du sens et son contraire. La pluralité interprétative est une expérience de chaque instant et le présent ouvrage se donne pour objet principal de l'étudier empiriquement. Les lectures plurielles dont il est ici question concernent des œuvres de fiction et des œuvres d'art. Les auteurs s'intéressent à la rencontre entre œuvres et interprètes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 229
EAN13 9782296705838
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA PLURALITÉ
INTERPRÉTATIVE
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot

En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Anne-Cécile BEGOT, Médecines parallèles et cancer , 2010
Sabrina WEYMIENS, Les militants UMP du 16 e arrondissement de Paris , 2010.
Damien LAGAUZERE, Le masochisme, Du sadomasochisme au sacré , 2010.
Eric DACHEUX (dir.), Vivre ensemble aujourd’hui : Le lien social dans les démocraties pluriculturelles , 2010.
Martine ABROUS, Se réaliser. Les intermittents du R.M.I, entre activités, emplois, chômage et assistance , 2010.
Roland GUILLON, Harmonie, rythme et sociétés. Genèse de l’Art contemporain , 2010.
Angela XAVIER DE BRITO, L’influence française dans la socialisation des élites féminines brésiliennes , 2010.
Barbara LUCAS et Thanh-Huyen BALLMER-CAO (sous la direction de), Les Nouvelles Frontières du genre. La division public-privé en question , 2010.
Chrystelle GRENIER-TORRES (dir.), L’identité genrée au cœur des transformations , 2010.
Xavier DUNEZAT, Jacqueline HEINEN, Helena HIRATA, Roland PFEFFERKORN (coord.), Travail et rapports sociaux de sexe. Rencontres autour de Danièle Kergoat, 2010.
Alain BERGER, Pascal CHEVALIER, Geneviève CORTES, Marc DEDEIRE, Patrimoines, héritages et développement rural en Europe, 2010.
Jacques GOLDBERG (dir.), Ethologie et sciences sociales , 2010.
Sous la direction de

André PETITAT


LA PLURALITÉ

INTERPRÉTATIVE

Aspects théoriques et empiriques
Du même auteur

Être en société. Le lien social à l’épreuve des cultures , Québec, PUL, 2010.
Le réel et le virtuel : genèse de la compréhension, genèse de l’action , Genève-Paris, Librairie Droz, 2009.
Contes : l’universel et le singulier , Lausanne, Payot, 2002.
Secret et lien social , Paris, L’Harmattan, 2000.
Secret et formes sociales , Paris, PUF, 1998.
Les infirmières. De la vocation à la profession , Montréal, Boréal, 1989.
Production de l’école, production de la société. Analyse sociohistorique de quelques moments décisifs de l’évolution scolaire en Occident , Genève-Paris, Librairie Droz, 1982.
L’enseignement professionnel, technique et scientifique. Eléments théoriques et historiques (en collaboration avec J.-J. Richiardi), Genève, Éd. DIP/SRS, 1974.


© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12700-5
EAN : 9782296127005

