Le mythe, l écriture et la technique
230 pages
Français

Le mythe, l'écriture et la technique , livre ebook

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230 pages
Français

Description

Cet ouvrage présente pour la première fois une archéologie anthropo-biologique et philosophique des rapports du mythe, de l'écriture et de la technique. Confrontant ses résultats aux théories les plus reconnues de la communication et des médias, il détermine les limites de leur validité. Comparant le désir pragmatique de communication au phénomène mythique, l'auteur dégage, à la suite de G. d'Humboldt, la prosopopée verbale comme fondement sensible et intellectuel du rapport de l'être humain au monde.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 39
EAN13 9782336345611
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Auguste Eyene Essono
LE MYTHE, L’ÉCRITURE ET LA TECHNIQUE
Préface de Jacques Poulain
Le mythe, l’écriture et la technique
La Philosophie en commun Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren  Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l'exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l'écriture. Les querelles engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.  Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage. S'invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l'explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.  Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des institutions comme l'École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie (Madrid). L'objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement. Dernières parutions Michaela FIŠEROVÁ,Partager le visible, Repenser Foucault, 2013. Marc LE NY,Hannah Arendt ; le temps politiques des hommes, 2013. Geoffroy MANNET,L’impureté politique. La sociologie de Pierre Bourdieu au miroir de la pensée politique de Jacques Rancière, 2013. In-Suk CHA,Essais sur la mondialisation de notre demeure : Vers une éthique transculturelle, 2013. Jean-Claude BOURDIN (dir.),Les politiques de réconciliation. Analyses, expériences, bilans, 2013. Simone MAZAURIC et Pierre-François MOREAU (sous la dir. de),Raison et passions des lumières, 2013. Thomas MORVAN,Eros et le lien cosmique, 2013. Bruno CANY et Yolande ROBVEILLE (sous la dir. de),René Schérer ou la parole hospitalière, 2013. Octavi FULLAT i GENÍS,Pour penser l’éducation. Anthropologie philoso-phique de l’éducation, 2013.Catarina POMBO NABAIS,Gilles Deleuze : philosophie et littérature, 2013. Pierre BILLOUET (dir.),Herméneutique et dialectique. Hommage à André Stanguennec, 2012.
Auguste Eyene Essono Le mythe, l’écriture et la technique Préface de Jacques Poulain
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02895-8 EAN : 9782343028958
Préface par Jacques Poulain, Université de Paris 8 L’ouvrage qui suit confronte l’hypothèse de lecture d’Auguste Eyene Essono aux meilleurs travaux de la discipline d’informatique, d’archéologie, de pragmatique, de psychologie cognitive et de communication en situant de façon critique l’invention de la photographie, l’abstraction logico-mathématique et le fonctionnement communicationnel des médias télévisuels dans le développement préhistorique, moderne et contemporain de l’être humain. Cette critique de la raison communicationnelle et médiatique contemporaine met en question à juste titre le dualisme de l’esprit et du corps qui la sous-tend, elle parvient à expliquer de façon très convaincante l’origine et les effets de ce dualisme et démontre ainsi le bien-fondé des critiques adressées par les meilleurs spécialistes du domaine à l’écriture, au calcul informatique et aux médias. Cette hypothèse s’établit sur la base de l’adhésion de l’être humain au progrès historique et situe celle-ci dans le cadre d’une archéologie originale et vraie de la conscience temporelle. S’appuyant à bon escient sur les théories d’Herder, d’A. Gehlen et de W. Kaëmpfer, l’auteur montre que l’adhésion qu’elle implique à l’idée de l’histoire et d’un temps unilinéaire ne constitue pas pour l’être humain un destin qui le voue à en constater l’échec lors de l’application de cette idée, mais qu’elle est constamment corrigée par la dynamique du dialogue avec la nature externe et avec sa propre nature qui ouvre cette histoire à la réflexion critique et à la réharmonisation du monde sensible et intellectuel. Dans ce cadre, la temporalité est condition de la finitude de l'être humain si on le replace dans l’horizon d'une analyse herdérienne de l'enchaînement de l'homme à la station droite. La théorie kantienne de l'enchaînement du sujet à la forme interne du temps est liée par l’auteur de façon savante au rationalisme téléologique moderne du progrès et de l'histoire ainsi qu'à sa base herdérienne, qui caractérise l’homme comme l'être de manque. Dans cet horizon, cette assomption de la sensibilité visuelle, manipulatrice et verbale dans la temporalité constitue pour l'homme une gangue : inféodé à une succession linéaire de sa conscience et des institutions, il pense pouvoir se transformer directement lui-même dans le télos qui l'anime, dans son idéal de maîtrise complète de lui-même, d'autrui et du monde et s’adonne ainsi au mythe du progrès. L’auteur fait ici valoir l’idée force de l’anthropobiologie : la reconnaissance de l'incapacité de l'homme à se transformer directement lui-même, en s’appuyant sur la théorie du temps cyclique et du temps linéaire de W. Kaëmpfer. Mais au lieu comme celui-ci, de voir dans l'appropriation contemporaine du temps cyclique une rechute dans les archaïsmes de l'éternel retour propre aux civilisations agraires, il insère ce