Fabrication numérique : Socprest, 2012
REMERCIEMENTS
Je remercie tous les auteurs qui ont contribué à cet ouvrage collectif sur la pluralité interprétative. Tous ont participé soit au colloque « Approche empirique de la pluralité interprétative des récits », tenu à l’Université de Lausanne les 23 et 24 novembre 2006, soit au colloque « La pluralité interprétative 2 », organisé à l’Université de Lyon 3 les 7 et 8 février 2008, parfois aux deux. Ma gratitude va évidemment à Jean-Pierre Esquenazi, responsable du colloque de Lyon, et à tous ceux et celles qui ont assuré le bon déroulement des deux manifestations. Enfin, un merci tout particulier à Marc Tadorian, qui a contribué à la mise en forme du présent ouvrage et à Lorraine Odier da Cruz qui a effectué la relecture finale. À toutes et à tous, ma plus vive reconnaissance.
INTRODUCTION
André Petitat {1}
L’étude de l’activité interprétative nous met d’office dans une position « méta ». Nous voilà interprètes d’interprétations qui elles-mêmes témoignent déjà d’un surplomb réflexif, souvent à plusieurs étages. Cette posture dans la spirale réflexive nous pousse toujours au-delà, au-delà de l’objet à interpréter, au-delà de l’interprète, au-delà du bénéficiaire, au-delà des contextes généraux et particuliers des uns et des autres, jusqu’à une anthropologie du sens, et éventuellement au-delà de nous-mêmes.
La complexité de la démarche interprétative est déjà inscrite dans les fondements universels du sens. Pour le chien de Pavlov, la cloche « signifie » déjà nourriture. La structure de base du sens, celle du renvoi, est déjà présente au niveau comportemental , quoique sous une forme associative et non réflexive. L’émergence du symbolique , qui est constitutive de l’action, greffe sur le renvoi une logique du sens à la fois partagé et non partagé, plus souple mais aussi plus fragile. Lorsque l’enfant, en s’adressant à ses parents, confond délibérément les termes « papa » et « maman », il use avec humour d’une propriété fondamentale du signe, sa déconnexion virtuelle d’avec son référent normal. D’une part, il connaît les régularités associant son père à « papa » et sa mère à « maman », et d’autre part il réalise pratiquement qu’il peut jouer avec ces appellations. Par ailleurs, si lorsqu’il est invité à « appeler l’ascenseur » il se met à crier « Ascenseur, ascenseur ! », il mobilise le fait qu’un même signe puisse posséder plusieurs sens. La structure symbolique du renvoi sert de support à un sens marqué par l’incertitude de ce qui est communément partagé (polysémie, ambiguïté, etc.) et par l’incertitude du référent (erreur, mensonge, etc.). Le signe est né. Comme le dit Umberto Eco (1975, p. 17), « La sémiotique (…) étudie tout ce qui peut être utilisé pour mentir. » Et tout ce qui permet de « faire comme si », peut-on ajouter.
Le signe fonde le partage et son contraire. Cette dialectique est indispensable à la dynamique des acteurs collectifs et individuels, dont les définitions variables sont tributaires du symbolique et des compétences qu’il requiert. Si les signes étaient univoques et reliés fixement aux référents, le monde de l’action serait un monde de transparence pure qui ne se modifierait que sur la base d’accords intersubjectifs unanimes, autant dire assez modestement. Et l’art de l’interprétation, dans ce monde sans ombre, ne serait pas nécessaire. La médiation du signe complique tout puisqu’elle fonde à la fois l’existence sociale du symbolique et ouvre sur son érosion interactive permanente.
Cette indétermination du sens s’approfondit avec les développements ultérieurs de la révolution symbolique. Avec l’avènement de la compréhension des croyances dans l’action, l’humanité a accédé à la bascule de la vérité et du mensonge délibéré, puis à celle de la règle coopérative et de sa transgression, puis enfin aux systèmes de règles et aux systèmes de systèmes de sens et à leur indétermination encore supérieure. La sémantique de l’action telle que nous la connaissons (motivations, moyens, objectifs, croyances, valeurs, règles, intérêts, volonté, évaluation, régulation, etc.) n’est pas née toute constituée. Elle s’est construite dans une histoire au long cours, qui sans cesse a ménagé des espaces d’indétermination, donc des espaces d’interprétation.
Les mots pour le dire sont aussi des mots pour ne pas le dire, des trompe-sens, des passeurs à deux têtes. Nos jeux humains sont fondés sur ces troubles interfaces. Les anges, nous dit Dante Alighieri, ne se perdent pas dans ce labyrinthe, mais ils disposent
pour exprimer leurs sublimes pensées, d’une capacité intellectuelle rapide et ineffable, qui leur permet de se manifester aux autres, soit par le seul fait d’exister, soit au moyen de ce miroir resplendissant dans lequel tous se reflètent en pleine beauté et se contemplent avidement ; ils n’ont donc aucun besoin d’un signe linguistique quelconque (Dante, 1996, p. 388

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