8Jacques Poulain temps cyclique dans le détour de jugement, inhérent à toute pensée comme à toute parole, ce détour par lequel l'être humain prend à la fois conscience des déficiences de ses productions et surmonte ses échecs en réinventant un monde d'harmonie apte à surmonter ces déficiences cognitives, affectives et pratiques. Cet horizon est ici confronté aux théories contemporaines les plus reconnues et permet à Eyene Essono de faire montre d’une grande maîtrise de ce domaine en déterminant leur validité aussi bien que leurs limites. Renvoyant le phénomène contemporain du désir de communication au phénomène mythique comme modèle de la relation directe de la communication orale au monde visible et social qu’elle organise en rendant possible sa vision physique aussi bien que son articulation à l’action, il y dégage l’activation de la prosopopée verbale comme fondement aussi bien sensible qu’intellectuel du rapport de l’être humain au monde. Mais si l’homme a dû faire parler le monde pour pouvoir le voir, comme l’avait découvert G. d’Humboldt, ce rapport se clive de lui-même avec l’apparition de l’écriture. Celle-ci ne rend pas seulement « visibles » les sons, elle coupe ce rapport pragmatique du vivant au monde de ses racines référentielles en s’implantant comme monde auto-référentiel en lieu et place du monde réel, voire des sujets humains réels. La restitution de la complé-tude de ce rapport ne s’effectue effectivement que dans l’insertion de la parole dans l’histoire : dans le récit. Ici l’ouvrage ne se contente pas seulement de légitimer les meilleures analyses consacrées par P. Ricœur au récit comme lieu d’incarnation de la parole dans l’histoire, il montre com-ment le récit, comme modalité de la parole qui fait partager aux allocutaires la reconnaissance de ce qu’il advient de l’homme dans son rapport au monde, se clive lui-même dans l’historiographie en inventant l’archive comme lieu présumé d’une objectivité historique qui rend en fait celle-ci inaccessible à l’historien. Cette reconstruction de la phylogenèse préhistorique et historique de l’être humain va de la brisure phonétique du signe, à l’avènement du Gramme, de l’Archive et du phénomène moderne d’abstraction numérique du langage.Elle tire sa force et sa lucidité critique de l’établissement du clivage qui affecte la parole et la pensée dans la technique lorsqu’elles s’y soumettent à une volonté de maîtrise totale du visible et assujettissent ainsi le jugement à la vision et aux faits. Elle parvient ainsi à confirmer le diagnostic de dépotentialisation de la pensée que Kant avait porté sur l’absence de nécessité des rapports mathématiques et transfère ce diagnostic sur l’abstraction logico-mathématique, sur la façon dont celle-ci organise et gère les rapports de la pensée au corps aussi bien que ceux de la parole au corps social. Mais elle réussit aussi à discerner la résurgence du récit dans la photographie. L’idéologie de l’agir communicationnel qui érige purement et simplement le besoin contemporain de communication en solution normative, éthique et politique, sous les espèces du consensus se trouve ainsi relativisée dans sa visée comme dans ses effets et permet à l’auteur
Préface9d’intégrer et de confirmer les diagnostics les plus convaincants des théoriciens des médias à propos de la fascination exercée par ceux-ci aussi bien qu’en ce qui concerne leurs échecs dans leur présumée régulation de la vie sociale. L’importance et l’enjeu de ces analyses tiennent également à la façon dont ils ouvrent pour la première fois l'horizon d'un dialogue inter-culturel philosophique entre les philosophies développées respectivement en Europe et en Afrique ainsi qu’entre leurs sciences de l’information et de la communication : la structure animiste d'identification du monde à la parole y trouve à la fois ses racines objectives dans la façon dont le langage permet à l'être humain de subordonner son toucher à la vision (ce que M. Eyene Essono appelle « la manufacture » de l’homo habilis), et dans la structure d'écoute, propre à la pensée. Celle-ci offre une structure de compréhension de la libération de l’être humain tant de l'animisme archaïque que de l'animisme de la modernité, d'une parole qui n'écoute qu'elle-même au lieu de juger, dans cette écoute, de l'objectivité du monde, de la subjectivité et des rapports scientifiques, techniques et sociaux qu'a produits cette objectivation de la parole dans le monde.
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